lundi 11 avril 2016

Célestine - La concierge

Demain …

Anna s’assura que les rideaux en double percale étaient bien tirés. Il ne se serait pas agi que la lumière, même faible, de la lampe à pétrole se vît de la rue.

Joseph alluma la radio qui trônait sur le bahut. Fernand et Marcelle se serraient l’un contre l’autre, amoureux, et Léa se moqua d’eux comme chaque fois. Fernand fit mine de lui balancer une claque, mais en réalité il adorait sa petite sœur, même si ce n’était pas toujours facile de vivre avec cette gamine de quatorze ans insolente et impétueuse. Il y avait aussi la vieille Julia, qui ne pouvait plus écouter la radio, vu qu’elle était sourde et muette depuis le départ de son Henri adoré. La promiscuité de ces trois générations, entassées dans deux pièces sous les toits de Paris, était parfois dure à supporter.

« Ça commence ! » murmura Joseph. Le silence se fit. L’angoissante musique retentit dans la pièce. « Toum toum toum…Toum! Toum toum toum…Toum!! Ici Londres, les Français parlent aux Français » La longue litanie des messages codés s’égrena, interminable. Les visages tendus, perdant espoir, guettaient la voix nasillarde et brouillée qui sortait du poste à galènes. Quand soudain :
« La concierge est à l’opéra… je répète…la concierge est à l’opéra »

- Ça y est ! chuchota Anna un peu incrédule en laissant perler ses larmes. Ils ont réussi. Demain, nous partirons pour la zone libre.

16 commentaires:

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    1. Je suis encline aux déclinaisons ... ^^
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Il fallait y penser ! Bravo Célestine.

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    1. Je ne sais comment ça m'est venu... la phrase sûrement, qui avait cet air de message codé de la résistance...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  3. Très belle interprétation d'un thème qui pouvait ne mener nulle part! On s'interroge dès le début. On comprend tout à la fin. Vraiment original!

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    1. Mener nulle part, c'est bien vrai, si l'on songe aux wagons plombés qui partaient vers l'enfer...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  4. Toujours aussi surprenante Celestine !
    Les temps ont changé deux générations vivant ensemble ce doit être plutôt rare de nos jours.

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    1. Merci jean-Charles ! Surprendre est le but ...
      Le journal d'Anne Frank est un livre qui m'avait marqué à cet égard...la guerre obligeait souvent les gens à se terrer dans des trous, entassant plusieurs générations ...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  5. Cette phrase sentait si fort l'espoir... :-)

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    1. L'espoir...la seule richesse qui devait rester à bien des gens durant la guerre...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  6. Bravo Célestine, belle idée!

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    1. Merci Chri. Elle est venue comme ça...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  7. Arpenteur d'étoiles15 avril 2016 à 17:13

    belle imagination de faire de cette phrase un message de radio Londres. Les personnages et leurs prénoms "d'époque", l'histoire tellement possible ... un vrai plaisir émouvant de lecture.

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    1. Merci l'Arpenteur, je suis comblée par tes mots ...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  8. Une jolie manière de rendre, une fois de plus, un hommage et ne pas oublier....
    C'est écrit avec simplicité, mais tellement en adéquation avec la situation!

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    1. Ne pas oublier le passé, c'est certain...Et ne pas oublier surtout que ce n'est pas fini, ailleurs...
      ¸¸.•*¨*• ☆

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