mercredi 19 octobre 2016

Minsky - Ce matin trois cheveux blancs

Foutu pour foutu...

- Oh non, non, non! C'était donc vrai?! s'exclame-t-il, désespéré, la tête entre les mains.
Il arrache le cheveux d'un coup sec et rageur, puis le regarde tomber sur le carrelage brillant.
Il observe attentivement ce fil blanc à l'air accusateur.
- Oh ça va! Tu n'es qu'un cheveu blanc! Que vas-tu faire maintenant? Des cheveux, j'en ai plein...

- Il y a si longtemps que je n'avais pas été heureux à ce point, murmure-t-il dans un sourire à la femme dans ses bras, avant de s'endormir.
Au petit matin, après avoir déployé des trésors d'ingéniosité pour ne pas réveiller la jeune femme, il pose sur son reflet dans le miroir de l'ascenseur, un regard d'homme satisfait de toujours parvenir à prendre sans jamais rien donner.
- Oh non, non, non! Ce n'est pas vrai!
Il s'approche du miroir et colle son nez sur la surface froide en louchant sur le haut de son crâne où apparaît un superbe cheveu blanc.
Il l'arrache lui aussi et le laisse flotter dans les airs en sortant dans la rue inondée sous la lumière du petit jour.

- Sors-moi de cette galère et je te promets que la moitié de cet argent est à toi.
Le jeune homme qui lui fait face le regarde avec des étoiles plein les yeux. Quelque chose de bien lui arrive enfin. Ça va être très difficile de régler le problème dont l'homme parle, mais avec la promesse d'une somme pareille, il se sent pousser des ailes.
Il voit son futur sauveur se frotter la tête avec vigueur et s'arracher un cheveu qui est aussi blanc qu'il devient blême.
- Et merde! s'écrie l'homme en fixant le cheveu posé sur la paume de sa main.
- Demain, même heure, même endroit, dit-il sèchement au gamin avant de partir précipitamment.

- Cette photo va être une merveille! Recule encore un peu, que la nature et toi ne fassiez qu'un.
La femme fait quelques pas en arrière, docilement, puis vacille en sentant son pied à moitié dans le vide.
Son regard s'emplit d'effroi au moment de basculer dans l'immensité du rien, sous le regard parfaitement serein de son compagnon.
Bizarrement, au moment de chuter et de disparaître, ce n'est ni un cri de terreur qu'elle pousse, ni même un appel à l'aide.
- Tes cheveux, tes cheveux...
Puis elle tombe dans l'oubli du néant.
L'homme se précipite vers la voiture et dirige fébrilement le rétroviseur face à lui.
Lorsqu'il croise son regard dans la glace, il y voit une lueur à peine étonnée.
Tous ses cheveux sont désormais blancs.
Il hausse le épaules.
- Trois mensonges pour toute une vie? Qui peut réussir ça? D'accord, je n'ai que 27 ans, mais foutu pour foutu, au moins, maintenant, je vais pouvoir mentir sans compter.

13 commentaires:

  1. Drôle d'histoire...drôle de mentalité le p'tit bonhomme...
    Ça me fait froid dans le dos.
    Bises Minsky
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. J'avoue, il n'est pas très sympathique, mon personnage :-).
      Bises Célestine

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  2. Réponses
    1. Bon... Alors pour être honnête, j'ai plutôt pensé à une sorte de Pinocchio.
      Avec un problème de cheveux plutôt que de nez lorsqu'il ment.
      Avec un côté "psychopathe" en plus, c'est vrai.

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  3. Arpenteur d'étoiles20 octobre 2016 à 16:10

    quelle étrange histoire et quel personnage complexe ...
    il pourrait faire un personnage de roman !

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    1. Je ne suis pas certaine de l'avoir correctement amené... Mais c'est vraiment gentil de me dire ça :-).

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  4. Stouf (légèrement scato)
    C'est vrai qu'avec des poils de cul...ça l'aurait pas fait. J'aime beaucoup le coup du miroire. C'est un peu une critique de certains d'ici ? Continu,j'aime. ;o)

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    1. Disons que le visuel n'aurait pas été le même :-).

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    2. stouf con
      T'es si moche que ça ?

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  5. Drôle d'histoire en effet, déboussolante pour le moins.

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    1. Je ne sais pas ce qui m'a pris... Je n'étais pas partie pour écrire sur un tel personnage. Mais c'est ce qui en est sorti.

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  6. Hi hi !
    je fouille un peu plus et je reviens ;)

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