mercredi 10 février 2016

Vegas sur sarthe - Béatrice Bougredane


Un destin

Si étymologiquement les Béatrice apportent le bonheur, Béatrice Bougredane attirait surtout les catastrophes.
Née Triplebuse par sa mère et Bougredane par son père, elle avait bien failli se prénommer Brigitte mais on était en 1963 – l'année des Béatrice – et chez les Bougredane on ne rigolait pas avec ça.

Le destin en avait décidé ainsi: elle aurait tout aussi bien pu s'appeler Bougredonagre ou Bougremulet, Baudet ou encore Bardot, mais flanquée de ces deux initiales B B, Béatrice Bougredane était bien décidée à conquérir le monde contre vian et marais.
Tous ces mannequins des magazines lui tournaient la tête et s'il n'avait pas fallu coucher Dieu sait où, elle serait devenue actrice de cinématographe mais elle aimait trop sa chambre et son lit douillet à la couette à carreaux vichy rose.
Et puis elle aimait son confort et n'aurait pas eu la force 'alain star' de cette Béatrice Pavé qui tournait le matin par plus de 37 degrés!
On lui propose de faire la couverture de Modes&Travaux et elle accepte à condition que ce soient des carreaux rose; elle en tricotera trois cent douze avant de déclarer une tendinite du coude... elle déclarera justement : “J'ai attrapé un knitting elbow”.
C'est ainsi qu'elle épouse son kiné, un certain Roger Va-Le Bourget et élargit son cercle d'amies parmi lesquelles Ursula Enrobe, Claudia Evêque, Michèle Mords-mitaines, Sophia Alsace et quelques autres aussi gratinées.

C'est pourtant Marlène De Dietrich – mariée à un industriel de la pompe à chaleur – qui lui mettra le pied à l'étrier et non pas la bride sur le cou; elle lance la mode du matelas gonflable “Le Repos du guerrier” mais l'affaire s'essouffle et B B aussi.
Son couple explose, elle quitte Roger pour épouser Sean Sottise au mépris de ses initiales S S!
C'est qu'elle est courageuse la Béatrice.
Retirée des affaires – comme on dit dans les clubs d'effeuillage – elle se consacre à la protection de l'uroplatus phantasticus, un gecko de Madagascar, seul spécimen qui se ramasse à la pelle tant son mimétisme est parfait avec la feuille d'automne.
Son action inspirera plus tard le grand poète Jack GreenField et réconciliera Béatrice avec une vie qui lui en avait été si peu reconnaissante.
Elle goûte aujourd'hui un repos bien mérité dans sa drague – elle dit ma drague – où elle a installé la tribu des Bougredane.

14 commentaires:

  1. quelle belle biographie ! Saint Trop et son Vegas, à défaut d'avoir perdu un de ses derniers gendarmes récemment :))))

    RépondreSupprimer
  2. Une épopée bigrement et bigrement bien narrėe! j'ai adoré ta drague....
    Tu parviens toujours à trouver le ton juste, celui qui donne l'envie de lire à voix haute pour se régaler de la musique des mots.

    Un bémol cependant (à mon avis) est l'arrivée du présent avec ''on lui propose''....alors que tu emploies le passé au début du récit. Mais peut-être est-ce volontaire?..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le présent est voulu, Clémence pour donner plus de vigueur à la seconde partie de "sa vie".
      Merci pour ton compliment :)

      Supprimer
  3. Et ou elle n'a plus le goût de l'art laid de son David de fils... Joli florilège ciné et jeux de mots aussi drôles que Végasiens !

    RépondreSupprimer
  4. Bien sûr (à propos de la remarque de Clémence) ! C'est ce qu'on appelle le présent historique- à valeur de passé - et effectivement bien plus dynamique. Ca, c'est Bougred'Anne qui vous le dit et qui a failli s'appeler comme ça, un de mes prétendants s'appelant Baudet, c'est véridique. Faites le reste, Anne + Baudet, pour les matheux. Ceci dit, quel bio-pique cher Vegas ! Aussi dynamique que le présent historique, la vie de cette BB + SS, ça donne HH (histoire hilarissime).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton comm instructif, Anne! Je faisais du présent historique sans le savoir (comme Mr Jourdain) :)

      Supprimer
  5. Merci Vegas et Anne pour le prédiction grammaticale.
    Pour la suite, Anne et Baudet, un pont aux ânes qui en a agacé plu d'un!

    Et pour mon commentaire à Vegas, il fallait également lire ''bigrement et bougrement''.
    Bigre, ma tablette m'escagasse un peu trop souvent

    RépondreSupprimer
  6. Toujours inspiré Vegas, encore bravo !
    et merci pour cet humour bienvenu par temps gris comme par ciel bleu.

    RépondreSupprimer
  7. Tu les as affublées ces étoiles du cinéma.
    Beaucoup d'humour.

    RépondreSupprimer
  8. Arpenteur d'étoiles12 février 2016 à 18:27

    c'est drôle et subtil Ursula enrobe :o) et roger va le bourget ça frise le génie ... et les autres aussi ...
    je chantonne sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés ...

    RépondreSupprimer
  9. Toujours morte de rire avec tes textes !
    avec le sourire

    RépondreSupprimer
  10. Toujours morte de rire avec tes textes !
    avec le sourire

    RépondreSupprimer
  11. J'aime beaucoup; je vais relire car je n'ai pas du saisir toutes les facéties de ton histoire... :)

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont précieux. Nous chercherons toujours à favoriser ces échanges et leur bienveillance.

Si vous n'avez pas de site personnel, ni de compte Blogger, vous pouvez tout à fait commenter en cochant l'option "Nom/URL".
Il vous faut pour cela écrire votre pseudo dans "Nom", cliquer sur "Continuer", saisir votre commentaire, puis cliquer sur "Publier".