Oh lala, pense Céline la modèle très belle et recherchée par tous les peinturlureuses plus ou moins saphiques non déclarées, y'en a marre de tenir ce bouquet de fleurs en plastiques... pff, la guigne que c't'affaire de trois francs-six-sous, qu'est-ce qu'il faut point faire pour bouffer et acheter quelques fringues afin d'emballer du gonze au Balajo. Et pis c'est le torticolis qui m'guette, je l'sais que je suis fragile du cou et je persiste ! Moi ... c'est pour le Courbet que j'aurais aimé poser, comme ma grande trisaïeule ... j'me s'rais foutu à poil sur un pieu avec une autre, j'aurais fais celle qui tient le drap de sa main droite dans l'extase et au moins il aurait bien définis mes contours, mes rondeurs que les caïds aiment tant et ce serait marre. En plus ch'uis pas contre quelques papouilles entre femmes ... ça détend. Mais celle là, la ... comment qu'elle s'appelle déjà ? Ben elle va encore dégueuler de la peinture fade de partout, des couleurs qu'il y a nulle part et j'aurais même pas d'zyeux ni de bouche, des doigts comme des tentacules ... pff... ça me dégoute, heureusement que je suis anonyme et payé !
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samedi 15 avril 2017
vendredi 14 avril 2017
Tisseuse - Marie Laurencin
En voir de toutes les couleurs
Pour transposer enfin ses peurs
Laisser naître la lueur
Qui transcende la douleur
Teinter la porte du cœur
Et vibrer de mille fleurs
Atteindre la brillance sans heurt
Tournoyer tout en lenteur
Avec un pinceau de sueur
Pour transposer enfin ses peurs
Laisser naître la lueur
Qui transcende la douleur
Teinter la porte du cœur
Et vibrer de mille fleurs
Atteindre la brillance sans heurt
Tournoyer tout en lenteur
Avec un pinceau de sueur
Léger sentiment de bonheur
jeudi 13 avril 2017
Arpenteur d'Etoiles - Marie Laurencin
Marie Laurencin est une artiste peintre mais aussi poète (vers libres), épistolière et fantaisiste. Fauvisme, cubisme, muse d’Apollinaire … Ses aquarelles aux fleurs superbes et ses mots sont aussi parfumés …
La fragrance des mots ...
et le parfum des fleurs
La fragrance des mots ...
et le parfum des fleurs
J’étais en ce temps-là passionné d’écriture et même dans les songes je composais des vers, cherchant des mots savants de pure littérature, pour que brille mon nom au front de l’univers. J’étais donc endormi dans cette éternité et me sentis porté par les ailes des anges, vers ce monde ténu où l’on marche à la frange impalpable, des rêves et des réalités.
Un vieillard me reçut dans une échoppe sombre toute entière remplie de meubles à tiroirs, que j’imaginais cachés dans leur pénombre des trésors inouïs aux secrets les plus noirs.
- Que fais-tu jeune ami dans ce monde des âmes
Errantes. As-tu fui l’apparente sagesse
D’un sommeil trompeur ou la peau d’une femme ?
- Je ne crains pas la nuit, encore moins mes maîtresses
Et ne sais, à dire vrai, ce que je fais ici.
- Ecris-tu ?
- Oui.
- Et tu veux être le plus grand
Parmi tous les poètes, désirant sans répit
Trouver la phrase juste et le mot élégant ?
- Oui
- Alors tu es là pour comprendre.
- Quoi donc !
- Ce qu’est vraiment ton art. Ouvre un de ces tiroirs.
- Lequel ?
- N’importe, ouvre et dis tes sensations
- Tu n’es qu’un pauvre fou, car ici tout est noir.
Dans cette obscurité impossible de lire !
- Qui parle de lecture. Ouvre et puis … respire !
Je tirais au hasard et perçus aussitôt au cœur des palmeraies, le parfum des métisses où se mêlent au benjoin vanille et abricot. L’odeur chaude des foins, des saveurs de réglisse, le safran qui éclate dans les souks du Caire, un fond de thé brûlant d’où la menthe s’exhale, quelques traces d’anis dans les rues de Cythère, et les pins parasol, et le chant des cigales.
- Qu’est-ce donc que ce prodige, cette magie ?
- Pas de magie, mon jeune ami, juste la vie
Mais ouvre celui-là, et puis cet autre encore.
J’ouvrais donc à nouveau et reçus au visage, l’odeur de vieille cire et celle de la craie, l’odeur un peu amère de l’encre du jeune âge et l’odeur de lessive des blouses étrennées. Puis arriva encore, le café qui brûlait dans une épicerie derrière le grand préau, et de plus loin peut-être la douce odeur du lait qu’on nous servait dehors, quand le temps était beau.
- Alors mon jeune ami, as-tu enfin compris ?
Chacun de ces tiroirs se rapporte à un mot
Et contient les odeurs auxquelles il donne vie.
Ton talent d’écrivain est de savoir transcrire
L’âme de chacun d’eux, faire vivre leurs parfums.
Si tu sais faire cela tu sais vraiment écrire.
Mais sache cependant que ce lieu n’est pas loin.
Il est en toi.
- En moi. Comment puis-je te croire ?
- Ouvre tout doucement ce dernier tiroir
J’obéis et les larmes me vinrent aux paupières. De la poudre de riz, et puis Soir de Paris. Du fond de ma mémoire, le parfum de ma mère lui redonnait la vie.
Lorsque je m’éveillais le soleil était haut. Ma table de travail était jonchée de feuilles couvertes de poèmes et de suites de mots. Encore ensommeillé j’allais jusqu’au fauteuil et pensais à ce rêve que je venais de faire. Plutôt que de chercher des termes alambiqués pour prouver aux lecteurs combien j’étais habile, j’allais au fond de moi vers la simplicité, trouver à chaque mot sa fragrance subtile.
Alors sans plus attendre je déchirais les pages écrites avec emphase au fil des derniers jours. Une feuille nouvelle, immaculé velours, me servirait de quai pour un nouveau voyage.
Un vieillard me reçut dans une échoppe sombre toute entière remplie de meubles à tiroirs, que j’imaginais cachés dans leur pénombre des trésors inouïs aux secrets les plus noirs.
- Que fais-tu jeune ami dans ce monde des âmes
Errantes. As-tu fui l’apparente sagesse
D’un sommeil trompeur ou la peau d’une femme ?
- Je ne crains pas la nuit, encore moins mes maîtresses
Et ne sais, à dire vrai, ce que je fais ici.
- Ecris-tu ?
- Oui.
- Et tu veux être le plus grand
Parmi tous les poètes, désirant sans répit
Trouver la phrase juste et le mot élégant ?
- Oui
- Alors tu es là pour comprendre.
- Quoi donc !
- Ce qu’est vraiment ton art. Ouvre un de ces tiroirs.
- Lequel ?
- N’importe, ouvre et dis tes sensations
- Tu n’es qu’un pauvre fou, car ici tout est noir.
Dans cette obscurité impossible de lire !
- Qui parle de lecture. Ouvre et puis … respire !
Je tirais au hasard et perçus aussitôt au cœur des palmeraies, le parfum des métisses où se mêlent au benjoin vanille et abricot. L’odeur chaude des foins, des saveurs de réglisse, le safran qui éclate dans les souks du Caire, un fond de thé brûlant d’où la menthe s’exhale, quelques traces d’anis dans les rues de Cythère, et les pins parasol, et le chant des cigales.
- Qu’est-ce donc que ce prodige, cette magie ?
- Pas de magie, mon jeune ami, juste la vie
Mais ouvre celui-là, et puis cet autre encore.
J’ouvrais donc à nouveau et reçus au visage, l’odeur de vieille cire et celle de la craie, l’odeur un peu amère de l’encre du jeune âge et l’odeur de lessive des blouses étrennées. Puis arriva encore, le café qui brûlait dans une épicerie derrière le grand préau, et de plus loin peut-être la douce odeur du lait qu’on nous servait dehors, quand le temps était beau.
Un air parfumé caresse à peine la houle immobile des blés.
La vie murmure la paresse et s’écoulent les heures chaudes de l’été. Les aquarelles
et les fleurs de Marie me sautent au visage. Je rêve. La muse d’Apollinaire s’approche
de moi. Un baiser doux et sensuel et elle s’efface dans un sourire.
- Alors mon jeune ami, as-tu enfin compris ?
Chacun de ces tiroirs se rapporte à un mot
Et contient les odeurs auxquelles il donne vie.
Ton talent d’écrivain est de savoir transcrire
L’âme de chacun d’eux, faire vivre leurs parfums.
Si tu sais faire cela tu sais vraiment écrire.
Mais sache cependant que ce lieu n’est pas loin.
Il est en toi.
- En moi. Comment puis-je te croire ?
- Ouvre tout doucement ce dernier tiroir
J’obéis et les larmes me vinrent aux paupières. De la poudre de riz, et puis Soir de Paris. Du fond de ma mémoire, le parfum de ma mère lui redonnait la vie.
Lorsque je m’éveillais le soleil était haut. Ma table de travail était jonchée de feuilles couvertes de poèmes et de suites de mots. Encore ensommeillé j’allais jusqu’au fauteuil et pensais à ce rêve que je venais de faire. Plutôt que de chercher des termes alambiqués pour prouver aux lecteurs combien j’étais habile, j’allais au fond de moi vers la simplicité, trouver à chaque mot sa fragrance subtile.
Alors sans plus attendre je déchirais les pages écrites avec emphase au fil des derniers jours. Une feuille nouvelle, immaculé velours, me servirait de quai pour un nouveau voyage.
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Marie Laurencin 1912 |
Libellés :
Arpenteur d'étoiles,
Marie Laurencin
mardi 11 avril 2017
Célestine - Marie Laurencin
Elle danse, Marie, elle
danse
Marie marche sur le pont des anges avec la sensation diffuse d’être suivie. Pourtant elle ne se retourne pas et regarde plutôt les volants mordorés de sa jupe qui tourbillonnent et tourneboulent mes yeux.
Marie écoute bouger son corps en harmonie avec ses pas, comme si elle dansait un tango avec le vent. Ses jambes ouvrent l’infini d’une grâce indicible.
Il me semble que je respire mieux quand je la vois.
La rivière bouillonne en contrebas, lançant joyeusement les éclairs vif-argent des truites qui trouent l’espace sombre sous les saules. Le chuchotis de l’air devient plus clair au fur et à mesure qu’elle s’éloigne du village. Un merle siffle en clapotant dans la vasque de la fontaine. La brise fredonne son refrain, en moi c’est l’ouragan des sens. Amplifié par mon désir d’elle.
Le chemin se rétrécit après le pont. Il emprunte un petit val ensoleillé, le genre qui mousserait de rayons si j’étais Rimbaud. Les champs de luzerne ondulent comme sa chevelure qui flamboie. Au loin la colline s’incurve avec l’indolence d’un gros animal tapi dans le foin.
Soudain, elle s’arrête. Son chevalet va être bien, là. Il va saisir l’instant, capter la couleur, les sons, les odeurs, elle n’aura qu’à suivre le mouvement naturel du pinceau entre ses doigts, sentir dans ses fibres, dans la moindre de ses cellules, le flux de la vie qui la brûle à en pleurer et sourire en même temps d’une douche ruisselante qui l’inonde. Un vrai miracle de la physique. Elle se peint comme elle respire, Marie. Elle danse nue avec la lumière, en perpétuelle hésitation entre deux mondes.
Et moi, caché derrière un buisson de cistes, je la contemple. La voir est une joie et une souffrance.
Je n’aurai jamais assez d’audace pour lui dire tout ça. Jamais.
Où lire Célestine
Marie écoute bouger son corps en harmonie avec ses pas, comme si elle dansait un tango avec le vent. Ses jambes ouvrent l’infini d’une grâce indicible.
Il me semble que je respire mieux quand je la vois.
La rivière bouillonne en contrebas, lançant joyeusement les éclairs vif-argent des truites qui trouent l’espace sombre sous les saules. Le chuchotis de l’air devient plus clair au fur et à mesure qu’elle s’éloigne du village. Un merle siffle en clapotant dans la vasque de la fontaine. La brise fredonne son refrain, en moi c’est l’ouragan des sens. Amplifié par mon désir d’elle.
Le chemin se rétrécit après le pont. Il emprunte un petit val ensoleillé, le genre qui mousserait de rayons si j’étais Rimbaud. Les champs de luzerne ondulent comme sa chevelure qui flamboie. Au loin la colline s’incurve avec l’indolence d’un gros animal tapi dans le foin.
Soudain, elle s’arrête. Son chevalet va être bien, là. Il va saisir l’instant, capter la couleur, les sons, les odeurs, elle n’aura qu’à suivre le mouvement naturel du pinceau entre ses doigts, sentir dans ses fibres, dans la moindre de ses cellules, le flux de la vie qui la brûle à en pleurer et sourire en même temps d’une douche ruisselante qui l’inonde. Un vrai miracle de la physique. Elle se peint comme elle respire, Marie. Elle danse nue avec la lumière, en perpétuelle hésitation entre deux mondes.
Et moi, caché derrière un buisson de cistes, je la contemple. La voir est une joie et une souffrance.
Je n’aurai jamais assez d’audace pour lui dire tout ça. Jamais.
Où lire Célestine
lundi 10 avril 2017
Tiniak - Marie Laurencin
BOUT DE QUAI PRINTANIER (À LYON ?)
Je te vois... comme tu respires
J'entends le sang sous l'ivoirin
J'abouche ton prochain soupir
J'affleure au secret de ta main
J'y hume nos derniers plaisirs
Une ombre hivernale s'écoule
où le sol prend feu dans ta pose
automnale, éthérée, morose
Deux belles saisons s'y ampoulent
Tu recueilles mon exsudat
à bout de doigt, un rouge à lèvres
et l'aveu d'une sourde fièvre
Une perle sur le front plat
se désole à n'en plus finir
Pour moi, je creuse une traboule...
Où s'empanner la baume au cœur...
Je te vois... comme tu respires
J'entends le sang sous l'ivoirin
J'abouche ton prochain soupir
J'affleure au secret de ta main
J'y hume nos derniers plaisirs
Une ombre hivernale s'écoule
où le sol prend feu dans ta pose
automnale, éthérée, morose
Deux belles saisons s'y ampoulent
Tu recueilles mon exsudat
à bout de doigt, un rouge à lèvres
et l'aveu d'une sourde fièvre
Une perle sur le front plat
se désole à n'en plus finir
Pour moi, je creuse une traboule...
Où s'empanner la baume au cœur...
Andiamo - Marie Laurencin
Rien qu'une aquarelle
Elle était accoudée à la rambarde du pont des Arts, comme un matelot à son bastingage, une gribelle « Gavroche » posée sur sa tête, cigarette à la bouche, elle fumait comme un homme, je parle des mecs qui bossaient en usine, la clope toujours collée à la lipe. Car prendre une cibiche dans ses pognes quand elles sont pleines de cambouis, ça gâche le cambouis justement !
Les cadenas bloqués sur les grilles par tous les locdus qui tenaient pour éternel leur amour ainsi verrouillé. Je m’approchais, elle était belle, une belle rousse, et quand elle a tourné son visage vers moi je n’ai vu que ses yeux … Bleus, et là le choc ! Cette gisquette mais ça n’était pas possible, je l’avais rencontrée cinquante balais auparavant ! Du coup j’ai fait tomber la mienne de tige, une gauldo années cinquante sans filtre, la camarde au bout du perlot ? Peut-être, mais alors plus vite !
Elle s’est baissée et m’a tendu ma clope…
- Tiens on fume les mêmes ! Des cibiches d’homme aurait dit Audiard ! Aujourd’hui on n’en trouve pas facilement, ainsi je me les procure…
- Au bar-tabac qui fait l’angle de la route de Flandre et de la rue Mathis continuai-je. Le Balto, tu ne changes pas tes habitudes Sylviane, malgré les longues années tu ne changes rien, pas même toi !
Elle me regarda avec insistance, fronçant légèrement les soucis.
- Rémy !… Tu es Rémy, ça y est je te reconnais ! Putain ça fait un bail !
- Près de cinquante balais, ma belle amazone !
- Ah oui, tu m’appelais ainsi je m’en souviens à l’époque je montais dans un haras du côté de Chantilly.
- A la Chapelle en Serval exactement.
- La vache, quelle mémoire ! C’étaient des années bénies, je les ai appelées : « les années baise à l’aise », la pilule, pas encore le sida, alors on s’en est donné à cœur joie, ce qui est pris n’est plus à prendre : CARPE DIEM ! Combien de temps sommes nous restés ensemble ?
- Quatre mois douze jours et sept heures…
- La vache t’avais tenu une comptabilité ?
- Non, mais y’en a un qui auraient bien voulu que le carpe vive un peu plus qu’un diem ! Mais toi Sylviane tu n’as pas vieilli, c’est quoi ce truc ? Tu débarques d’où ?
- Je suis venu dans mon OVNI me dit-elle en me montrant un vieux gréement amarré quai Conti, là il est camouflé en barlu, biscotte ça attirerait les curieux. S’en suivit un formidable éclat de rire.
- Je me souviens que tu redoutais septembre à cause de cet hiver dont tu ressentais les prémices, aux premiers vents aigres, et aux feuilles qui tombaient. Tu avais horreur des arbres dépouillés, on dirait des squelettes disais-tu…BEURK !
- Tu vis où maintenant ?
- En Guadeloupe, je suis venue passer quelques jours à Paris, un coup de nostalgie. On va boire un kawa ? Je crèche à deux pas, un copain qui est en visite à Saint François chez ses parents, m’a prêté sa piaule, il savait que j’avais un peu le blues de Paris.
D’autor elle a passé son bras autour du mien, je suis revenu près de cinquante ans en arrière, sauf que maintenant c’est moi qui ai du mal à la suivre…
- J’habite rue de l’Echaudé…
- Sais-tu où on le met l’index dans la rue de l’Echaudé ?
- Dégueulis, dégueulis, voilà l’Evèque qui vomit ! Et nous éclatons de rire en nous remémorant ce poème de Prévert.
C’est à quelques pas, une chambre de bonne au sixième sans ascenseur, elle a grimpé ou plutôt avalé les six étages d’un trait, moi derrière je souffre un peu, et souffle beaucoup !
- Mais comment tu as fait ? Près de cinquante balais, et tu n’as pas pris une ride ni un gramme d’ailleurs ! Tu vis seule apparemment, pas de mec, pas de mômes ?
- Pas pris un gramme ? En disant cela elle a retiré son pull, elle est nue dessous. Libertad ! ni mec, ni chiares, pas un mec mais des mecs… Je ne suis pas une nonne !
J’ai tout oublié, le lieu, le temps, mes rides, et tout le reste…
Puis elle s’est levée a allumé une clope, me l’a collée entre les lèvres.
- C’est bon après l’amour a-t-elle dit en allumant la sienne avec un vieux « Zippo » à essence bien puant !
Toujours nue, sans complexes et il y avait de quoi ! Elle se baladait dans cette pièces en tirant sur sa sèche, l’œil droit fermé à cause de la fumée, elle préparait un kawa, après tout on était venus pour ça non ?
Allongé sur le dos je fixais intrigué l'aquarelle punaisée au mur, une copie d'un portrait de Marie Laurencin, une jeune fille contemplant un joli bouquet.
- Cette copie je me souviens l'avoir vue chez toi il y a un sacré moment, c'est fou ce qu'elle te ressemble !
- Une copie ? Est ce que j'ai une gueule de copie ? Me lança t-elle en imitant Arletty, c'est moi ! Et puis ça n'est pas une copie, c'est un original, la seule chose que j'emporte dans mes périgrinations.
- Tu veux dire que c'est toi ?
- Oui mon chouchou.
- Attends Sylviane, Marie Laurencin est décédée en 1956, en admettant qu'elle ait fait cette aquarelle début années 50, sur ce portrait tu sembles avoir 17 ou 18 ans, ce qui veut dire que tu serais née en 1935, grosso modo, ce qui te ferait 82 ans ! Sylviane faut pas te foutre de ma gueule !
Pour toute réponse elle me tourna le dos, m'offrant la vision de sa jolie chute de reins.
Elle ouvrit un petit placard, en sortit un grand pot de verre dans lequel se trouvait une sorte de gelée verdâtre, elle y plongea une minuscule cuiller à café, et la porta à sa bouche en faisant une grimace.
- Ca a l’air dégueulasse ce que tu bouffes ? Lui dis-je.
- Si il mio caro, ma quando drovebbe essere ! *
C’est vrai qu’elle avait des origines Ritales elle s’appelait Marcelli ou Morcelli… Un truc comme ça.
Je me levais, elle avait posé le bocal sur le coin de la minuscule table qui lui servait aussi bien pour taper sur son P.C. que pour manger, dans 14 mètres carrés c’est difficile de se loger.
Je plongeais la main dans le bocal en retirait une belle quantité de ce truc verdâtre, que j’engloutissais d’un coup ! L’amour que nous venions de faire m’avait donné une faim de loup.
- NON CHE ! Hurla-t-elle à s’en péter les carotides !
Depuis elle s’occupe de moi, je dois avoir 10 ou 11 ans, je ne l’épouserai jamais… Nous ne vieillissons pas !
* Oui mon chéri, mais quand il faut, il faut !!
Elle était accoudée à la rambarde du pont des Arts, comme un matelot à son bastingage, une gribelle « Gavroche » posée sur sa tête, cigarette à la bouche, elle fumait comme un homme, je parle des mecs qui bossaient en usine, la clope toujours collée à la lipe. Car prendre une cibiche dans ses pognes quand elles sont pleines de cambouis, ça gâche le cambouis justement !
Les cadenas bloqués sur les grilles par tous les locdus qui tenaient pour éternel leur amour ainsi verrouillé. Je m’approchais, elle était belle, une belle rousse, et quand elle a tourné son visage vers moi je n’ai vu que ses yeux … Bleus, et là le choc ! Cette gisquette mais ça n’était pas possible, je l’avais rencontrée cinquante balais auparavant ! Du coup j’ai fait tomber la mienne de tige, une gauldo années cinquante sans filtre, la camarde au bout du perlot ? Peut-être, mais alors plus vite !
Elle s’est baissée et m’a tendu ma clope…
- Tiens on fume les mêmes ! Des cibiches d’homme aurait dit Audiard ! Aujourd’hui on n’en trouve pas facilement, ainsi je me les procure…
- Au bar-tabac qui fait l’angle de la route de Flandre et de la rue Mathis continuai-je. Le Balto, tu ne changes pas tes habitudes Sylviane, malgré les longues années tu ne changes rien, pas même toi !
Elle me regarda avec insistance, fronçant légèrement les soucis.
- Rémy !… Tu es Rémy, ça y est je te reconnais ! Putain ça fait un bail !
- Près de cinquante balais, ma belle amazone !
- Ah oui, tu m’appelais ainsi je m’en souviens à l’époque je montais dans un haras du côté de Chantilly.
- A la Chapelle en Serval exactement.
- La vache, quelle mémoire ! C’étaient des années bénies, je les ai appelées : « les années baise à l’aise », la pilule, pas encore le sida, alors on s’en est donné à cœur joie, ce qui est pris n’est plus à prendre : CARPE DIEM ! Combien de temps sommes nous restés ensemble ?
- Quatre mois douze jours et sept heures…
- La vache t’avais tenu une comptabilité ?
- Non, mais y’en a un qui auraient bien voulu que le carpe vive un peu plus qu’un diem ! Mais toi Sylviane tu n’as pas vieilli, c’est quoi ce truc ? Tu débarques d’où ?
- Je suis venu dans mon OVNI me dit-elle en me montrant un vieux gréement amarré quai Conti, là il est camouflé en barlu, biscotte ça attirerait les curieux. S’en suivit un formidable éclat de rire.
- Je me souviens que tu redoutais septembre à cause de cet hiver dont tu ressentais les prémices, aux premiers vents aigres, et aux feuilles qui tombaient. Tu avais horreur des arbres dépouillés, on dirait des squelettes disais-tu…BEURK !
- Tu vis où maintenant ?
- En Guadeloupe, je suis venue passer quelques jours à Paris, un coup de nostalgie. On va boire un kawa ? Je crèche à deux pas, un copain qui est en visite à Saint François chez ses parents, m’a prêté sa piaule, il savait que j’avais un peu le blues de Paris.
D’autor elle a passé son bras autour du mien, je suis revenu près de cinquante ans en arrière, sauf que maintenant c’est moi qui ai du mal à la suivre…
- J’habite rue de l’Echaudé…
- Sais-tu où on le met l’index dans la rue de l’Echaudé ?
- Dégueulis, dégueulis, voilà l’Evèque qui vomit ! Et nous éclatons de rire en nous remémorant ce poème de Prévert.
C’est à quelques pas, une chambre de bonne au sixième sans ascenseur, elle a grimpé ou plutôt avalé les six étages d’un trait, moi derrière je souffre un peu, et souffle beaucoup !
- Mais comment tu as fait ? Près de cinquante balais, et tu n’as pas pris une ride ni un gramme d’ailleurs ! Tu vis seule apparemment, pas de mec, pas de mômes ?
- Pas pris un gramme ? En disant cela elle a retiré son pull, elle est nue dessous. Libertad ! ni mec, ni chiares, pas un mec mais des mecs… Je ne suis pas une nonne !
J’ai tout oublié, le lieu, le temps, mes rides, et tout le reste…
Puis elle s’est levée a allumé une clope, me l’a collée entre les lèvres.
- C’est bon après l’amour a-t-elle dit en allumant la sienne avec un vieux « Zippo » à essence bien puant !
Toujours nue, sans complexes et il y avait de quoi ! Elle se baladait dans cette pièces en tirant sur sa sèche, l’œil droit fermé à cause de la fumée, elle préparait un kawa, après tout on était venus pour ça non ?
Allongé sur le dos je fixais intrigué l'aquarelle punaisée au mur, une copie d'un portrait de Marie Laurencin, une jeune fille contemplant un joli bouquet.
- Cette copie je me souviens l'avoir vue chez toi il y a un sacré moment, c'est fou ce qu'elle te ressemble !
- Une copie ? Est ce que j'ai une gueule de copie ? Me lança t-elle en imitant Arletty, c'est moi ! Et puis ça n'est pas une copie, c'est un original, la seule chose que j'emporte dans mes périgrinations.
- Tu veux dire que c'est toi ?
- Oui mon chouchou.
- Attends Sylviane, Marie Laurencin est décédée en 1956, en admettant qu'elle ait fait cette aquarelle début années 50, sur ce portrait tu sembles avoir 17 ou 18 ans, ce qui veut dire que tu serais née en 1935, grosso modo, ce qui te ferait 82 ans ! Sylviane faut pas te foutre de ma gueule !
Pour toute réponse elle me tourna le dos, m'offrant la vision de sa jolie chute de reins.
Elle ouvrit un petit placard, en sortit un grand pot de verre dans lequel se trouvait une sorte de gelée verdâtre, elle y plongea une minuscule cuiller à café, et la porta à sa bouche en faisant une grimace.
- Ca a l’air dégueulasse ce que tu bouffes ? Lui dis-je.
- Si il mio caro, ma quando drovebbe essere ! *
C’est vrai qu’elle avait des origines Ritales elle s’appelait Marcelli ou Morcelli… Un truc comme ça.
Je me levais, elle avait posé le bocal sur le coin de la minuscule table qui lui servait aussi bien pour taper sur son P.C. que pour manger, dans 14 mètres carrés c’est difficile de se loger.
Je plongeais la main dans le bocal en retirait une belle quantité de ce truc verdâtre, que j’engloutissais d’un coup ! L’amour que nous venions de faire m’avait donné une faim de loup.
- NON CHE ! Hurla-t-elle à s’en péter les carotides !
Depuis elle s’occupe de moi, je dois avoir 10 ou 11 ans, je ne l’épouserai jamais… Nous ne vieillissons pas !
* Oui mon chéri, mais quand il faut, il faut !!
Où lire Andiamo
Semaine du 10 avril au 16 avril 2017 - Marie Laurencin
Il n'a échappé à personne que le printemps est bel et bien là et que nous en profitons pleinement comme cette aquarelle de Marie Laurencin qui va vous inspirer cette semaine.
En prose ou en vers, vous pouvez envoyer votre petit bouquet de printemps avant dimanche 16 avril à minuit à l'adresse habituelle
impromptuslitteraires[at]gmail.com
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