mardi 13 octobre 2015

Fred Mili - Les premiers mots d'un livre (la suite)







Aktar tournait autour d'elle, ses narines frémissaient, la bave s'accumulait au coin de ses lèvres. Aylane était en période de fécondation, il le sentait et ça l'excitait.
Hier soir il avait essayé de la coincer contre les rochers, sans lui faire la cour, s'insinuant entre ses fesses nues. Elle l'avait repoussé d'un coup de gourdin.
Il avait rugi de colère et ses rivaux, Kahar et Cyria, se moquèrent de lui. Eux-mêmes avaient reçu des coups de gourdin la veille.
Aylane était intraitable. À quatorze ans elle n'avait pas encore d'enfant, c'était inconcevable dans le clan. Sa mère la sermonnait et ne comprenait pas pourquoi elle repoussait les mâles en rut. 
Shokar le chef de la tribu était courroucé. Aktar, Kahar et Cyria lui avaient rapporté sa mauvaise conduite Une jeune fille devait accepter toutes les sollicitations des fils du clan, c'était la règle.
À l'aide de grognements, de gestes significatifs, le chef avait tenté de faire comprendre à la jeune nubile qu'elle n'avait pas le choix. Le ton monta. Shokar la gifla d'une main arthritique, Aylane se défendit et l’assomma d'un coup de gourdin.
Défier l'autorité du chef de clan était inconcevable. Shokar cria et ses pairs, lances de bois prêtes à transpercer, se précipitèrent. Les conciliabules commencèrent, Shokar voulait mettre la jeune fille au pilori pour insubordination et rébellion, certains étaient contre cette idée et prônaient la tolérance mais le chef de clan n'en démordait pas, elle s'était rebiffée et l'avait même battu
Ils étaient tous les pères d'Aylane, c’était ainsi dans la tribu, impossible de savoir qui était le géniteur. Cette façon de faire pourrait être à la longue un véritable danger. Chacun suivant le caractère du nouveau-né s'en octroyait la paternité
Pour l'heure le conseil des sages prenait des allures de champ de bataille. Gestes d'intimidation, cris simiesques, moulinets de bras. Le vieux Rokar excédé fit tourner son bâton dans les cendres et les flammèches brûlèrent une partie du maquillage de ses collatéraux. 

« Coupez » beugla Jean-Philippe Ziegler, le réalisateur, puis aussitôt dans le porte-voix appela les pompiers et les maquilleuses. Ce film allait coûter une fortune, les problèmes surgissaient au fur et à mesure. L'adaptation de L’invention des cendres d'après le livre de J-M Hardy était un gouffre financier
Sa jeune maîtresse dans le rôle d'Aylane était imprévisible
À l'aube de la soixantaine par intérêt il lui avait donné le rôle, contre l'accord des investisseurs et il se sentait en mauvaise posture.

3 commentaires:

  1. Si haut qu'on monte les marches à Cannes... on finit par des cendres :)

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  2. He bien voilà : quand on s'y croit, Casanova de la dernière heure, voilà ce qui arrive ! En plus, ce truc sur un scénario de mon cousin, Jean-Marie Hardy, qui vend des meubles à Florenville, en Gaume (Belgique), voyons ! Vrai de vrai, mon cousin s'appelle vraiment comme ça ! Me demande si ça vaudra quand même la Guerre du feu, ce film de Ziegler. On ne sait jamais, je vais porter des bougies à Ste Claire, patronne des causes désespérées.

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  3. Un récit très vivant, et la chute excellente !

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