mardi 11 juillet 2017

Marité - On ne va pas en faire une pendule

Orage tumultueux (suite)

Nous sortîmes de la grange, apaisés et heureux. Une pluie fine nous souriait maintenant à travers les rayons du soleil. L'orage était loin déjà. Nous allions continuer notre balade interrompue par le mauvais temps quand nous remarquâmes, juste devant la porte, tranquillement assise sur une grosse pierre, une chatte noire et blanche qui nous observait.
- Dis Gilles ? Tu n'as pas entendu des miaulements ?
- Des miaulements ? Quand ? Où ?
- Mais tout à l'heure, dans la grange. Je pense que des petits chats sont enfouis quelque part dans le fenil.
- Je n'ai pas remarqué. Et puis, avec le bruit de l'orage...
- L'orage a bon dos. Toi aussi, tu étais déchaîné...
- Il me semble que tu ne t'en plaignais pas ?

Éclats de rire.
- Ce doit être la mère des chatons. Allons voir. Je crois savoir où ils se cachent.
- Tu es folle ! La chatte va nous sauter dessus.
- Je ne pense pas. Ce sont les humains qui ont la méchanceté chevillée au corps. Pas les animaux. Si nous ne touchons pas à sa portée elle ne s'approchera même pas.

Nous entrâmes à nouveau dans la grange. Nous parvenaient du tas de foin de faibles feulements. Je me dirigeai vers eux. Gilles écarta l'herbe sèche juste à côté de notre nid d'amour. Apparurent alors trois minuscules créatures ouvrant à peine les yeux. Un bruit léger, juste au dessus de nos têtes nous alerta. Là-haut, depuis une poutre de la vieille charpente, la maman nous surveillait.
- Laissons les, dis-je. Elle veut sûrement les allaiter. Partons.
- Pas si vite ! Viens un peu par là. J'ai soif moi aussi.

Une voix enfantine interrompit soudain nos batifolages.
- Daisy est là. Je l'ai vue entrer dans la grange.
Je me redressai pour apercevoir dans l'embrasure de la porte un petit bonhomme qui me fixait.
- Papi, mamie, il y a des gens qui font l'amour.
- Que dis-tu Léo ?

Embarrassés, nous descendîmes de la meule de foin en secouant les brindilles accrochées à nos vêtements. Une dame encapuchonnée s'approcha en nous toisant :
- Qu'est ce que vous faites ici ?
- Pardon Madame, bredouillais-je. Il pleuvait tellement que nous avons trouvé refuge dans votre grange.
- Vous avez bien fait nous assura un monsieur qui avançait péniblement vers nous en s'aidant d'une canne.
- Mais Georges, on va encore jaser. Tout se sait et se voit. Tu connais la réputation de notre grange. Pas besoin d'en rajouter. Et puis Léo...
- On ne va pas en faire une pendule quand même Rachel. Tu le sais, j'aime que ma grange abrite les amoureux. Ceux que cela fâche sont des jaloux et des pisse-vinaigre. Tu ne voudrais pas que l'on pense cela de toi. Tu ne le mérites pas.

Georges fit un clin d'œil complice à sa femme qui se dérida soudain et lui sourit. Elle se tourna vers nous :
- Notre Daisy a disparu depuis quelques jours. Nous savions qu'elle s'occupait certainement de ses nouveaux bébés. Tu as raison, Georges, notre grange est un lieu de vie et d'amour. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
- Notre histoire a commencé ici savez-vous ? dit Georges soudain ému. Elle fut très triste à son début. Il nous a fallu beaucoup d'amour pour surmonter notre douleur. Mais venez donc jusqu'à la maison. Vous êtes sympathiques et nous ne voyons pas grand monde dans notre village isolé. Heureusement que nos enfants nous confient Léo pendant les vacances. Il est notre rayon de soleil.

Nous allons prendre un café et nous vous raconterons.
Quelques mois plus tard, nous adoptâmes Polisson, un bébé de Daisy.  

7 commentaires:

  1. Après un intermède coquin, ils récupèrent un polisson, on récolte ce que l'on s'aime ];-D

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    1. Il est trop fort Andiaminou! Moi un jour,dans une meule de foin de la campagne bretonne,j'ai adopter une cochonne avec qui je vis depuis si longtemps qu'on veut même pas se souvenir depuis combien de temps on est heureux. Cooool !;o)

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  2. Alors, toi aussi, comme Jean Lassalle ? ;-)))

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  3. C'est gentillet, plein de gaieté et de bons sentiments... on en ronronnerait presque :)

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    1. Ah oui ? ;-) Le gentillet est préférable à l'acrimonieux je pense.

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  4. Arpenteur d'étoiles12 juillet 2017 à 15:36

    les granges sont toujours agréables, coquines et chaleureuses ... et on ronronnent avec amour :o))

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  5. j'aime beaucoup ce feuilleton d'été dont tu nous gratifies, semaine après semaine
    il sent bon le foin :)

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