mercredi 30 août 2017

Lilousoleil - ça paraissait pourtant simple

Mode d'emploi universel

« M’enfin Lili ça paraissait pourtant simple.

Si tu avais lu la notice Kikia jusqu’au bout, tu aurais réussi à  aboucher le machin sur le truc puis mettre le bidule sur le teuteu. Il suffisait ensuite de choser le machin et de tirer sur la bitonio  pour que tout soit opérationnel ; seulement voilà comme toujours  tu sais toujours tout et à jeter les explications comme ta chemise par-dessus les moulins,  tu as fait l’inverse : machiner avant d’aboucher le zinzin ; résultat :   le truc branle au manche tout déguenillé,   et tout le reste est en cuchon avec le saint frusquin ! » CQFD

Andiamo - Ça paraissait pourtant simple

Sidonie.

Ça paraissait pourtant simple, un anniversaire pensez donc...

Soixante ans, la retraite, ça se glorifie, c’est une date importante, et puis notre chère Sidonie le méritait bien.
C’est ce que pensait Valérie en préparant la liste des gens qu’elle allait inviter afin de célébrer l’évènement.
Tout d’abord les quatre enfants, Éric, Liliane, Michel, ainsi que leurs conjoints et enfants. Puis elle, la benjamine Valérie, trente-cinq ans aux prunes !
La plus jeune certes, mais aussi la plus débrouillarde, toujours prête à faire la « TEUF ». Il faudrait faire appel aux comptes en banque de chacun. Car, pour que la surprise soit totale, les services d’un traiteur seraient nécessaires afin de ménager l’effet de surprise.
En effet, les préparatifs d’un pareil repas risqueraient de mettre la puce à l’oreille de leur chère Maman.
Trouver un établissement à la hauteur, près de ce petit village non loin d’Avallon, perché sur une colline verdoyante qui dominait la campagne environnante, ne fut pas chose facile. A force de persévérance, elle finit par tomber d’accord avec la très sérieuse maison : M. & P. Tachard, traiteurs de qualité. Ayant pignon sur rue dans la très jolie ville d’Auxerre, célèbre pour sa cathédrale Saint Étienne et son abbaye Saint Germain, cette dernière se reflétant dans les eaux de l’Yonne.
Certains membres de la fratrie s’étaient un peu fait tirer l’oreille quand Valérie avait annoncé le montant de l’éco participatif, mais à force de sourires et de persuasion, elle y était parvenue.
Tous et toutes avaient une bonne situation : l’aîné Éric était garagiste. Muni d’un C.A.P de mécanicien automobile, à force de travail, il avait réussi à s’installer à Joigny. Aidé en cela par son épouse, leur affaire marchait plutôt très bien.
Liliane, modeste employée de banque à ses débuts, avait suivi des formations internes au groupe. Aujourd’hui, elle était responsable d’agence à Auxerre.
Michel, celui que l’on appelait « le glandeur », avait ouvert un salon de coiffure à Fontainebleau, et sa clientèle lui rapportait « gros », disait-on.
Quant à Valérie, la petite dernière, elle s’était montrée douée pour les études, aussi avait-elle suivi des études de médecine. Pour cela, elle était « montée » à Paris. Les études longues, plus l’hébergement dans la capitale coûtaient cher, la famille avait été solidaire, et chacun selon ses moyens avait contribué à aider financièrement… Belle réussite au bout du compte.

Sidonie était très fière de la réussite de ses enfants et répétait à l’envi à qui voulait l’entendre qu’à force de persévérance, une bonne éducation, des règles de vie, tout le monde avait sa chance… Pour preuve MES enfants !
Elle insistait beaucoup sur le « MES », car Charles son mari était parti un beau matin, afin de se rendre soi-disant au boulot. Une place de chauffeur routier, aux « routiers réunis », la très sérieuse entreprise de transports d’Avallon… Et depuis nul ne l’avait revu.
Tout le village l’avait traité de salaud, abandonner ainsi une brave femme, mère de trois enfants avec de surcroît la promesse d’un quatrième dans son ventre déjà bien rond… Quelle infamie ! Surtout que son Charles était un rapide de la gâchette. Elle l’avait épousé à dix-huit ans, à vingt-cinq ans elle attendait déjà son quatrième enfant !
- Mais quelle ordure ! concluait-on chaque fois que l’on évoquait ce pourri de Charles.

Juin approchait, la fête avait été fixée au deuxième dimanche de ce mois béni qui, soixante ans plus tôt, le 17 exactement, avait vu la naissance de Sidonie.
Quasiment tout le village avait été invité, à l’exception de quelques « veaux » comme les nommaient Sidonie. Qui, pour une clôture mal placée ou une gouttière déversant dans leur jardin, lui avaient cherché des misères !
Quatre-vingt-dix invités au bas mot. Pour être une belle fête, ça allait être une belle fête ! Recommandations avaient été faites à chacun : "motus et bouche cousue, la surprise devait être totale" !
Les enfants, leurs conjoints, ainsi que leur progéniture étaient arrivés le samedi dans l’après-midi, au motif :
- Nous irons au restaurant afin de fêter ton anniversaire.
Sidonie avait bien un peu protesté :
- Gardez vos sous, je n’ai point besoin de ça, achetez-vous des choses utiles, moi maintenant… Rien n’y avait fait, les enfants avaient tenu bon.
- Comme il vous plaira, avait-elle fini par concéder.
Le dimanche matin, et afin d’éloigner Sidonie de chez elle, on décida d’aller à la grand-messe à Avallon, en l’église Saint Lazare.
- Ah ! Bonne idée, avait souri Sidonie, on achètera des gâteaux chez Fouchaud, et on les mangera pour quatre heures, c’est moi qui régale !
- Mais non m’man, avaient rétorqué en chœur les quatre enfants, ça n’est pas la peine ! On va bien manger au resto, on sortira tard de table, personne n’aura faim !
- Tsé tsé tsé, j’y tiens ! avait-elle rétorqué.
Peu de temps après leur départ pour la grand-messe, un énorme camion à l’enseigne de la maison « Tachard », lettres bordeaux peintes en « ronde » sur fond gris perle, du plus chic effet, s’était garé devant la grille du joli jardin, faisant face à la maison.
Une armée de serveurs pas encore en tenue avait débarqué, sorti les barnums, les tables pliantes ainsi que les chaises en velours bleu roi, et disposé le tout en un temps record ! Le repas maintenu au chaud dans des containers appropriés avait été débarqué, puis les plats alignés sous un autre barnum en attendant les convives.  Les jolies nappes blanches, les couverts ainsi que les verres étaient disposés.
Par petits groupes, les invités étaient arrivés, se rangeant presque au garde-à-vous, après le coup de téléphone discret envoyé au maire Monsieur Feuillette depuis le portable de Valérie, l’avertissant de l’arrivée imminente de la reine de la fête.
Un dernier virage, la « Velsatis » d’Eric se range devant le petit mur de pierres sèches. Preste, Sidonie est sortie la première, elle lève les yeux, pousse un petit "OH !", puis fond en larmes, tandis que tout le village entonne :

Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire, Sidonie !
Joyeux anniversaire !

Ses enfants et petits-enfants l’encadrent tandis qu’elle s’avance lentement, en épongeant ses yeux avec un petit mouchoir de percale.
- Merci, merci à tous, je suis émue.
- Vive zémue ! ne peut s’empêcher de lancer Fernand le cantonnier.
Le repas est à la hauteur de l’évènement : foie gras, saumon, cailles aux raisins, cochon de lait, les fromages, et… Pièce montée. Coté vins, le Châblis était présent, région oblige, ainsi que les bourgognes.
Le joli paquet de gâteaux de la très sérieuse maison « Fouchaud » est resté au réfrigérateur bien sûr !
Le café dans les tasses, le cognac trône au milieu des tables. Le maire, Monsieur Feuillette, le visage un peu cramoisi, se lève, desserre sa cravate et, d’une voix un peu pâteuse, lit le compliment écrit par la secrétaire de mairie. Bien sûr, le discours est élogieux, vantant la vie exemplaire de cette femme qui, seule, a élevé ses quatre enfants, qui sont aujourd’hui la fierté du village. On remercie abondamment cette ancienne et fidèle employée des postes.
Quarante-six ans au service de la population du village, et n’oublions pas son action au sein du conseil municipal, son dévouement, la part importante qu’elle tenait et tient toujours au sein du comité des fêtes de notre village.
- Tu ne t’attendais pas à celle-ci, hein, Sido ? ajoute-t-il.
On applaudit à tout rompre, visages tournés vers Sidonie. Alors Monsieur Feuillette lève la main afin réclamer le silence.
- Sidonie… Tout le conseil municipal à l’unanimité, ainsi que moi-même, avons décidé de t’offrir un symbole fort !
Il se tourne alors vers le portillon du jardin, deux hommes costauds entrent, ils portent un grand bac dans lequel se dresse un chêne de belle taille.
- Nous allons tous planter ce chêne en souhaitant, chère Sidonie, que d’ici à soixante ans on puisse tous encore pisser le long de son tronc !
Énorme éclat de rire de l’assistance. Sidonie essuie encore ses yeux, mais ce sont des larmes provoquées par le rire cette fois.
Les deux « costauds » se sont approchés du muret séparant le jardin de celui de son voisin, puis ils sont allés dans la remise et en sont revenus avec deux bêches et une pioche.
- Vous n’allez pas le planter là ?
- Si, c’est le meilleur endroit, ainsi tu pourras le voir grandir depuis ton salon !
- Mais, mais…
La pioche s’est enfoncée plusieurs fois dans la terre grasse, puis les bêches sont entrées en action, chacune à tour de rôle, bien synchronisées. Soudain Victor enfonce à nouveau sa bêche, celle-ci émet un bruit sec.
- Putain, un caillou !
- Allons Victor ! lâche le maire.
L’homme s’est penché, farfouille dans le trou, puis en ressort un os très long, il le brandit, le tourne dans tous les sens.
- C’est quoi ce truc ?
Valérie s’est approchée, retire l’os des mains de Victor, l’examine à son tour :
- On dirait… On dirait un fémur, murmure-t-elle en se tournant vers sa mère.
- Décidément, ce Charles, il m’aura toujours emmerdé, répond Sidonie en balayant du regard toute l’assemblée.
Pour une belle fête, ça aurait pu être une belle fête, ça paraissait tellement simple.

mardi 29 août 2017

Laura Vanel-Coytte - Ça paraissait pourtant simple

Ça paraissait pourtant simple d'écrire un poème à partir d'un thème, une phrase
Il suffisait d'aligner les mots pour en faire un vers, des vers qui deviendraient une strophe.
Ça paraissait simple d'utiliser de belles images, des symboles voire une métaphore
Filée: ce serait un paysage avec un arrière et un premier plan, des personnages mais secondaires.

Ça paraissait pourtant simple: exprimer son ressenti, ses idées si possible avec des rimes.
Mêmes pauvres, même misérables, les rimes font le poème, la poésie et le poète.
Ça paraissait pourtant simple même rien ne venait, sauf des mots banals sans rimes,
Ni queue, ni tête: ses idées partaient en quenouilles, ses émotions paraissaient sans âme.

Ça paraissait pourtant simple d'écrire: un papier, des crayons ou une belle plume
Mais quand l'inspiration ne vient pas, c'est l'angoisse des cadors: de la page blanche
Ça paraissait pourtant simple mais à quoi bon parler pour ne rien dire ?
Tenter plutôt de clore comme il faut ces quelques lignes: un sourire d'excuse.

Où lire Laura Vanel-Coytte

lundi 28 août 2017

Vegas sur sarthe - Ça paraissait pourtant simple

Pourquoi faire simple...

Ça paraissait pourtant simple, il suffisait de passer chercher la clé de l'appart de notre voisin de palier – celle avec un porteclé en forme de Venus de Milo mais avec les bras – chez la nièce de la concierge puisque cette dernière s'autorise à prendre des vacances à la Baule ou plus précisément à Pornichet ce qui ne change rien pour la Venus avec les bras , de passer par le balcon du voisin pour atteindre la chambre de bonne des Couillard – pas les vieux Couillard qui sont maintenant en maison de retraite mais les plus jeunes, enfin les moins vieux – pour récupérer leur clé de boîte aux lettres – celle avec un porteclé en forme de victoire de Samothrace mais sans les ailes – et qui ouvre aussi le local technique à l'entresol de l'immeuble, là où j'ai inscrit à la craie, à l'envers et en chiffres romains (sauf les lettres) le code du digicode de l'endroit où on peut aller dormir cette nuit en attendant que se libère le duplex du beau-frère des Neymar – pas le footballeur mais Jean Neymar le droguiste de la rue des Martyrs – sauf que le matelas pneumatique a été fauché par un squatteur indélicat et qu'il faut récupérer au passage celui de la chambre de bonne des Couillard et prévoir des rustines parce qu'il aurait parait-il une fuite – pas le vieux Couillard mais le matelas, quoi que – et surtout prévenir l'étudiant qui loue la chambre de bonne afin qu'il ne cherche pas ledit matelas pneumatique et qu'il peut à la rigueur puisqu'on est samedi aller dormir chez la nana du sixième qui en a dépanné plus d'un – pas un matelas pneumatique mais un étudiant – bien qu'elle sache aussi coller les rustines puisqu'elle bosse chez Neymar – pas le footballeur malheureusement mais Jean Neymar le droguiste de la rue des Martyrs dont j'ai déjà parlé pour que les choses soient claires – et qu'elle ne bosse pas le samedi ce qui tombe au poil!

Ça paraissait pourtant simple mais au lieu de ça, Madame se permet d'aller agresser le neveu de la concierge au prétexte qu'il ne comprend rien à cette histoire de clé, de rustines et de footballeur au point de devoir l'accompagner au CHU à l'autre bout de la ville pour quelques maigres points de suture et revient bredouille en osant prétendre qu'on n'est pas samedi?
On n'est peut-être pas samedi... et alors ?

Semaine du 28 août au 3 septembre 2017 - Ça paraissait pourtant simple

C'est bientôt la rentrée des écoliers et la rentrée littéraire, mais pour Les Impromptus c'est la rentrée maintenant :)
Énoncé ainsi, cela semble simple, et pourtant, peut-être que pour certains d'entre nous ça ne l'est pas tant que ça...
Nous avons donc décidé d'entamer cette nouvelle saison avec un thème proposé par Bricabrac :
Ça paraissait pourtant simple.

Qu'il soit en vers ou en prose, vous devrez nous faire parvenir votre texte avant dimanche 3 septembre à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com, afin qu'il soit publié.

Alors, à vos stylos, claviers, tablettes, téléphones...et bonne rentrée !