vendredi 14 septembre 2018

Marité - Vieilles pierres

Le futur des ruines.


Demain peut être ou bien après demain, qu'importe, poussée par un désir irrépressible, je reviendrai vers toi, abbaye perdue au milieu des bois limousins.
Je choisirai un après midi ensoleillé de l'été et prendrai la route tortueuse et ombragée montant vers le bourg et son imposant monastère.
J'aurai au passage, une pensée pour Coco, pensionnaire de l'ancien orphelinat, avant de devenir Chanel ou Mademoiselle.
Puis je poserai mes pas dans ceux des moines cisterciens, bâtisseurs du célèbre canal. Je le longerai jusqu'à ce point où je te devinerai tout en bas, dans le creux du vallon vert. Je chercherai, comme d'habitude à t'apercevoir dans ton écrin lumineux. Et tu seras là, dressant tes fières ruines immortelles. Je m'appuierai alors au tronc du vieux châtaignier bordant le sentier pour t'admirer encore. Quand l'ombre, sournoise, te cachera à mes yeux émerveillés par ta beauté, je quitterai à regret ce lieu empreint de magie.
Comme toujours, tu m'appelleras et je ne saurai pas résister à ton mystère. J'emprunterai le chemin bucolique, tout fleuri de bruyères mauves descendant vers toi, construite par Saint Etienne au 12ème siècle.
Je mesurerai la majesté et l'élégance de tes murs brisés, au granit imperturbable, résistant au passage du temps et à ses morsures. Je les caresserai et apprécierai leur fraîcheur dispensée par les eaux vives cascadant alentour.
Puis je m'assoirai à tes pieds et me plongerai dans ton histoire avec fascination.
J'entendrai le son grêle de ton unique cloche et je verrai alors l'ombre des nonnes, le visage caché sous la guimpe sombre, aller du déambulatoire du monastère aujourd'hui disparu, jusqu'à ton chœur dévasté. Je les regarderai se coucher sur tes pierres froides devant l'autel pour prier encore dans le silence imposé par la Règle. Je m'imprègnerai de ce silence qui me rendra ma sérénité comme lors de chaque visite. Que cette paix reçue de toi sera donc exquise ! Rien ne troublera jamais ta quiétude.
Il faudra cependant sortir de cette bienfaisante torpeur quand le soir tombera , t'enveloppant de sa brume, quand je verrai tout là haut à la Roche Bergère le ciel se consteller d'étoiles. Je partirai en sachant que les ans glisseront encore sur toi longtemps sans te ravir ton imposante modestie.
Tu ne mourras jamais, du moins dans mon cœur.


6 commentaires:

  1. La visite fut charmante… je repars sur la pointe des pieds

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  2. Belle silhouette, élégante, oui !
    Et joli rythme, je ne sais pourquoi j'ai pensé à Hugo, demain dès l'aube..

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  3. C'est très joli et je me suis donc jointe à cette promenade paisible avec beaucoup de plaisir. "Demain, peut être, ou bien après demain" vais- je même réïtérer cette jolie excursion limousine.

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  4. C'est curieux l'impression que nous laissent ces lieux en ruine, je pense qu'ils sont habités à tout jamais. ];-D

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  5. une superbe évocation des ombres du passé, ton amour de ce lieu est palpable

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  6. tu marches là dans les pas de tant de personnes en prière depuis des siècles que cela t'inspire un récit sacré

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