mercredi 12 octobre 2016

Minsky - A la croisée des chemins

L'art de la fugue

Je devrais fuir, faire une pause, prendre le temps, m'arrêter.
Je devrais sentir la folie s'immiscer, m’emporter si loin que plus rien ne me retient.
Je devrais écrire, encore et sans fin. Écrire et raconter ce voyage intérieur.
Je devrais m'interroger sur cet instant magique, sur cet instant tragique, où j'ai choisi de rester, d'accepter quand toute autre aurait pris la fuite.
Je devrais décider si aimer c'est jouer. Si aimer c'est tricher. Si aimer c'est tout accepter. Si aimer c'est s'abstraire de la réalité.
Je devrais couper le lien. Tuer le bien. Tout ramener à rien.
Je devrais me demander pourquoi j'avance, pourquoi j'entre en transe. Pourquoi c'est si compliqué d'entrer dans la danse.
Je devrais me demander pourquoi mon cœur était absent. Pourquoi ce voyage pour une révolution de cent ans.
Maintenant je dégomme tout, je mets des coups de pieds dans le tas.
A la croisée des chemins, je tourne la roue.
A la croisée des chemins, d'un geste violent je pousse les tabous.
A la croisée des chemins, d'un geste lent je mets le doigt: sur toi.
Je devrais me demander pourquoi l'émotion me prend comme une envie de toi(t). Comme après un voyage loin de chez moi.
Je devrais me demander où je dois aller, et d'où est-ce que je viens...
Je devrais me demander pourquoi le chemin m'appartient aussi longtemps que je m'y tiens.
C'est comme une main, un refrain, qui revient, qui me retient.
Je devrais me demander pourquoi ces zones d'ombre qui me dévorent de l'intérieur. Qui me rendent à la vie.
Je devrais me demander pourquoi je veux que ma vie ce soit lui.
Je devrais fuir, faire une pause, prendre le temps, m'arrêter.
Je devrais l'abandonner et retrouver ma liberté.
Je devrais lui dire que c'est maintenant, ici, où jamais.
Si tu ne sais pas m'aimer, alors je me sauverais.
Maintenant je dégomme tout, je mets des coups de pieds dans le tas.
A la croisée des chemins, je tourne la roue.
A la croisée des chemins, d'un geste violent je pousse les tabous.
A la croisée des chemins, d'un geste lent je mets le doigt: sur toi.


18 commentaires:

  1. Wow !
    Si ça ce n'est pas un texte qui a la force d'un tsunami !?
    "envie de toi" m'a percuté, étrange coïncidence alors que la veille c'était mon sujet...
    Bravo pour ce texte, j'en reste médusé.
    D'autres suivront assurément...

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    1. Mon "envie de toi(t)" est moins charnelle que celle de ton texte, mais l'idée y est :-).
      D'autres comme celui-ci, je ne sais pas, mais d'autres ici, sûrement oui.On s'y sent bien je trouve.
      Merci pour ton compliment.

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  2. Voilà un texte qui entre en résonance avec l'histoire (vécue) que je t'ai donnée à lire en lien.
    Qui pourrait se résumer par ta phrase: « Je devrais décider si aimer c'est jouer. Si aimer c'est tricher. Si aimer c'est tout accepter. Si aimer c'est s'abstraire de la réalité.»
    Et les anaphores lui donnent beaucoup de force.
    bravo
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Merci beaucoup Célestine.
      J'ai lu ton beau texte (lien), je t'en parle en commentaire de ta "croisée des chemins".
      Et merci aussi de m'avoir appris quelque chose de nouveau: je ne savais pas ce qu'était une anaphore :-).

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  3. Un texte? Non
    Une incantation, un exercice d'exorcisme assurément réussi si j'en crois mon petit doigt

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    1. Tu as vu le Diable qui s'enfuyait?
      J'aime bien ce que dit ce petit doigt :-)).
      Merci.

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  4. Pourquoi donc ai-je lu "devais" plutôt que "devrais" jusqu'à la quatrième ligne ?

    L'histoire me touche, mais surtout, cette chanson de désir, d'envie et de joie de vivre (c'est ce que j'en ressens) remue à l'intérieur. Merci pour ça.

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    1. Je crois que j'aurais pu lire "devais" moi aussi, si je ne connaissais pas le texte :-).
      Tu as raison d'y avoir vu tout ceci. Il y avait un peu de tout ce que tu as ressenti, au moment où je l'avais écrit.
      Même s'il y avait de la colère aussi.
      Je suis heureuse que ça t'ai plu. Merci à toi.

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  5. Arpenteur d'étoiles13 octobre 2016 à 16:41

    je rejoins Vegas : ton texte est une incantation, une prière mais pour toi, pour ton futur que tu bouscules, que tu prends à bras le corps pour le dompter. Un texte fort et les trois dernières phrases(ou vers)sont à la fois un début et un achèvement ...

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    1. Merci L'Arpenteur.
      Heureusement que parfois, les mots sont là pour nous donner de la force.
      Quant au début et à l’achèvement... Ce qu'il y a de bien avec la vie, c'est qu'elle offre souvent plusieurs occasions de se trouver à la croisée des chemins :-).

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  6. stouf (qu'aime aussi les soirées entre potes))
    Hannn...les nanas...collantes...t'es jamais sure de rien avec...des fois,j'te jure, vaut mieu passer la soirée entre gars pour regarder un match et boire des bières ! ;o)))

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    1. ... Et parler des nanas collantes :-)).
      Nana:1/Mecs:0 ou Mecs:1/Nanas:0...
      Je sais pas, j'hésite. Je bois une bière le temps d'y réfléchir :-).

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  7. C'est un texte très beau et fort, qui s'enrichit à la relecture.

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    1. Merci!
      (Il paraît qu'il faut le lire à voix haute, mais ce n'est pas moi qui le dit :-)).

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  8. Toi Lui
    La croisée des chemins
    J'aime

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    1. Merci d'aimer.
      Ton (votre) commentaire est comme une continuité du texte.

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  9. très jolie chute... de reins... pour cette prose poétique

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  10. "Si tu ne sais pas m'aimer"...
    La limite du supportable en amour. Certes, oui. Je te suis...

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