Vive les mariés !
Je hais les mariages. Chaque fois que j'ai pu échapper à la corvée, je l'ai fait. Sans remords. Même pour mes meilleurs copains. Je me suis toujours arrangé pour trouver une excuse. Tant pis s'ils n'y croyaient pas. Les imbéciles, se faire harponner comme ça, effarant ! Même cette grande gueule de Gérard s'est trouvé pris au piège. Pourtant quand les premiers de la bande se sont laissés passer la corde au cou, il fanfaronnait : "aucune de ces femelles ne me mettra le grappin dessus, je te le dis." Puis, un jour, tout penaud, il est venu m'annoncer la nouvelle. Lui aussi allait convoler. Je restai interdit et m'interrogeais : je serai donc le seul à ne pas me laisser baguer comme un pigeon ? S'il n'en reste qu'un je serai celui-là.
Je hais les mariages. Chaque fois que j'ai pu échapper à la corvée, je l'ai fait. Sans remords. Même pour mes meilleurs copains. Je me suis toujours arrangé pour trouver une excuse. Tant pis s'ils n'y croyaient pas. Les imbéciles, se faire harponner comme ça, effarant ! Même cette grande gueule de Gérard s'est trouvé pris au piège. Pourtant quand les premiers de la bande se sont laissés passer la corde au cou, il fanfaronnait : "aucune de ces femelles ne me mettra le grappin dessus, je te le dis." Puis, un jour, tout penaud, il est venu m'annoncer la nouvelle. Lui aussi allait convoler. Je restai interdit et m'interrogeais : je serai donc le seul à ne pas me laisser baguer comme un pigeon ? S'il n'en reste qu'un je serai celui-là.
Que je vous raconte un peu le mariage de Gérard - justement - et de Simone. Une farce bien assaisonnée. Une farce pour pigeon quoi. Je n'ai pas pu me défiler cette fois. Gérard m'a piégé. D'ailleurs, je lui garde un chien de ma chienne. Il m'a demandé d'être son garçon d'honneur. J'étais le seul - il parait - à pouvoir assurer ladite fonction. Les autres ? Tous mariés. Avec un clin d'œil lubrique, il m'a dit : " Je t'ai choisi une cavalière - la demoiselle d'honneur - aux petits oignons. Ne loupe pas ça. Tu ne vas pas t'ennuyer. La Jeannine, elle est b... euh, elle est bien. Veinard ! Je t'envie, tiens. " J'ai vu que l'animal avait déjà goûté au morceau de choix - selon lui - qu'il me destinait.
J'ai dû acheter un costume et le comble, mettre une cravate. Je ne savais même pas faire le nœud. Il a fallu l'aide de maman qui en a profité pour me dire, comme d'habitude : " tu n'es qu'un sauvage, mon petit." Bien sûr, ma mère ne rêve que de me voir avec une épouse. Pas tant pour l'épouse, non. Mais pour les petits enfants. Ma mère se verrait bien en mamie-gâteau. Très peu pour moi, merci.
Revenons au mariage de Gérard et Simone. Il faisait beau. Un temps idéal pour la consécration de l'idylle. Gérard en trois pièces immaculé - ça n'allait pas durer longtemps à mon avis - et sa chérie en blanc de neige également. Comme elle est un peu enveloppée, on aurait cru un gros pot de chantilly. Ou une grosse meringue.
Le père de la mariée avait bien fait les choses. En bon céréalier, il avait fauché un de ses champs, semblait-il, pour un mariage à la déco champêtre : des épis de blé partout, de la mairie en passant par l'église et sur les tables du banquet, jusqu'au bouquet de Simone naturellement. Qui arborait naturellement aussi un chapeau de paille tout enrubanné. Gageons qu'au repas, nous aurons de la semoule pensais-je.
Gérard m'a présenté Jeannine. Légère - du bocal - et très court vêtue. Enfin, j'ai tenté d'assumer mon rôle de témoin. J'y ai mis de la bonne volonté, on ne peut pas me reprocher ça. Mais la demoiselle Jeannine - pas du tout mon genre - s'apercevant qu'elle ne me mettrait pas dans son lit parce que je demeurais indifférent à ses chatteries a soudain décidé de jouer les garces. Pendant la danse du canard, elle s'est plainte à Gérard de devoir s'occuper des invités toute seule et bla bla bla... Le marié, énervé et un peu pompette - comme moi d'ailleurs - m'a carrément engueulé en me traitant de minus. Mon sang n'a fait qu'un tour. Je savais bien que le costume blanc serait vite hors d'usage.
La potiche, noyée dans le tulle et le champagne, s'est effondrée en hurlant : " mon Gégé, on va me le tuer." La voilà, plongeant la tête la première dans la pièce montée que deux serveurs étaient en train d'apporter.
Il fallait s'y attendre : la belle-mère, rouge de colère, le chapeau de travers, les yeux fous, a saisi un balai pour me le casser sur le dos. La prochaine fois, ce sera sûrement le tour de Gérard. En attendant, j'ai pris mes cliques et mes claques et j'ai fui la noce qui tournait au pugilat.
Hein ? Quoi ? Déjà midi ? Et je ne suis pas du tout prêt. Ai-je bien mis les alliances dans ma poche de costume ? Mon nœud de cravate est-il réussi ? Marie-Chantal - ma femme dans quelques heures - et les invités m'attendent à 14 heures précises chez ma promise. Il serait temps que je m'affole.
J'ai dû acheter un costume et le comble, mettre une cravate. Je ne savais même pas faire le nœud. Il a fallu l'aide de maman qui en a profité pour me dire, comme d'habitude : " tu n'es qu'un sauvage, mon petit." Bien sûr, ma mère ne rêve que de me voir avec une épouse. Pas tant pour l'épouse, non. Mais pour les petits enfants. Ma mère se verrait bien en mamie-gâteau. Très peu pour moi, merci.
Revenons au mariage de Gérard et Simone. Il faisait beau. Un temps idéal pour la consécration de l'idylle. Gérard en trois pièces immaculé - ça n'allait pas durer longtemps à mon avis - et sa chérie en blanc de neige également. Comme elle est un peu enveloppée, on aurait cru un gros pot de chantilly. Ou une grosse meringue.
Le père de la mariée avait bien fait les choses. En bon céréalier, il avait fauché un de ses champs, semblait-il, pour un mariage à la déco champêtre : des épis de blé partout, de la mairie en passant par l'église et sur les tables du banquet, jusqu'au bouquet de Simone naturellement. Qui arborait naturellement aussi un chapeau de paille tout enrubanné. Gageons qu'au repas, nous aurons de la semoule pensais-je.
Gérard m'a présenté Jeannine. Légère - du bocal - et très court vêtue. Enfin, j'ai tenté d'assumer mon rôle de témoin. J'y ai mis de la bonne volonté, on ne peut pas me reprocher ça. Mais la demoiselle Jeannine - pas du tout mon genre - s'apercevant qu'elle ne me mettrait pas dans son lit parce que je demeurais indifférent à ses chatteries a soudain décidé de jouer les garces. Pendant la danse du canard, elle s'est plainte à Gérard de devoir s'occuper des invités toute seule et bla bla bla... Le marié, énervé et un peu pompette - comme moi d'ailleurs - m'a carrément engueulé en me traitant de minus. Mon sang n'a fait qu'un tour. Je savais bien que le costume blanc serait vite hors d'usage.
La potiche, noyée dans le tulle et le champagne, s'est effondrée en hurlant : " mon Gégé, on va me le tuer." La voilà, plongeant la tête la première dans la pièce montée que deux serveurs étaient en train d'apporter.
Il fallait s'y attendre : la belle-mère, rouge de colère, le chapeau de travers, les yeux fous, a saisi un balai pour me le casser sur le dos. La prochaine fois, ce sera sûrement le tour de Gérard. En attendant, j'ai pris mes cliques et mes claques et j'ai fui la noce qui tournait au pugilat.
Hein ? Quoi ? Déjà midi ? Et je ne suis pas du tout prêt. Ai-je bien mis les alliances dans ma poche de costume ? Mon nœud de cravate est-il réussi ? Marie-Chantal - ma femme dans quelques heures - et les invités m'attendent à 14 heures précises chez ma promise. Il serait temps que je m'affole.