vendredi 28 octobre 2016

Tisseuse - Racines

Volée d’escaliers

Imagine une ville entourée de collines
Resserrée sur ses rues étroites et ouvrières
Chacune en son sommet coiffe un cimetière
Insolites crassiers, vestiges des mines
Impressions de labeur, senteurs de poussières
Monte tout droit, porte ta croix vieille grand-mère
Tôt le matin, va toute en noire, fiévreuse et fière
Visiter tes morts, leur porter la bruyère
Ta couleur anthracite n’est pas féminine
Mais ta fougue est sauvage et à moitié sorcière
Tu te moques bien de ne pas sembler câline
Tu poursuis ta route sans craindre les ornières
Vive dans ma mémoire tu restes ma terre
Mon ancre bizarre, ma folie passagère
L’ombre d’un autre moi qui me hante et me serre
Qui m’appelle en ce lieu où je me sens étrangère
Comme transparente, absente et opaline
Tu montres la césure comme ultime frontière
Remontant le temps de trente ans en arrière
Cet au revoir pas dit sans cesse j’imagine
Comme un élan du cœur qui enfin me libère

Le rue de l'Eternité, menant au cimetière du Crêt de Roch

10 commentaires:

  1. Arpenteur d'étoiles28 octobre 2016 à 21:40

    je me souviens de ta grand-mère que tu décris fort bien, à la fois sorcière et libre et un peu sauvage, mais le cœur sur la main ...
    et ce poème est une évidence :)

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  2. Je n'ai pas ces réminiscences de l'Arpenteur, je ne connais pas cette histoire familiale. Alors ce qui me touche, c'est l'écriture, une écriture très belle, qui raconte si bien son sujet, cette évocation si sensible de lieux et d'une ville qu'on pense reconnaître, et d'une grand-mère dont on pense avoir croisé la silhouette

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  3. Un portrait tout en sensibilité de ta grand-mère, que l'on voit si bien gravir la pente, volontaire, essoufflée...

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  4. Merci à vous 3 de ces commentaires :)

    Il s'agit là d'un texte écrit il y a longtemps en hommage à ma grand-mère maternelle (aussi sombre que la grand-mère maternelle de L'Arpenteur était lumineuse), et qui est décédée il y a 40 ans juste.
    Il m'a été dit que sa propre mère avait des origines gitanes et que je tenais d'elle à ma naissance mes yeux bridés :)
    La volée d'escalier impressionnante est celle qui monte au cimetière du Crêt de Roch à Saint Étienne, qu' elle gravissait chaque jour pour visiter son défunt mari mon grand-père maternel dont elle a porté le deuil durant 20 ans, jusqu'à sa propre mort.

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    1. stouf bourgeois
      Beurk... ils font chier les pauvres steph,y connaissent mème point les ascenseurs ! Bon oh kay je suis un riche taiseu breton... /O:)

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    2. Bah, tu ne crois pas si bien dire : il a bien été construit un ascenseur pour épargner aux gens cette montée d'escalier, mais ma grand-mère ne l'a jamais connu.

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  5. Splendide écriture, avec ces longues rimes riches qui évoquent si bien la ville de Lavilliers, sous un ciel plombé.
    Merci Tisseuse.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Tu connais la chanson : "on n'est pas d'un pays mais on est d'une ville..." :)
      Merci à toi

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    2. stouf (vraiment fan)
      Et ouai,mon bon nanard. La rue artèrielle qui limite le décor et les cheminées d'usines qui hululent à la mort, une fleur de grisou à tige de métal.
      Un jour (histoire vraie)je montais à la gare pour aller au bagne de Cayenne (le boulot) trés tôt le matin et v'la mon voisin qui sort sa Férari rouge et manque de me rouler dessus. J'vais à sa portière gauche pour lui claquer la gueule à c't'enfoiré mais v'la t-il pas que le monsieur c'est un trapu avec un anneau en bas de l'oreille et qu'il me regarde d'un air inquiétant,légèrement furaxe.
      -Qu'est-ce t'as toi,y a un problême ? Qu'il me demande.
      -Oh Bernard,dis-je,tu r'viens de Carouarou au Sertao ou de Kingston à la Jamaïque,t'est stone ou quoi ? T'as faillis me rouler dessus.
      -Excuse moi voisin,j'ai plus ma tête en c'moment,j'te dépose quelque-part ?
      -Ouai,à la gare.
      Alors j'monte et v'la qu'il roule comme un dingue et qu'on arrive trop en avance pour le train. Du coup on va boire un café au bar "chez Dédé" et on cause de tout et de rien. En fait son problême qui le tracasse c'est Nicoleta qu'arrête pas de l'appeller au bigo parce qu'elle veut se mettre à la colle avec lui et que lui il préfère rester seulabre. Y m'vient une idée et je lui demande
      -Tu veus que j'la bute (j'avais encore un Luger de l'armée allemande de quand j'était mercenaire pour les Fasemberg en Afrique du sud) ?
      -Laisse tomber,j'm'en occupe !
      C'est vrai au fait... on en entend plus parler de mamy blue Nicoleta. ;o))

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  6. Bien joli texte ; je ressens la véracité de tes mots.

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