mercredi 30 décembre 2015

Gene M - Foire aux thèmes

Proposition 3

ENIGME RESOLUE

Et si par le plus grand des hasards - une discussion avec une vieille dame dans une maison de retraite ou une lettre oubliée dans un tiroir d'une commode achetée dans une brocante - vous alliez résoudre une énigme vieille de plusieurs décennies : un faits divers célèbre resté irrésolu.

Que faire ? Garder le secret ou faire éclater la vérité ?
A vous de décider.

Laura Vanel-Coytte - Foire aux thèmes

Henri-Frédéric Amiel: "Chaque paysage est un état d'âme."
A partir de cette citation qui a inspiré mes travaux universitaires et mes livres autoédités, j'aimerais que vous me parliez de votre paysage et ou de vos paysages/état(s) d'âme.
Que ce paysage vous inspire ou vous rebute, il influe sur vous.
 Inversement, votre état d'âme  peut changer le paysage, le rendre lumineux ou triste.
Le paysage peut être naturel ou urbain, réel ou imaginaire, littéraire ou pictural etc.

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 10

Que dire de ce fichu koan zen : " Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as" ?

Absurde, à en rire, ou plus profond qu'il n'y paraît ?

Gene M - Foire aux thèmes

Proposition 2


CHANGER DE VIE

Non, il n'est pas nécessaire de partir au bout du monde pour changer de vie.
On peut rester chez soi, garder son boulot, son compagnon ou sa compagne   et pourtant changer de vie.

Racontez nous vos trucs, vos astuces pour parvenir à changer de vie.
Amusez nous, faites nous rêver ou intriguez nous.

mardi 29 décembre 2015

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 9

Au muséum, nous passons devant une statue de marbre, un nu superbe et, geste idiot, nous portons la main à une fesse froide (ou à un sein glacial).
La statue s'anime et nous met une baffe à renverser les montagnes : nous voici à terre avec la trace rougie de ses cinq doigts sur la joue. La statue se fige à nouveau dans sa raideur marmoréenne.
Le gardien accourt et nous réprimande :
- Madame (monsieur), il est rigoureusement interdit de toucher aux statues !

Qu'allons-nous dire, faire, penser ?...

lundi 28 décembre 2015

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 8

Tout au long de ces fêtes de fin d'année, de jour comme de nuit, un personnage silencieux nous a observés à notre insu : le sapin de Noël.

Libérons sa langue de bois dans une harangue végétale en prose ou en vers, qui nous apprendra que...

dimanche 27 décembre 2015

JCP - foire au thèmes

THÈME 7

La lettre que nous ouvrons machinalement ne nous est pas destinée, mais nous en apprend beaucoup (énormément !) sur notre voisin (voisine). Recachetée, nous la glissons honteux dans sa boîte en cachette.

D'une plume pensive, surprise, enthousiaste, scandalisée, admirative, terrifiée, punitive, dénonciatrice, etc... mettons cela en mots - sans jamais citer le nom de notre voisin.

samedi 26 décembre 2015

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 6

"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage"...
Oserons-nous déplacer, sans trop de honte, le sujet du célèbre poème de Baudelaire - en conservant ce premier vers -, du nautique vers l'aéronautique ?
(Autorisons-nous aussi la prose).

vendredi 25 décembre 2015

JCP - Foire aux thèmes


THÈME 5

"Dans la glace en me levant
Ce matin trois cheveux blancs..."

Vers ou prose, qu'en dit-on ?

(On peut - ou non - citer cette jetée de mots.)

Jérôme - Foire aux thèmes

Que se passe-t-il quand on referme un livre ? Les personnages restent-ils figés dans leur dernière attitude, comme coincés entre les pages, continuent-ils tranquillement leurs petites aventures, cette fois sans témoin, ou profitent-ils de l’absence des lecteurs et de l’auteur pour régler leur comptes ? A votre avis....choisissez votre livre et racontez la suite, vue par les personnages...

Zoz - Foire aux thèmes

Foire aux thèmes :
Place aux poètes !
Proposition sombre mais proposition tout de même …
Des thèmes non sur des actions concrètes, des lieux précis, des objets, des aventures.  Toutes ces choses concrètement descriptibles en prose.
Mais des thèmes sur l'émotion qui habite le cœur de l'homme; son désastre de vivre et son petit bonheur. Des textes qui permettent la poésie ;
- Ah l'Amour !  - Bâillon  - Cochonnerie  ;o)  - Drapeau blanc  - L'amour de force ( inceste )  - L'amour payé ( prostitution )  - L'au bout de soi  - L'espace cru du temps  - L'heure froide ( la mort )  - La solitude ! – « je l'ai dans mon froc ! » Ferré  - Les partances  - Les beaux dégâts !  - Nature  - Se faire la mort ( suicide )  - Vertige  - Les larges ( l'océan )  - Trois pas sur terre ( la vie ici bas )  - Maelström astral ( le ciel )  - Et pourtant croire ! ( foi )
etc …
De très belles choses peuvent s'écrire même si elles sont tristes ou parfois macabres. Les plus beaux textes se cachent souvent dans ces plis-là. Ce sont des thèmes forts que l'on ignore trop souvent par peur d'être bouleversé ou blessé, et pourtant !

jeudi 24 décembre 2015

Chri - Foire aux thèmes

Votre texte commencera par cette phrase :

C’est un homme (une femme) désabusé(e) qui s’est assis(e), ce matin là, à cette table un peu en retrait du comptoir du Café Brune.

Ou

Votre  texte se terminera par cette phrase :

Lui, (elle) qui pensait avoir tout vécu, tout enduré, s’apercevait ainsi qu’il (elle) s’était trompé(e).

Ou bien les deux.

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 4 

Un bulletin météo très partial par Mr. Météo, dont le beau-frère (ou autre) organise un vaste rassemblement en plein air (concert, meeting, foire aux livres, etc...), et dont le succès comme le fiasco sont liés au temps qu'il fera dans cette petite localité où... 



Où lire JCP

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 3 

Sait-on ce qui réside entre le tic et le tac des pendules - et inversement ?

Et saurons-nous le dire, en prose ou en vers ?


Où lire JCP

mercredi 23 décembre 2015

Emma - Foire aux thèmes

Beaucoup de nous ont lu "La belle lisse poire du prince de Motordu" de Pef, ce prince qui habitait un chapeau magnifique au-dessus duquel flottaient les crapauds bleu blanc rouge.

Et si pour un instant nous retombions en enfance pour écrire à notre tour pour nos lambins une belle lisse poire en vers ou en rose ?

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 2 

L'avare, qui se dit désormais écologiste, adopte avec bonheur la doctrine nouvelle élevant enfin l'économie dans ses excès en dogme respectable : lésiner n'est plus de mise, il sauve la planète.

Débusquons le faux parmi les vrais et, d'une plume assassine, faisons feu sur lui à prose ou à vers rouges !


Où lire JCP

Clémence - Foire aux thèmes

Il / Elle

Vous avez vécu cet instant, magique ou tragique.
Vous pourriez vivre cet instant magique ou tragique.
Vous vivez en couple et vous travaillez.
Aucun nuage à l'horizon.


Un matin, vous êtes au milieu de la foule.
Tout à coup… vous l'apercevez ...  silhouette reconnue entre mille.
Les têtes se tournent, vos yeux se rencontrent.
Votre premier amour….


Racontez-nous une, deux, trois…..versions….

JCP - Foire aux thèmes

THÈME 1 

Longtemps convoité ou remplaçant le défunt, voire le démodé, l'objet désiré est enfin là, sur la table, enfermé dans cet épais contenant de carton ondulé qu'on se prépare à ouvrir.

Mais, au delà du geste libérateur vers une possession que l'on espère heureuse, quel est, avant, pendant et après le laborieux déballage, le cheminement de la pensée dans notre mental ?


Où lire JCP

Lorraine - Foire aux thèmes

Quatrième proposition  :

Je suis entrée dans la ronde

            Celle que l’on veut : fête, concours, révolte…à chacun la sienne, tout est permis.

Chri - Foire aux thèmes

Voici dix titres de romans :

Pour un, deux, cinq ou dix vous écrirez ou le premier chapitre ou le dernier, au choix.

La pluie, incertaine.
L'oblique des sentiments.
L'étrange aventure du nain Sielbermann.
Une aube au coin des doutes.
Les catastrophes sereines.
A ne plus pouvoir te dire.
Ton nom dans ma main.
Un soir, allongés.
Une camisole de farce.
La raideur des oublis.

mardi 22 décembre 2015

Gene M - Foire aux thèmes

Proposition 1 
 

C'est bien la dernière fois que...

Nous l'avons si souvent prononcée cette phrase dans toutes sortes de circonstances.
C'est bien la dernière fois que je te prête de l'argent...
C'est bien la dernière fois que je reçois ta famille ...
C'est bien la dernière fois que tu m'infliges ton amie Huguette...

Ces mots lancés avec colère, détermination ou ironie féroce sonnent comme un avertissement.

Mais avons- nous exécuté notre menace ou bien avons nous piteusement continué à subir ?
Racontez nous une de vos dernières fois qui a eu une issue heureuse ou inattendue.

Pascal - Foire aux thèmes

« J’en ai bien profité… » 
J’ai entendu cette phrase revenante de plusieurs personnes pour qui le glas était la musique d’un avenir proche. Et vous, que mettriez-vous à l’intérieur de cette épitaphe ?  Comment avez-vous rempli votre vie pour justifier ces quelques mots ? Quels sont vos intimes critères pour confirmer cette belle récolte ?

Lorraine - Foire aux thèmes

Troisième proposition

La concierge est à l’opéra

Elle a bien le droit de se distraire, mais moi j’ai perdu la clef de mon appartement et elle a un double. Que faire ?

Lorraine - Foire aux thèmes

Deuxième proposition

    Les soldes

            - Nous hésitons : y aller ou non ? Si j’y vais, j’aurai peut-être la chance de payer deux fois moins cher le complet pantalon qui me fait de l’œil en vitrine ;
            - C’est l’occasion de rhabiller la petite de la tête aux pieds ;
            - Oui, mais…je pourrais me laisser emporter par la foule et « les occasions » à ne pas manquer : une cafetière électrique (j’en ai déjà deux),
un panta-court pour  l’été , des bottes lacées jusqu’au genou , etc.


Lorraine - Foire aux thèmes

Première proposition

 Les bonnes résolutions

            En ce début d’année, nos faisons tous plus ou moins un examen de conscience et prenons fermement de bonnes résolutions :

            - Je limiterai ma gourmandise à deux chocolats par  semaine
            - J’arrêterai de fumer
            - Je vais m’inscrire à un cours de judo

Emma - Foire aux thèmes

"Baisse un peu l'abat-jour, veux-tu ? Nous serons mieux.
C'est dans l'ombre que les cœurs causent,
et l'on voit beaucoup mieux les yeux
quand on voit un peu moins les choses... "(P. Géraldy)

Le romantisme aurait-il disparu avec les abat-jours ?

Clémence - Foire thèmes

Un petit rien...

Il vous est déjà arrivé de vouloir faire une petite chose, banale, anodine, sans grande envergure. Et pourtant, en fin de journée, vous êtes épuisée  sans l'avoir réalisée.
Comment est-ce possible ? Imaginez un lieu et une tâche à faire, un petit rien du tout….
Un exemple : chez vous, vous allez chercher, dans un tiroir de votre bureau, une enveloppe pour expédier une carte d'anniversaire.
Vous passez à côté de la table du salon. Votre regard est attiré par une tasse de café vide. Vous la prenez, vous vous dirigez vers la cuisine. Vous constatez avec horreur que votre torchon est tout taché. Vous allez le porter à la buanderie, mais,en passant vous voyez votre plante verte dépérir...
De tours en détours, dans un enchaînement quasi diabolique, vous vous éloignez de votre tâche initiale … le soir tombe et vous n'avez toujours pas accompli ce  « petit rien »...mais vous n'avez pas arrêté une seconde…

Entraînez-nous dans votre course-poursuite !

lundi 21 décembre 2015

Tiniak - Foire aux thèmes 2015

PATAFATRAS

Vous ouvrez votre armoire et là, patatras ! tout un fatras s'en déverse en un flot continu où vous reconnaissez... quoi, donc ? Laissez-nous l'apercevoir.

Qu'il s'agisse de l'armoire de votre chambre, celle du couloir ou quelque meuble plus intérieur encore, merci de déposer votre PATAFATRAS à l'adresse de notre collecteur habituel.

Où lire Tiniak

Semaines du 21 décembre au 3 janvier 2016 - Foire aux thèmes

Durant les 2 prochaines semaines, nous vous proposons de vous mettre dans la peau quelques instants d'un administrateur (trice) du site des Impromptus, et de nous concocter un ou des thèmes pour les semaines à venir.
Il s'agira de donner un titre à votre idée, et de la présenter libellée en une dizaine de phrases maximum faisant apparaître les lignes directrices ou obligatoires de votre consigne d'écriture.

Vous pourrez nous envoyer vos textes à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com jusqu'au dimanche 3 janvier 2016
Et les thèmes ayant reçu le plus de commentaires positifs seront retenus pour devenir nos futurs jeux d'écriture au cours de l'année 2016.

Vous comprendrez, nous l'espérons, que compte tenu des congés de fin d'année, nous soyons moins réactifs et réguliers dans la mise en ligne de vos propositions.
Pensez à nous avec indulgence en dégustant de délicieux chocolats de saison, ou autres friandises.
Et bien entendu, amis auteurs, nous souhaitons que cette période de fêtes vous soit douce et heureuse !
A l'année prochaine :)

vendredi 18 décembre 2015

DJ- Noël en couleurs

Le rêve de Joseph.


Joseph se réveille au milieu de la nuit et son rêve se délite sitôt qu'il ouvre les yeux. les quelques images qu'il retient - un long manteau rouge, une cheminée, des paquets multicolores... et cette curieuse mousse blanche et froide qui couvre les rues et les toits bizarrement pentus des maisons – sont tellement abracadabrantesques qu'il désespère y trouver un sens. Il faut reconnaître qu'il n'est pas savant. Il a un bon métier, charpentier - on aura toujours besoin de poutres et de planches. Mais de là à comprendre les rêves...


Joseph tend l'oreille. À cette heure, la ville est silencieuse. La nuit doit être douce ; la lune éclaire les toits en terrasse, les jardins exhalent leurs parfums. Une belle nuit pour les amoureux... Voyons, Joseph, reprends-toi, tu es papa, maintenant. Tu as un fils, un premier-né, qui dort à côté de sa mère !
Il prend une longue inspiration. C'est une chance d'avoir pu être hébergé par des bergers. Aussi, quelle idée ont eu les romains d'organiser ce recensement qui a fait accourir à Bethléem du monde des quatre coins de la province ? Ils sont fous, ces romains ! Quelque effort qu'on fasse, il est impossible de les comprendre.
Somnolent, Joseph se retourne et songe : est-ce qu'on comprend les gens ? Ce qu'il voudrait, lui, c'est comprendre les bêtes. Ce que jappent les chiots qui batifolent devant son atelier, ce que stridule la cigale du jardin, ce que zinzinule la mésange nichée dans l'acacia de la cour, ce que flûtent les merles de l'oliveraie, ce que blatèrent les chameaux du caravansérail, et même à quoi songent les crabes qui trottent en biais sur les plages de la mer Morte.
Décidément, le sommeil le fuit. Il se lève, tente quelques pas précautionneux dans l'obscurité. Patatras ! Il se prend les pieds dans un balai, tombe sur les présents amoncelés le long du mur, trébuche sur la cassolette d'encens, manque renverser la bouteille d'essence de navet, bouscule la jarre de myrrhe, piétine le pot de benjoin, s'étale sur la boite de guimauve... Ouf, le tintamarre n'a réveillé personne !
Mais qu'est-ce qui leur a pris, aussi, à ces trois visiteurs du soir ? Débarquer en pleine nuit, passe encore : l'hospitalité est sacrée. Mais venir les bras chargés d'offrandes, c'est trop. Il a cru un moment à une erreur. Mais ils ont insisté. Et ils ont l'air si bons, si savants. Eux sauraient expliquer son rêve. Joseph aimerait bien en discuter avec eux, mais il a peur de passer pour un niais.
La poussière dorée qui s'élève des pots renversés lui chatouille le nez. Voilà qu'il entend des voix qui percent le silence... ça vient de l'étable, juste à côté, où logent les trois visiteurs. Ce doit être eux : des savants, ça peut parler toute la nuit. Curieux, Joseph se rapproche de la cloison et saisit des bribes d'un dialogue :
"Mais rends-toi compte que cette herbe d'or, Balthazar dit qu'il en a une pleine cassette. C'est l'occasion ou jamais d'essayer.
Ainsi, l'herbe d'or - l'herbe magique qui permet aux hommes et aux bêtes de se parler - ne serait pas une légende ? Ainsi, les savants sont comme lui, désireux de comprendre les animaux ? Joseph tend l'oreille :
- L'herbe d'or... même si elle existe, à quoi pourrait-elle nous servir ?
- Mais, à les comprendre enfin.
- Parce que tu as vraiment envie de les comprendre ?
- Mais oui, ils savent forcément des choses qu'on ignore. Ils n'ont pas été créé en vain.
- Enfin, écoute-les un peu, c'est toujours la même chanson. Ça, une langue ? Au mieux, du baragouin. Pas même de la musique."
Au jugé, Joseph attribue la voix la plus grave à celui qui s'appelle Melchior et l'autre à... voyons, Gaspard.
"Et même si nous arrivions à les comprendre, quelle égalité y aurait-il entre eux et nous ? Ils ne font que proliférer et manger ! Rien ne les intéresse à part eux ! Regarde-les vivre : des rats, des chameaux, des souris, des rapaces, des pigeons, des moutons, des loups, des requins, des étourneaux, et je te parle même pas des maquereaux et des grues... que sont-ils d'autres ?"
Décidément, Melchior ne mâche pas ses mots. Toujours chuchotant, il ne laisse même plus à Gaspard le temps de répondre :
"Dis-moi combien de poètes, de comédies, de romans - des classiques pas trop mièvres - ont-ils donné au monde ? Et puis cette manie de se couvrir de tissus ou pire, de la fourrure des autres, quelle honte !"



Tissu ? Fourrure ? Mais de quels animaux parlent-ils ? N'y tenant plus, Joseph ouvre la porte et pénètre dans l'étable éclairée par la lune. Parmi la lente houle des moutons silencieux, trois couvertures rebondies signalent Melchior, Gaspard et Balthazar profondément endormis.
Mais alors, qui parlait ?
Près de la mangeoire qui déborde de foin, l'âne et le bœuf - mâchant avec ostentation - louchent curieusement vers Joseph puis détournent la tête, l'air entendu.

Pivoine - Noël en couleurs

La table


Il y a une verrière, à l'entrée de la cour, chargée de cristaux de la dernière averse de neige, et la masse translucide et grise, teintée d'une idée de bleu ou de jaune, donne une lumière irréelle à l'intérieur de la pièce à vivre. Le soir tombe de plus en plus tôt, mais l'on ferme les rideaux, et l'on est chez soi. 

Les parents ont monté le sapin et la crèche de la cave, et la petite fille regarde son reflet dans sa boule préférée, d'un vert sombre et émeraude. Il y a aussi un poisson aux écailles dorées, et deux minuscules cafetières, fines et fragiles. Et de vraies bougies.
Plus tard, c'est elle qui garnira la crèche, fabriquée à la maison avec une vieille mangeoire, même si, chaque année, un peu de paille disparaît. L'ange a toujours son bout d'aile cassé et recollé, et le petit Jésus fait penser aux Jésus en sucre qui garnissent les cougnous aux raisins ou à la cannelle de noël.
Le chat s'approche, et, tout content de trouver une maison à sa taille, l'adopte, en compagnie de Marie, Joseph, le boeuf et l'âne, des moutons et des bergers... 
Cette année-là, il a neigé. Les enfants montent tôt dans leur chambre – il n'y a pas de télé à la maison, juste la radio et un tourne-disques. Elle s'endort difficilement. Elle tend l'oreille pour percevoir les bruits qui viennent d'en bas, et celui, si caractéristique, des noix et des cacahuètes que les parents déversent dans des compotiers de cristal. Noix du Brésil, de Grenoble, de pécan, achetées chez l'épicier Dessy, au centre-ville. Là où l'on trouve aussi des marrons glacés, de la crème de marrons vanillée de chez Fauchon, pour la bûche au moka et aux marrons, et enfin, des fruits confits entiers, en pyramide symétrique, comme un tableau de perles de couleur teintées d'argent... Gourmandises de fin d'année – d'autant plus précieuses qu'elles leur semblent, à ce moment-là, rares... 
Et puis la nuit se fait plus profonde, plus lourde, elle dépose son livre et tente de s'endormir. Mais le sommeil, lui est léger, haché, elle s'éveille souvent, à minuit, deux heures, trois heures. L'horloge ponctue régulièrement ses heures d'attente. Son frère dort au second étage et elle l'attend. Avec impatience. Tôt le matin, alors qu'il fera encore noir, il descendra, elle le rejoindra sur le palier, elle tâchera de ne pas faire grincer les lattes du parquet, un peu disjointes, et ils descendront jusque dans le vestibule... Passeront par la cuisine, sans rien allumer, puis dans le « living », et là, ils allumeront le lustre et la pièce, transfigurée, offrira sa table, revêtue de la plus belle nappe, et des cadeaux de noël, soigneusement disposés, qu'ils espèrent depuis si longtemps... 
Depuis quelques années, en plus des jeux d'enfant, petit magasin repeint, dînette en porcelaine, garde-robe pour les vêtements des poupées, locomotives et wagons de chemin de fer, on a fait une place aux disques et aux livres, aux albums du Père Castor, puis aux histoires de Rouge et Or, à la chère collection Souveraine, à la bibliothèque Amitié Histoire, au Premier livre d'art, au Premier livre de poésie, et puis, parce qu'on est dans les années soixante, quand même, à une Skipper rousse, à une Francie « coloured », à des robes d'après-midi, à des manteaux rouges bordés de fourrure blanche, à une valise jaune pour les vêtements et même à un train Lego, pour elle qui a toujours rêvé d'un train. 
Puis, ils commencent à lire ou à jouer, les parents descendent, et certes, il faut s'interrompre, s'arracher au plaisir, pour aller à la messe... Puis, ils vont faire une promenade, en forêt de Soignes, le long des étangs gelés – ce n'est pas si souvent qu'il neige à noël. Et puis, ils rentrent à la maison, et l'après-midi du 25 décembre, se poursuit, heureuse, tellement heureuse, inoubliable... 
Avec des lumières, une chaleur, des brillances, tout un chatoiement, tout un amour, qui tout d'un coup, lui étreint la gorge et met des larmes au bord de ses yeux...

jeudi 17 décembre 2015

Clise - Noël en couleurs

A  Noël, le sapin était bien plus grand que moi,
Je me souviens d’un sapin vert très foncé
Et qui sentait bon la forêt
Avec de simples guirlandes multicolores
Quelques fragiles boules rouges, bleues, jaunes
Mais surtout, ce dont je me rappelle
Ce sont les vraies bougies,
Installées  dans des pinces en fer
Nous les attachions bien droites
Sur  les branches les plus épaisses.
Nous les allumions une à une
Avec une extrême prudence
Munies de très grandes allumettes
Les spéciales Noël !
Pour atteindre les branches du haut les parents
Nous hissaient  dans leurs bras.
Puis le moment que j’attendais
C’était quand tous les cierges magiques
S’enflammaient  et crépitaient dans le noir
Un instant magique, qui illuminait
Les cadeaux déposés sous le sapin.
Quand les bougies avaient bien fondu
Maman sortait son étouffoir…
Un petit chapeau  pointu en fer au bout d’une tige
Et le jeu consistait à éteindre toutes les bougies
Une à une et surtout de n’en oublier aucune !
Je me souviens que ce sont ces petites bougies
Qui animaient tout le sapin, elles valsaient dans les boules
Elles réchauffaient les yeux, elles sentaient si bon….
Ces petites flammes de joie.


Pascal - Noël en couleurs

Père Noël


Ce fut enfin la fameuse nuit de Noël...

Depuis des jours et des jours, les guirlandes accrochées dans le salon dansaient avec mes allées et venues enjouées devant le sapin illuminé. Et mes courants d’air, ces insatiables chahuteurs, éclairaient avec nombre de pétillements révélateurs d’autres  éclaboussures bigarrées. Les lumières incessantes couraient sur les meubles et les murs à ma cadence enfiévrée…

On attendait tous le père Noël, surtout moi…

J’avais mis mes petits souliers cirés sous les branches de l’arbre, bien en évidence, entre les multiples boules décoratives. Quand je m’approchais trop près de l’une d’elles, elle déformait outrageusement mon visage en le peignant de bleu chimérique, de rouge expressif ou de vert inquisiteur !... Ma figure curieuse, étonnée, soucieuse, s’arrondissait en évaporant mes sourires conquérants et, quand je me reculais précipitamment, presque épouvantée, ma tête disparaissait dans les décors flamboyants du salon…

Un sapin, c’est gigantesque quand on est une gamine. On n’en prend jamais la mesure et c’est pour cela, qu’à travers les ans, il perdure sans perdre une épine…

Mais oui, j’avais fait ma lettre au père Noël !... Mais oui, je m’étais appliquée !... Je m’étais servie de tous mes plus beaux crayons de couleur !...Je lui avais dessiné des paysages avec le soleil dedans pour qu’il ait moins froid pendant la nuit du Réveillon !... J’avais même badigeonné ma feuille avec du vert prairie, du tendre, rien que pour donner l’envie impérieuse à ses rennes de venir se régaler sur la pelouse devant ma maison !...

J’avais astiqué toutes les chaussures de la maison, toutes !... Pour notre père Noël de ce soir, ce serait le signe évident d’une famille heureuse vivant dans la brillance de ses pas assurés !... J’avais passé des heures à les lustrer impeccablement…

C’est ma marotte. J’aime le parfum du cirage et la brillance du cuir fleuri en échange. Perdant la notion du temps, je passe la brosse sur les coutures, les bords des semelles, les motifs et les décorations, avec d’infinies caresses insatiables.
Chaque petite boîte de cirage a ses effluves particuliers, ses sensations de distance posées sur la chaussure en réparation de propreté ; elle a ses impressions d’herbe ou de goudron, de pierre ou de trottoir, d’école ou de bureau, de magasin éclairé ou de ruelle sombre… Et puis, j’use du chiffon à lustrer !... Je m’acharne jusqu’à une « je ne sais quelle » tolérance invisible qui assagit enfin mon ardeur ; peut-être parce que je me vois dans la fleur épanouie du cuir…
Je soigne de tout mon coeur toutes les chaussures de la maison et, par delà, je soigne aussi tous ceux et celles qui les portent, avec le même amour. C’est ma manière à moi de leur dire à tous que je les aime sans détour…

Tous les préparatifs étaient en place. On avait posé, sur la table du salon, un verre de lait et une papillote au chocolat. Le père Noël pouvait même s’asseoir un moment dans le fauteuil le plus confortable, celui que je poussais avec force et obstination, depuis des semaines, jusqu’à la porte d’entrée et que maman reculait  pourtant ostensiblement à chacun de ses passages !...
Tous les bibelots appliqués de la cheminée semblaient attentifs aux instants magiques ! Les vases ?... C’était comme s’ils tendaient dangereusement leur fragile cou de faïence pour mieux apprécier publiquement le déroulement du spectacle !... Les portraits encadrés des aïeux ?... Attentivement, ils suivaient du regard tous les faits et gestes de la maison !... Même le grand oncle asticotait le guidon révérencieux de sa moustache avec une surprenante application !... Les fines statuettes ?... Elles s’étaient alignées dans un parfait garde-à-vous et, sur la pointe des pieds, ces curieuses surveillaient l’ambiance clinquante du moment magique. Même la poussière semblait être tout un lot de pépites décorées d’or !...

La bougie d’ambiance posée sur le coin du guéridon animait tous ses invités en gesticulant doucement avec son opiniâtre petite flamme dansante !... Les ombres invitées  se déplaçaient inlassablement ; furtives ou précieuses, emballées ou dissimulées, lascives ou empressées, elles se posaient çà et là, sur les détails cachés, dans les interstices réveillés ou glissaient gentiment sur les lattes du parquet lustré, en leur offrant quelques secondes  de vie lumineuse… Les impressions enchanteresses se fabriquaient comme des billets clandestins, sur la planche de mes souvenirs, en fabuleux butin…

C’était la première fois que j’allais le voir. Minuit…

Tout à coup, on a frappé à la porte… Mon sang s’est glacé, mon cœur palpitait une chamade extraordinaire et mes tantes, en devanture de sauvegarde connivente, souriaient… Je m’étais cachée dans leurs robes de soirée mais je ne pouvais pas m’empêcher de surveiller cette fameuse entrée. J’écarquillai les yeux, plus déterminée que jamais à le rencontrer enfin… Toute la maison s’était immobilisée, obnubilée par ce paroxysme fantastique !... Le sapin resplendissait, les bibelots dansaient et les ombres complices étaient en pleine sarabande !… Les aïeux revivaient !...

Maman a ouvert la porte…

Le père Noël était là, joyeux, bien en évidence ; j’entendais même les grelots dissipés de ses rennes piaffant d’impatience… Il avait sa hotte, accrochée sur ses épaules, toute garnie de mes jouets tant espérés !... Ma poupée clignotait avec ses cils en détresse !... Mon ballon rouge réfléchissait toutes les lumières affolées de la maison !... Mon cheval à bascule piaffait d’impatience avec ses rênes appelantes !...

Par je ne sais quel mystère de petite cireuse de chaussures, j’ai regardé ses souliers : l’habitude sans doute de reconnaître, à l’évidence, celui qui les porte par la brillance équivoque des reflets apprivoisés… Et je n’ai pu m’empêcher de m’exclamer :

« Ho, gentil père Noël, tu as les mêmes chaussures que mon Papa !… »




mercredi 16 décembre 2015

Fred Mili- Noël en couleurs

Pti Pierre et Laurette

Pti'Pierre trépignait derrière les carreaux. Il regardait la neige tomber et comme chez tous les enfants ce moment était très excitant.
Au loin la montagne était recouverte d'un tapis blanc hivernal. Les cailloux du jardin, eux étaient encore visibles. Petit Pierre portait déjà ses moufles, son bonnet et son écharpe, prêt à se jeter sous la neige.
À huit ans, c'était un vrai petit montagnard et la neige le stimulait. Sa mère avait quelques difficultés à tempérer ses ardeurs. Il n'était pas nerveux mais plein de vie. La vieille luge en bois de son père trônait devant l'entrée à côté de la sienne, en plastique bleu.
Du haut de son jeune âge, il ménageait son père. Il savait qu'utiliser sa luge lui faisait plaisir mais rien ne valait sa coque en plastique, plus stable, plus  rapide et surtout plus maniable. Cependant il avait toujours en mémoire les descentes mémorables, accrochés au ventre de son père, son écharpe rouge claquant au vent.
Sa mère l'initiait au ski, ancienne championne régionale, elle lui avait tout appris du chasse-neige au slalom à l'art du tire-fesses.
Pti'Pierre était prêt à bondir. La neige il l'attendait huit mois par an et en profitait le reste du temps. Le froid n'avait pas d'importance pourvu qu'il glisse à toute vitesse en ski ou bien en luge.
Et lorsque papa était devant, filmant ses exploits,chassant la neige de ses skis Pti'Pierre était ravi de se revoir pendant les longues soirées d'été.
Laurette, son amie, sa rivale, celle qu'il aimait en secret était aussi une montagnarde. Elle le défiait tout le temps, par jeu ou par… Elle faisait battre son cœur. Il l'aimait quand il la battait sur un piste de vitesse, il l'aimait quand elle enroulait ses bras autour de lui et posait sa tête sur son épaule, confiante, son corps collé derrière le sien. Il l'aimait quand il était derrière elle sur la luge, les bras autour d'elle et les mains qui s'agrippaient où elles pouvaient.
Laurette  aimait sentir sa chaleur, son odeur. Pti'Pierre était aux anges quand il pouvait effleurer sa poitrine toute plate même si les gants laissaient toute la place à l'imagination. Pourtant  même le toucher de ses petits seins n'avait plus d'importance si elle défiait toute les lois de la gravité et descendait la piste bien plus vite que lui. Il rageait, jetait ses gants et tapait du pied sur la neige comme un taureau en rut. Il manifestait sa colère sans aller trop loin. Il savait où s'arrêter, depuis l'enfance elle avait fixé les limites.
Il la regardait, furieux, elle le regardait confiante. Elle aimait le pousser dans ses retranchements, sûre de son emprise. Elle savait qu'elle serait sienne le moment venu, son instinct lui dictait comment se faire désirer, comment ne lui accorder qu'un baiser fraternel, comment ne pas être soumise.
Elle riait de ses mains qui se baladaient sur son corps ostensiblement, ça n'avait pas d'importance, son corps de petite fille informe n'avait pas de réaction puis au travers de ses gants… il pouvait rêver.
Laurette  avait sa potion magique, sa manière de … elle le manipulait facilement, lui claquant un baiser sur ses lèvres. Il s'apaisait subitement.
Pti'Pierre aimait la neige mais ce qu'il aimait encore plus c'était l'été au bord du lac quand Laurette à demi-nue dans son bikini étalait son corps au grand jour. Il la désirait ouvertement. Elle provoquait ses émois mais s'il posait même par inadvertance les mains contre son corps, c'était sans appel, une gifle claquait sa joue sans préambule. Elle apaisait la douleur cuisante du bout de la langue, le serrant contre elle  comme si dans sa tête, elle connaissait déjà tous les codes de l'amour.

Pti-Pierre enfila son anorak … Il avait seize ans depuis quelques jours. Elle et lui vivaient en pension toute l'année et ne se retrouvaient que pour les vacances. Quand il pensait à elle Pti'Pierre se frottait la joue, un vieux tic. Il n'avait qu'une hâte, celle de descendre en luge accroché à elle, là était son seul plaisir. Quant à Laurette le bonheur qu'elle éprouvait, la rendait folle. Il pouvait à loisir promener ses mains sur elle, elle était sûre qu'à la fin de leurs études il lui passerait la bague au doigt. Elle savait déjà que l'été prochain, au lac, elle se baignerait sans maillot de bain.    


  

Ecri'turbulence - Noël en couleurs

Dis, petit Pierre, les vois-tu ces lutins qui batifolent dans l'herbe ? Je vais te dire une légende ; elle te semblera peut-être un peu mièvre et abracadabrantesque, mais tu verras qu'elle est porteuse d'espoir.
"Il était une fois, dans un pays magique, un peuple d'elfes. Certains, les svartálfar, vivaient au centre de la terre et ils étaient particulièrement malveillants et diaboliques. D'autres, les ljósálfar, évoluaient dans les airs ; au contraire ils étaient sympathiques et gracieux. Tu penses sans doute que ceux que tu vois danser autour de nous font partie de la deuxième famille. Eh bien, ce n'est pas tout à fait ça !
Si, aujourd'hui, ils dansent au son d'une musique que nous ne pouvons pas entendre, il n'en fut pas toujours ainsi. Les elfes d'en bas menait aux ljósálfar une guerre implacable. Le combat était inégal : l'inspiration des elfes noirs était sans limite pour les martyriser. Ils prétendaient que le petit peuple d'en haut faisait dans la guimauve, qu'il jouait la comédie et, surtout, que les champignons de toutes les couleurs qu'il brandissait en guise d'ombrelle propageait la rouille-balai de sorcière dans les sapinières, une terrible maladie qui tue les arbres. À l'approche de Noël, comme en ce moment, la guerre était déclarée ouvertement : les svartálfar sortaient la nuit, armés de louches pour attaquer les ljósálfar.
Tu te doutes bien, petit Pierre, que l'égalité entre les deux peuples n'était pas respectée !
Les elfes  d'en haut décidèrent de réagir, mais, tu sais, maintenant que tu les connais, que leur stratégie ne pouvait pas être belliqueuse : ils étaient complètement incapables d'une quelconque méchanceté ! Ils se réunirent en conseil.



Leurs conseils se déroulaient en chanson. Ce n'est pas vraiment classique, mais chez eux c'était ainsi ! La réunion résonnait de baragouinages (pour nous… parce qu'entre eux, pas de problème de liaison). Les svartálfar, goguenards et sarcastiques, se gobergeaient et hurlaient au navet, en se tapant sur les cuisses. Mais les ljósálfar avaient le cœur tendre et c'est dans la rouge délicatesse des coquelicots qu'ils trouvèrent la force d'imaginer leur roman de résistance.


Ajouter une légende
Ils conçurent un projet séraphique, absolument imparable. Chaque elfe d'en haut décida de tomber amoureux d'un elfe d'en bas.
Au début, ce ne fut pas simple ! Ils se mirent à conter fleurette à leurs antagonistes, complètement éberlués. Comment repousser tant d'angélique tendresse ? Toutes leurs détestables stratégies n'eurent plus de prise sur la joie de vivre des elfes d'en haut, qui les emmenaient voleter de fleurs en fleurs. Comme Noël approchait, ensemble ils cueillirent des baies d'églantier dont ils se servirent pour décorer les sapins de la sapinière (l'occasion de s'apercevoir qu'ils n'étaient pas malades, contrairement à ce que prétendaient les svartálfar) ! 


La nuit du 24 décembre fut enchanteresse et paradisiaque !
C'est ainsi que le petit peuple d'en bas quitta pour toujours les ténèbres souterraines et maléfiques. La paix régna définitivement au pays des elfes."


 Pourquoi, soupira Petit Pierre, ne sommes-nous pas des elfes ?

Où voir les  Illustrations Margaret Winifred Tarrant (http://www.artnet.com/artists/margaret-winifred-tarrant/past-auction-results )






Anne de Louvain-la-Neuve - Noël en couleurs




Un père Noël de saison


C'est dingue de se dire que si la neige n'avait pas existé, le père Noël n’aurait sans doute pas eu l’air de ce qu’il est aujourd’hui. C’est un fait avéré, et prouvé scientifiquement, il aurait, sans aucun doute aucun, ressemblé à n’importe qui. C’est n’importe quoi, non ?


Peut-on en effet une seule seconde l’imaginer dépourvu de son gros bonnet rouge à pompon blanc, pompompidoum ? Un père Noël sans couvre-chef et sans lunettes de sagesse, c’est comme un cochon sans sa queue en tirebouchon, il manque un petit quelque chose. Sans barbe blanche ? Une preuve irréfutable que l’homme a de l’expérience, qu’il n’est pas né de la dernière pluie, que nenni, et qu’il en a dans les guiboles et dans le ciboulot !


Emmitouflé de son bel habit rouge matelassé 100% mérinos, une ceinture de cuir de première qualité ceint une taille formidable. Des gants ont récemment remplacé les moufles, bien plus pratiques pour la distribution des jouets, des cadeaux, des bonbons, tandis que des bottes de géant, pointure 49, complètent un personnage à la hauteur de nos imaginaires d’enfant. Iconoclastes jusqu’au bout, nous pourrions aussi l’installer en pleine rue, circulant pédibus cum jambis : c’est sans compter sur ses rennes nordiques et costauds, ainsi que sur un traineau tarabiscoté toujours plus performant à la glisse entre les nuages et atterrissant délicatement sur les toits sans en arracher une tuile, quel bol !


Si vous me posez la question, donc, peut-on un instant valider la thèse d’un père Noël sans l’attirail qui va avec ? la réponse est non. Et je vous explique pourquoi.


Le coup de génie qui, à jamais allait changer sa vie et celle de toute la planète était une invention révolutionnaire, la neige ! Blanche, elle peut en l'espace d'une nuit transformer n'importe quels paysage, cité, baraquement, usine, caravane, décharge, trou perdu en sublimités poétiques pures et immaculées. Dans son époustouflante splendeur, cette poudre ne s'inhale pas sauf si l'on a envie d'essayer des sensations extra fortes pas comiques. Elle peut se condenser afin de permettre à tout enfant ou adulte d’envoyer des missiles à la tête de compagnons de récrés ou de voisins, de parents, amis ou ennemis. Cette délicate composition a de multiples pouvoirs : paralyser le trafic, pousser dix fois plus lourd qu'elle dans les talus, se sculpter pour devenir bonhomme, se déguiser en miroir pailleté.


Une marque déposée plus tard, attifé comme il apparait désormais, le père Noël circule avec l'équipage ad hoc, adapté à la poudreuse, à la compacte, à la fondante, dans le blizzard, dans le brouillard, gel ou pas.


En période de vacances, l'espace de quelques mois, c'est un inconnu que l'on croise, affublé d'un short à fleurs, d'une chemise 100 % polyester à manches courtes. Au-dessus de sa tête chauve et d’un menton impeccablement rasé, un panama. Un collier de graines séchées autour du cou et chaussé de sandalettes en plastique, le voilà qui monte sur son scooteur, accompagné de son fidèle Milou, un pékinois ridicule qu’il case dans un panier en osier entre ses pieds. Le père Noël plus que probablement est un beatnik de plage, un mai soixante-huitard avant, pendant et après les lettres Peace and Love et/ou pire, un fumeur de joints occasionnel ?


Si la neige disparait, il sera contraint de ranger ses vêtements au placard pour toujours et, fonçant à fond de train du bout de la rue sur sa vespa pétaradante, à moitié nu, il demeurera un n’importe qui que des lunettes de soleil seules préserveront dans l’anonymat, alors que, tendus vers ce moment unique dans l’année, les petits comme les grandes personnes, veulent encore croire aux mystères d’un vieux barbu curieusement sapé, drapé de neige, dans la magie de la dernière des quatre saisons.

Où lire Anne de Louvain-la-Neuve

mardi 15 décembre 2015

Pascal - Noël en couleurs

C’était pendant les vacances de Noël et pendant toute la légitime excitation de la fin de l’enfance. Maman préparait le sapin avec les bons soins décorateurs de mes deux sœurs empressées. Les cartons déballés de l’année dernière ? Je ne pouvais que les regarder ! Chaque fois que je voulais rajouter quelque chose sur une branche épineuse, elles me rabrouaient comme quoi ce n’était pas le bon endroit, la bonne couleur, la bonne hauteur, la bonne figurine ! Les guirlandes brillantes et multicolores ? Ce n’était même pas la peine que je m’approche ! Elles avaient déjà prévu leurs cheminements dans la forêt de l’arbre ! Les boules si fragiles ? Je n’avais pas le droit d’y toucher et si l’une d’elles était seulement fendue, c’était forcément de ma faute ! Et la crèche ! C’était pareil ! Je devais être le mouton enragé dans le troupeau. En remuant, pendant un de mes brusques jeux, j’aurais peut-être renversé le berger, ses rochers et la cabane en paille…

Les recommandations de ma mère et les regards noirs de mes sœurs n’étaient là que pour reculer l’échéance de mes embellissements illicites. J’attendais qu’elles s’en aillent de la pièce pour revisiter le sapin et ses décorations. Ho, bien sûr, je ne dérangeais rien qui puisse me condamner mais j’organisais des retrouvailles heureuses entre les figurines, les guirlandes et les boules enjoliveuses. Je les faisais discuter ensemble, au coin du bois, et ma voix prenait tous les tons d’une conversation en catimini de petits  lutins facétieux. J’aimais bien me regarder dans ces sphères en couleur ; leurs déformations de miroir caricatural avaient quelque chose de surréaliste et, pourtant, il me semble que c’est naturellement moi, aujourd’hui…

Il sentait bon, notre sapin de Noël. Maman savait le choisir dans la forêt du magasin.
Facilement, il touchait le plafond avec son étoile filante ; il exhalait sa condition de conifère avec ses parfums capiteux et quand on rentrait dans la pièce, on réalisait toute son importance en chavirant du plaisir des cadeaux bientôt dessous… Pour ne pas être en reste et décorer à ma façon notre sapin, je cirais les chaussures de toute la maison, toutes celles qui pouvaient se retrouver là, à l’orée du grand jour !...  Après la distribution, j’avais récupéré le papier des papillotes de tous, je les avais remplies avec des billes d’école et avec un fil de laine, je les avais pendues sur une chaise de salon, tout à mon goût de décorateur ! Cela m’occupait des heures, cette aventure d’ornement…

C’est fou comme les choses éphémères durent longtemps dans la tête d’un gamin ; tout s’incruste de façon indélébile, avec une précision sans faille. Je sais le sourire de telle petite poupée, l’allant jovial de tel père Noël en papier, la flamme de telle bougie, le regard de tel bibelot, coincé entre les épines. A cette heure de souvenance, je pourrais me rappeler de chacune des belles décorations de notre sapin. Je pourrais même dire où, précisément, elles se trouvaient pendant leur étalage de Fêtes. Chacun de ces petits objets participait au grand spectacle de Noël. Ils avaient tous une importance d’ornement extraordinaire qui conférait aux festivités à venir des moments enchanteurs. Je passais des heures devant notre sapin ; je l’apprenais comme on apprend une récitation. Il était le point de départ de tous mes rêves ; j’étais bien à côté de lui comme on peut l’être avec un véritable Ami. Souvent, je voulais le prendre dans mes bras…  

Dans la télé, on avait annoncé de fortes précipitations de neige pendant ces vacances. Cela faisait râler mon père, à cause de son boulot, des congères et de la conduite hasardeuse de son auto. Pourtant, sans le montrer vraiment, je crois qu’il était content pour nous. Quand il sortait le chien, il s’habillait comme s’il était sûr d’un blizzard imminent dans notre chemin. A son retour, je surveillais l’état de son manteau, ses impressions de baromètre et ses réflexions de froidure. Pour nous faire plaisir, peut-être qu’il commandait la neige avec tout son pouvoir de papa…

Maman, pour rester dans la normalité de l’hiver, avait saupoudré notre sapin avec de la poudre de flocons ! Il y avait même des stalactites factices pendues au bout des branches, les pères Noël emmitouflés avaient la goutte au nez ! Quand la guirlande clignotait, tout s’éclairait en rouge, en bleu, en jaune, vert, du sous bois du sapin jusqu’aux pointes de ses aiguilles ! Partout, c’était des pépites d’or et d’argent aux intenses scintillements féeriques !

Sans cesse, j’allais du sapin à la fenêtre de la pièce pour surveiller les précipitations à venir. C’était enchanteur, cette notion imminente des flocons embellisseurs de notre quartier. Les éléments allaient plus vite que mon imagination. En y repensant, c’était des moments gigantesques. Je courais jusque dans les chambres pour surveiller les nuages passants ! A l’insu de mes parents, j’ouvrais le portail du garage, j’allais dans la rue, je regardais le Ciel et je les appelais avec mes prières d’enfant !

Dans l’âtre de la cuisinière à charbon, brûlaient des petites pommes de pin et c’était tout un assortiment d’effluves sensationnels qui traversait la maison. Les mille pétillements du feu avaient une insolente consonance de festivités imminentes. Chaque seconde était heureuse comme si la vie n’était plus qu’une suite d’événements merveilleux. On avait tous des sourires de connivence ; de ces sourires qui savent à l’avance, tout des grands moments de Noël. Les jouets, ils ne seraient là que pour les conclusions, l’apothéose, le bouquet final de tout ce déploiement de Bonheur…  

La veille de l’Avènement, dans notre petite rue, j’observais le ciel, toujours en train d’espérer sa neige et ses cristaux de poudreuse. Sans nulle pitié, ma sœur aînée, cette vile sorcière, m’a alors rigolé au nez en me racontant que le père Noël n’existait pas, que c’était nos parents, les faiseurs de cadeaux, les vrais préparateurs de la fête avec ses guirlandes et de tout le tralala ; je n’avais qu’à aller voir sur l’armoire de leur chambre pour m’assurer de ses dires de rapporteuse…

J’ai escaladé une chaise et sur la pointe des pieds, j’ai tâtonné le dessus de la vieille armoire. Quand des larmes ont perlé à mes yeux d’affranchi précoce, dehors, il s’était mis à neiger…