lundi 20 juillet 2015

Clémence - Cékoidon

Quelle affaire, mais quelle affaire, ce cekoidon !

Août s'en allait sur la pointe des pieds. Les touristes aussi et les villageois reprendraient bientôt possessions de « leur » petit village du Haut Var.

Mais il restait encore un week-end avant que les valises et les volets ne claquent. Alors, les locaux décidèrent d'un grand pique-nique nocturne au Bastidon. Menu classique : tapenades et croûtons, bruschetta, pissaladière et rosé ou Pastis ; barbecue et rosé ; mesclun, roquette et fromages de chèvres et rosé...tarte au ciron et rosé ou café...Ambiance musicale assurée par un jeune du « païs ».

L'avant-veille, les villageois se rassemblèrent selon leurs attributions spécifiques.
René, le viticulteur, viendrait avec un ou deux fûts de rosé et des carafes pour les tables ;
Gégé le berger, se chargeait des formages.
Paco, le maraîcher apporterait les salades coupées le plus tard possible.
Maurice et Jojo se chargeraient des tables et chaises.
Les épouses seraient encore aux fourneaux pour concocter avec amour, leurs merveilles.
Pour les imprévus, on aviserait le moment venu.

Et il a bien brillé par sa présence, l'imprévu : Georges, le boucher était malade. Hors service. Ce qui revenait à dire…. Plus de saucisses pour le BBQ.

- Putaing de putaing, s'exclama René…
- Boudiou, jura Gégé…
- Bonne Mère, pleurnicha Paco…
- Y'a degain… soupirèrent-ils de conserve…
- Non pas, s'écria Maurice. Attendez !

Il enfila sa bécane et pédala jusque chez son vieil oncle. Il grimpa comme un écureuil jusqu'au grenier. Il poussa l'escabeau… Oui, il était bien là, le cekoidon. Certes, recouvert d'une bonne couche de poussière…
De son donjon, Maurice appela Jojo sur son téléphone portable et le dit de filer au supermarché.
- Et surtout, prends bien tout ! En deux paquets !

Maurice revint, tenant le vélo d'une main et la carriole de l'autre.
Jojo venait de partir avec sa camionnette.
Les autres béèrent: « Cékoidon ce machin ? »
- Attendez au moins que Jojo revienne…
Ce qu'il fit au bout d'une heure, un large sourire allumant sa bouille toute ronde !
- Cékoidon, ce machin ? demanda-t-il la moustache en coin…

René, une tournée, on la mérite bien...clama Maurice. Approchez, dit-il en installant le cékoidon sur une table robuste. Il attaqua, le verbe haut et clair :
« Quand j'étais môme, aux soirées de décembre, quand le Tonton avait tué le cochon, il préparait le boudin et les saucisses avec ce truc. Voyez, on pousse la viande là, on met les épices dans la coupelle, le boyau au bout et zou, la manette… »
Ils étaient là, les yeux comme des billes de verre, bouche bée et bras ballants...

- Allez, zou, dit Maurice, on relève les manches les p'tits gars. On triture bien les viandes hachées et c'est parti pour les mètres de saucisses….

Le pique-nique fut grandiose. Il s'inscrivit dans toutes les mémoires et à la une de Var Matin.
L'honneur des villageois fut sauf grâce à ce vieux « Cekoidon » !

5 commentaires:

  1. Proverbe provencal: C'est dans les machines à vétolo qu'on fait les meilleures saucisses :)

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  2. Machine à saucisse : la photo est extraite de l'article du Var Matin, mystère éclairci !

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  3. une savoureuse histoire, en effet on voit bien le cekoidon dans cette fonction !
    méfions nous des imitations (http://www.dailymotion.com/video/xu7z51_saucisse-de-cochon-frais-frais-frais_fun )

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  4. Justement, je suis passée par là, ça sentait fameusement bon le BBQ ! J'étais loin d'imaginer que la saucisse était aussi fraîche :-)

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  5. Emma... super !

    Turquoise, il fallait m'appeler, on se serait retrouvées avec un p'tit rosé du cru....

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