Quelle affaire, mais quelle affaire, ce
cekoidon !
Août s'en allait sur la pointe des
pieds. Les touristes aussi et les villageois reprendraient bientôt
possessions de « leur » petit village du Haut Var.
Mais il restait encore un week-end
avant que les valises et les volets ne claquent. Alors, les locaux
décidèrent d'un grand pique-nique nocturne au Bastidon. Menu
classique : tapenades et croûtons, bruschetta, pissaladière
et rosé ou Pastis ; barbecue et rosé ; mesclun, roquette
et fromages de chèvres et rosé...tarte au ciron et rosé ou
café...Ambiance musicale assurée par un jeune du « païs ».
L'avant-veille, les villageois se
rassemblèrent selon leurs attributions spécifiques.
René, le viticulteur, viendrait avec
un ou deux fûts de rosé et des carafes pour les tables ;
Gégé le berger, se chargeait des
formages.
Paco, le maraîcher apporterait les
salades coupées le plus tard possible.
Maurice et Jojo se chargeraient des
tables et chaises.
Les épouses seraient encore aux
fourneaux pour concocter avec amour, leurs merveilles.
Pour les imprévus, on aviserait le
moment venu.
Et il a bien brillé par sa présence,
l'imprévu : Georges, le boucher était malade. Hors service. Ce
qui revenait à dire…. Plus de saucisses pour le BBQ.
- Putaing de putaing, s'exclama René…
- Boudiou, jura Gégé…
- Bonne Mère, pleurnicha Paco…
- Y'a degain… soupirèrent-ils de
conserve…
- Non pas, s'écria Maurice. Attendez !
Il enfila sa bécane et pédala jusque
chez son vieil oncle. Il grimpa comme un écureuil jusqu'au grenier.
Il poussa l'escabeau… Oui, il était bien là, le cekoidon. Certes,
recouvert d'une bonne couche de poussière…
De son donjon, Maurice appela Jojo sur
son téléphone portable et le dit de filer au supermarché.
- Et surtout, prends bien tout !
En deux paquets !
Maurice revint, tenant le vélo d'une
main et la carriole de l'autre.
Jojo venait de partir avec sa
camionnette.
Les autres béèrent: « Cékoidon
ce machin ? »
- Attendez au moins que Jojo revienne…
Ce qu'il fit au bout d'une heure, un
large sourire allumant sa bouille toute ronde !
- Cékoidon, ce machin ?
demanda-t-il la moustache en coin…
René, une tournée, on la mérite
bien...clama Maurice. Approchez, dit-il en installant le cékoidon
sur une table robuste. Il attaqua, le verbe haut et clair :
« Quand j'étais môme, aux
soirées de décembre, quand le Tonton avait tué le cochon, il
préparait le boudin et les saucisses avec ce truc. Voyez, on pousse
la viande là, on met les épices dans la coupelle, le boyau au bout
et zou, la manette… »
Ils étaient là, les yeux comme des
billes de verre, bouche bée et bras ballants...
- Allez, zou, dit Maurice, on relève
les manches les p'tits gars. On triture bien les viandes hachées et
c'est parti pour les mètres de saucisses….
Le pique-nique fut grandiose. Il
s'inscrivit dans toutes les mémoires et à la une de Var Matin.
L'honneur des villageois fut sauf grâce
à ce vieux « Cekoidon » !
Proverbe provencal: C'est dans les machines à vétolo qu'on fait les meilleures saucisses :)
RépondreSupprimerMachine à saucisse : la photo est extraite de l'article du Var Matin, mystère éclairci !
RépondreSupprimerune savoureuse histoire, en effet on voit bien le cekoidon dans cette fonction !
RépondreSupprimerméfions nous des imitations (http://www.dailymotion.com/video/xu7z51_saucisse-de-cochon-frais-frais-frais_fun )
Justement, je suis passée par là, ça sentait fameusement bon le BBQ ! J'étais loin d'imaginer que la saucisse était aussi fraîche :-)
RépondreSupprimerEmma... super !
RépondreSupprimerTurquoise, il fallait m'appeler, on se serait retrouvées avec un p'tit rosé du cru....