samedi 11 novembre 2017

Turquoise - Sortie de secours

Prenons connaissance d’un jugement rendu
il y a environ un mois
:

"L'adultère commis par une femme est une conduite que la société condamne et condamne fortement",
peut-on lire dans la décision du tribunal de Porto, qui explique
"comprendre la violence de l'homme, victime de cette trahison après avoir été vexé et humilié par sa femme".
"Dans la Bible nous pouvons lire que la femme adultère devait être punie par la peine de mort",
rappelle le texte qui cite également la lapidation de femmes infidèles dans certaines sociétés et une loi portugaise de 1876 prévoyant des peines légères à l'encontre d'un homme qui tuait sa femme coupable d'adultère.

Au cours de la semaine qui a suivi ce jugement, quelques médias ont relayé l’information mais, aujourd’hui, en interrogeant Google sur la question, je me rends compte que les articles traitant ce sujet sont fort peu nombreux, et déjà noyés parmi bien d’autres nouvelles.
J’essaie de comprendre.

Même si le verdict me semble tout à fait inadéquat, je me dis que cette dame a déjà eu la « chance » de voir sa plainte aboutir à un procès.
De multiples questions se poseront encore longtemps.

Combien sont celles dont la douleur s’arrête à la porte du logement familial, dans les couloirs du commissariat ou de l’hôpital, au Portugal, en Europe, dans le monde ?

Pourquoi l’entourage familial, le voisinage, tous ceux qui sont au courant de la situation, se taisent-ils pendant aussi longtemps ?

Comment les médias européens osent-ils s’insurger contre des jugements prononcés en Arabie Saoudite ou en Chine alors qu’ils passent celui-ci presque sous silence ? Comment une référence aussi inadéquate à la Bible ne provoque-t-elle pas une levée de boucliers médiatique ?

La seule réponse qui me vient à l’esprit est qu’il s’agit d’une question de lectorat ou d’audimat. Je ne puis, dès lors, m’empêcher de faire un parallèle avec la campagne « balance ton porc » qui fait fureur depuis plusieurs semaines, aussi bien dans la presse écrite que dans de nombreux débats télévisés.

Ah oui, on parle beaucoup des personnalités publiques salies par les dénonciations de cette campagne : la honte s’est abattue sur tous ces mâles qui ont profité de la situation, les femmes ont enfin libéré leur parole, on entre dans une autre ère.

Ah oui ? Pas pour tout le monde ! L’histoire ne dit pas encore - et ne dira peut-être jamais - comment évolue la situation de toutes ces femmes qui, harcelées au quotidien, n’ont pas accès à tout ce battage médiatique.
Dans les deux cas, c’est l’arbre qui cache la forêt.

Quelle est la sortie de secours pour toutes les autres ?

5 commentaires:

  1. Un texte fort. Tes constats et interrogations rejoignent les miens.
    Malgré les avancées - grâce au courage de certaines femmes - nous demeurons encore inférieures aux hommes à bien des égards. Mais ça bouge. Ah, ça ira ! Ça ira...

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  2. Ton texte m'interpelle évidemment (voir mon commentaire sur le 1er texte de Célestine sur ce thème) !
    et me rappelle (sur un autre plan) mon indignation quant au vide législatif en France relatif à la non qualification de viol pour une agression sexuelle sur mineure de 11 ans par un homme âgé de 28 ans. L'enfant est pensé "soi-disant" consentante car n'ayant pas exprimé son refus !!! (voir un des articles de presse sur ce sujet : https://www.causette.fr/le-mag/lire-article/article-1912/viol-sur-mineure-de-11-ans-des-da-puta-es-montent-au-cra-neau.html)
    Or, comment peux-t-on imaginer qu'une enfant puisse être consentante pour de tels actes, et quel juge ne connaît pas encore l'effet de sidération psychologique qui s'installe chez une personne vulnérable face à un adulte déterminé :(

    Tu as raison, malheureusement, il y a 2 poids 2 mesures dans le traitement de telles affaires. Et la religion ne devrait plus, nulle part, jamais, être la norme de modération de tel ou tel jugement des lois humaines.

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  3. En fait le petit mâle prétentieux est davantage vexé que réellement attristé de l'infidélité de son épouse. Il y a un proverbe arabe qui dit :
    Contre la dent cariée et la femme adultère il existe deux remèdes, le davier et le divorce.
    En ce cas pourquoi être violent ?

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  4. et c'est encore pire quand il s'agit d'acte commis au nom de "l'apprentissage" que disent devoir délivrer les personnes qui ont autorité (le père par exemple)

    je garde le sourire

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  5. Une nouvelle positive aujourd'hui: 30% de dépôts de plaintes supplémentaires.
    C'est un début. Mais la parole se libère, profitons-en. Chaque miette d'avancée est bonne à prendre.
    merci Turquoise pour cette piqûre de rappel.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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