vendredi 30 janvier 2015

Joe Krapov - Au fond du jardin

PROTESTATION - PROVOCATION

Dans le fond du jardin
Je sculpte du rondin
A la hache, au couteau,
Au ciseau,
Au burin ;
Plus entêté que Tartarin
Je me défonce, en bon gredin,
Sur mon « dépenseur » de Rodin

Baladin, muscadin

Et momentanément badaud périgourdin,
Il a claqué tout son pognon
Pour une dernière tarte à l’oignon
Dans un restaurant de Sarlat.
Il s’est aussi un peu soûlé
En arrosant son cassoulet
D’un verre de Bergerac qui traînaillait par là
(N’en dites rien surtout à sa femme, Carla,
Qui croit qu’il ne boit pas !)



Il s’est assis, sourire aux lèvres,

Il regarde monter la fièvre,
Le flot des visiteurs hagards
Qui viennent jouer aux médiévistes
Mais ils ne sont que des touristes
Qui font pétiller son regard
De fou assis sur la colline
Dans un monde qui badaudeline.

Dans le fond du jardin où souvent je me casse

Je compresse, je concasse,
J’assemble des carcasses.
Poète ferrailleur du dimanche des ducasses,
Je désarticule, 
Je Césarticule,
Je tourne en ridicule
Tout l’acte économique
De production de biens pour le profit des riches :
En taillant dans la friche,
Je fais à l’identique,
Avec le même geste, 
Dans un contexte agreste,
En dehors de l’usine
Où c’que Charlot turbine,
Un exemplaire unique,
Invendable, comique,
De mes songes-balivernes
Pour les temps post-modernes.

Dans le fond du jardin, parfois, à l’occasion,

Je sculpte le gazon,
Je taille dans le buis
Je tire de la glaise
Le poussin Blaise,
Booz endormi,
Et je le plante,
- Drôle de semis ! -
Emmi 
Le jardin des plantes
De Nantes.
 

Ca ravit les enfants
Tout comme Georges Lebanc.
Quand Claude Pontifie
La poésie fructifie !

Dans le fond du jardin, promis, juré, craché,

Ma tendresse cachée
Trouve là son refuge
Et ces exhibitions
Ne sont provocations
Qu’à la réflexion.
(Mais qui réfléchit,
Aujourd’hui,
A part les miroirs
Des micro-trottoirs ?)

Pas la peine de crier au grabuge,

Pas la peine d’en appeler au déluge,
Aux vengeances ni même au montrage du doigt !
Et d’ailleurs, y’a erreur
Sur la notice « auteur » :
Ce n’est pas moi 
Qui ai inventé la catapulte à chats :
C’était Royal de Luxe et c’étaient des pianos !
 

Alors s’il te plaît, S.P.A.,
Range ta Kalachnikov et garde tes pruneaux :
Moi aussi j’aime les animaux…
Surtout la maman des poissons…
Avec du citron.

Où lire Joe Krapov

8 commentaires:

  1. Dans ton jardin, c'est le fond qui manque le moins!
    Il faudra que j'aille réviser mon Royal de Luxe... j'ai dû rater la catapulte à pianos :)

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  2. comme toi, je préfère contempler les p'tits gars de Sarlat, même quand de pierre ils sont :)
    ou m'allonger à côté du Dormanron, imaginé par Claude Ponti (nom scientifique : Pionçotophyceae)
    voir même à ronchonner il y a quelques années en arrière devant l'idée du Royal de Luxe (dont pourtant je suis fan) entrain de massacrer de pôv' vieux pianos (insupportable pour mon cœur de musicos), même si la Folle journée me donnerait parfois envie de catapulter du touriste musical :o))))

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  3. Un jardin à visiter sans modération !!!!

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  4. Ouiiiiiii ! Claude PONTI à Nantes, quel régal.
    Invitée par tiniak, je m'attendais à tout autre chose, mais pas déçue, au contraire. Vous m'offrez une belle récréation, quand je suis (là, maintenant; pas tout le temps) au pied de L'Arbre San Fin... ;)

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    1. l'univers "pontiesque" est inépuisable : au 1er, comme au xième degré de métaphores !
      décliné depuis deux étés au Jardin des Plantes de Nantes ce n'est que du bonheur en plantes et en couleurs, mais je pense que toi aussi tu arpentes ces allées :)

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  5. L'Arpenteur d'étoiles31 janvier 2015 à 15:59

    et la maman des poissons elle est bien gentille :o)
    c'est un texte à multiples tiroirs, un texte bibliothèque, pinacothèque et toutcequetuveuxthèque ... enfin c'est du Mister Joe le rennais qui va à Nantes alors que cette ville est l'anti Bretagne ; c'est dire sa largeur d'esprit et d'esprit, d'Ur à Jerimadeth ...

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  6. les références fusent comme un feu d'artifice ! César des topiaires, c'est impérial plus encore que royal... c'est vrai qu'elle est bien gentille la maman des poissons ; la catapulte à pianos, je l'ai vue dans la pub nespresso...

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