jeudi 8 mars 2018

Marité - Le pied à l'étrier

La Roumanov.

- Bonjour Marité. Je te demande pas comment tu te portes. Ça va fort, il paraît.
- Bonjour Josette. Oui, ça va bien. Mais toi, je te connais, tu tournes pas rond aujourd'hui.
- Il va falloir qu'on parle. Et sérieusement.
- Je t'écoute.

Marité commence à avoir une petite idée et se dit : respire un bon coup ma vieille. Elle va attaquer.

- Je ne vais pas y aller par trente six chemins. Qu'est ce que tu foutais chez les Krapov Marité ?
- Quoi ? Mais j'étais invitée...
- Tu manques pas d'air ma cocotte. Tu as oublié un peu vite que la Roumanov, c'est moi. Tu es sensée être ma dame de compagnie.
- Tu veux dire ta bonne ? Tu vas pas me faire une pendule si j'ai pris ta place pour une fois.
- Tu ne réfléchis jamais. Avec tes tours pendables, on va pas tarder à nous démasquer. Mais comment tu as réussi à usurper mon identité ?
- Ah ben, voilà aut' chose : usurper l'identité de Madame. C'est trop fort. N'oublie jamais que c'est moi qui t'ai fait le coup de l'étrier comme dit Mamée.
- Hihi ! Si tu veux aller dans le monde, commence par utiliser des expressions à bon escient et en sachant ce qu'elles veulent dire. Mamée dit souvent, c'est vrai : mettre le pied à l'étrier...
- Ouais, si tu veux. Je n'ai peut être pas employé la bonne formule mais je me comprends. Et c'est moi qui t'ai mis le pied à l'étrier. Voilà. Qui a eu l'idée de ces mascarades pour avoir ses entrées un peu partout dans le grand monde ?
- Bon. D'accord. Tu es très forte comme pique-assiette. Mais il faut faire très attention. Un beau jour, on se fera gauler et ça ira mal. Mais comment tu as procédé cette fois ? Parce que le bristol, il était chez moi.
- Ben, je l'ai piqué sur ta commode.
- Voleuse en plus. C'est du joli.
- Arrête avec tes grands airs ! Tu as de l'allure mais il ne faut pas exagérer tout de même. Quand tu ne fréquentes pas la haute, tu t'encanailles comme moi. On rigole bien. Tu te souviens à Noël, chez Tom-tom et Mapie ? Quand tu balançais les crottes en chocolat dégoulinantes de crème contre les murs pour faire de l'Art ? Quand tu es fin saoule, tu ne sais plus ce que tu fais, tiens.
- Ça va . Moi je ne répèterai à personne ce que tu fabriques quand t'es partie. Tu t'es pas présentée chez le comte en mini-jupe j'espère ?
- T'es folle ? J'avais mis ma robe longue en mousseline de soie vert d'eau, celle qui montre que j'ai du monde au balcon pas comme...et la perruque brune avec les anglaises. Tout le monde m'a prise pour toi, enfin pour la Roumanov.
- Bon. Heureusement. C'était bien ? L'ambiance ? Le buffet ?
- Les Krapov arrivaient juste de Saint Petersbourg. Mais on dirait qu'ils tirent quelque peu le diable par la queue. Ils voulaient en mettre plein la vue mais le buffet, c'était pas ça. Manquait du caviar et de la vodka. Mais le foie gras sur toast, il y en avait partout. Et le champagne aussi. Pas mal dans l'ensemble. Tu sais qu'ils recevaient pour fêter le retour des Indes de leur nièce Célestine ? Une beauté, celle-ci. Gracieuse et délicate. Il se murmure qu'elle a beaucoup d'esprit.
- Elle n'est pas mariée sûrement. Les Krapov cherchent à redorer leur blason en la mettant dans le lit
d'un vieux riche.
- Je ne crois pas qu'elle soit une oie blanche. Il y avait un certain Cavalier qui ne la quittait pas. Beau, celui-là ! Le maharadjah de Jaipur il paraît, qu'elle a ramené avec elle. En grande tenue. J'ai bien essayé de m'approcher mais le magnifique ténébreux n'avait d'yeux que pour Célestine.
- Mais c'est pas possible. Sois un peu plus discrète : tu vas tout faire capoter. Moi aussi, je me suis bien amusée imagine-toi. J'étais à la grand'messe du Crédit Agricole. Quel banquet ma chère ! Et tu ne devineras jamais. J'étais assise à côté de Pascal D., le grand PDG de la boîte, tout droit venu de la capitale. Un vrai Monsieur avec de la conversation et tout et tout. Je te vois venir. Oui, j'ai réussi...Il ne veut plus me quitter. Mais sa femme, qui se prénomme Annick n'arrête pas de lui envoyer des sms. Ça m'agace ! On peut jamais être tranquille, je te jure. Demain, nous allons déjeuner chez Andiamo, un fou de modélisme. Il s'est mis dans la tête de nous emmener visiter ses hangars et ses avions. La barbe ! On a mieux à faire mais bon.
- Moi non plus, je n'ai pas perdu mon temps chez le comte qui, entre parenthèse a de plus en plus le nez rouge. La vodka, il doit se la garder pour lui. Il y avait là un mystérieux JCP très galant, très bien de sa personne qui m'a conté fleurette toute la soirée. Mais nous n'avons pas conclu. Un gentleman comme on n'en fait plus. Il m'a donné son 06 quand même.
- Tu as rencontré d'autres personnes ? Intéressantes, je veux dire.
- Oui. Une autre nièce des Krapov, Tisseuse de Beauregard, cousine de Célestine a supervisé la soirée en lieu et place de la comtesse Krapov qui semblait avoir ses vapeurs. La comtesse est
toujours très belle et Krapov, malgré ses incartades, revient vers elle. On dit qu'il s'est récemment entiché d'une peintre nommée Laura. Son ancienne conquête, Miss Gene la danseuse la fusillait du regard.
Oh ! J'allais oublier. L'actrice Maryline a fait une apparition. Elle a entonné son "poupoupidou" célèbre et a été très applaudie. Un grand Américain, que tout le monde appelait Vegas l'escortait. Le type cow-boy, tu vois, avec un grand chapeau et une veste à franges. Et des bottes...qui bottent ! Un sourire carnassier et une rangée de dents blanches à faire pâlir d'envie tous les mâles de la soirée.
Un russe - un prince je crois - Tiniakovitch a passé la soirée aux pieds de Célestine à déclamer des vers. Je me demande si elle l'écoutait vraiment. Pourtant, il y avait un tel feu dans le regard de cet homme et il semblait tellement amoureux ! Mais la belle doit être assez frivole. Elle joue beaucoup de l'éventail et elle ne cessait de pouffer parce qu'un dénommé Stouf n'arrêtait pas de lui dire : " Comtesse, mon chat me fixe". Ce doit être un code je pense.
On m'a présenté un couple assez original : Loht et Lira. Trés élégants et aimables mais peu diserts. Ils sont apparentés à la comtesse de Beauregard du côté de la mère de son grand-père. Un peu compliqué. Je n'ai pas tout suivi.
- Bof. C'est toujours la même histoire finalement. J'en ai marre de ces gens bien sous tous rapports. J'ai envie de retrouver les copines pour aller manger des pieds de cochon et puis ensuite aller danser au Cardinal. T'en dis quoi Marité ?
- Tu as raison Josette. Faisons une pause. Tombons le masque et dévergondons-nous pour de bon.

27 commentaires:

  1. et voilà les "auteurs impromptus" de nouveau troussés :)
    bel et bien, ma foi
    j'ai bien ri :)
    même si j'ai peu de temps cette semaine pour commenter les textes....
    (cela doit être mon karma de superviser)

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    1. Et tu le fais si bien chère Tisseuse ! Même chez les Krapov. ;-)

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  2. On dirait la famille tuyau de poêle :)
    signé: Le grand américain

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    1. Mais non ! J'ai écrit que nous étions bien sous tous rapports. Tu vas pas me casser la baraque ? :-)

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  3. Eh bien me voilà habillée (et déshabillée) en bonnet difforme.
    Merci pour ce renvoi de balle, Marité.
    Je t'avais mis le pied à l'étrier, et j'ai bien ri que tu reprennes le flambeau ;-)
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Mais Célestine, je ne t'ai pas taillé un vilain costume si ? :-(
      Tu m'as mis le pied à l'étrier c'est vrai et je te remercie. Pardon mais je ne pouvais pas laisser passer. ;-) Si j'avais pu te joindre, je t'aurais demandé la permission.
      Ne m'en veux pas si j'ai quelque peu "modifié" tes personnages.

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    2. pas d'inquiétude, Marité, je pense que Célestine fait de l'esprit : "bonnet difforme" en lieu et place de "bonne et due forme" !
      ne t'en fais donc pas, je pense qu'elle est même sacrément contente que tu ais fait une suite à son texte :)

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    3. Tout à fait chère Tisseuse !
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  4. Marité trousse moi encore !! En fait le hangar aux avions, ce sont mes estampes japonaises, il faut bien un futile prétexte n'est il pas ?

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    1. Andiamo, à la prochaine messe du CA où tu seras sûrement en tant que détenteur de la majorité des actions, je viendrai admirer tes avions. Parce que tes estampes, depuis que tu les montres, elles sont sûrement un peu floues...

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  5. Des auteurs inspirés et inspirants ! Je me suis bien amusée :)

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  6. Bonne partie de rire et maintenant, je veux bien aller danser au Cardinal...

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  7. C'est tellement amusant de voir surgir ces personnages les uns après les autres... dans la même soirée! j'adore!! Quant tu veux, tu reviens à la maison .. Noël tombe en hiver cette année..:-)

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  8. une étourdissante anthologie, bravo

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  9. J'aime beaucoup ces personnages croques
    Beau, oui, quand je me vois même que je m'aime
    Moi même

    Et que du beau monde quoi

    Jolie suite donnée à celle de mon amoureuse

    :)





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    1. Tu peux t'aimer Cavalier : le turban te va bien ! ;-)

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    2. Maryline, Lira, Mapie et Emma, merci :-)

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  10. Andiamo : je veux dire : tu les as tellement montrées (tes estampes) ;-)

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  11. En voilà une fresque !
    Acteurs virtuels ou pas : on sait pas, en tout cas, c'est envoyé !
    ...et je suis pas sûr de pouvoir assumer telle image de moi - quoi que, autrefois, quand j'étais jeune - il y a six mois de ça à peine...
    Allez : Vivement qu'on soit jeunes* et que la fête commence !
    *jeune : état de celle ou de celui qui n'est pas vieux.

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  12. ...j'ajouterai que je t'avais zappée, désolé, y a du monde ici - et c'est bien.

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  13. C'est amusant. C'est vrai qu'à force de nous croiser ici, on arrive à se connaître par écriture interposée. mais Dieu que c'est soûlant, les ragots de bonne femme; on peut même en faire des livres... :)

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  14. Tisseuse : je savais que Célestine avait des bonnets difformes ! ;-)

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    1. Célestine, pardon : c'est pas beau ce que je dis là. Décerne-moi le bonnet d'âne !

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  15. Le bal des Impromptus, épisode II ! Célestine t'a mis le pied à l'étrier et les ragots n'en finissent plus. On s'y perd, mais qu'est-ce qu'on se marre !

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  16. Merci pour vos commentaires.
    J'espère n'avoir froissé personne. S'il tel est le cas, ce n'est pas intensionnel, bien sûr et je le regrette.

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  17. Eh bien dites donc ! Il s'en passe des choses dans mon salon ! Il va falloir que je pousse les murs et que je joue au loto si je veux organiser un jour, en vrai, une telle fiesta !

    J'ai bien ri, Marité !

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    1. Joe : chut...nous serions capables de te prendre au mot ! :-) Et merci !

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