samedi 4 novembre 2017

Jacques - Il serait temps que je m'affole

Lundi. Il pleut. Le jour se lève à peine et derrière les vitres sales du bureau, les voitures s’entassent sur le quai, et je me console d’être enfermé car nous allons échapper au « lundi au soleil ».
Je m’accorde une manœuvre dilatoire, crée un dossier dont le nom code la date de l’échéance, le prochain dimanche, et y recopie le sujet dans un nouveau document, ainsi que quelques idées. Sportez vous bien, pour un coureur d’ultra-endurance souffrant d’insuffisance coronarienne, c’est du billard. Le chantier est démarré.
Mardi. Les thuriféraires hystériques de Duchamp vont s’en donner à cœur joie. Ironie de l’industrie moderne en pleine transformation numérique, les urinoirs de la cantine sont encore bouchés. Et au fait, c’est quoi, déjà, un nandou ?
Mercredi. Ainsi donc, l’actualité scientifique nous a informé qu’un subtil jeu de miroirs et de lasers a permis de détecter des ondes gravitationnelles. Une belle aventure, mais il n’empêche que le milieu de la semaine est là et qu’il serait temps que je m’y mette.
Jeudi. Après avoir longtemps erré dans la campagne, j’ai découvert cette épave de voiture abandonnée au bord d’un champ, et j’ai continué mon chemin, parce que j’avais encore trois kilomètres de marche pour parvenir chez ce client après que le service voyages m’ait conduit à une gare déserte en pleine campagne. J’ai bien profité de l’heure et demie du voyage retour dans le Train à Grande Vitesse pour longuement contempler quelques griffonnages sur mon cahier sans être convaincu du résultat.
Vendredi. Muse, ô ma muse, où donc as-tu encore foutu le camp, sale garce !
Samedi. Tiens, voilà autre chose : j’ai oublié dans mon bureau, sans doute égaré au milieu de mes notes, le manuscrit de la semaine. Et ce ne sont pas mes merveilleux voisins et leurs caméras de vidéosurveillance – pardon, de vidéoprotection – qui vont m’aider à retrouver ce que j’y avais écrit. De toutes façons, c’était faiblard.
Dimanche. Comment ça, dimanche ? Déjà ? Vingt et une heures ? Techniquement, il me reste encore deux heures et trente minutes, mais la Pomponette – le petit nom de ma Muse – n’est pas encore rentrée.
La dyspnée créatrice me gagne.
Il serait temps que je m’affole...

7 commentaires:

  1. génialissime moyen de récapituler quelques uns des thèmes hebdomadaires de notre cher site impromptu :)

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  2. Ce raccourci saisissant dans la jungle de nos thème m'affole! Il serait temps que je ne m'affole point

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  3. Chercher en vain l'inspiration, qui n'a pas connu ? Puis, quand elle arrive, c'est le déferlement. Les idées se bousculent tout à coup. Jusqu'à l'essoufflement.
    J'aime bien ta façon d'appréhender le thème en rappelant certaines des dernières consignes. Il fallait y penser. ;-)!

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  4. Tu es notre mémoire vive, Jacques !
    Bravo pour ce texte en forme de tourbillon. Ta muse est quand même très inspirante, quoi que tu en dises...
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  5. Merci pour votre enthousiasme, mais après le Pot-pourri de la semaine précédente, et cette pirouette-ci, je commence à avoir bien entamé mon stock de ruses pour passer la semaine...
    La semaine prochaine, il va falloir que je m'y mette (sans m'affoler...)

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  6. Pour pallier efficacement aux situations délicates, rien ne vaut une bonne sortie de secours.
    (hum...)

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