mercredi 9 janvier 2019

Emma - Cadeau empoisonné

Une ordure ?

En même temps qu'elle apportait  solennellement  la bûche, Maman coupa la lumière.
Instant magique : la pièce n'était plus éclairée que par les flammes du poêle à bois et la lueur bleutée intermittente de la guirlande de leds sur le sapin en plastique ignifugé.
Par précaution la crèche était momentanément enfouie sous du papier rocher, pour éviter les habituelles diatribes de Papy Robert, libre penseur canal historique.
Au pied du sapin, un grand carton rouge affichait la touchante prière de Miss France, que Léa avait soigneusement calligraphiée à l'encre dorée :

Merci la vie
Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté
Que chacun mange à sa faim, boive à sa soif !

Sous laquelle une main sacrilège avait ajouté subrepticement au feutre noir :

 
AVEC  MODERACION
 
Le père Noël pouvait entrer.

Il entra, l'échine courbée sous un gros sac mou qui s'appelait "la hotte".
Jojo nota qu'il n'avait pas recousu la fourrure qui pendouillait déjà de sa capuche l'an dernier.
- Voilà les cadeaux ! dit le père Noël avec la voix rocailleuse de Nounours dans bonne nuit les petits, mais joyeuse malgré la fatigue qui devait être la sienne.
Il s'assit sur le fauteuil préféré de Papa et renversa le sac sur le tapis.

Après distribution on fit le constat :
- pour papy Robert, un chapelet en bois brut dans un pochon de commerce équitable.
- pour Tante Adèle, fervente vegan, la réédition à tirage limité de "83 façons de cuisiner le bœuf".
- Maman et Tonton Boule, l'une souffrant d'insomnies, l'autre d'un excès de poids, avaient droit respectivement à "apnées fatales" et "manger tue", de la collection "DANGERS MORTELS" du docteur Lajoie.
- Léa, qui occupait deux chaises à cause du gros plâtre sur sa jambe droite, avait reçu une corde à sauter.
- Jojo, qui, par pure curiosité scientifique, avait soigneusement pilonné au marteau celui de l'an dernier, écopa d'un Rubik’s Cube.

Devant tant de cruauté, chacun n'était pas loin de penser que le père Noël était vraiment une ordure.
Sauf bébé Mathis dans sa chaise haute, apparemment ravi de sa perceuse visseuse sans fil. 

 
C'est alors que le père Noel s'écria "surprise ! ", en ouvrant sa houppelande qui cachait dans sa doublure pressionnée une grande boîte économique de Ferreros, comme dans les réceptions de l'ambassadeur, et un sachet d’œufs Kinder, qui auraient ressuscité les fastes de Fabergé s'il y avait eu des érudits.

La joie avait chassé l'amertume.
Et je me hâtai de poster la vidéo sur YouTube.

6 commentaires:

  1. Emma j'adore ton Père Noël aussi pourri que le mien qui avait offert des planches de surf aux sinistrés du tsunami. J'espère toutefois que le mandrin de la perceuse offerte au bébé, était muni d'une mèche !

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  2. Il est terrible ce père Noel ! Voilà surement pourquoi je n'y ai jamais cru!!! Cela dit, je dois reconnaitre qu'il ne manque pas d'humour :-)

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  3. Ce père Noël a oublié un cadeau: "Jeu de Massacre", ce qui ne l'empêche pas d'y jouer tout seul sans le dire.
    Amusant et inattendu !

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  4. Wouah ! Tout le monde a été pourri, gâté ! :-)

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  5. humour grinçant à souhait garanti :)

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  6. Un sacré garnement ce père Noël finalement !

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