samedi 4 juillet 2015

Clémence - Ecrire

Écrire, composer et taire.



Lorsque Arthur souffla ses dix bougies, il déclama : je serai écrivain.

Au fil du temps, d'autres priorités s'étaient octroyé la première place et il oublia de se demander « Quand serais-je écrivain ? »



Ce jour arriva avec un remerciement accompagné de belles indemnités.

La surprise retombée, Arthur réalisa que le temps d'écrire était arrivé. Il se prépara un environnement de choix : un petit bureau, un fauteuil confortable, une lampe, un ordinateur, une imprimante, une rame de papier, un cahier, des crayons, des gommes, des stylos de toutes les couleurs. Parfait.



Le premier jour, il s'assit, posa les coudes sur la table et cala son menton entre les paumes. Il regarda autour de lui. Il réfléchissait.

«  Que vais-je pouvoir écrire ? Pourquoi ? Pour qui ?»

Il se dit que la nuit lui serait de bonne compagnie. Il éteignit la lumière et alla se coucher.



Le deuxième jour, il se rendit dans une agence de voyage.



Le troisième jour, il débarqua à l'aéroport Sir Gaëtan Duval à Plaine Corail, en plein milieu de l'Océan Indien. Rodrigues.



Le quatrième jour, il chercha l'inspiration en flânant dans les rues de Piments Baie Topaze.  Il s'installa sous une varangue et attendit que le soir tombe.



Le cinquième jour, il commença à s'inquiéter. L'inspiration lui faisait toujours défaut. Et pourtant, il s'installa à nouveau sous la varangue et attendit en prêtant attention aux conversations. Ce jour là , on parlait d'une petite île voisine et du triste sort de ses habitants.



Le sixième jour, Arthur revint sous la même varangue et engagea la conversation. Enfin, il le tenait, son roman ! Il s'inspirerait de « la » légende.

« Un compositeur en mal d'inspiration s'était réfugié sur cet îlot minuscule. Les habitants lui apportaient chaque jour, les plus beaux fruits, les plus belles fleurs afin qu'il retrouve le sourire et l'inspiration. Mais chaque jour aggravait son ingratitude et sa hargne. Un matin, il retrouva le sourire. Il demanda aux habitants de l'aider en lui offrant une part d'eux-mêmes. Naïvement, ils acquiescèrent,  trop heureux de voir le compositeur se dérider. Le lendemain, une malédiction frappa tous les habitants, jeunes et vieux, atteints par des maladies orphelines. Le compositeur  composait avec frénésie.

De retour au pays, son opéra fut un succès. Jamais il n'eut la moindre reconnaissance pour les Îliens. Quelques jours plus tard, il apprit par son médecin qu'il souffrait d'une maladie orpheline et mourut dans l'année. »



Le septième jour, Arthur composa la trame de son roman et écrivit sans relâche. Rêve et réalité s'entrecroisaient, de même que les joies et les malheurs. Son roman se voulait optimiste, mais il  ne pouvait taire  les souffrances. Chaque matin, les habitants lui apportaient fruits et fleurs. Chaque soir, il les remerciait  en en leur faisant la lecture des pages écrites.



Le temps passa. Arthur dut rentrer au pays. Il promit  ne jamais  oublier ni les Rodriguais ni les Iliens. Son roman fut un succès. Il créa une Fondation dont l'objet est l'étude des maladies orphelines.

Le jour même, à plus de dix mille kilomètres, perdus au milieu de l’Océan Indien, des Iliens constatèrent que leurs maux disparaissaient...

1 commentaire:

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