mercredi 30 janvier 2019

Adel - Vie de château !


Deux pierres, un cyprès
Lune ou soleil au dessus
Là est mon château !

Marité - Vie de château !


Un château extraordinaire.

Un château, quelle que soit son importance, symbolise depuis les premières constructions le pouvoir, la richesse, la grandeur et surtout la domination. Il est, le plus souvent, érigé  sur des collines ou même sur des pitons rocheux. Bien sûr il le fallait pour prévenir la venue de l'ennemi mais quel meilleur endroit aussi pour être vu de tous et ainsi assurer son omnipotence ?

Il existe dans la Drôme un château insolite qui échappe à tous ces diktats. Un palais féerique, implanté sur un ancien jardin potager, œuvre d'un seul homme, bâti de ses mains et suivant sa fantaisie, n'obéissant par là à aucune règle. Ce palais, le facteur Cheval l'a rêvé en arpentant les chemins lors de sa tournée journalière. Il a été inspiré par des cartes postales et des magazines qu'il ne manquait pas d'admirer avant de les distribuer à leurs destinataires. La nature, les pierres qu'il foulait, avec leurs formes étranges ont contribué aussi à nourrir son imagination.

Peu à peu le besoin de créer s'est imposé et le jour, après son travail, la nuit prenant sur son repos, il a façonné, sculpté avec acharnement pendant plus de 30 années, sourd aux moqueries du voisinage qui le traitait de fou. Il travaillait pour offrir à sa fille Alice, non une belle demeure où elle aurait pu résider avec sa famille mais une folie délirante à nulle autre pareille ayant interpellé beaucoup d'architectes et d'artistes. Alice devenait ainsi une princesse de conte de fées. En cela elle s'avérait unique et tel était le désir de son père.

Un château où l'on ne peut pas mener une vie de château parce qu'il n'a pas été conçu pour cela. Quoi de plus romantique, de plus fabuleux ? On a traité le facteur Cheval de mégalomane. Peut être.  Je ne veux pas le voir sous ce jour là.  Pour moi, il demeure un personnage hors du commun, un artiste surréaliste perdu dans ses rêves et son amour pour sa fille.  Amour qu'il ne pouvait exprimer autrement que par la création, les manifestations de tendresse et les paroles d'affection lui étant étrangères, à lui, le paysan fruste.

mardi 29 janvier 2019

Mister K - Vie de château !


Alors, la vie de château ?

Ne m’en parlez pas,
On n’a plus de roi,
Dit le château de cartes

C’est plus trop ça,
Je suis débordé
Dit le château d’eau

Au début avec les enfants 
C’était émouvant
Dit le château de sable

Ah les corridas, tout ce sang,
Fini de rêver 
Dit le château en Espagne

Ah ça va mal
On se parle plus avec le château d’eau
Pleure le château La pompe

Je n’ai plus de nouvelles
Du petit Marcel

Dit Le château de ma mère

C’est tellement lourd et nuageux
Qu’on ne se voit plus avec les copains d’en bas
Dit le château dans le ciel

Pareil, je ne sais pas si je ferai
De vieux os
Dit le château neuf

Ah non, à part réécrire les mémoires d’outre-tombe,
Tout un poème
Dit Chateaubriand

Le concierge est dans l’escalier
Mais où, je ne le vois jamais
Dit le Château de Chambord

La galerie des glaces
A fondu
Dit le Château de Versailles

Et toi là-bas, tu ne dis rien ?
Ça ne te parle pas, la vie de château ?

Si, je suis pote avec une caviste,
Elle m’adore
Dit le Château Margaux

Selva - Vie de château !

Et hop là !

Me semblait bien pourtant
Que la route était neuve
De goudron et cailloux
Bornes peintes de frais
Signaux et posters
Poteaux et feux verts
Normal quoi

Et pourquoi donc tout à coup
Ces cailloux cette poussière
Les ornières sous mes pas

Et hop là !

Ce bas cette chaussure
Et ma robe salie
Déchirée

Et hop là !
Passe une diligence
Ou l’idée que je m’en fais

On peut faire du stop
A ces véhicules de cinéma ?
Presque dans le fossé
Qu’il m’a jetée
Sans même me voir
Le sagouin, l’ignoble, l’abominable !

A pied donc
Jusque là-haut, jusqu’au château,
Jusqu’au portail
Qui s’ouvre et grince
Et chrache et ctonche
Et iiiiio et iiia
Et clac
Un CCCClac définitif
L’ingé son
Est de qualité

Madame !
Je fais demi-tour
Personne
Madame !
Autoritaire
La voix
A moi que vous parlez ?

Le vestiaire ! dit la voix
A gauche, troisième porte

En effet, le vestiaire
Et l’on me déshabille, me nettoie, me récure
Me rhabille, me pare, me maquille, me coiffe
Et juche dans mes cheveux mille accessoires
Et hop là !

La prod a un budget, dis-donc !
Au moins deux cent comme moi
Egarés en ces lieux
Attendant le « ça tourne ! »
Et rien n’arrive pourtant

Juste des musiciens fourbus
Qui pourtant bravement s’accordent
Le violon grince autant que le portail d’entrée
Le clavecin jauni fait son possible
Un hautbois tente avec courage
De rehausser la qualité

Pourtant quels sont ces sourires
Sur nos visages poudrés ?
Le bal ! Le grand bal !
Une fois seulement
Privilège des happy few
Et tant pis si tout se paie
De quelques gouttes de sang
Pourvu que dans des bras courtois
Je danse, danse jusqu’à l’aube
Jusqu’au jour
Jusqu’à la poussière
Je t’invite beau cavalier

Et hop là !

Maryline18 - Vie de château !

Ma vie de château

Comme autrefois, je fais un château...
Les cartes s'unissent pour un jeu.
Se mélangent les couleurs,
S'apaisent les douleurs.

Comme autrefois, je fais un château...
Les cartes ignorent les enjeux,
De cette course au bonheur.
Entends-tu ces pleurs ?

Comme autrefois, je fais un château...
Les cartes se lient deux à deux,
Pudiquement s'effleurent,
Avides de douceur.

Comme autrefois, je fais un château...
Les cartes tendues s'ébranlent,
Leurs faces sur le carreau.
Un enfant a peur.

Des promesses d'une vie de château,
Ne reste que ces corps sans vie,
Que la mer encore engloutie.
Ne reste que l'horreur.

Comme toi j'habite un château,
Mais j'oublie l'hospitalité.
Je suis privilégiée.
Oui, Je le sais.

Andiamo - Vie de château !

L'escalier.

Eloïse me lança ce défi :

- Chiche, j'arrive la première sur le palier !

Le palier, celui sur lequel aboutit l'escalier à double hélice du château de Chambord, une merveille de l'architecture Renaissance.

Je relève le gant lui ai-je répondu en déposant un baiser sur ses lèvres roses joliment ourlées.

Nous sommes partis, chacun son escalier, au hasard des arcades nous nous voyions, riant aux éclats, je criais son nom "Eloïse" elle criait le mien "Andy"...

Je lui ai hurlé "je t'aime" elle a crié "je t'aime" en passant sa jolie frimousse entre deux colonnes, encore une fois nous avons ri, nos je t'aime se sont mêlés se répercutant à l'infini par le jeu de l'écho.

Je suis arrivé le premier sur le palier, alors je me suis planté devant son escalier, puis j'ai attendu, attendu... J'attends encore...

lundi 28 janvier 2019

Vegas sur sarthe - Vie de château !

Le dernier visiteur (Suite)

On me mène à l'abbesse, Compiègne qui pourra
une grosse Hildegarde accourt à la saignée
elle a les bras fourchus qu'ont les singes-araignée
et la barbe hérissée, touffue, du père Fouras

Experte en lavements, en sangsues et ventouses
callipyge lestée d'un cul-de-basse-fosse
elle arrache aussitôt mes maigres haut-de-chausses
tant pis, ces pantalons faisaient un peu tantouze

Sa quenouille est pointue, grosse comme hallebarde
Sont-ce mes quatre humeurs qui puirent la merdasse ?
Je vire mon fessard , tombe de la paillasse ...

Je dormais au musée, ronflant comme un sonneur
couvrant les causeries d'un Jacquouille en fureur.
Frénégonde encadrée me sourit, goguenarde

Mapie - Vie de château !


Sur le chemin de ronde je protège la vie
des aléas qui courent
Je nous sais en sursis.

Alors je tourne en rond... je scrute et je m'inquiète.
Je jette l'huile bouillante en veux-tu, en voilà
sur la menace qui plane, sur l'avenir je crois...

Et là juste sous mes bottes,
les douves habillées de nymphéas trop calmes
résonnent du chant trompeur de grenouilles rigolotes.

Elles ourdissent un complot
la duperie du naif , la tromperie du joli, la veulerie du bonheur
moi je guette les accès à la cours intérieure.

Et puis, c'est la relève... je cesse de tourner
Les nymphéas m'enchantent, les batraciens aussi
Retour de l'espérance , je baisse le pont-levis.

Semaine du 28 janvier au 3 février 2019 - Vie de château ! (suite)

Nous poursuivons le même thème une deuxième semaine : "Vie de château !

"Vous est-il arrivé de visiter un château et d’être pris quelques instants dans un étrange rêve du passé ?
Oui, c’est certain, vous avez bien vécu ici il y a quelques siècles.
Racontez-nous, en vers ou en prose, une anecdote nostalgique, dramatique, pathétique… pour nous faire vivre à notre tour une vie de château "


Soit vous écrivez un nouveau texte, soit vous donnez une suite à celui de la semaine précédente !

Votre texte devra nous parvenir avant dimanche soir 3 février à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com

dimanche 27 janvier 2019

Annick SB - Vie de château !

Victoire …

La salle était lumineuse
Mais qu’est ce qui ne l’est pas à Versailles !
Je me suis approchée lentement de l’instrument qui trônait immobile
Sur le clavier du bas j’ai osé quelques notes, tout doux, une à la fois
Et le gardien complice en est resté sans voix
Il m’a vu tomber en admiration devant ton regard jovial, ton étole d’or et ta tresse coquette


Et puis j’ai lu une étiquette et soudain tout a chaviré
C’était moi qui jouais !
Sur le clavier du haut j’ai tapoté à la hâte, rien que pour toi, du Couperin

Le gardien a fait disparaitre la trace de mes doigts et a pointé le sien en fronçant les sourcils :
  • « Non, non, non, non, mademoiselle, vous ne jouerez plus là ! » a-t-il dit de sa grosse voix.
Tant pis pour moi !
J’ai repris le sens de la visite, le cœur en émoi toutefois
On ne m’y reprendra pas ?
Pensez-vous !
Je recommencerai, une autre fois !
Na !

vendredi 25 janvier 2019

Célestine - Vie de château !


Jeux interdits 

Le vieux château de Hautebonne livrait ses murailles percées aux choucas.
Les tourelles et les mâchicoulis tremblaient dans leurs gangues de pierre et menaçaient de tomber sur les passants.
Mais il n’y avait jamais de passants en contrebas. Seuls les mulots et les serpents se livraient une lutte intestine tapis dans les herbes sèches.
Nous n’avions pas le droit de nous approcher de ce lieu maudit, mon frère et moi.
Pourtant, un jour, nous décidâmes de braver l’interdit suprême en pénétrant dans ce haut-lieu de rêves guerriers et de joutes chevalières.
Mon frère brandissant son écu et son épée imaginaires bricolés maison en carton véritable, montant son fier destrier et moi me pavanant en robe damassée en rideau de tulle et hennin médiéval cousus main dans le même carton ondulé.
Nous jouâmes durant de riches heures, revivant pour de vrai et grandeur nature les fameuses images Deyrolles d’Histoire de France sur la guerre de Cent Ans ou la Chevalerie du Moyen-Âge, de celles qui ornaient les murs des écoles…
Mais soudain, un orage comme il en existe chez nous l’été, un orage du midi, avec un grand O, impétueux, et aussi subit qu’inopiné, jeta z’à bas nos rêves princiers.
Le château manquait cruellement de toiture, et nos attributs de noblesse furent réduits à l’état de hardes et de piteuse pâte molle en cinq minutes.
Tremblants et frigorifiés, nous attendîmes la fin de l’averse le cœur noué par la peur à la pensée de la magistrale branlée que notre père allait nous coller. Prouvant ainsi qu’un simple roturier pouvait faire déchoir de leur rang un noble et fier hobereau et une gente dame sans être inquiété le moins du monde par les gens d’armes. 

Où lire Célestine