dimanche 12 juillet 2015

Pivoine - En sortant de l'école



En sortant de l'école, j'ai mis ma main dans celle de Léo, souri à Mone, et j'ai marché dans les empreintes qu'ils laissaient sur le chemin. C'était facile. Cela semblait facile. 

En réalité, je n'ai pas pris sa main et le chemin a été long avant de croiser leur route, tout naturellement, et... (pour combien de temps ? Un an? Moins? Plus?)  De faire des bouts de route, ensemble. A la fois seuls, et de concert. Plus, si dieu et les hommes le veulent, car il y aura toujours l'impermanence des liens et des choses, et la fragilité des amitiés humaines.

Marcher. Marcher dans les rues étroites mais bien asphaltées, dans les faubourgs et les villages. Emprunter les fragments de promenade verte, les GR rouge orangé, les sentiers caillouteux, encombrés de racines, serpentant entre les maisons, les prés, les jardins, les barrières abandonnées, le chaume et les charpentes des lavoirs, les friches et les vallons dans les bois. 

Monter des escaliers, se tromper de route, rebrousser chemin, passer à côté du sentier derrière la haie, entendre le ruisseau fuseler entre les fougères, avoir chaud, avoir bon, jusqu'au tréfonds. N'attendre que l'eau fraîche et la chaleur du lit, à l'étape, pour se sentir vivante.

Brûlante du soleil avalé. 

Entendre le ruisseau et se taire. Ne plus parler. Et regarder, inspirer, se laisser traverser par la route, par la forêt, par la nature par le souffle de cette planète habitée, si infime dans le cosmos. Être une parcelle de l'espace, en mouvement.  Minuscule dans le noir de l'univers. 

Marcher. Malgré l'épiderme qui durcit et fait mal, malgré les lourdes chaussures, le poids de la bouteille d'eau et le mois de juillet, malgré la pluie et la moiteur, monter, descendre, obliquer à droite à gauche, se tromper, n'avoir bientôt plus que trop de fatigue pour avancer mais avancer quand même et sans se plaindre. 

Surtout sans se plaindre, une fois pour toutes. Marcher 5, 10, 15 kilomètres, siester, à l'ombre des pins, sur un sol jonché de ronces, cachant ses bouts de roc et ses fourmis, et sa vie tapie, bruissante d'insectes.

Puis se dire qu'au sortir des bois noirs de la Montagne  noire, il sera doux de ressentir l'apaisement des sens, la détente des muscles et de fermer les yeux...

Avant de repartir.

5 commentaires:

  1. La route est semée d'embuches, on dirait une vie... mais tant qu'il y en a...

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  2. Oui, exactement comme une randonnée! Sans sac à dos heureusement...

    Pivoine

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  3. L'Arpenteur d'étoiles12 juillet 2015 à 23:16

    c'est une vie, comme une après-midi d'été, une vie suspendue, éthérée et en même temps ancrée dans la terre, la nature et son chant. Un chemin de son Compostelle personnel, secret, vivant. J'ai vraiment bien aimé les mots choisis, le style et le souffle. Joli !!

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  4. Aïe, aïe.... se reposer sur un sol jonché de ronces....

    Un très joli texte, j'aime le style de l'écriture....chaque paragraphe entamé par un verbe à l'infinitif... à la dimension d'infini...

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  5. Merci pour vos commentaires. J'ai été peu devant l'ordi cette semaine (j'ai fait un livre illustré en stage et demain, on le relie), et là, avec une consigne que je vous avais proposée, je me dois d'écrire un texte, mais ce sera peut-être aussi à la dernière minute ? Ou on pourrait avoir du rab' ??? Hum-hum...

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