samedi 30 septembre 2017

Célestine - La magie des miroirs

Ornithopoème


Au bord du lac. Les épaules caressées par l’enveloppe du vent.
Le miroir de l’eau me renvoie mon sourire. Mes pieds volettent au-dessus de l'herbe rase.
Sous la voûte des saules, les colverts disputent leurs plumes-velours aux feuillages. Leur nage criante troue le fil de la surface en harmonie. Concert de claque sons.
Qui sera le plus beau, miroir ? Des branches faisant la révérence ou, des canards, l’irrévérence ?

Leurs prises de becs rompent la digue de ma mémoire.
Et je me souviens. Je me souviens que vivre, c’est toujours intrigant.
Mille questions surgissent de ma perplexité que je chasse ce matin comme on chasse les mouches obstinées des échoppes.
Elles s’en vont. Elles s’envolent.

Je suis la berge emmitouflée dans ses ajoncs, roses d’aurore.
Je suis ce ciel ombré de nuées.
Je suis devenue l'eau et le ciel. Je me fonds.
Comme il est lumineux, ce vol d’oies en partance !
Cette fièvre impétueuse, impatiente, frénétique, bouillante, déferlante et violente et qui tourne la tête et qui me rend vivante.

Là-bas le tumulte s'éloigne. Je sais qu'il reviendra. Comme les oies. Comme l'été. Je l'espère. Je ne sais vivre sans. En un mot comme en cent. C'est mon sang. Je veux vivre avec le V de vertige.
Les oies...Fugaces. Royales. Etirant leurs ailes blanches. D’autres oiseaux encore. Sarcelles et fuligules. Plouf ! Des poules d’eau qui pouffent. Des aigrettes au-dessus des aigreurs.
Torrent de plénitude me hissant le cœur comme on porte un flambeau.
Le miroir du lac souriant.

Où lire Célestine

Stouf - La magie des miroirs

- Lala et Nono sont dans un bateau, Lala tombe à l'eau … et … j'me souviens plus de la blague.
- Nono, attention à toi, code 187 à droite !
- Ah, là.
- Nooon, de l'autre côté !
- Ben c'est qui ces chats là ?
- Miaule moins fort mon beau, ils pourraient nous entendre.
- M'en fiche, même pas peur, je suis le male.
- Alpha Zoulou, vous me copiez ?
- Ben, à qui tu causes dans ta tête par télépatie ?
- Au centrale de la Chat Intelligente Agence fondée par Charles Joseph bon aparte notre maître à tous biensure.
- Ah oui, j'en ai entendu parler. Alors ils disent quoi ?
- Rien à signaler d'aprés les détecteurs GPS de New York, de Moscou et même de Dehli, y a pas de malfaisants dans le coin.
- Ouf tu me rassure Lala chérie. Oh zut … c'est qui ce connard qui te regarde en face ?
- Ben je sais pas mais tu la connais la connasse qui te mate en face ? Ci sa continue je lui saute dessus.

Voici Stouf qui rentre du boulot et trouve ses deux minous d'amour en train d'attaquer le miroir comme à leure habitude et afin de calmer l'affaire il leur verse deux tonnes de croquettes.
Pff … qu'est ce c'est con les chats et les chiens qui n'ont pas conscience d'eux même dans un miroir !;o)

vendredi 29 septembre 2017

Mapie - La magie des miroirs

Petits éclats de verre sur un coin de coiffeuse
Morceaux éparpillés, fêlés, brisés, coupants…

Sans doute aurait il mieux valu que tu acceptes son image plutôt que de coller un pain à ce miroir en laissant éclater ton reflet.

Petits bouts de toi même épars, disséminés, gisants..
Au rejet de ta face, tu nies ce que tu es.

Alors tu recomposes , tu recolles bout à bout, quelques morceaux de toi au risque d’en laisser une partie en chemin.

Tu colmates, tu lisses, tu fais briller tout ça… puis tu cherches à insérer ce miroir dans l’ovale antique, originelle de ta coiffeuse…
ça n’entre pas, ça n’entre plus… Tu t’agaces, tu limes, quitte à devoir en casser le cadre antique…

Ta coiffeuse ne ressemble plus à rien, ta vie est dévastée.
Tu rachètes un miroir, puis un deuxième, puis un troisième… tous se brisent à ton seul coup d’œil.

Petite âme blessée, le miroir de tes yeux lui même est fissuré.

Pascal - La magie des miroirs

Salon de coiffure

Je suis allé chez ma coiffeuse, ce matin ; disons plutôt une galerie de coiffure. C’était plein. On m’a installé dans un fauteuil d’attente avec des propositions de café, de journaux et d’autres patiences futiles. C’était une vraie ruche débordante et mielleuse. Les abeilles ouvrières, dévolues à leurs tâches habituelles, s’activaient autour des cheveux lavés, permanentés, rasés, brossés. C’était un ballet réglementé de ciseaux et de peignes à l’envolée des regards intéressés des clients assiégés.

Il y avait un type assis à côté de moi, la cinquantaine fanée, le cheveu grisonnant, un peu voûté, aux épaules rentrées. Il regardait cet essaim orchestré et leurs chorégraphies convenues sans participer à cette sorte d’euphorie de groupe qui émanait de leurs gestuelles attentionnées et climatisées. Il attendait son sort avec une philosophie flegmatique, distrait par cette ambiance remuante…

La musique tapageuse rythmait les évolutions cadencées des artistes capillaires à leur besogne. C’était des rengaines obsédantes, des hits énervants sans air, sans harmonie et sans refrain. J’avais quelques sifflements naissants dans les oreilles et une inaccoutumance nerveuse à cette tonitruante oppression montante. Le temps me semblait long.

Le type d’à côté prenait son mal en patience en regardant le plafond blanc. Il était habillé hors de la mode, sur la touche de ce qui se vêt aujourd’hui. Il était hors de la forme des tendances actuelles. Il était hors jeu. J’ai pensé qu’il était rebut, décalé ou pas du bon siècle ; il baignait sous les mauvais éclairages blanchâtres, dans une autre dimension plus anonyme et moins rigoureuse du fashion sélectif du moment…

Des affiches agressives vantaient des coupes modernes où l’ambiguïté ambivalente trônait sur la condition masculine mise à mal. Nouveaux promus, maquillés comme des éphèbes asexués, des jeunes peigne-culs s’y exhibaient avec des regards brûlants de jeunes matadors outrageants. Quelques femelles déguisées en provocatrices dépravées donnaient une réplique incertaine à cette manigance exposée dans le magasin moderne. Les miroirs obligés réfléchissaient cette démonstration glacée à tous les regards de proximité. Ces œuvres placardées semblaient mues par l’instinct grégaire des besogneuses assidues, en uniformes toilettés dans le style, courant ou papotant autour des sièges occupés.

Mon voisin, dans l’expectative, presque indifférent à la compréhension de tous ces mimes complices, s’abandonnait dans d’autres contemplations intérieures plus arrangeantes et il consommait l’évasion en bâillements discrets…

L’éclairage furieux aboyait dans les visages attentifs. Parfois, la tête fraîchement coupée d’un client satisfait s’imprimait dans toutes les postures avenantes. Narcisse s’admirait, l’ego se redécouvrait… Le brouhaha amplifié par cette musique désastreuse forçait les conversations frivoles des ouvrières bavardes. C’était une montée chromatique en décibels énervants. Les sèche-cheveux ronflaient des ardeurs de vent chaud, les tondeuses zonzonnaient sur les crânes dégarnis, les casques irradiaient d’obscures vibrations agaçantes.

Le type d’à côté comptait les rayures sur son pull. Il remarquait les imperfections de sa stature fatiguée, les plis disgracieux de son pantalon froissé, la tache graisseuse sur la chaussure lacée à son pied. Il avait secrètement déserté le présent en s’impliquant dans d’autres attentions, plus personnelles…

J’ai voulu fuir en abandonnant cette idée saugrenue de rafraîchissement ! Les publicités aguicheuses me stressaient ! L’éclairage oblique vandalisait mon visage dévasté en l’accréditant de cernes impossibles ! C’était l’abattoir ici ! Le paysage découpant était sans concession et les reflets étaient acharnés ! Mon corps massacré, assailli, contemplait son exécution ! C’était un désastre et j’étais le prochain sur la liste. Mais les glaces sont déformantes ici ! Rien ne me rassurait, sinon le type d’à côté.

Il baignait dans une sorte de sagesse apaisante, sans le trouble évident d’une confrontation pénible avec un sombre miroir contrit. Il avait admis son état et ses cheveux blancs, les taches sur ses mains et ses lunettes épaisses. De tous les parfums capiteux qui planaient dans ce salon, il n’en gardait qu’une odeur de trouble éternuant passager. De tous les beaux visages féminins virevoltant dans l’ambiance miroitante, il n’en décelait pas un de singulier qui pût attirer son attention. De tous les décors artificiels, « up-to-date » et tellement actuels, il n’en prenait pas ombrage, laissant les starlettes de papier glacé à leurs contorsions costumées provocantes…

La cacophonie stridente battait son plein ! C’était la totale anarchie bruyante ! La horde sauvage dévastatrice allait me scalper sans manière au tintamarre assourdissant des rires obséquieux et hypocrites. C’était l’échafaud, la peine capitale, le bain de sang…

Mon voisin ignorait le bain… de foule et son infection tonitruante. Il jouait avec le fauteuil tournant et sa jambe tendue comme une aiguille recherchant un nord utopique puisque ici, tout n’était que mascarades illusoires, pastiches d’intentions de modernité éphémère ou ritournelles intransigeantes fardées…

Tout à coup, on est venu m’arracher de l’ombre anonyme. On voulait m’entreprendre et décider de laver mes cheveux blancs, on voulait me fondre dans le troupeau, me défriser… Désespéré, j’ai cherché un réconfort, du côté de mon voisin. Il s’était levé aussi. On lui ajustait en douceur une blouse de future coupe. J’étais rassuré... Ensemble, nous sommes allés vers le bac de rinçage. Ensemble, nous avons mis la tête en arrière…

jeudi 28 septembre 2017

Arpenteur d'Etoiles - La magie des miroirs


Il avait mis si longtemps à se réveiller.
Puis il y avait eu la douleur, lancinante, épouvantable et, peu à peu il s’était souvenu. Le bruit, les cris, la fureur, les odeurs, la fumée épaisse, charbonneuse.

Puis à nouveau l’obscurité, longue. Une éternité de néant. Des voix lointaines, inaccessibles. Des mouvements incohérents. Une sensation d’apesanteur et un rêve. Un rêve permanent. Ou plutôt récurrent : une galerie, de la lumière, de la musique, des gens en foule, des enfants. Des rires d’enfants. Tout est mouvant autour de lui immobile. Tout semble léger et lui est là, lourd, pesant avec des gestes lents et précis.

Son sac à dos qu’il défait, puis qu’il abandonne sous un fauteuil, au milieu de la galerie, près d’un manège lumineux. Et il s’en va lentement, en regardant les visages des femmes qu’il croise. Et l’éclair, le souffle et le néant enfin qui l’accueille.

- Mademoiselle, c’est le grand jour. Tout est prêt ?
- Oui docteur. Je commence à ôter les bandelettes
- Comment vous sentez-vous monsieur aujourd’hui ? Cette journée est si belle …

C’est à lui que parle cette voix douce et calme. Il sent des picotements d’aiguille sur la peau. Le contact de l’air provoque une impression étrange. La lumière brûle ses prunelles sombres. Il écoute avidement.
- Vous avez été dans les mains de l’un des plus grands chirurgiens plastiques, vous savez. C’est incroyable quand même d’avoir réchappé à cet affreux attentat …
La voix continue en même temps que continuent les gestes qui libèrent son visage.
- Ah, voilà …

Des mains chaudes le touchent délicatement, le frôlent, le palpent.
- Et bien c’est parfait je crois. Bien sur vous allez rester avec ces hématomes quelques temps, puis ils disparaîtront et vous vous retrouverez enfin.

Il parle d’une voix éraillée qu’il ne reconnaît pas :
- Je peux avoir un miroir ?
Il le prend fébrilement, hésite, le repose, puis le prend à nouveau et le porte devant ses yeux et reste immobile un long moment. Et, enfin, se met à hurler.
Son cri résonne encore dans les grands couloirs.
Dans le miroir il n’existait plus …
Il pleure. Les larmes coulent sur ses joues et son corps.

Il regarde encore le miroir et sa femme apparait. Il a toujours été amoureux d’elle. Elle sort du miroir. Elle est belle et mutine. Elle l’embrasse et elle le prend par la main et il s’évadent dans l’univers et peut-être au paradis.



Tisseuse - La magie des miroirs

Lorsque la traversée du miroir
Nous révèle nos mondes intérieurs
Féerie du pas de côté
Hors champ salvateur
Et magie du dépouillement
Riment alors avec espoir
De se découvrir une véritable beauté

Celle du cœur palpitant
Émouvant de profondeur
Au-delà du voir et du savoir
Dans une présence en vérité
Loin des jugements
Des hontes et des peurs
Qui hantent les mauvais soirs

mercredi 27 septembre 2017

Joe Krapov - La magie des miroirs

L’ŒUF MIROIR

La magie du miroir
C’est qu’il est fait de sable
Et d’eau.

Le nuage vient s’y voir
Et – Diable ! –
Se trouve beau.


***

La force du miroir
Posé derrière un jeu d’échecs
C’est que lui réfléchit
Sans souci de victoire.
C’est moi qui tombe sur un bec
Et qui en chie

***

La magie du miroir :
Alice l’a traversé.
Lequel est Tweedledum ?
Le quadrille des homards,
Le tango renversé…
Lequel est Tweedledee ?

Qui sera la plus belle
Pour s’en aller danser ?
Et qu’en dit Humpty Dumpty ?

mardi 26 septembre 2017

Jérôme - La magie des miroirs

Ce soir, je comptais bien épater mes voisins. Tout simplement, en les invitant à prendre l’apéritif. Un apéritif, vous vous dites, ça ne va pas tellement les impressionner, ses voisins, au narrateur, non ? Et vous auriez raison, parce qu’ils ont des amis, mes voisins, on les invite, ils sortent, ils ne s’ébaubissent pas d’un rien. Parce que c’est comme ça, la vie : les gens se regardent, se comparent et n’aiment rien tant que se retrouver chez les autres, comme en miroir.

Ce dimanche dernier, celui du premier nous a raconté la soirée où il était allé la veille ; une réception chez des relations d’une de ses connaissances, pour être précis. C’est comme ça que j’ai eu l’idée : des cocktails ! Oui, je me suis dit, mes voisins, même s’ils ont l’habitude d’en boire chez leurs amis chics, par contraste, dans mon petit appartement ça les épatera.

Alors hier j’ai emprunté à la bibliothèque du quartier un livre illustré sur les boissons mélangées, leur histoire et leurs recettes. Parce que le mieux du mieux en sirotant un cocktail c’est de raconter mille anecdotes sur leurs inventeurs (en général des généraux, souvent de l’armée des Indes ; parfois des jazzmânes bibopant au Tabou). C’est ce qu’explique l’auteur sur la quatrième de couverture.

En rentrant, j’ai remis la main sur le carton de mignonnettes remporté au chamboul’tout du bistrot d’en bas du boulot l’an passé. Les étiquettes des fioles arboraient les noms mystérieux et exotiques que j’espérais : Curaçao, Marasquin, Liqueur d’amande, Vieille prune… Je suis vite ressorti pour trouver – pas à l’épicerie d’en bas de l’immeuble pour ne pas vendre la mèche – une bouteille d’un alcool propice aux mélanges décrits dans l’ouvrage. De quoi allumer des feux d’artifices dans les pupilles et les papilles de mes invités.
Et puis j’ai préparé le salon. Le décor c’est important. Bien sûr, il ne fallait pas que je compte sur un ventilateur plafonnier où sur un tigre empaillé au mur : j’ai simplement roulé le tapis et j’ai déplacé la grande armoire qui me vient de ma tante, qui, d’habitude, se trouve – l’armoire, pas la tante – dans le petit bureau ou je ne vais pas souvent. Elle est haute, large, lourde, branlante, éraflée sur les côtés – toujours l’armoire, pas la tante –, et idéale pour ce que je voulais. Une fois installée au milieu du salon –l’armoire – en sueur – moi – je me suis vu sourire dans son grand miroir.

Alors d’un petit bristol dans la boite à lettres, j’invite les voisins pour le lendemain. Ce matin, avant de partir, j’ai bouclé les préparatifs : ne rien laisser au hasard, voilà le secret. En rentrant cet après-midi, j’allume le poêle, pour l’ambiance cosy favorable à l’absorption des drinks, et je me cale dans le fauteuil pour relire des anecdotes propres à animer l’apéritif. L’affaire se présentait au mieux.

Les invités une fois arrivés, je prépare les verres ; c’est à ce moment que le voisin du second me demande de la glace – avec un petit sourire, car il sait bien que je n’ai pas de frigo. C’est là que je comptais bien les épater, car j’avais tout prévu. Enfin, tout prévu, sauf que l’armoire me lâcherait en route. Car, croyez-moi si vous voulez, mais je n’ai même pas pu en tirer un seul glaçon, de cette soit-disant armoire à glace.

Lorraine - La magie des miroirs

LA MAGIE DES MIROIRS

Le miroir est magique. Regardez-le : je lui souris, il me rend mon sourire ; je suis soucieuse, il est soucieux, je lui tends la main, (non, il ne la prend pas ) il fait exactement le même geste, à la seconde près. Il est « moi », Lui n’est qu’un reflet sans consistance..

Nous sommes habitués à le considérer comme un objet. En réalité, chaque miroir est aveugle à son don de double vue.. Il s’en va de par le monde répéter son petit miracle équitablement semblable dans les chaumières ou dans les châteaux. Les femmes surtout l’apprécient, les hommes lui jettent un coup d’œil rapide, ni les uns ni les autres ne se doutent du prodige qu’ils viennent d’interroger.

Quelquefois le miroir se brise en petits morceaux coupants. Vous me direz : « Voilà la preuve qu’il n’est pas un reflet, mais une « chose puisqu’il se casse». Pardon, ces débris sont le prolongement du miroir intact et ne cessent donc de n’être qu’un reflet sans consistance.

J’espère que vous êtes convaincus ?

Lilousoleil - la magie des miroirs

Psyché d'après le tableau de Berthe Morisot

Juchée sur des petits talons bottiers, Julie laissa glisser son regard et s’abîma dans la contemplation de cette silhouette que pourtant elle connaissait bien. Elle se trouvait belle ! Cette nouvelle toilette, lui seyait à ravir : les plis, le tombé et la délicatesse broderie de dentelle crème, tout était parfait. Dame nature l’avait dotée d’un teint clair et aussi frais que la première rosée du printemps. Julie avait soin de protéger sa peau ; cette fraîcheur serait aussi éphémère qu’un bouquet de violettes sans eau sous les rayons chauds du soleil. Elle avait la grâce d’une déesse quand en faisant quelques pas sur la moquette moelleuse rouge vermillon, sa robe de mousseline dansait autour d’elle. Julie avait relevé ses cheveux souples et ondulés dans un chignon lâche qui jouait avec la lumière révélant ainsi toutes les nuances du blond vénitien.

Quelle magie, lui fit entendre le piano résonner dans la maison : son imagination lui jouaient des tours où les petites Renoir comme elles les appelaient, étaient déjà arrivées et avaient commencé un Nocturne de Chopin pour se dégourdir les doigts avant le petit concert qu’elles offraient pour l’anniversaire de Julie. Ah, la musique de Chopin… Il était assez osé pour des jeunes filles de se lancer dans cette étude…

Il était grand temps de descendre.


Tisseuse - La magie des miroirs

Qui a su plier son âme
Devant le beau miroir
Sans tain ni dévidoir
Comme un art à choir
Se lester de plomb
Au risque de toucher le fond
Où le transformer en or
Tel alchimiste dans son athanor
Endurci comme la lame
Qu’il présente au feu

Qui a plongé dans la psyché
Pour y atteindre le diable
Où la magie qui est sienne
Dans la dualité
Derrière des airs aimables
Se cache un démon dans le noir
Comme la source des déboires
Nichée dans des parcelles d’identité
Avec cette part d’excentricité
A jamais inestimable

Qui a dévoré tout cru
Cette mise à nue
Quand l’ombre et le jour
Sont deux faces en creux
Lorsque l’impulse est si fort
Qu’aux frontières de la mort
Passera dans la nuit
Le denier jour qui s’enfuit
Où l’on peut dire encore
J'atteindrais l'autre bord

lundi 25 septembre 2017

Vegas sur sarthe - La magie des miroirs

Matière à réflexion ou la magie 2.0


Il faut se souvenir que Blanche qu'on appelait Cappuccetto Rosso ou encore la Petite Cape Rouge était partie chercher ingrédient ou deux pour sa marâtre impatiente de confectionner le traditionnel masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.

Ainsi donc chaque matin le miroir de la marâtre - son royal smartfaune - lui donnait des nouvelles fraîches de ses sujets ainsi que des nouvelles fraîches du temps qu'il fait et des recettes de beauté pour rester fraîche jour après jour car il y avait à cette époque plein d'applications pour ça.
“Smartfaune, Ô mon beau smartfaune, toi le plus smart de la faune, dis-moi qui est la plus gironde de mon royaume?” interrogeait tactilement chaque matin la marâtre puisqu'elle avait un doigt pour ça.
Le miroir était trop poli pour être honnête et la marâtre trop imbue d'elle-même, fière et vaniteuse et aussi trop bête et méchante pour réfléchir autant qu'un miroir.
"C'est le miroir qui se mire dans la reine et pas le contraire" se répétait-elle, mais le royal smartfaune ne répondait jamais à sa question et la marâtre fulminait chaque matin depuis que le conte existait.

Le roi Merlin - dit le bricoleur enchanteur et par qui les envies prennent vie - l'avait maintes fois prévenue: “Ô marâtre! Ce smartfaune dernier cri “Made in Empire du Milieu” vous perdra. Vous en deviendrez l'esclave, vous en oublierez le héraut qui sonne, le crieur qui crie, le bonimenteur qui bonimente, la cire qui cachette, le coursier qui course, l'oiseau qui touite au printemps et aussi les...”

“Ô toi dont les envies prennent vie quand pour d'autres c'est si castoche” fulmina la marâtre “tu prédisais déjà ça pour ma quenouille sans fil, mes loups-bouquetin de sept lieues, mon épilateur Excalibur, ma lampe Aladinogène mais aucune de ces catastrophes ne s'est jamais produite”

Lorsqu'il était désenchanté le bricoleur enchanteur se transformait en cerf vidé et c'est ce qu'il fit.
Comme il regagnait ses bois - ce qui est une chose naturelle chez un cerf même vidé - le royal smartfaune commença à émettre une vibrante musique.

“Smartfaune, Ô mon beau smartfaune, quel jingle me joues-tu? Dis-moi tout, car je suis la royale marâtre et je dois tout savoir!” ordonna la marâtre.

“Ô marâtre, je sens que j'ai la puce qui sautoie, la mémoire qui flanchoie et aussi la batterie qui merdoie” répondit le royal smartfaune qui se sentait de moins en moins royal.
“C'est pas cool” répondit la marâtre désabusée et, du doigt qu'elle avait pour ça elle s'empressa de poster un courriel à l'Empire du Milieu avant que son smartfaune ne se pâme.

A mille sept cent lieues de là - soit huit mille kilomètres car la lieue était à 6,47 kilomètres à cette époque - un philosophe de l'Empire du Milieu, affecté au service après-vente déchiffrait entre deux parties de mikado un étrange courriel venu du château de Stauffenburg en Basse Saxe.
Avec toute la philosophie propre aux sujets de l'Empire du Milieu, il estima que cette marâtre se prenait le chou pour peu de choses et se contenta de lui renvoyer un lien wiki vers Freud et Jung accompagné d'un coupon de réduction sur l'achat d'une horloge * comtoise connectée...

A dix lieues de là, Blanche - qu'on appelait toujours Cappuccetto Rosso ou encore la Petite Cape Rouge - croisa un cerf vidé qui ruminait dans sa barbe mais elle se garda bien de le questionner, de peur d'être hors sujet.
Elle se rendait tout droit chez sa grand-mère, sans passer par la case Départ, sans recevoir vingt mille sequins, sans ces foutus miroirs que tout le royaume avait reçu en étrennes... et elle se dit que c'était bien.


* L'horloge comtoise est une horloge qu'on trouve dans les contes

Stouf - La magie des miroirs

Quoioùqui ?

Qui peut donc être cette personne qui me fixe de façon grotesque ?
La question du quoi semble facilement résolvable puisqu'il s'agit certainement d'une psyché, un miroir amovible qui me fut transmis par des ascendants quasi inconnus .
Pour le reste … il se pourrait que je me trouve en un lieu commun et que cette personne en face se prenne pour moi.

Allez, rajoutons quelques phrases puisque le fait de n'avoir rien à dire n'implique pas de s'empêcher de l'écrire.
- Greuu, que vous semblez une belle personne, votre plumage se rapporte à votre ramage et vous êtes le phénix des hôtes de ce blog ! Dis-je.
- Ouais cool, je te kiffe à donf !
- Moi t'aussi, mais sinon ?
- Sinon quoi ?
- Et bien il s'agirait à cet instant d'ajouter quelques mots et puis faire des phrases afin de ne pas trop ennuyer les potentiels lecteurs !
- Ah bon ? Alors je commence … il était une fois … dans la ville de Foix … une vendeuse de foie qui se dit ma foi … c'est la dernière fois que …
- Oh naaan, c'est nul !
- Tout à fait d'accord … on va boire un coup au bistro en bas ?
- Ouasi, même que je vais rajouter une dernière phrase. Tu savais que le mot Bistro est un mot cosaque qui veut dire « vite » et que les cosaques l'employaient en France lorsqu'ils allaient boire un coup alors qu'ils surveillaient la déroute de la « grande armée » napoléonienne après l'affaire de la Bérésina ? Aussi que Vladimir P est un descendant direct d'une femme américaine qui aurait fricotté avec un très vieux ancêtre de Donald T ?
- Bon ben tu m'expliquera tout ça en bas … j'ais soif !
- Sinon, t'as des sous parce que je suis un peu raide ce mois çi .;o))

Andiamo - La magie des miroirs

Anselme Boutefeu se lève après avoir d'un geste sec mit fin au TÛÛÛÛÛT exaspérant de son réveil.
Il s'étire, baille bruyamment, sort du lit à regrets, enfile ses vieilles pantoufles, vieilles mais si confortables !

Après le passage obligé au pipiroom, il traîne les pieds vers la salle de bain, douche et rasage, sa gueule un peu vieillissante dans le miroir, lui fait exécuter une moue dubitative. Il ouvre la porte de la petite armoire, en sort la bombe de mousse à raser, se regarde à nouveau dans le miroir...
Il a un recul, juste là, au dessus de son épaule gauche, un visage de femme, brusquement il se retourne un peu effrayé... Personne, nobody, nada ! Il regarde à nouveau dans le miroir du lavabo, le visage est toujours là, un sourire à la Joconde au coin des lèvres. Instinctivement il saisit une serviette et frotte le miroir, le sourire n'a pas disparu, la femme non plus...
C'est quoi ce "truc" pense t-il ? Il s'approche scrute les traits de ce visage, jeune, des grands yeux bleus, cheveux noirs mi-longs, et ce sourire qui découvre à peine de jolies quenottes...

Je n'ai pourtant pas picolé hier, et puis merde je laisse tomber, je vais aller me faire un jus costaud j'dois pas avoir les gobilles en face des trous.
Un quart d'heure plus tard, retour à la salle de bain, coup d'œil hésitant au miroir, miroir mon beau miroir ! La "Joconde" est toujours là.

La mousse sur ses joues et le cou, le passage du rasoir mécanique, il n'a jamais pu supporter le rasoir électrique, c'est tout de même chiant ce bordel, d'abord t'es qui toi ? Bien évidemment le miroir ne répond pas, et puis on n'est pas dans un conte des frères Grimm !

Il s'approche du miroir, le scrute attentivement, la stupeur passée il se concentre et fouille dans ses souvenirs, je l'ai vu quelque part, une p'tite gueule d'amour pareille ça ne s'oublie pas, instinctivement il passe son index sur le miroir, j'suis con tout de même, et il sourit de son geste.

Je sais ! (comme Gabin) j'ai croisé le regard de cette femme hier, elle est montée dans mon wagon, à la station Place de Clichy sur la ligne 13, elle est descendue à Varenne, 5 ou 6 stations plus loin, nos regards ne se sont pas quittés, j'étais fasciné, quand elle est descendue entraînant avec elle un parfum léger : Vétiver de Guerlain. Cette eau de toilette il la connait bien, son épouse l'affectionnait également. Une ombre triste passe dans ses yeux, sa chère et tendre repose dans un petit cimetière du Lauragais, SON terroirrrrrr comme elle disait, roulant les "R" pour le faire rire.

Une journée ordinaire, employé dans une compagnie d'assurances "La musaraigne" dont le siège est installé dans le très chic VII ème arrondissement, avec la Tout Eiffel en ligne de mire depuis son bureau, il y a pire comme vue.

Le soir retour, arrêt Porte de Saint Ouen, un petit F3 sur le boulevard Bessières, les très anciens HLM de Paris. Il l'aime bien son quartier, très vivant comme il dit, et puis l'hôpital Bichat n'est pas loin, on ne sait jamais.

Après une émission insipide à la télé, du style "la vie des pipeules vue à travers le trou d'une serrure" il est allé se coucher non sans être passé à la salle de bain pour un ultime brossage de dents.

Elle est là, même sourire, même regard intense, ce qui est curieux songe t-il c'est qu'elle n'apparaît que dans ce miroir ! Dans la journée au bureau, il se rend deux ou trois fois aux toilettes, dans le miroir placé au dessus du lavabo "elle" n'apparaît pas, pas plus que dans la psyché de notre chambre, il dit encore notre en songeant à Martine son épouse.
Un sommeil agité, hanté par le visage de la jolie femme, le matin elle est toujours là...
- Mais tu cherches quoi à la fin Proserpine ? C'est décidé il l'appellera Proserpine, t'as d'beaux yeux tu sais ? Lui articule t-il à 2 centimètres du miroir, pourquoi tu ne me réponds pas : "embrassez moi" j'ai une haleine de cow boy peut-être ? Sûr M'Dame, dans le grand ouest on n'a pas beaucoup d'hygiène, ouaip M'Dame, sûr !
Il se marre de ses propres conneries, puis part afin d'attraper la diligence de la ligne treize !

Les jours se suivent et toujours Proserpine dans le miroir, il a bien essayé d'en parler à Robert son pote, il a enveloppé l'histoire : "si un matin tu voyais un visage de femme près du tien dans ton miroir, tu ferais quoi" ?

- J'arrêterais le treize degrés de déménageur !!!
Ce soir là Anselme se brosse les dents avant de se coucher, il en a marre de ce visage qui ne bouge pas, qui le fixe avec il faut bien le dire l'air de se foutre un peu de sa gueule, alors pris d'un accès de rage il frappe le miroir d'un énorme coup de poing, la glace vole en éclat et une tache rouge inonde sa main entaillée.
Un pansement compressif, un quart d'heure plus tard l'hémorragie est endiguée. retour devant le lavabo, la jolie brune a disparue.

- Bon j'en suis quitte pour un nouveau miroir.... Euh tout compte fait je vais attendre un peu.
Le métro Porte de Saint Ouen, un gros pansement à la main droite, juste un peu gênant pour martyriser le clavier de l'ordi.

La rame arrive à la station Place de Clichy, et freine très brutalement, heureusement à cette heure les "usagers" sont serrés comme des sardines, et ne risquent guère de chuter, le freinage est brutal, la rame s'immobilise, pratiquement en bout de quai. Au bout de cinq minutes les portes s'ouvrent enfin, les voyageurs à moitié asphyxiés descendent, des hommes des femmes détournent la tête, certaines et certains manquent s'évanouir.

Anselme se penche à son tour, là entre les bogies, le corps d'une femme, brune, ses cheveux mi longs en corolle autour de sa tête, deux grands yeux bleus ouverts semblent dire : pourquoi ?

Où lire Andiamo

Laura Vanel-Coytte - La magie des miroirs

La peinture en miroir

« Le miroir » de Chagall reflète, comme toute son œuvre, la couleur –ici violette-
De la lumière provenant d’une bougie, le miroir doré est richement décoré
Un tout petit homme pleure sur une table blanche ; la chaise et le rideau sont jaunes.
Seul Chagall et c’est aussi pour cela que je l’aime ose encore un fond vert

Est-ce la « Nana » de Zola que Manet peint en pied devant son miroir à pied ?
Comme l’ « Olympia », Nana nous regarde délaissant son reflet pour nous séduire.
« La lectrice inattentive » de Matisse ne semble pas plus se soucier de son miroir
De son bouquet de fleurs, de nous que de sa lecture : elle est lasse en couleurs pâles.

Jean Metzinger peint un « Nu » cubiste « devant un miroir », le nu est gris sur un fond
De couleurs froides, seule un rouge terne réveille un peu cet intérieur à moquette.

« Madame Poupoule » fait sa « toilette » en se regardant le miroir de Toulouse-
Lautrec qui a tant partagé l’intimité des femmes même la plus prosaïque.

René Magritte se joue de nous avec son surréaliste « faux miroir » : un œil noir
Sur fond de ciel bleu, voilé de nuages blancs : où se positionne le spectateur ?
La plantureuse « Vénus » aux longs cheveux blonds nous tourne le dos
Mais son regard nous défie par l’intermédiaire du miroir que tient un ange.

Où lire Laura Vanel-Coytte

Semaine du 25 septembre au 1er octobre 2017 - La magie des miroirs

Toute la semaine écoulée le temps a suspendu son vol. 
Il laisse à présent la place à : La magie des miroirs.

Quel que soit ce que vous inspirent les miroirs, leur magie, ou leurs reflets, envoyez-nous vos textes, en vers ou en prose à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche soir 1er octobre.

vendredi 22 septembre 2017

Marité - Ô temps ...

Le milan noir.

Je suis un milan. Un milan noir. J'ai mille ans, dix mille ans, cinquante mille ans. Je suis sans âge. J'ai demandé au dieu Temps : ô Temps, suspends ton vol. Et le temps s'est arrêté pour moi, pour que mon vol soit éternel.

En échange de mon immortalité le Temps m'a demandé de veiller sur sa création. Aussi, depuis des millénaires, je plane dans le ciel ardéchois.

J'ai vu les gorges du Chassezac et de l'Ardèche hantées par des animaux fantastiques, des animaux énormes dont le Temps, ce magicien, a sculpté les formes dans les rochers du bois de Païolive.

J'ai vu un jour, il y a longtemps, apparaître de drôles de créatures se déplaçant sur deux pattes comme les nandous. Étrange : qui a placé sur la Terre ces spécimens que l'on appelle des humains ? Je les ai observés au fil des siècles. D'abord, ils vivaient simplement, chassant et pêchant pour se nourrir. Puis, ils sont devenus civilisés. Ils ont découvert le feu, ont inventé un langage pour communiquer, ont fabriqué des outils et ont même dessiné dans la grotte du Pont d'Arc.

J'ai vu, chose étonnante, ces créatures se rassembler le soir venu dans la forêt de Païolive. Jour après jour, ils honoraient les animaux de pierre en leur apportant des fruits, ou, selon l'espèce des quartiers de viande séchée. Un thuriféraire portant un vase fumant et odorant suivait le chef qui présidait à la cérémonie.

J'ai même vu ces humains hystériques sacrifier l'un des leurs, de préférence un tout petit enfant que le chef égorgeait. Le thuriféraire emplissait alors son vase de sang pour ensuite le verser sur la divinité.

Aujourd'hui, en me posant parfois sur le Pont d'Arc, je vois ces mêmes humains se promener sur la rivière. Ils aiment aussi flâner dans le bois de Païolive. Ils s'arrêtent devant l'ours et le lion croyant fermement que ceux-ci s'affrontent. Je sais, moi, le milan noir qu'il n'en est rien. Depuis longtemps ces deux-là ont signé un pacte de paix scellé par un baiser.

Aujourd'hui, je vois ces humains un peu fous cherchant à remonter le temps en explorant les grottes, en fouillant les vieux monuments. J'en ai même vu prendre, dans les salles d'un fort en restauration un urinoir pour une cache à trésor !

Que verrai-je demain ? Je suis inquiet. J'ai bien peur qu'à cause des hommes le temps n'existe bientôt plus, suspendant mon vol à jamais.

jeudi 21 septembre 2017

Lilousoleil - ô temps...,

Ô temps, suspends ton vol !

Autant suspends ton vol ! voilà ce que se répétait un renard sans savoir l’orthographier d’ailleurs peu importe il ne sait pas écrire mais il sait bien parler. Il est décidé aujourd’hui à piquer enfin ce calendos au corbeau qui croisse depuis des heures. Il arme son discours :
- Et toi le corbeau Sais-tu que tu chantes comme le rossignol des bois !
- Sais-tu que tu es le plus rapide, et que tu vole aussi vite de le nandou court
- Sais-tu que, ton haleine est aussi fraiche que l’encens des Indes…
- Sais-tu que tu n’as pas besoin de faire venir le thuriféraire pour te bénir tu es déjà un phénix.

Le corbeau reste coa coa coi, ne bouge pas une aile ; sa prise est ferme, assurée. Pas aussi bête que celui de la fable ! d’ailleurs lui ne tient rien dans son bec !
Ô temps suspends ton vol
La flatterie ne fait plus recette, le goupil change de stratégie.
- Sais-tu que le fromage que tu tiens si serré est bourré OGM et que tu risques de perdre tes plumes…
- Sais-tu que le lait de vache est mauvais pour tes articulations ? Sans mentir, c’est dans la revue Sciences et vie des animaux que je l’ai lu. Tes pattes vont devenir toutes molles et tes ergots vont tomber… adieu les balades, les concours de vitesse… Ton bec va se calcifier et alors adieu la chanson !

Ce ballot de corbeau lève une patte et puis l’autre puis pris par une danse de saint Guy, claque du bec, devient hystérique et lâche sa précieuse proie ; des larmes de crocodiles viennent à remplir l’urinoir du champ…

En bas le renard susurre :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »


Et moi déguster enfin mon calendos !

Célestine - Ô temps...

Ô temps, suspends ton vol au dessus de ma couche
Et reste encore un peu, mon doux légionnaire
Tu ris ? Fait rare ! Allons, es-tu thuriféraire,
A m’encenser ainsi des baisers de ta bouche ?

Ne prétexte donc point un besoin d’urinoir
Pour quitter prestement mes bras qui t’ensorcellent
Et ne cours pas céans te jeter sur icelle
Qui saurait, soi-disant, préparer du riz noir

Quand tu pars, tu sais bien, je deviens hystérique
Comment crois-tu que je t’aime ? Cruel ? Nan, doux !
Je me mets à vagir des sanglots de nandou
Si je ne suis plus prem’s dessus ta liste, Eric.


mercredi 20 septembre 2017

Vegas sur sarthe - Ô temps ...

Mea culpa

Enfant de choeur, je multipliais les expériences pour parfaire mon éducation religieuse et gagner mon paradis dans l'atmosphère ennuyeuse des grand-messes de dix heures. Mon plus grand exploit fut – à la faveur d'un aller-retour à l'urinoir de la sacristie – de remplacer l'encens que gardait jalousement un thuriféraire hystérique par de la graisse de nandou , persuadé qu'un tel antiinflammatoire pouvait tout aussi bien soigner les âmes.
Le curé en prit sans doute la toute première bouffée en plein nez pour s'écrier :
"Ô temps, suspends ton vol !", abrégeant du coup la fastidieuse lecture de l'Evangile...


Où lire Vegas sur sarthe

mardi 19 septembre 2017

Joe Krapov - Ô temps ...

VOLEUR DE FEU !

Ô Temps, suspends ton vol
Et cesse tes larcins !

Rends sa jambe à Rimbaud,
Son épouse à Verlaine,
Son ouïe à Smetana,
Elise à Beethoven
Et ses lettres au facteur à cheval !

Ô Temps, suspends ton vol !

Il est aussi gracieux que celui du nandou :
Comme un avion sans ailes,
Au ras des pâquerettes,
L’oiseau ne vole pas
Mais court en zigzaguant
Dans l’herbe des pampas.

Ô Temps, suspends ton vol
Et prends un peu du champ !

Fais de ce Marcel-là un champion des échecs !

Détourne-le de mettre à nu
La mariée qu’il trouve trop belle
Par des célibaterrifiants
Et son urinoir au musée !

Trop de thuriféraires de l’art contemporain,
Trop d’hystériques du concept
L’ont suivi et polluent, tristes, nos paysages.

Ô Temps, suspends ton vol
Pose-toi au tarmac !

Dessine des moutons aux princes de papier !

Laisse l’avenir en biplan !

Restitue ce que nous avions
Et aimions.

Laisse-nous vivre entre parents
Le reste de nos empennâges !
Fais-nous renaître Pompéi
Et recolle des bras aux Vénus de Milo !

Rends-nous Pierre Desproges et Coluche,
John Lennon et Léon Zitrone !

O Tôle, suspends ton vent
Et emmène Lamartine à la plage !



Mapie - Ô temps...

O temps suspends ton vol !
et cesse d’agiter à ma face l’inéluctable fin .

Mon corps se voute, mes yeux se creusent,
le galbe de mes jambes fait place aux mollets sec.;
ma peau se nacre et mes cheveux grisonnent
manquerait plus que mon cou s’allonge pour devenir nandou

Allez , suspends ton vol…
ne m’impose pas les nuits hachées par les besoins impérieux
Evite moi la galère, la course à l’urinoir

hé temps, tu le suspends, oui ?
J’s’rai ton thuriféraire, si tu suspends ton vol
j’ t’ encenserai pour des lustres auprès de mon réseau

Ils seront hystériques en voyant mes photos sur instagram, youtube et vidéos…

Allez
Suspends ton vol… temps…
J’n’y peux rien, c’est comme ça..
La vieillesse ne m’tente pas !

Tiniak - Ô temps...

Ô temps, suspens ton vol... Piètre thuriféraire !
Goûte mieux ces parfums qui ne m'ont pas trahi
que ceux que tu répands, mais ne m'ont rien appris
de ce que mon cœur saigne au nom d'un autre, pair
si j'en crois cet écrit

Va-t-en, reprends ton viol, hystérique et plus noir
que la violence faite aux enfants, malgré eux
qui cherchaient un élan à embrassser les cieux
et pleurent leur sentence au fond d'un urinoir
l’œil vert, la lèvre bleue

Car, tant s'étend le sol qu'il faut payer d'un coup
à fréquenter l'école et ses hypocrisies
(où se rengorge un "merde !" et s'oblige un "merci")
que foule un pas ignoble et si laid qu'un nandou
Je le sais ! Sûr ma vie !

Oh temps ! Suspens ta fiole... et vois dans mon regard
qu'y logent des parfums plus purs et merveilleux
que tous les sacro saints serments formés z'aux cieux
qu'il aura bientôt bu le fabuleuxeux nectar
d'un soupir amoureux

Où se donner l'amor...

lundi 18 septembre 2017

Gibulène - Ô temps...

Une étrange journée s'annonçait !
Angel, jeune thuriféraire
Après une heure de prières
De l'œil un urinoir cherchait...
Force lui fut de constater
Qu'à l'extérieur il lui faudrait
S'aventurer pour le trouver.
Il s'éloigna donc, tracassé...

A peine franchit-il le portail
Qu'il est entouré de bétail !
Un cirque a élu domicile
A proximité de la ville.
Il voir tour à tour défiler
un kangourou, un chien sans tique
et même un nandou hystérique !

Un singe vient le saluer
Un clown lui prête son faux nez !!!
une colombe et une chouette
Se posent à leur tour sur sa tête...
Il en oublie son but ultime
Devant tant de choses sublimes !

« Ô temps, suspends ton vol », se dit
L'enfant encore abasourdi !!!
Mais, qui vient donc le secouer ???
Maman ? Alors, rien n'était vrai ?
Un rêve extraordinaire
Pour le petit thuriféraire !!!

Andiamo - Ô temps ...

Impromptus

Ô temps suspend ton vol… on devrait plutôt dire OTAN suspend son vol au missile de l’autre taré de Pyongyang !

Mais bon là n’est pas le sujet. Mais qui s’est masturbé le cerveau afin de nous dégauchir un mot pareil : THURIFERAIRE ? Pas facile à placer même au cours d’un dîner d’obsèques, fussent celles du Tonton Macaire, de son épouse Clotaire, et le porteur d’encens (merci wikipédia) ce débile de thuriféraire qui s’étala comme un sac de pommes de terre au beau milieu du cimetière, en portant le vase fumant, qui incommodait fort la Tata poitrinaire !

L’autre hystérique répondant au doux prénom de Childéric, voyant l’urne porteuse d’encens étalée dans l’allée du petit cimetière, pris d’un besoin urgent saisit le vase (pas du tout canope) et s’en servit d’urinoir devant les yeux effarés de la cousine Annick (ta mère) qui lui hurla dans les oreilles : « mais cesse de pisser comme un nandou » !

Sans se départir, ni cesser son épanchement salvateur, le cousin Childéric rectifia : « on dit comme un mérinos » chère cousine… Un mérinos.

Si tu fais allusion à ton matelas cher cousin, saches que je ne suis pas pressée de m’y allonger, au vu de ce que j’aperçois en baissant les yeux !

Où lire Andiamo

Laura Vanel-Coytte - Ô temps ...

« O Temps, suspends ton vol » clamait Lamartine sur ce lac que j’ai admiré il y a peu :
Face à lui, on ne peut que souhaiter arrêter le cours des heures qui inexorablement éloignent.
J’ai alors récité dans ma tête les vers étudiés dans une salle de classe au bord du Rhône.
Les paysages-poésies et les poésis/mimesis du réel qui se mêle à ses représentations.

« Voici venir le temps où vibrant sur sa tige, chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir [1] »
Ces vers, bons souvenirs du bac de français me fait revoir et res-sentir le thuriféraire des Grandes messes où la pompe, l’odeur d’encens, les chants, le latin des prières
Me rendaient hystériques, extatiques, un « état proche de l’Ohio » que donne l’orgasme [2]

En sortant de la cathédrale de mon enfance, je vois s’approcher un nandou que « ses ailes
De géant, empêchent de marcher » ou bien l’hystérie me fait confondre avec « L’albatros »
De Baudelaire ? Ne craignant pas le blasphème artistique, un homme utilise l’urinoir
De Duchamp juste en face de la sortie des prélats, des enfants de choeur et des sœurs de mon lycée

[1] - « Harmonie du soir » de Baudelaire
        (Isabelle Adjani : Ohio)

Semaine du 18 au 24 septembre 2017 - Ô temps...

Ô temps...

Cette semaine il va encore y avoir du sport puisqu'il vous faudra jongler dans l'ordre qui vous plaira avec les 4 mots suivants : hystérique , thuriféraire, nandou, urinoir.

Ainsi qu'avec la phrase suivante: "Ô temps, suspends ton vol !" , pourvu que votre texte en prose ou en vers nous parvienne avant dimanche 24 septembre minuit à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com.

jeudi 14 septembre 2017

Joe Krapov - Sportez-vous bien

LA BELOTE BASQUE

Déjà qu’il faudrait manger cinq fruits et légumes par jour – et pourquoi pas des pruneaux à jeun ? – maintenant, en plus, les médecins et la pub nous disent que pratiquer un exercice physique régulièrement est bon pour la santé !

Je suis désolé, mais je ne suis pas concerné. J’en pratique deux régulièrement dont un assez inattendu. Pourtant, à l’instar du jeu d’échecs qui est l’autre, la belote basque est un sport et c’est aussi bon pour le corps que le lancer de javelots, de poids, de marteaux, de faucilles ou de nains de jardin.

On attend juste que la discipline soit reconnue par le Comité International Olympique. Ce n’est pas vraiment gagné mais, comme disait Pierre de Coubertin, l’essentiel est de participer.

Déjà, comme le football américain et la boxe thaïlandaise, la belote basque nécessite une tenue et un matériel spécifiques : tous les joueurs doivent porter un polo Brassens blanc et un béret rouge. Après, les règles de la belote basque sont très simples.

La partie se déroule en autant de manches qu’il y a de joueurs mais en général on y joue à quatre. Quatre manches donc, comme pour un pyjama de bébé. Tout comme au bridge, chacun tient à tour de rôle celui du mort. Sauf que dans la belote basque le mort, on le bâillonne avec une tranche de jambon. Il lui est interdit de mordiller dedans pendant que les trois autres jouent. Bien entendu, par mesure d’hygiène, chaque joueur s’en paie une tranche avant de commencer.

On distribue à chacun des joueurs un jeu complet de 54 cartes dans lequel les figures ont été renommées. Les rois s’appellent Jean de Nivelle, Léon de Bayonne, Irun El Poussah et Jean-Jean Pieds-de-porc. Les dames se nomment Euskara Létoar, Pomme d’Adour, Dolorès Ibarruri et Louise Mariano. Les valets s’appellent Guy Puscua, Omar Biscaye, Basnavar et Kalabourd.

A tour de rôle chaque joueur lance son jeu en l’air, le projetant contre le mur du fond de la pièce à l’aide d’un ustensile en osier dénommé chistera. On doit au chanteur-philosophe basque Miguel-Felix Onfrayo-Gavdepo une sympathique bluette autour de cet objet dont les paroles sont :

« Chistera sera
Demain n’est jamais bien loin,
Laissons l’avenir venir
Qui vivra verra. »


On compte ensuite les points réalisés par le lanceur.

C’est le mort qui est chargé de compter les points. Il ôte sa tranche de jambon, l’avale puis empile les cartes du joueur en déclarant « Les tas, c’est moi ».

Les cartes qui sont retombées face contre terre ne rapportent aucun point.
L’as vaut un point, le deux en vaut deux etc. Le valet vaut onze, la dame douze et le roi treize.
Si un joueur a retourné les deux jokers, il gagne vingt points supplémentaires à condition d’avaler un verre de liqueur Izarra cul-sec.
S’il n’a retourné aucun joker on lui enlève vingt points sauf s’il accepte d’avaler un bol de ttoro, la soupe de poisson traditionnelle du pays basque. Mais pas cul-sec, heureusement.

Une dernière règle : si toutes les cartes d’un joueur sont retombées côté face vers le ciel, il s’empare du roi de carreau, Jean de Nivelle, et s’il réussit à émettre un pet sonore en tenant la carte il marque cinquante points supplémentaires. Cela s’appelle faire un cinquante ou un Saint-Pet-sur-Nivelle.

Essayez donc, à vos moments perdus, quand il n’y a rien de bien à la télé, c’est-à-dire tout le temps, de jouer à la belote basque ! Moi j’y joue souvent avec Jojo Guéthary, Paulette Bidart et Manu Larceveau. Les parties ne manquent jamais de piment avec celui-là ! Manu c’est l’ex à Paulette mais ils sont restés en très bon termes, exactement comme le point final de ce texte avec ce qui l’a précédé.

Où lire Joe Krapov

mercredi 13 septembre 2017

Stouf - Sportez-vous bien

Vive la SPA, mais pas Brigitte Bardot.

Aujourd'hui est un grand jour à Rambouillet. Pourtant pas un autre humain que moi ne le sait, rien ne sera retransmis à la téloche ni dans aucune radio, les satellites des « grandes » nations resteront muets à ce propos et pourtant tous les habitants de la forêt seront là. Aussi, je vous demande de vous taire.

Femelles, mâles et enfants de toutes races seront là, les moustiques par milliards, les poissons de l'océan (un peu moins nombreux depuis la surpêche) et les oiseaux (tous descendants des Dinosaures, s'te plaît) seront les messagers du résultat à travers le monde. C'est un résultat et un commentaire de la course que même mon ami Timba, fier lion de Tanzanie et Coulacoco, une potesse femelle éléphas maximus des Indes ou toutes les tribus de Ouistitis Pygmées, et même les rats des égouts de Paris et des villes du monde entier ou bien les méchants Urubus du Certao… que tous les zanimots de la terre attendent. Sauf les vers de terre qui n'en on pas entendu parler parce qu'ils n'ont pas d'oreilles ni de zieux et vivent sous la terre.

MEA CULPA en fait… j'avoue ici devant vous les numains … en vérité j'ai un plan, c'est que de la triche !

Voilà, le trip c'est une course à pied, un semi-marathon de 21,097 kilomètres, mais à travers la forêt de Rambouillet contre mes potes les challengers de toujours Jojo le Kangourou à poils gris et Nono le mouton à poils laineux. Moi-même, je serai à poil !
Celle dont il faut que vous taisiez le nom si vous ne désirez pas encourir mon terrible courroux… c'est Nina, ma nouvelle fille Bonobo qui doit m'aider dans la supercherie.

Dites donc les Bricabroc Lilouseuloeil et Mariethé… vous arrêtez de papoter dans le fond de la salle ?;o)) Bon voilà… l'affaire c'est que je me laisse larguer à la moitié de la course et que… bon, Tisseuse s't'e plaît, chuuut !

Alors à ce moment-là où c'est que je suis largué y a Nina qui me prend par le colebac, me fait voyager par dessus la canopée et j'arrive en premier et tralali tralalère c'est moi que je gagne parce que les zanimaux c'est tous des neuneus (sauf ma fille Nina), na !; o))

Eh… sur la vie de ma mère qu'un jour avec les gosses nous nous promenions dans la forêt de Rambouillet et nous sommes tombés nez à museaux avec une petite bande de Wallabies. La môme Lili s'est approchée pour discuter le bout de gras avec les mignons bestiaux, mais ils n'ont pas voulu et se sont sauvés comme des malpropres sauvages. Il a fallu à ma femme et moi lui promettre durant au moins cinq minutes que nous allions lui en acheter tout à l'heure un en peluche avec qui elle pourrait parler tant qu'elle voudrait, sauf la nuit dans son lit parce que les Wallabies, il faut qu'ils dorment aussi.

Ouaiiis supeeer ! s'est-elle écriée, et puis, comme plus tard elle était bonne à l'école, elle a fait médecine et s'est dirigée vers l'école vétérinaire d'Alfortville où elle est devenue médecin pour animaux en tous genres. Pourvu qu'elle n'ait pas de problèmes !

La v'là partie en Chine au sein d'une ONG qui récupère des ours dans les Bear farms, une horreur qui alimente le monde entier en bile de ses pauvres zanimaux qui souffrent toute leur vie afin de procurer du bien-être aux humains, selon la médecine chinoise ancestrale.



mardi 12 septembre 2017

Marité - Sportez-vous bien

Rencontre sportive.

Plus qu'une semaine et ce sera le départ de la Brive-Rocamadour. Serge compte les jours et se prépare à cette compétition qu'il affronte à vélo pour la troisième année consécutive. La première fois, il a participé "en touriste". Juste pour voir. L'an passé, avec un peu d'entraînement, il a bien appréhendé le raid et même s'il n'a pas accompli totalement le parcours, il a noté avec satisfaction qu'il pouvait faire un bon score.

Aussi, cette année, il s'applique à mettre toutes les chances de son côté. Il a effectué le trajet de l'an dernier plusieurs fois. Pratique quand on habite sur place. Il a enregistré mentalement toutes les difficultés. Il connaît bien la région et même si le circuit change, les pièges ne peuvent pas varier beaucoup pense-t-il, optimiste.

Serge s'est imposé des règles strictes pour conditionner son corps pendant les jours avant course.

Ce n'est pas le cas de Luc, son collègue récemment retraité qui s'acharne à l'entraînement à longueur de journée. Quand il passe au bureau chaque fin d'après midi pour lui donner des nouvelles de ses exploits du jour, Serge l'observe d'un air goguenard. Écarlate sous son casque aérodynamique - qu'il n'a pas le temps d'enlever - le mollet agressif et la démarche claudicante, il entre au guichet de la banque, fonce littéralement sur Serge. Nullement gêné par les regards en coin des clients, il explose en se frottant les mains : "j'ai encore gagné dix minutes sur le temps d'hier." Puis il s'éloigne dans sa tenue collante et bigarrée tout content de lui.

"Bientôt, il ne pourra plus décoller les fesses de la selle de sa bécane" ironise Serge qui a une tout autre stratégie pour se mettre en condition.

Pas d'écart sur l'alimentation surtout. Pâtes, riz et poisson sont très souvent au menu cette semaine avec de l'eau, beaucoup d'eau pour éviter les crampes. C'est sérieux là. Il faut aussi de bonnes nuits de sommeil. Donc coucher à neuf heures tous les soirs sans faute. De la discipline.

Et son bijou : son Rocky Mountain. Comme il le bichonne et l'examine sous toutes les coutures !
Tout doit être parfait : la hauteur de selle, la longueur de la potence, la largeur du cintre...Tout !

Michel, quant-à lui, a été l'un des premiers organisateurs de la Brive-Roca. Il a cédé, cette année, sa place aux plus jeunes pour ce qui est de l'organisation. Mais pour tout l'or du monde il ne manquerait la fête. Il se propose d'accomplir tranquillement les 20 kms de marche prévus pour les randonneurs. Il se réjouit de pouvoir enfin profiter de la boucle qui emprunte les sentiers des moulins et traverse de beaux villages lotois. Il sait qu'il ne sera pas seul sur le chemin mais tant pis. Il laissera passer les compétiteurs. Lui se promet bien de se la jouer buissonnière. Il a arpenté tous les itinéraires au pas de course pour les reconnaître. Fini maintenant. Si la journée n'y suffit pas, il rentrera à la nuit tombée mais il en profitera au maximum. "Une autre forme de sport se dit-il, plus appropriée à mon âge. "

Voici le grand jour, place de la Guierle. 8 heures ce dimanche matin d'avril. Serge et Luc trépignent d'impatience derrière les barrières. Il règne une excitation palpable. Tout le monde se hèle, s'apostrophe dans cette foule colorée et joyeuse en attendant le départ.

Michel, quant-à lui, s'est rendu à Rocamadour d'où partent les randonnées. Il a mis dans son sac à dos de l'eau, des chaussettes de rechange et un k-way sans oublier son appareil photo. Il a téléphoné hier à ses copains Serge et Luc pour leur souhaiter bonne chance.

La matinée se passe bien pour tout le monde. Pendant que Serge et Luc foncent, la tête dans le guidon, Michel flâne sur les sentiers en admirant la nature.

En début d'après midi cependant Michel n'y résiste pas. Il va se poster un peu à l'écart de son chemin, à un point stratégique d'où il sait pouvoir regarder les cyclistes qui empruntent cet itinéraire. Il arrive juste à temps pour admirer les prouesses de Serge suivi de près par Luc. Serge, très concentré, s'applique à éviter les obstacles. Mais Luc, apercevant Michel, lève le bras pour le saluer, trébuche et cul par dessus tête - euh, vélo par dessus tête - dévale la pente pour attérir sur Serge qui, à son tour, bascule et plonge en contre-bas. Embouteillage. Vociférations.

Michel se précipite pour aider ses copains qui se traitent de tous les noms d'oiseau. Luc semble n'avoir que des égratignures mais il est un peu sonné. Serge est plus durement touché et se plaint : mal à une épaule et il ne peut pas marcher.

Les secours arrivent. Il faut transporter Serge à l'hôpital et tant qu'on y est on y emmène aussi Luc pour des examens.

Michel ne termine pas sa randonnée. Il n'a qu'une hâte : revenir à la maison. Avant de rentrer, il passera prendre des nouvelles de ses amis. Tout à ses pensées, il ne voit pas le tracteur qui débouche d'une petite route. Coup de frein trop tardif; il ne peut éviter l'engin et tape dans une de ses grosses roues.

Quand il arrive un peu plus tard aux urgences sur un brancard, Luc et Serge le regardent, médusés.
Belle rencontre...très sportive !

Les trois lurons se sportent bien maintenant. L'an prochain, sans faute, ils s'inscriront à la Brive-Rocamadour pour le meilleur en laissant le pire derrière eux.

Laura Vanel-Coytte - Sportez-vous bien

J’ai raccroché mon vélo

Après le tricycle aux petites roues avec sa remorque
Après avoir envoyé ma sœur en vélo dans le mur, la pauvre
Un réflexe de rire alors qu’elle était en larmes, excuse-moi encore
Après avoir pris le vélo de ma mère pour faire le mur, la coquine
Après des allers sans retours en pleine nuit entre chienne et louve
Après des retours au petit matin entre ivresse et tristesse
Après des départs au petit matin pour aller pointer à l’usine
Après une halte à la boulangerie pour recharger la demoiselle
Après être passée par-dessus le guidon dans une chute mémorable
Après m’être souvent fait mal sans poser pied à terre
Après avoir pédalé sous les pluies et brouillards de Champagne
Après avoir partagé avec mon vélo la morsure de la neige
Après avoir monté les faux plats du Nord de la France
Après les pavés, les chemins de terre, les avenues et les ornières
Après avoir suivi attentivement tant de Tours de France
Après avoir maîtrisé sur le bout des doigts le calendrier cycliste
Après avoir applaudi le départ, le parcours, l’arrivée et les podiums des courses
Après avoir crié le nom des coureurs, les avoir encouragés, connaissant leur souffrance
Après avoir lu beaucoup de livres, fait la revue de presse des magazines

Sur le cyclisme, après avoir vu des films, consacré au vélo des poèmes
Après avoir tenté quelques côtes en Ariège, Drôme et surtout ici à St Etienne
J’ai raccroché mon vélo, le vrai en ayant toujours de le reprendre
Mais renoncer car je n’ai pas le gabarit d’une grimpeuse
Aller plus haut, plus loin, plus vite me paraît impossible sauf en salle
Je suis une coureuse de plats, une coureuse du plat pays, une cycliste
Longtemps par besoin de déplacement, toujours marcheuse et utilisatrice
Urbaine de transports en commun, plus de pédale mais toujours
Les jambes en action pour se déplacer et voir mieux le monde.

J’ai raccroché mon vélo mais je défendrais encore toujours les cyclistes,
Ces forçats de la route ; malgré le dopage et les scandales, je les admire
J’ai raccroché mon vélo comme j’ai écrasé ma dernière cigarette
Mais je resterais toujours et encore une amoureuse du vélo surtout en ville
Dans le respect des piétons et le respect des automobilistes pour les cyclistes

J’ai raccroché mon vélo non sans regret ni espoir de le reprendre
Si Dieu ou la petite Reine m’en donne une nouvelle force pour les sept collines
De Saint-Etienne, celle d’Istanbul, de Rome, les canaux des Flandres.


Mapie - Sportez-vous bien


Chaque matin, après un petit déjeuner conséquent, car la base d’une bonne activité physique demeure dans la qualité de la nourriture ingérée, et la régularité de la pratique de la dite activité…

Il enfile sa paire de tong , se dirige vers le bord de la piscine, consulte ses dix mails, enchaine deux trois respirations bruyantes, s’immerge dans l’eau tiède, s’active à quatre brasses pour la traversée en largeur du bassin puis s’adosse au muret et se laisse masser, satisfait, par les buses de filtration.

Voilà on y est… Tout y est !
L’important c’est la régularité!

Il sort du bassin une bonne quinzaine de minutes passées, l’eau se marre, non… l’eau rigole sur son torse musc.., sur son torse.
Il enfile ses tongs, jette un oeil autour de lui, et aborde sa journée avec le sentiment du devoir envers lui-même accompli.

Dans le bassin, « les besogneux », enchainent des longueurs crawlées à n’en plus finir.
Il sait qu’il leur faudra une bonne heure d’entrainement intensif avant de ressortir de l’eau, le torse sculpté et le souffle court.

Alors, il s’installe à la terrasse , commande un cocktail multi-fruits et profite de tout ce temps gagné.


Où lire Mapie

lundi 11 septembre 2017

Tiniak - Sportez-vous bien

HEY, SPORTS!

C'est fini !
C'en est bien fini...
Je ne serai plus ta souris
Oh ! Saloperie de Toujours
Préserve-moi de cet amour
qui m'aura fait - oh, tant de pompes...
ça ! chaque fois, quand je me trompe

C'est cramé...
C'est tout défoncé !
Tu sais, l'aventure en retour
mise au panier, là, dans la cour
où t'aurais pu faire une passe
plutôt vers moi, pas dégueulasse

C'est foutu !
Il n'en reste plus
de nos magiciennes outrances
de nos carnavalesques danses
qui m'auraient dit - oh, quel bonheur
ces acrobaties, à pas d'heure

C'est déguen...
N'est-ce pas, mon Chien ?
Tu raboyais, hier au soir
quand je livrais à l'urinoir
ces gouttes chargées de défonce
dans une fiole en pierre ponce

Restons sport...
Quel est le décor ?
Voui ! La partie à jouer seul
jusqu'à embraser son linceul
avec les putains d'allumettes
qui n'ont rien matché dans nos têtes

Où tâter le terrain...?
Sur la fin ?
Sur les vieux os
qui nous ont donné mal au dos ?
Ou sur les scores
qui voulaient repousser la mort
et se réjouir
de partage à n'en plus finir ?


Lilousoleil - Sportez-vous bien !

Recette pour fabriquer un sportif

Prenez un maillot, manches longues pour l’hiver et manches courtes pour l’été ou éventuellement un marcel, (fabriqués par des petites mains pakistanaises) et un short ou un bermuda de bonne qualité ou même des survêtements moulants.

Vous ajouterez des couleurs selon votre choix mais le bleu , le blanc et le rouge sont recommandées dans les proportions qui vous conviendront le mieux ; vous éviterez une quatrième couleur qui pourrait faire quatre tiers comme chez Pagnol où c’est la grandeur des tiers qui est importante.
Vous aurez le choix des chaussettes, de la paire de baskets et de la casquette.

Il faudra laisser macérer le tout ; Mais c’est là que résident la difficulté et toute la délicatesse que l’on doit apporter à cette recette.

Pour faire un sportif approximatif il faut environ un jour à un mois et votre sportif sera prêt pour quelques exercices qui risquent très vite de le lasser.

Pour faire un sportif moyen une macération régulière est recommandée sous peine de prendre du poids et de perdre tous les bienfaits

Pour faire un bon sportif, la macération est plus longue, un an environ, et par la suite le rythme étant pris il suffira de rajouter un petit écusson sur le maillot pour entretenir la forme.

Pour faire un sportif de haut niveau il faut des entraînements longs, réguliers fréquents et bien payés. Il faut ajouter une grosse pincée de courage, une cuillère de poudre de perlinpinpin et une dose de vitamine aussi diverses que variées ainsi qu’un stage en Belgique où des réunions ont lieu autour d’un pot sans tourner autour.

Mais cela ne suffit pas s’il n’y a pas d’espèces sonnantes et trébuchantes. L’aspirant sportif de haut niveau devient alors une marchandise que l’on s’offre à coup de millions, contrat publicitaire en contrepartie et séance de dédicaces, une photo pas un roman non plus, pour le public aimé contre quelque menue monnaie, simple argent de poche.

Et enfin, il n’y a pas de sportifs sans les supporters. Pour faire un supporter de base pas d’imprégnation préalable mais il faudra prévoir un bon canapé solide pour recevoir les fesses des futurs occupants qui danseront à chaque moment important… Quelques « grignoteries » sont également à mettre à portée de main.

Pour faire un supporter de très grande qualité certains accessoires seront indispensables une corne dernier cri genre vuvuzéla, une perruque frisée et colorée, une écharpe (attention le vert n’est plus à la mode), une palette de maquillage et des pastilles pour la gorge.

Allez le Petits…

Andiamo - Sportez-vous bien


NO SPORT !

Comme le disait Sir Winston lorsqu'on lui demandait le secret de sa longévité, il répondait : "NO SPORT" !
Voilà tout le secret est là ! Croyez vous que Monsieur Néanderthal courait après les aurochs ou les chevaux de Przewalski pour son plaisir ? Non bien sûr, alors NO SPORT !

Naoh aurait eu le choix, il aurait préféré décongeler une pizza, et lire la page des sports pour oxygéner ses éponges.
De Lavillenie saute plus de 6 mètres avec une perche de 5 mètres, j'en connais qui ont sauté des jolies fiancées de 1 mètre 80 voire plus, avec des perches beaucoup plus petites ! Alors NO SPORT !

Avec Andiamette lorsque nous nous rendons chez notre fillotte, nous remontons la Seine jusqu'au Pont de Sèvres, et là le Dimanche matin sous nos yeux horrifiés, des vieux, des jeunes qui courent... Mais oui ils courent, avec mon déambulateur je pourrais rattraper certains et certaines, ils se traînent littéralement ! Alors ils trottinent, dans les vapeurs de pétrole, Arabie Saoudite 2016 un bon crû certes, mais tout de même ! alors NO SPORT !

J'ai pratiqué le ski, le parachute ascenscionnel résultat tibia péronné cassés... Alors NO SPORT !

Pas guéri j'ai continué, inconscient j'étais jeune, j'ai nagé ausssi, chaque semaine un 1000 ou 1500 mètres en crawl, résultat je sentais le chlore... Alors NO SPORT !

Mais je suis indécrottable, ce matin j'ai battu Bébert et Mimile d'une courte pantoufle, lors de notre course hebdomadaire en déambulateur, les sœurs ne veulent pas, ne leur dites rien s'il vous plaît, elles me priveraient de gâteau de riz Dimanche prochain !
Où lire Andiamo

Chri - Sportez-vous bien !

À cause de Lou.

D’abord, il n’a pas entendu. Puis, il a refusé d'y croire. C'était trop violent. Comme un coup de masse en pleine figure. Il a donc essayé d'en apprendre davantage. En vrai il voulait que ce soit une erreur, une tragique et banale erreur. Il a tenté d'autres analyses. Toutes, malheureusement, donné le même foutu résultat. Lou avait frappé, Lou allait continuer. Ce qu’il redoutait le plus au monde, à part manger de la cervelle d'agneau allait arriver. Ce n’était pas pour demain, mais ça viendrait. Forcément. Et assez vite, lui avait-on dit. Beaucoup trop vite, en fait. Il n’avait pas voulu savoir ni comment ni pourquoi son corps s’était abandonné ainsi, d’un coup, à Lou. Il n’avait pas voulu en apprendre davantage, ce qu’on lui avait dit lui avait suffi. Le tableau qu'on avait dressé, sans ménagement, il l'avait demandé, était terrifiant... Et ce mot si terrible: inéluctable.

Il allait tout perdre et surtout, il n’allait plus pouvoir voler. C’était ça, au fond le plus difficile à admettre. Il pilotait depuis l’âge de quinze ans. Il était allé une fois au Pyla sur le haut de la dune et ils les avait vus… Ils décollaient sur quelques mètres et longeaient le sable à presque le toucher du pied mais ils étaient au-dessus. Ils faisaient des allers et retours le long de la pente. C’est ce jour précis qu’il avait décollé, il n’avait plus jamais atterri. Quelques jours après il s’inscrivait à un stage et huit plus tard, il faisait son premier vol en solo. Tout le monde s’accordait à dire qu’il avait toutes les qualités pour être un beau pilote. Il n’avait pas froid aux yeux mais était prudent, il savait lire le relief et les courants, il les sentait, il pouvait se concentrer quand la situation l’exigeait, il était tranquille et rigoureux. En quelques années de pratique assidue, il volait pas tous les temps volables, il avait promené sa voile dans tous les endroits réputés, il maitrisait et sa peur et ses connaissances et calculait ses risques de manière à n’être jamais en grand danger. Il s’était très peu blessé, une cheville et un poignet et encore il n’y était pour pas grand chose et personne n’aurait pu éviter ces deux blessures. Il s’en sortait brillamment. Il avait déménagé pour venir habiter tout près du plus grand site de décollage d’Europe et il passait le plus clair de son temps assis dans sa nacelle à chercher les thermiques. Une marque de fabriquant de voiles en avait fait son testeur préféré et on se l’arrachait dans les clubs et les compétitions.

Il avait tourné quelques vidéos que les amateurs regardaient les yeux brillants tant son habileté de pilotage était fine et faisait merveille. Il avait écumé tous les plus beaux sites du monde et en avait même révélé certains. Bref c’était une immense pointure.
Alors pourquoi lui ?

La nuit de la confirmation du drame qu’il allait vivre, il n’avait pas dormi. Au matin, sa décision était prise. Au lever du jour, il avait écrit quelques mails dont il avait programmé l’envoi, il avait brulé certains papiers, il avait mis de l’ordre dans ses affaires.

Le jour levé, il est sorti de son chalet, il n’a rien fermé à clé, il avait sa voile préférée sur le dos, il l’a jetée à l’arrière de son combi puis il a pris la route du décollage de Planfait. Il n’était pas encore sept heures, avec un peu de chance il n’y aurait personne là-haut mais il ne fallait pas trainer, les autres arriveraient vite. L’endroit était vide quand il a garé son engin sur le parking. Il s’est dépêché de déployer le tissu sur l’aire de décollage, il s’est harnaché, il a gonflé sa voile puis il a couru.

Il est allé droit vers le lac. Il était à environ trois cent mètres au-dessus quand il s’est détaché. Trois cent mètres en vol libre… Comme une pierre. Personne ne l’a vu tomber.
On a récupéré sa voile dans la forêt pas très loin de l'eau et son corps quelques heures plus tard flottant dans le bleu sombre.

Il n’avait trouvé que ça pour garder la main et terrasser cette saleté de Lou Gehrig qui s’était emparée de lui…

Où lire Chri
Où voir ses photos

Vegas sur sarthe - Sportez-vous bien !

Le sport est affaire de frissons (Jean Dion)

En matière de sport, notre oncle Hubert était intarissable au point qu'il semblait avoir baigné dans toutes les disciplines hormis le water-polo mais j'en parlerai plus tard.
Il fallait l'entendre nous décrire l'époque où il fréquentait les Chéribibi, Ange Blanc et autre bourreau de Bethune ou plus précisément la fille ainée du frère du gardien de la salle Wagram, lieu où il assistait gratuitement et en payant de sa personne à toutes les soirées de catch jusqu'à ce qu'elle se ferme (la salle Wagram, pas la fille).
Du catch nous retiendrons la fureur de ces coups mortels à vous ressusciter un boeuf, les vaines vociférations d'un arbitre chétif, la dureté des sièges en bois comparée à la douceur des lèvres de la fille-ainée-du-frère-du-susdit-gardien-de-la-salle-Wagram...
 
Alors par dépit il s'était essayé à l'haltérophilie – ayant entendu dire au zinc du Café des Sports par certains spécialistes que “La bière... des haltères” – et il gardait de cette époque mémorable une splendide 'galette' gagnée à l'épaulé-jeté dans ce même café, bizarrement fondue en l'année 1664 et ornée des armes de Kronenbourg.
 
Ensuite lui était venue cette envie saugrenue de pratiquer le water-polo jusqu'à ce qu'il y renonce pour une raison qui nous laissa tous sur le cul!
Il aurait bien aimé nous faire prendre des limaces pour des cagouilles mais on n'était pas nés de la dernière rabasse comme on dit chez nous. Croirez-vous qu'il abandonna l'idée du water-polo, faute de pouvoir apprendre à nager à son cheval baptisé Crazy Horse ?
Oublions ça et les sourires mal contenus d'oncle Hubert.
 
C'est pourtant lui qui sut me donner la passion du vélo, à l'époque où pour moi la petite reine évoquait d'abord cette accordéoneuse rousse flamboyante et prénommée Yvette, qu'un troupeau de pédaleux suant et malodorant suivait sans relâche mais à distance respectable par peur d'écrabouiller ses canards.
On était très loin à cette époque des Amstrong, des Pantani et des vélos à moteur...
Oncle Hubert exhibait alors fièrement des mollets en forme de bouteille de Perrier – alors qu'il ne jurait que par la Kronenbourg – ainsi qu'un fragment de dossard arraché en haut du col de Peyresourde à un certain (il disait iop en sautant sur une selle imaginaire) Zoetemelk.
Tous ces noms étranges me faisaient rêver et je découvrais qu'au delà de nos contreforts bourguignons vivaient des gens qu'on nommait des néerlandais.
Je passerai allègrement sur quelques expériences douteuses et vite avortées comme la lutte Gréco-romaine inspirée par la vogue de Saint-Germain-des-Prés, la nage avec palmes peu académiques à son goût et la raquette à neige dont il chercha longtemps la petite balle jaune!
Il terminait généralement ses récits par sa grande passion, le twirling bâton qu'il avait découvert en la personne de Philomène, un quintal (pourquoi n'existe-t-il pas de féminin pour quintal?) emmaillotée, ambidextre aux poignets vigoureux qui exerçait aux Twirleuses de Baigneux-les-Juifs et dont la moustache naissante mettait notre oncle dans tous ses états.
Sur ce sujet Anastazia survenait généralement, coupant court à des détails truculents que nous n'eûmes jamais l'occasion d'entendre et qui titillent encore aujourd'hui mon imaginaire au point que j'en frissonne rien que d'y penser.
Vive le sport et ses frissons!