mercredi 28 octobre 2015

JCP - Une photographie

Oléron, côte ouest



Bois flotté

Aux sables en repos que la marée délaisse
Vient mourir sur la grève une pièce de bois,
Venue peut-être là de la nef d’un grand roi
Comme d’un frêle esquif accablé de vieillesse.

Que tu soies d’un vaisseau de tant et tant de pièces
Ou du pauvre canot d’un vieux pêcheur d’anchois,
Que la poudre ou l’écueil aient eu raison de toi,
Nous diras-tu les émois de ta prime jeunesse ?

Déjà le flot grondeur sous les vents revenus
Recouvrait les sables des grands espaces nus
Lorsqu’une faible voix déclarait en substance :

- Sachez que je ne fus coque d’aucun vaisseau,
Mais qu’à ces tristes restes jadis pendaient des os,
Dit le morceau de bois, - ainsi, je fus potence.


16 commentaires:

  1. L'Arpenteur d'étoiles28 octobre 2015 à 19:53

    très joli sonnet aux rimes riches et sonores ... et la chute surprenant et ô combien tranchante !:

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    1. Oui, en effet - il y aurait eu le bois dont on fait les guillotines, mais c'est moins "romantique"...

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  2. Une belle chute en effet... au bout du rouleau

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    1. "Au bout du rouleau", bravo...j'ai dû réfléchir un peu...

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  3. Un simple morceau de bois pour inspirer un sonnet... et quelle chute !
    avec le sourire

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  4. Le bois flotté, porteur des mystères d'un passé que vous réussissez à nous transmettre avec sa couleur aussi particulière que vos mots. Bravo.

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    1. Merci Anne, si on écoute bien, le bois parle mieux que les gros coquillages où l'on n'entend que la mer...

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  5. Le contraste entre les envolées poétiques du début du sonnet et la chute est efficace. Bravo !!!

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  6. Oléron, c'est magnifique ! Je comprends ces vers, tout aussi magnifiques.

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    1. L'océan gagne sur la côte ouest, ce sont les restes d'une forêt de pins engloutie...
      mais le sable emporté se dépose derrière la pointe sud est, et la végétation y prospère déjà : "tout se transforme"

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  7. Superbes, les trois! Le texte, l'image et la côte Ouest d'Oléron...

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  8. Merci Chri,
    morceaux de bois échoués sur les plages sauvages..." avez-vous donc une âme ?"

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  9. Une introduction royale, une suite populaire, le tout bercé de poésie. Ne vous y trompez pas...la cruauté peut se révéler au détour du chemin...
    Après la lecture de la dernière strophe, je suis remontée vers la photo, y puiser de la douceur et du rêve....
    Ce bois flotté est très ....beau

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  10. Merci Clémence, toujours inspirants ces morceaux de bois, photographiés en 2010, peut être disparus aujourd'hui - ou remplacés par d'autres. Ils ont ceci d'exceptionnel qu'il s'agit d'une forêt de pins en partie engloutie.

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