lundi 30 novembre 2015

Lilousoleil - Nos profs

J’attendais avec délice le nouveau thème des Impromptus littéraires. Comment ? vous ne connaissez pas… Alors il faut que je vous en parle. Il s’agit de quelques énergumènes qui dirigent un site d’écriture. Les thèmes choisis sont plutôt bien léchés et sortent de sentiers battus.

Donc, lundi matin, en sirotant mon café expresso, comment vous dites ?  pas bon pour la planète. Je m’en contrefiche j’aime bien mon café et aussi George mais il n'est pas vendu avec. Je disais donc, que je sirotais mon breuvage tout en jetant un œil à mes courriels… Le thème était tombé : Nos Profs.

Alors là, je dis non, tout mais pas celui-lui là ! Je ne sais pas qui a concocté le sujet mais si j’arrive à attraper le responsable !
 A peine sortie des études, je me suis retrouvée dans des classes, pour essayer d'instruire  les chères têtes blondes d’un tas de choses dont ils n’ont rien à faire.  Puis après mes années de bons et loyaux services, Voilà que Monsieur l’Impromptu m’y renvoie  pour que je vous raconte comment certains profs sont restés gravés dans ma mémoire.
Vous parlerai-je donc d’une fille, un peu dégingandée, 17 ans, dans une blouse blanche, normal, elle est en classe paramédicale, entrée sur concours, mazette, qui par malheur est affublée d’un patronyme classique qui se situe pile poil à la césure de l’ordre alphabétique. Donc toute désignée pour faire…     Tout ça parce Mamie Poussin, éminent professeur d'Histoire-Géo, elle était toujours vêtue d’un pull jaune et comme nous avions cours avec elle le mardi  après midi, cela devait être le mardi devait être le jour du jaune, avait décidé de nous «  faire la démonstration de la terre qui tourne autour du soleil ». Vous avez deviné tout de suite que je me suis retrouvée plantée au milieu de la classe, juchée sur une chaise à faire « le soleil » pendant une demi-heure. Imaginez la tête des copines, oui c’était un lycée de jeunes filles uniquement, le chic de Lyon. Certaines n’étaient pas plus vernies ;  votre   nom commençait  par L vous étiez la lune, un autre par E voilà une étoile etc. Les autres coincées contre les murs bouches bées attendaient, que  mamie Poussin ait fini de raconter, avec sa voix aux accents inimitables de Georges Marchais,  son baratin planétaire. Aurai-je dû rire…. Pas certain, elle ne plaisantait pas la Poussinette.
Un de mes copines, s’était fait volé par notre chère prof, sous prétexte qu’elle jouait avec, le superbe caniche en laine qu’elle avait réalisé, au cours précédent en activités manuelles. C’est vous dire le scandale !
Et vous voudriez chers Impromptus, que je vous raconte encore des anecdotes de ce genre…

Ecri'turbulence (2) - Nos profs

J'ai 8 ans

J'ai 8 ans.
Je fréquente l'école primaire de mon petit village.


J'ai 8 ans.
J'aime aller en classe.


J'ai 8 ans.
Je suis une sage et studieuse fillette.


J'ai 8 ans.
Ma maman est très sévère et ne permet aucun écart.


J'ai 8 ans.
Ma gomme m'échappe des mains et roule à terre.


J'ai 8 ans.
Ma maîtresse me punit pour ma maladresse.


J'ai 8 ans.
Je rentre en retard à la maison.


J'ai 8 ans.
Maman se fâche et me gifle.


J'ai 8 ans.
Je pleure devant cette injustice.


J'ai 40 ans.
Papa me dit que cette femme était en dépression.
Qu'elle ne supportait rien.
Que tout le village connaissait son caractère tyrannique.
Que,
quelques années après
mes 8 ans,
elle s'est suicidée.


Où lire Ecri'turbulence

Pivoine (2) - Nos profs

1971-1972

Septembre 1971, après des vacances en Italie et en Provence,
j'entre à l'athénée d'Uccle où je recommence ma 5ème année.
Ceci est bien la preuve que je n'étais pas une si bonne élève que cela...
L'athénée, c'est un collège d'enseignement officiel et celui-ci est mixte.
Il y a Uccle 1 et Uccle 2.


Bouleversement total : j'arrive tous les matins avec le bus 38 et je repars à 4 h 1/2 avec le même bus. Bondé, il y a quatre écoles au total sur son parcours.

Un an auparavant, l'aile A a été incendiée par des élèves – à coups de plaques de phosphore,
Il y règne une étrange lumière verdâtre sur fond de plafonds noirs.


Le prof de latin : c'est un homme merveilleux – on l'écoute, on travaille, je suis heureuse.
Le prof de mathématique : un homme, terrible, verdict, un examen de passage
Le prof de français n° 1 : une dame, une fable de La Fontaine
Le prof de français n° 2 : un homme jeune, des yeux verts, chahuté, je l'aimais bien
Le prof de physique : voir le prof de mathématique, en plus âgé, verdict, un examen de passage
Mais dans mon livre de physique, la page de la défragmentation de la lumière me fascine.


Le prof de néerlandais : une jeune femme. Sympa. Pas trop de chahuts, mais pas le grand amour non plus. Un jour, jour de fatigue ou d'ennui (j'ai quatorze ans), j'ai quand même récolté six points d'éducation d'un coup, pour insolence marquée.

Le prof de bio : une jeune dame, dont je ne me souviens plus très bien, mais elle nous a passé quelques films sur les fleurs et la reproduction des plantes dans la nature. Make love not war.
Le prof de géographie : un homme, grisonnant, moustaches, rigolo, mais costume fatigué. J'ai effacé le tableau, j'ai mis l'éponge sur la chaise, il s'est assis dessus il a éclaté de rire : il a de l'humour.


Le prof de gym : une dame, trois fois par semaine, le supplice ! Barres asymétriques, cumulets, vertiges, migraine, déshabillage et rhabillage dans d'anciennes douches désaffectées (mais humides), toutefois, on a un joli maillot de gym (un maillot de danseuse, de couleur noire).

Le prof de musique : on ne chante pas, on n'étudie pas de solfège, mais on écoute des disques pendant cinquante minutes, une fois par semaine. J'adore!

Le prof de dessin : la salle est meublée de gradins. Le prof est un homme : M. Tavernier. Chez lui, on peint des masques, mais le soin... On participe à un concours de dessin annuel... On fait du dessin technique (un peu)... Des portraits – je pose et il fait mon portrait. Dans une autre classe, quelqu'un a fait le portrait du premier garçon qui, du premier garçon que...

Tous nos profs nous appellent par nos noms de famille, mais moi, il m'appelle par mon prénom, pourquoi ? Je ne sais pas, peut-être parce que j'aime dessiner. Un jour, ma cousine – qui a fréquenté la même école – rira en me racontant qu'il l'appelait aussi par son prénom et qu'il lui avait donné un livre de prix... Et qu'elle ne l'avait pas ou peu ouvert. Déception...

J'oublie le prof d'histoire : un homme, pas terrible. En changeant d'école, je suis passée de Rome au XVIIème siècle. Que s'est-il passé entretemps ? Je déteste mon manuel d'histoire.
Verdict : un examen de passage. En histoire ! Incompréhensible...

Ecri'turbulence - Nos profs

Septembre 1966, comme si c'était hier : une histoire vécue
Une espèce d'escogriffe gesticulant et vociférant pénètre dans ma classe de seconde "économique et sociale". L'a pas l'air commode, le nouveau prof.

- Je suis votre professeur de français. À l'idée que devoir passer presque 200 heures avec vous d'ici la fin de l'année, j'en ai des frissons d'épouvante.

Nous nous tenons cois, un peu recroquevillés sur nos chaises, pas très sûrs de penser qu'il a toute sa tête.

- Prenez une feuille et racontez vos vacances.

Là, c'est certain, il est complètement perché, le mec. (Cinquante ans plus tard, nous aurions dit "chépere"). Il nous prend pour des mioches de primaire. Mais, que faire, sinon nous exécuter ?

Je n'en mène pas large. Jusqu'alors, même raconter mes vacances par écrit est un exercice hasardeux qui s'est toujours soldé par une note lamentable assortie d'un péremptoire et définitif "Vous n'avez aucune capacité de rédaction".

L'homme virevolte dans les rangs, l'air goguenard. Le voici qui m'interpelle, indigné. Je me ratatine davantage.

- Savez-vous, mademoiselle, que votre vie ne tient qu'à une virgule ?

Mes camarades pouffent en douce (cinquante ans plus tard, j'aurais écrit en "lousdé") pendant que je blêmis et qu'un gouffre s'ouvre dans lequel mon estomac tombe comme une pierre.

- Passez au tableau ! Écrivez et ponctuez : "Messieurs les Anglais tirez les premiers".

Et comme la craie dans ma main tremblote, il s'en saisit pour noter : "Messieurs, les Anglais ! Tirez les premiers !", puis "Messieurs les Anglais, tirez les premiers !".

- Avez-vous compris ? Une virgule et tout bascule !

Et le voici pérorant, grands gestes et pantomimes à l'appui, sur l'importance de la ponctuation.

Cois nous étions, cois nous demeurons.

Soulagés à la fin de l'heure de cours, nous n'en partons pas moins avec une dissert' à rédiger pour le prochain rendez-vous. Que je lui remets, en temps et heure, complètement terrorisée.

Quelques jours plus tard, il nous restitue les copies paraphées, sans dire mot. Je me décompose à la lecture de son commentaire et du nombre qui l'accompagne : "Quelques signes de ponctuation supplémentaires, et je vous aurais accordé une meilleure note : 16/20". Je vérifie qu'il s'agit bien de mon devoir et lève les yeux sur le professeur qui m'observe attentivement, avec un rien d'ironie au coin du regard.

- Vous semblez ébahie, mademoiselle !
- C'est que…
- C'est que… on vous rebat les oreilles depuis des années sur votre prétendue nullité, n'est-ce pas ? Eh bien, nous allons inverser la vapeur !

Merci, Monsieur Vignault. En quelques 200 heures, vous m'avez offert un précieux cadeau que je savoure toujours aussi intensément : sans vous, je n'aurais jamais entendu la symphonie des mots et n'aurais jamais pu écrire mes propres partitions.

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Vegas sur sarthe - Nos profs

Mes coquilles


Comment oublier ces instants bénis quand - ayant rendu nos copies - Elle se penchait sur certains d'entre nous pour commenter notre travail ou corriger nos fautes.
Sans me vanter j'ai toujours été balèze en orthographe et si je n'essuyais pas la moindre critique combien de fois ai-je sciemment semé des coquilles dans ma prose comme autant de petits cailloux de Poucet rien que pour le plaisir de sentir au dessus de moi son incomparable parfum et cette profonde et rassurante respiration qui me plongeait en apnée.
Le coeur au bord des lèvres le mécréant que j'étais tournait alors la tête pour planter son regard dans le ténébreux sillon de cette gorge inconsciemment offerte à mes seuls yeux et qui ne palpitait que pour moi.

Par crainte d'éveiller les soupçons, je me contentais d'un désaccord de participe passé ou d'une ponctuation sauvage qui m'accorderait quelques instants d'apnée supplémentaire.
Je trépassais, asphyxié, l'âme en points de suspension, en proie à cette ivresse des profondeurs que connaissent les plongeurs imprudents et dont parlait l'homme au bonnet rouge dans ce merveilleux film qu'on m'avait emmené voir au cinéma.
Je ne saurais dire ce qui de cet abîme si sombre, si vertigineux ou de ces rondeurs laiteuses, opalines me procurait le plus de plaisir car dans la nature comme dans l'écriture, les pleins et les déliés, l'adret et l'ubac, les vallons et les collines ne sauraient s'apprécier l'un sans l'autre.

J'appris plus tard - c'est à dire à l'âge où les culottes rallongent et où l'acné explose sur les fronts juvéniles - qu'on donne une note aux poitrines des dames.
Résolument fâché avec les mathématiques je fus profondément déçu qu'on attribue un chiffre là où le regard - et parfois les mains pour confirmer - suffisent amplement à l'appréciation de tout mâle normalement constitué.
A celle qui me nota de façon si juste et si charmante je donne à mon tour un quatre vingt dix et je pèse mes mots, sachant bien qu'avec le temps les souvenirs s'érodent quand enflent les proportions.

Je me souviens aussi qu'Elle portait de fines lunettes sans doute par pure coquetterie car de tels yeux ne souffraient aucune correction, du moins le croyais-je à l'âge où les mots myopie et presbytie n'étaient pour moi que prétexte à perfectionner mon i grec.
J'appris dans le même temps quelle réputation on donne aux femmes à lunettes mais ayant déclamé haut et fort cette soi-disant vérité lors d'une réunion de famille, la correction qui s'ensuivit m'ôta pour un temps l'envie d'approfondir la question.

Comme je regrette aujourd'hui de n'avoir gardé aucune de ces copies où Elle posa son regard et où je saurais déceler plus de soixante ans après la trace d'un doigt parfumé sur quelques malicieuses coquilles.

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L'Arpenteur d'étoiles - Nos profs

My english teachers

La première s’appelait mademoiselle Mouton ; cela ne s’invente pas. Apparence de jeune bourgeoise plutôt coincée, chignon blond sur une nuque un peu raide et, bien entendu, jupe plissée bleu marine. Elle était Miss Sheep ce qui ne faisait pas beaucoup avancer les choses Nous apprenions les (bonnes) mœurs de la famille Wilson dont les enfants Betty et John s’ingéniaient à se trouver in the kitchen, ou in the bedroom pendant les heures de cours. Le livre avait un cache en plastique que nous apposions sur la page de droite pour masquer le texte que nous tentions de deviner à l’aide des images visibles sur la page opposée.
Miss Mouton faillit me dégoûter à tout jamais de la langue anglaise.

Dans la sixième moins « littéraire » que la nôtre, sévissait un autre prof répondant au nom de mister Wilson (juste retour des choses). On comprenait assez rapidement qu’il venait d’outre manche (from the other side of the Chanel) Il expliquait le mot « shoe » en mettant la sienne sur le bureau, son pluriel en posant la paire, ce qui était paraît-il fort spectaculaire. Je n’ai jamais su si le reste de son accoutrement (il passait parfois dans les couloirs, grande ombre squelettique et dégingandée) suivait le même chemin au cours des autres leçons.

Puis vint en cinquième mademoiselle Sénéclauze. Nous aurions été djeun’s aujourd’hui, nous aurions dit d’elle : « c’t’une bombe c’te meuf !», « elle doit être grave bonne !» ou « ‘tain j’la kiffe à donf. Clair !». Son décolleté profond, ses mini jupes, sa taille de guêpe et sa façon d’arranger sa coiffure d’un mouvement léger d’une rare féminité ne m’ont aidé à réaliser que de très infimes progrès, trop occupé que j’étais à ramasser inlassablement mon crayon qui s’ingéniait à tomber sous mon bureau, placé devant le sien.

Ensuite se succédèrent toute une série de jeunes filles à l’aspect varié mais non avarié. Une certaine mademoiselle Maillard frôlait l’hystérie lorsque des cafards tombaient de l’épaisse tenture en velours rouge, qui servit un temps de porte à la salle de classe. Nous continuions, quant à nous, à récupérer consciencieusement nos gommes, taille-crayons ou stylos plumes baladeurs, histoire d’affiner nos connaissances des dessous féminins.

En première vint une autre bombe assez ahurissante. Soixante-huit était passé par là. Elle s’appelait mademoiselle Cresson. Elle piqua une vraie crise de nerf lorsque mon ami Frédéric à qui elle avait intimé l’ordre de prendre la porte, lui demanda « what can I do with the door miss, please ? », après l’avoir posément dégondée. En cela, il avait obéi à la lettre à la demande de notre professeur.

De mes english teachers lors des études supérieures je n’ai à vrai dire que peu de souvenirs. Si ce n’est en cinquième année, où une femme d’âge mur vraisemblablement très heureuse d’enseigner aux jeunes adultes que nous étions, me marqua d’avantage que les autres. Grande, elle était de ces femmes qui allient à la perfection une véritable élégance et une étonnante vulgarité, capables de dire avec le sourire les pires horreurs. Certains matins sa bouche charnue se faisait plus carnassière et ses paupières lourdes et bleutées ne laissaient planer que peu de doute sur ses activités de la nuit précédente. Nous avions désormais des idées tout à fait précises sur ce que les filles pouvaient porter sous leurs jupes, robes ou jeans, mais la vue fugace de son porte-jarretelles quand elle croisait et décroisait les jambes, nous tenait malgré tout assez en haleine.

J’ai dû reprendre il y a quelques années des cours de perfectionnement (financés par la société dans laquelle je travaillais) de cette sacré langue anglaise. Il s'agissait exclusivement de conversations téléphoniques avec des anglophones de tous les coins de la planète. Une sacrée familiarisation avec les accents écossais, irlandais, africaner, australien ou américain. J’ai pu me rendre compte que toutes les professeures que j’ai citées plus haut m’avaient malgré tout donné des bases pas si friables que cela. En tout cas ces cessions m’ont permis d’être moins mutique lors des world meetings of my business unit.

Quoiqu’il en soit, les seuls participants avec lesquels j’ai eu le plus de mal à communiquer étaient les anglais et les américains. Le reste du monde fait de réels efforts pour écouter et chercher à comprendre ce que les autres tentent d’exprimer. D’ailleurs, lors de la première intervention que j’ai assurée lors d’une de ces fichues réunions mondiales, le premier à poser une question fut mon collègue californien. Il souffrait d’un jet lag d’enfer, avait dormi quasiment pendant la totalité de mon exposé et s’est réveillé juste pour demander la parole. J'ai juste compris sa première phrase « good job, guy ! ». Pour la suite j’ai prié notre responsable marketing, qui elle, parlait cinq langues, de répondre à ma place, ce qu’elle fit avec une grande gentillesse et un petit sourire limite énervant.

Laura Vanel-Coytte - Nos profs

Mes profs

Je voudrais d'abord évoquer, même si je ne me souviens pas de leurs noms, les maîtres(on appelait ainsi les instituteurs et institutrices) qui m'ont accompagné dans mon apprentissage de la lecture puis dans la découverte de la bibliothèque(on ne l'appelait pas encore BDI : là où j'ai commencé ma carrière de documentaliste avant les CDI d'aujourd'hui) de l'école primaire que je fréquentais . Je n'imagine pas ma vie sans lire d'où la reconnaissance sans bornes que je voue à ces maîtres.
Je me souviens aussi avec un brin de rancune de celui ou celle qui m'a infligé une punition dont j'ai écopé à la place d'une autre en maternelle. Ma première injustice ; Il y a aussi une convocation dans le bureau du directeur pour une remontrance que près de quarante plus tard, je n'ai toujours pas compris,
Au titre du strict apprentissage, je me souviens du curé qui fut un de mes profs de latin... à l'ancienne : les dernières années de version et de thème ont été laborieuses parce que je le reconnais, j'en avais plus qu'assez du lycée, moi qui avait été longtemps la plus sage et appliquée des élèves . Dans la même lignée, la philosophie enseignée par une religieuse, m'est passé complètement au-dessus de la tête.
J'en veux encore aux profs de l'époque où je suis passée au tribunal du harcèlement moral de mes camarades.
A peu près à la même époque, j'ai une pensée émue pour ma professeur d'histoire-géographie de lycée qui a convoqué ma mère (pour le premier et dernier rendez- vous parents-professeur de ma scolarité : je paraissais tellement au-dessus des problèmes) pour lui dire que j'étais en difficulté scolaire et morale .
Ma troisième vague d'études (littéraires après l'économie et le droit) s'est fait en travaillant et par correspondance : les contacts avec les profs se limitaient quasiment aux oraux mais un professeur agrégé en DEA a tenté de me dégoûter de ces études alors que pendant ma licence, une professeur(avec laquelle je suis toujours en contact) m'a tendu la main.

Pivoine - Nos profs

« Mädchen in uniform »

On l'appelait Mademoiselle Adeline et elle était mon institutrice de première année primaire.
Avec elle, j'ai appris à lire. Dans deux abécédaires et dans un premier livre de lecture, l'histoire d'un garçon et d'une fille qui recevaient des tartines de miel pour leur goûter et partaient en vacances à la mer.

Mademoiselle Adeline était aussi douce que les goûters de miel de mon livre de lecture.

Par contre, je ne me souviens que très imparfaitement des ardoises et des cahiers d'écriture.

Mère Herpicum était une jeune religieuse qui dirigeait la chorale de l'école primaire. J'y suis entrée vers l'âge de dix ans, poussée par le désir d'occuper utilement mes heures libres et par goût de la musique. Je rêvais d'apprendre à jouer d'un instrument – du piano de préférence.

Et puis, l'un ou l'autre « flash » mémoriel,
une institutrice intérimaire, dans la cour de récréation, qui pleure parce qu'on vient d'apprendre l'assassinat du deuxième frère Kennedy. Je ne ressens aucune émotion, mais la sienne m'intrigue.
Je la craignais. Elle exerçait une discipline de fer. Du genre, monter et descendre trois étages d'escaliers tant qu'il n'y avait pas un silence absolu dans les rangs.
Un jour, à une messe, j'étais assise à côté d'elle. Ou plutôt, debout ou agenouillée. Je l'ai surprise en train de pleurer, derrière ses mains jointes.
J'avais dix ans et j'étais impressionnée. J'avais aussi l'impression de commettre une indiscrétion.
Au moment de la communion, elle m'a demandé de garder son sac et je me souviens de ma stupéfaction devant cette marque de confiance.

En 1968-69, nous avons eu Mademoiselle D***, qui avait juste dix ans de plus que nous. Elle était séduisante, moderne, et surtout, très juste. Je l'appréciais beaucoup. Aucun excès d'autorité, et si elle exerçait une discipline quelconque, nous l'acceptions tacitement, gaiement.

Elle m'a rappelé, il y a peu de temps (car je l'ai retrouvée quarante et dès années plus tard), nous avoir emmené visiter la maison d'Erasme, à Anderlecht, ce lieu hors du temps où je me plais tellement au printemps et en été.

C'était aussi l'année de ce que, dans cet enseignement-là, on appelait l'examen diocésain. Un examen « blanc » aux examens de noël pour nous y préparer, où j'ai découvert pour la première fois le questionnaire à choix multiple, puis l'examen de fin d'année.

Verdict, plus de 80 % en français et plus de 60 % en mathématique. Je ne me suis jamais vue comme une « bonne élève », sauf, peut-être, cette année-là.

L'année suivante, je suis entrée en humanités.

Pendant deux ans, j'ai vénéré mon professeur d'histoire. Elle enseignait aussi la géographie et la religion, remarquablement, je crois pouvoir le dire. Que n'eût-on fait, pour elle ?
Rigueur et douceur extrêmes.

Et puis, notre professeur de musique, Mlle Jeanine D*** J'ai rarement rencontré quelqu'un d'aussi enthousiaste. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle avait créé une chorale, qu'elle menait d'animations de noël en messes festives, de concerts en concours, avec, en couronnement, l'enregistrement d'un 45 tours de chants de noël que je possède encore.

Jacou - Nos profs

Peau de vache


C’était une belle femme, grande, blonde, glaciale, intimidante. Pendant ses cours, même les mouches n’osaient pas voler. Surtout pendant les cours de chimie. Et pour cause…
Nulle, archi nulle en chimie, pire que de l’hébreu, pour moi, un peu meilleure en physique, passons…
Nous écoutions, travaillions tant bien que mal, plutôt mal pour moi, silence glacé, jusqu’au jour où…
Cette année-là, de nouveaux venus, un petit nombre, avaient intégré différentes classes du lycée. Nous ne savions pas grand-chose d’eux. Juste qu’ils avaient été « placés » dans un centre, séparés de leur famille. Avec nous, il y en eut trois. Un, charmant et charmeur, l’autre, un peu moins, le troisième, peu communicatif.
Le troisième, souvent trublion, étant souvent absent.
Lors d’un cours de chimie, une fois encore, interpelé par notre prof, il se leva, grand, costaud, se dirigea vers elle et leva le bras sur elle. Celle-ci disparut dans le laboratoire attenant à la classe.
Nous n’entendîmes plus jamais parler de ce garçon.
Par contre, nous apprîmes que notre prof était enceinte.
Bien des années plus tard, au cours d’une rencontre-retrouvailles avec copines et copains du lycée, j’annonçais :
  • Je fais de la gym avec madame G.
  • Madame G., tu lui diras que c’est une peau de vache !
  • Moi non plus, je ne l’aimais pas, j’étais nulle en physique chimie ; et elle ne m’a pas aidée à mieux comprendre.

J’avais, par le plus grand des hasards, retrouvé cette personne ; que je n’aurais pas reconnue, si elle n’avait été accompagnée de celle qui m’en avait parlé, en bien « Grâce à elle, je suis devenue bonne en physique chimie ». Je sus, aussi, que madame G.avait une fille, avait continué à enseigner dans des classes prépa d’un lycée de Bordeaux.
En quittant mes copines, une d’elles avait insisté : « Quand tu la revois, dis-lui que c’est une peau de vache. »
D’abord, je n’aurais jamais osé ; et comment expliquer à ma copine cette belle grande personne, droite, forte, aimable, sourire amical, illuminant des yeux pleins de tendre malice et de joie.

dimanche 29 novembre 2015

Semaine du 30 Novembre au 6 Décembre 2015

Nos profs


Tous nous avons eu un(e) ou des professeur(e)s, une ou des maitresses (ou maîtres) d'école qui nous ont profondément marqués.
Cette semaine, nous vous proposons de nous parler d'elles ou d'eux. De nous dire ce qu'elles, ou ils, vous ont apporté (ou vous ont atterrés, apeurés ou faits rire).

Plongez dans votre enfance ou adolescence scolaires, voire aussi en fac ou écoles post bac et émaillez vos texte d'anecdotes savoureuses ... Cela nous fera du bien !!

Prose ou vers bien entendu selon votre choix.
Nous accepterons également plusieurs textes, si le cœur vous en dit

L'école fermera le 6 décembre à minuit.


- Comme d'habitude, vous devez nous faire parvenir votre texte à l'adresse impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 6 novembre minuit.

CristelD - Musiques actuelles

Un jour au mauvais endroit

Un trottoir rougi
Par une nuit automnale.
Que dire de plus ?

samedi 28 novembre 2015

Clise - Musiques actuellles

Funambule

Le corps toujours en équilibre
Au bord du précipice
Des pépites dans les yeux
Des étoiles qui crépitent
Ne me sortez pas de ma bulle
Je suis comme un somnambule
Qui déambule, ondule
Enfermé dans une capsule absurde
J’exulte sans scrupule
Mon corps comme un pendule
Bat le temps d’avant en arrière
Je suis un funambule malgré moi

Bricabrac - Musiques actuelles

Christine and the queens in East End

Le clair de lune que Tamise la brume
Plonge entre les entrepôts
Bardés de ferraille
Sur les quais des docks
Les rats filent par les rails des anciennes grues
Jusqu'aux soupiraux du Tube
Entre les joints des pavés humides
Poussent l'herbe et le patchouli

Au terminus de la nuit dans l'East End
Les paupières pâles du jour soulignées de khôl
Se lèvent
Du gris caresse les rideaux métalliques
Tagués des boutiques bangladaises
Qui s'ouvriront tout à l'heure
Des senteurs de curry de cardamome
Fendront comme des voiliers les immeubles de briques
Sous le lassi blafard du ciel,

Ainsi que fait la jeunesse
Que rien n'asservit
Un peu grise
Un peu bruyante
En sortant des boîtes de Whitechapel
Elle traîne un peu sur les wharfs
Déplie ses tricks dans le dédale des friches industrielles
Et des galeries d'art éteintes en entresol
Et s'éprend avec impatience,


Cherchant des routes épicées
L'aventure ambiguë de la vie
L'odeur iodée de la marée qui remonte le fleuve depuis l'Essex
La larme à l'œil qui pleure à cause du vent

Pareil à du chutney de menthe
Le reflet d'une lune verte
Près du pont se dissout
Dans les eaux maquillées à la suie
Des cheminées des corderies de Shoreditch
Dont les fumées anciennes
Comme des saris
Drapent nos nuits blanches

Anne de Louvain-la-Neuve - Musiques actuelles

écrit d'après "Funambule" et "Christine"...


Il danse


Sur le fil galactique, et se dresse en chandelle à l’appel des cimes. Caracole de caoutchouc, s’élance, mosaïque polychrome, et vibre comme un diapason d’argent, toc, toc, toc. Autour de lui palpitent les sons, instruments et voix, en écho de son corps vibratoire, oscillations et impulsions. Gondole.

Il tourne, et sur son visage de la poudre d’étoiles et ses tresses. Il ne tient pas debout, mais si pourtant, arabesque ses bras souples, et les doigts se rejoignent en prière sans adresse, ses longues jambes soudain en grand-écart, triangle sol et cieux, une géométrie sans normalité.

Ses pieds nus en apnée, l’enveloppe céruléenne l’entoure, carapace de bleu, bandelettes pour une momie récalcitrante au souffle sans limites.

Voilà que crient dans la posture les châteaux de sable des certitudes, friables, refuges trois étoiles pour asticots albinos. Et dans cette architecture à colonnes d’arcs en chapiteaux, la terre battue de boue et de débris accueille les mouvements. Ils résonnent, tambours de carnaval, postulats d’un sang vivant, envers et contre l’abandon et l’absence, pneus crevés et carcasses, senteurs de moisi, indifférence crasse.

Aux murs lépreux, s’agrippe la grâce de l’acier. Elle grignote l'effritement, crochets de vie dans ce squat à la singulière prégnance. L’air voyage dans des steppes où l’infini de la matière tisse une dentelle de mousseline et de satin. Prestidigitateur d’un espace de science-fiction, il crée un nouveau monde en apesanteur, libère du poids des croyances et de l’ennui, arachnéen.

Ses doigts nets comme des couteaux découpent en faux l'atmosphère stagnant d’immobilisme. Naissent la cadence et le rythme qui palpitent comme un cœur. Ainsi bat le mien à l’unisson.

Théâtre du déséquilibre des certitudes en noir et blanc, la cathédrale résonne de la toute-puissance des ignorances magnifiques. L’équilibre fragile et fort du funambule entre ses tours rouges recule les désespérances.

Mais le danseur tangue soudain, en danger sur les pointes. Il se redresse pourtant et fait face au ciel mensonger, à toutes les questions sans réponse et aux ambitions des mortels et du néant qui l’attire et qu’il repousse. Ondulations. Voyez, la nef se rit de la tempête et son capitaine épouse la force des flots, flux, reflux, pièges. Hardi matelots, il faut tenir pour franchir le cap ! L’audace du minuscule face à l’immensité, quel toupet !

À l’abri des sentiments sans domicile fixe, les croyances et les dogmes ploient. Et l’on suit passionnément la chevauchée fantastique de ses respirations et des battements. Il n’y a plus de certitudes hormis la douceur et la force des cadences et les chemins qui s’éparpillent au hasard dans l’onction des gestes. De la suffisance de la foi apparaissent alors les poussières d’ombre de l’humilité. La lumière du tempo est un hors-piste que le magicien de l’espace dresse sur le vide. Et puis.

Il vient de sauter dans l'abîme, à l’envers du décor, dessous, dessus. Disparait dans les reflets bleus du ciel et des profondeurs. Comme ça !

Éberlués, nous revoilà sur terre, lourds, patauds, boiteux et orphelins de la beauté et de l’harmonie.


Tisseuse - Musiques actuelles

Don't wanna fight

La vie redoublée
D’un cri décuplé
Primal
Presque animal

Je me débats
Et je vire
De bord
Evitant le pire

Ce qui me chavire
Et m’expire
Fouillant le sauvage
La mémoire tripale

Exhumant l’archaïque
Extirpant l’anarchique
Comportement fœtal
En cabale

Tiniak - Musiques actuelles

photo de Gilbert Garcin (Funambule)

Hop là !

Un pied sur la Marche du Monde et l'Autre
et l'autre au regret d'être las
j'hésite à faire encore un pas
il se pourrait que je me vautre

Mais quoi, s'asseoir
sur ce fil du rasoir
et trancher entre deux sentiments
auxquels je tiens tous deux pourtant
qu'ils soient vraiment contradictoires ?

Ah ! plus tôt, crevé, j'ai souri
à de grises nuées passagères
d'un vaisseau lourd de luminaires
aux voiles claires d'organdi

Il m'a fallu tenir le quart
du flot de mes libres pensées
aux extrêmes du balancier
sous les feux de mille regards

Non, allons ! Oui, finissons-en...
le public attend une chute
mon rêve, certaine culbute
j'avance donc, bon an mal an

Où poser un pied âpre et l'autre...

vendredi 27 novembre 2015

Laura Vanel-Coytte - Musiques actuelles

Christine

Enfant, Christine a d’abord voulu être institutrice, comme beaucoup de petites filles, semble t -il. Une variante : puéricultrice, assez banal également dans la gent féminine des écoles maternelles et primaires. Pourtant, elle n’était pas très « poupées », « dînettes », « maîtresse » et autres jeux de fillette. Elle préférait les trains électriques, les « lego », « meccano », les billes. Bref, elle était ce qu’on appelle un « garçon manqué. » Christine n’était pas non plus très coquette et elle aurait eu du mal à l’être avec ses genoux toujours ornés de croûtes disgracieuses dues à de fréquentes chutes. Elle avait les cheveux courts et portait souvent des pantalons. On la prenait souvent pour un garçon. Choix personnel ou volonté maternelle ? Sa mère lui a raconté qu’elle ne réclamait pas tel ou tel vêtement comme l’a fait plus tard sa sœur et qu’elle l’habillait donc à son goût, en garçon. Pourquoi ? Peut-être sa mère voulait-elle un garçon…
Ou est-ce le comportement de Christine, ses jeux, son physique qui l’ont incité à l’habiller ainsi ? Il faudrait qu’elle lui pose cette question (et d’autres) mais depuis qu’elle a adopté un mode de vie radicalement différent du sien, la communication qui a longtemps été facile entre elles, s’est dégradé. Surtout quand elle lui pose des questions qu’elle n’a pas envie de se poser….Pourquoi elle, si féminine (dans sa conception de la féminité), n’a t-elle pas chercher à faire de Christine une petite femme ?Est-ce qu’inconsciemment Christine cherchait déjà à prendre le contre-pied des « modèles » féminins qui l’entouraient : sa mère, sa grand-mère, deux femmes-femmes qui s’échangeaient leurs perruques (c’était la mode dans ces années-là), leur maquillage, leurs vêtements etc.… ? Longtemps enfant unique (jusqu’à huit ans), toujours choyée, surprotégée (au physique comme au moral), calme, sage, Christine était devenue une adolescente maladivement timide et manquant cruellement de confiance en elle. Son bonheur résidait dans sa réussite scolaire (excellente élève encore à ce moment-là), ses lectures et le cocon familial ; ce dernier était minuscule (par sa composition) et fermé. On n‘en sortait guère et peu de gens y entraient. Non contente de ne pas mettre en valeur la fillette qu’elle était, la mère de Christine avait « décidé » de lui faire perdre le peu de confiance qu’elle avait dans sa valeur à l’adolescence, seuil critique comme le dit si souvent.

Au niveau intellectuel, Christine ne posait pas de problèmes : toujours dans les premières et de grandes ambitions (archéologue, conservatrice de bibliothèques etc.).C’est au niveau physique qu’elle ne convenait pas à sa mère. Non seulement, elle n’était toujours pas coquette mais en plus elle était grosse ; tout au moins, c’est ce que sa mère lui disait. Cela pouvait être insidieux au quotidien ; sa mère au petit déjeuner lui disait qu’elle ne devrait pas se présenter au petit déjeuner avec une chemise de nuit aussi courte alors qu’elle avait de si « grosses cuisses. »Entre parenthèses, c’était « l’hôpital qui se fout de la charité » car le moins que l’on puisse de sa mère, c’est qu’elle était « bien portante. » (doux euphémisme).Si elle était grosse, ce n’était peut-être pas seulement du à son alimentation mais aussi à l’héritage maternel… Ah ! l’alimentation, sujet de discorde éternel avec sa mère.
Elle ne grignotait pas entre les repas (à cette époque) mais à table, elle avait bon appétit. Lorsqu’elle demandait une deuxième fois d’un plat, sa mère la resservait en lui lançant un regard noir ; plus tard, elle refusait : « Tu as assez mangé. » Quelquefois même, elle retire le plat si vite que personne n’a le temps de se resservir. Ca, c’était le quotidien mais il y avait les disputes où l’on lui balançait des « grosse fainéasse », « grosse tanche » (sa mère vend des articles de pêche) ; j’en passe et des meilleurs. Bien sûr, elle croyait sa mère et se sentait de plus en plus mal dans sa peau. Pourtant, elle sait maintenant que son poids de cette époque était idéal par rapport à sa taille et compte tenu d’une assez forte ossature (qui lui venait de sa mère….).Les photos attestent qu’elle était une adolescente avec des fesses (est-ce un crime ?), des hanches marquées(comme beaucoup de femmes, je crois), une taille fine ; en bref, normale. Elle pouvait porter des pantalons moulants sans honte avait plutôt tendance à cacher ses formes si décriées : des pulls larges de son père, des jupes noires que sa mère lui achetait : « Ca mincit, le noir…. »Plus tard( très tard), elle a eu une poitrine qui bien sûr était trop importante et qu’il ne fallait pas montrer.

Christine avait une amie, Véra, un peu plus vieille qu’elle et qui surtout, était son antithèse : brushing parfait, maquillage et tenues féminines. La mère de Christine disait : « On dirait qu’elle sort toujours d’une boîte. » Ca peut ressembler à une critique mais elle aurait bien aimé que sa fille en prenne de la graine. Elle devait lui faire pitié : un satellite qui tournait toujours autour de son soleil.
Christine suivait Véra et Véra plaisait aux garçons. Seulement, sa conversation était faible et ça ne suffisait pas à certains. Alors, Christine ramassait les miettes : « elle est belle mais … toi, tu es intelligente. »Elle savait déjà qu’elle était pas trop bête (à l’école elle réussissait mieux que Véra.) mais elle voulait être ce qu’elle n’était pas aux yeux de sa mère : belle. Alors, un jour, elle a « décidé » qu’elle était belle et qu’elle pouvait plaire ; ça a du marcher car elle s’est mise à attirer les garçons comme des mouches. Elle a rattrapé « le temps perdu » : papillonnant de ci, de là, flirtant (çà n’était encore que ça) outrageusement puis jetant les pauvres garçons dès qu’ils commençaient à s’attacher à elle. Elle ne voulait pas être aimée mais plaire. Sa mère (et d’autres) avait fait ça avant elle mais elle a mis plus de frénésie à collectionner les conquêtes comme autrefois les bons points à l’école. Elle voulait se prouver (et inconsciemment le prouver à sa mère) que malgré sa « grosseur » et son « manque de féminité », elle pouvait plaire. Sa mère s’en est-elle rendu compte ? Qu’elle plaisait, qu’elle le faisait en quelque sorte pour elle ? Au vu de tout ce qui s’est passé ensuite, il semble qu’elle ne s’est rendu compte de rien… Mais Christine y avait pris goût… aux baisers, aux caresses (parfois poussées)mais aussi et peut-être surtout au terrible et délicieux moment où elle avait assez joué et jetait son jouet : « Tu es très gentil mais je ne veux pas m’attacher. » Ca voulait dire : « Au suivant ! » Mais il est arrivé un moment que le sexe a pris plus de place, où les caresses allaient de plus en loin, où elle a fréquenté des garçons plus pressants. Elle maîtrisait de moins en moins le jeu et un soir elle a cédé à un garçon, grand, beau (ça aurait plus à ma mère) mais brutal qui a du la sodomiser et lui pisser dessus.
Ce garçon était si beau (comme les aime sa mère) que c’est encore avec lui (même brutal) qu’elle avait eu sa deuxième expérience sexuelle tout aussi désastreuse. « Cela t’apprendra » aurait pu dire sa mère que son frère et sa sœur ont prise comme modèle : attendre le prince (ou la princesse) charmant(e) pour cette première expérience.
L’avenir dira si cela leur réussira aussi bien qu’à leur mère….Christine respecte sa mère mais son couple et son mariage n’étaient pas pour elle à l’époque (et ne le sont toujours pas aujourd’hui) des modèles. Son père avait trompé sa mère, ça arrive ; il l’avait humilié, ça peut arriver ; elle lui avait pardonné, pourquoi pas. Christine les avait compris l’un et l’autre mais ça avait considérablement changé sa façon de voir les choses. Elle ne voulait pat être cette femme heureuse parce que résignée, satisfaite par ce qu’elle a uniquement parce qu’elle n’a rien connu d’autre. Christine voulait avoir de l’expérience (des expériences) avant de dire oui pour la vie. Et les expériences de toutes sortes se multiplièrent : souvent excitantes et heureuses au départ mais toujours des échecs à l’arrivée car ce n’était plus jamais elle qui rompait. On ne peut pas toujours mener la danse…Cependant, Christine repartait en chasse, jamais découragée depuis qu’un homme m’avait appris à aimer mon corps, à l’aimer tel qu’elle était. Elle se savait séduisante. Avec cette certitude, cet homme la manipula comme sa mère l’avait manipulé avec ses dénigrements. Mais alors que les manipulations (conscientes ?) de sa mère l’avaient amené à des conduites souvent destructrices, cet homme lui procura surtout beaucoup de plaisir et certains plaisirs inédits….Mais alors que sa sexualité s’était épanouie et démultipliée (allant parfois trop loin, jusqu’à la prise de risque)à un point que sa mère ne pourra jamais imaginer, sa vie intellectuelle battait la campagne. Dès la seconde, au lycée, elle était trop absorbée par ses aventures vaguement sentimentales et surtout ses rêveries pour construire correctement mon présent et préparer mon avenir. Après l’excellence jusque là, le bac obtenu de justesse. Et sa mère, averti par un professeur qui appréciait Christine, n’a pas voulu entendre, voir et on l’a orienté vers une filière qui ne l’intéressait qu’à moitié sans que personne ne proteste. Personne n’est parfait…Le choix en urgence pour l’après bac. La voilà à la fac de droit, passionnée parfois mais plus souvent occupée par ses amitiés et amours, ses rêveries, ses lectures (plus littéraires que juridiques) et à partir de ce moment par une nouvelle passion : l’alcool. Christine s’étourdit gentiment et elle, la timide, s’extériorise, se désinhibe. Puis il y a l’alcool violent où elle ce qu’elle fait, elle oublie qu’elle boit, elle s’oublie et finalement oublie qu’elle s’oublie.Comme le sexe, la bouffe, c’est une révolte contre sa mère.Son père était alcoolique et boire ne serait-ce qu’un seul verre est pour elle proche du crime. Là encore, elle ne s’est pas aperçue que Christine faisait ça encore pour la choquer, la sortir de toutes ses certitudes. Plus tard, ce sera le tabac. Une faiblesse de plus à son actif par rapport à elle si forte, si vertueuse. Elle voudrait ressembler à son grand-père (maternel) alcoolique et homosexuel pour enfin la toucher. Elle essaie tout ça mais elle ne voit rien.
La prison, ce serait vraiment grave (dit-elle) mais Christine n’irait pas jusque là pour l’atteindre. Le reste (l’alcool, les études ratées, le tabac, les hommes, les femmes etc.), ça lui (sa mère) a parfois coûté cher (ils le disent souvent) mais ils ne se sont pas aperçus que derrière tout ça, il y avait une souffrance, des souffrances.
Des souffrances (la mienne, la sienne) que je porte parce que sa mère a jugé bon de lui en faire porter un peu : l’obsession d’une vie/ salade (d’où vient-elle ?) : peu de nourriture, pas d’excitants, d’épices, d’assaisonnements, rien de tout ce qui peut donner du goût à la vie. Elle voudrait lui dire : « Oui, maman, je suis faible parce que je suis humaine et que je le revendique. Oui, tu m’as fait mal mais je n’essaie plus de te le faire comprendre car j’ai autre chose à faire… »

jeudi 26 novembre 2015

Lilousoleil - Musiques actuelles

Lorsque j’ai entendu, plus qu’écouté cette musique, j’ai été tentée d’éteindre mon ordinateur et de partir promener ma chienne Neige ! J’étais dans un film d’horreur ou d’épouvante. Pourtant, je me suis allongée et...
J’étais une belle musique, celle des troubadours et des ménestrels mais les écoutait-on vraiment. J’étais aussi une belle musique dans les abbayes quand le chœur des hommes raisonnait à faire trembler les murs. J’étais encore de la bonne musique quand on inventait des « outils » sommaires pour faire vibrer les sons ; des bambous et des roseaux pour souffler, des maracas à agiter, des caisses pour frapper et résonner ; peu importe le nom que les peuples leur donnaient. Il y avait de la mélodie de l’harmonie et du rythme. Les belles dames du temps jadis accompagnaient leurs chants des sons cristallins d’une harpe.
J’étais encore de la belle musique quand le temps passant, les instruments se perfectionnaient, se modernisaient. J’ai pris du grade, on m’a jouée en accord. On a mis des bois puis des cuivres pour que les épinettes, clavecins, violons, pianos et dérivés, soient sublimés. Tout le monde jouait ensemble ; il a bien fallu mettre un chef, un chef d’orchestre pour mettre tout le monde d’accord et garder le bon tempo.
Que de belles musiques ont été écrites…. Que de belles musiques ont été interprétées, en solo ou en quatuor, instrumentale ou chantée. Tout musicien était artiste. La musique fut composée on a même inventé des signes musicaux, des règles universelles de composition.
Comment ne pas fondre en écoutant les Requiem de Mozart ou de Fauré. Comment ne pas vibrer en entendant les fantaisies de Schumann ou les Symphonies de Beethoven ou un concerto de Brahms ou de Rachmaninov.
J’étais toujours une bonne et belle musique quand on s’est mis à valser sur mes notes, à faire des quadrilles et autres gigues, bourrées et sardanes. J’étais heureuse, on dansait et on riait même si j’ai parfois perdu de ma beauté et de mon  rayonnement quand les hommes se sont fait la guerre…Les canons jouaient trop forts.
Un jour, le jazz est arrivé, Louis Armstrong, Louis Prima, Sidney Bechet et m’a redonné une autre vie et l’espoir est revenu. J’étais différente, j’éclatais en morceaux dans des microsillons, Je me suis mise à accompagner des films, sentimentaux, aventures, Westerns, policiers. Tout le monde m’écoutait attentivement ; Ah Tino Rossi ! Jean Lumière, jean Sablon puis Charles Trenet.
Puis, le twist et le rock se sont jetés sur moi et j’ai été dézinguée, affolée. La vague de yéyé m’emportait. Je suis devenue « tubes » façonnés pour un public délirant. On ne me joue plus on me hurle dessus avec des sons synthétisés. Où sont mes portées de notes… mes dièses et mes bémols ; mes clefs d’ut et de sol.
Au beau milieu de ce tintamarre, des voix se sont mises à susurrer ; « le ciel, le soleil et la mer » ou « La mer sans arrêt roulait ses galets ». Je frémis de plaisir et je retrouvais ma joie de vivre ; je retrouvais ma dignité symphonique.
Je sais maintenant que je suis multiple.

Toujours allongée, les yeux fermés… Que chacun fasse son choix !

inspiré par  "Don't Wanna Fight" de Alabama Shakes : https://www.youtube.com/watch?v=nin-fiNz50M
"Take me to church" de Hozier : https://www.youtube.com/watch?v=c-tW0CkvdDI
"Dead inside" de Muse : https://www.youtube.com/watch?v=I5sJhSNUkwQ


Tisseuse - Musiques actuelles

Dead inside

Excessives inquiétudes
Qui nous poussent dans le flot machinal
Effrayante solitude
Qui nous mène dans le même chenal

Que tous les humains apeurés
Que tous nos frères esseulés
Réflexe grégaire
Qui nous tasse qui nous serre

Dans ces enceintes limitées
Qui sentent la grande suée
Où l’on craint la curée
Une allumette est si vite craquée

On se surprend à rire trop fort
A seule fin de fuir la mort
Ne pas voir l’envers du décor
A moins qu’il ne nous dévore

On parle, on s’époumone
On s’agite, on s’évertue
A croire que rien ne détonne
Dans ce monde si crû

Foules emportées
Dans des extases organisées
Electricité collective
Hallucinations actives

On se prend à penser
Qu’on est une même entité
Il n’y a plus d’identité
Improbable fraternité

On crie on est tous égaux
On s’embrasse ça sonne faux
Demain même indifférence
Sauvera les apparences

mercredi 25 novembre 2015

L'Arpenteur d'étoiles - Musiques actuelles

Nous sommes des funambules, entre rêve et réalité, espoir et déception, amour et solitude. Nos certitudes sont dérisoires, nos vérités mensonges. Nous sommes des origamis mal pliés tenant à peine debout. Nous sommes quelquefois au mauvais endroit et la vie nous abandonne. Nous entrons dans les églises pour rechercher notre innocence d'enfant. Nous n'y trouvons que le silence et des images, et des lumières tremblotantes. Certains cherchent rois et maîtres pour une vie éternelle devenue mort éternelle. Nos vies se croisent, nos lignes se croisent, nos fiertés sont semblables mais nous ne sommes pas ensembles. Nous ne voulons plus nous battre. Jamais. Nous sommes feu et vie à l’extérieur et nous voulons que les autres sachent qui nous sommes. Mais on leur ment, on tue sans remords ... On est mort en dedans …

Et cependant, la musique, la poésie, la danse sont d'infinis voyages d'amour. 

Deux étranges souvenirs de musique et d'amour. 

Je revois encore ce boutre rafistolé se faufilant dans le port de Calcutta et d’où était descendu un sari safran. Je l’avais suivi dans la foule mouvante jusqu’à un pauvre théâtre pleurant des larmes de planches grises. Ce fut d’abord une mélodie très pure comme une conversation intime entre flûte et violon, soutenue par le battement d’un tambour. Puis elle avança, concentrée, presque mystique et commença la danse. J’étais fasciné par la grâce, l’élégance, la virtuosité et la force intérieure que dégageaient chacun de ses gestes, chacune de ses poses, chacun de ses pas. J’ai su plus tard que je venais d’assister au Bharata Natyam. Sous la soie orangée et l’extrême rigueur de la discipline ancestrale, un corps souple et musclé. Derrière le regard sombre, une femme passionnée inventive et drôle. Nous faisions l’amour sur des divans violets et buvions du thé cueilli au flanc des montagnes de Darjeeling.



Quelques années plus tard il y eut Chaska-Niña. 
Callao et ses odeurs d’épices et de poissons. Callao où l’ont croit entendre encore dans les brumes blanchâtres du petit matin, le pas métallique des chevaux espagnols. Callao où j’échouais après des jours et des jours passés à gratter des pierres sur les escarpes de Cuzco.
Deux filles aux confins de ce monde, au bout d’un quai isolé. Deux sœurs. L’une, paupières closes frappe sur le caĵon sur lequel elle s’est assise. L’autre danse, pieds nus, murmurant la mélodie de la Marinera. Elle planta soudain son regard dans le mien ; moi, étranger, inopportun. Une lave rouge coula dans mes veines. Elle m’entraîna sur le bateau Huascar, amarré non loin. Leur troupe de comédiens et danseurs qui hantait les ponts rouillés du vieux bâtiment était partie en représentation quelques jours. C’était alors leur tour de garde. Dans un incroyable fatras de costumes, de tissus et d’instruments de musique on a bu du Pisco sirupeux et fort. Puis nous nous sommes aimés dans des étreintes brutales, sauvages nous laissant pantelants contre l’autre. C’était une liane à la peau fauve. Son plaisir, ongles crochés, était une intense vibration de tout son corps et un feulement rauque presque douloureux.


Juste à côté, sa sœur jouait de la guitare. « Ne t’inquiète pas pour elle. Son amoureux accompagne la troupe et quand il n’est pas là elle reste les yeux fermés sur sa dernière image, et elle n’entend plus que sa musique. Dans ces moments, je la prends par la main jusqu’à son retour ».
Alors on recommençait au son de la guitare de cette femme aveuglée d’amour.
Et bientôt : « va-t-en maintenant, notre passion est épuisée et nos corps trop usés ».
J’ai embarqué sur un navire marchand faisant route vers l’Europe.

Comme tout cela me semble loin désormais.
C’est là que se pose la question du retour.
Trop tard. Je suis déjà au delà. J’ai largué les dernières amarres de ma vie. Je sens la drogue faire son chemin dans mes veines. Je vais partir vers l’autre rive. Mon animal totem est devant moi. Je vois ses yeux qui rassemblent les yeux de toutes mes amantes. Je ne tiens plus debout. Le ciel coule sur mes mains. Je dois me tenir prêt. Je sais le voyage long et périlleux.

NB : le début du texte (en italique) reprend quelques paroles des 6 musiques du thème (traduction personnelle et un peu aléatoire). L'ensemble de ces musiques et de leurs clips danseurs m'ont inspiré cette histoire.

mardi 24 novembre 2015

Ecri'turbulence - Musiques actuelles

Une maille à l'endroit
une maille à l'envers

L'histoire n'étale que l'endroit
de crainte qu'on ne voie les coutures

Une maille à l'envers
une maille à l'endroit

C'est ainsi que se tricote la vie

L'envers du décor
de l'endroit où l'on est
n'est pas toujours bien tissé

Quand une maille s'échappe
qu'elle soit envers ou endroit
la vie en profite
pour s'enfuir parfois

Envers et contre tous

Inspirée par : Un Jour Au Mauvais Endroit

Vegas sur sarthe - Musiques actuelles

Anagramme Accablant

Nous et la man, on est de sortie
Faut qu'elle vive ça au moins une fois
Ça ne tient pas debout
Les aigles californiens ont déjà disparu
Le ciel coule sur mes mains
Même dans les Caraïbes je n'ai jamais vu un tel ciel rouge
Je ne tiens pas debout
Ils sont si nombreux affalés à cramponner la vie qui s'enfuit
Le bras tendu pareil cassé
Je cherche la man dans ce cloaque
Sous mes pieds le ciel revient
On chantait “Kiss the devil”, quel mal à ça?
Et il y a un type qui pleure dehors :“Christine”
Je ne connais pas de Christine, pourtant j'ai l'impression de connaître tout le monde
J'fais mon make up... au mercurochrome
Quel mal à ça?
Sous mes pieds le ciel revient
Le vrai, le bleu, celui des aigles de Palm desert

Où lire Vegas sur sarthe

Stouf - Musiques actuelles

Toujours dans ma tête.

Cette année là je marchais seul sur de petits chemins andins du Pérou,mes godasses de trekking de bonne qualité me donnaient des ailes et mon sac à dos contenait toutes les victuailles,les pulls,les pantalons en peau de mammouth (?), les slibards de laine italienne presque propres au début et les jeunes feuilles de coca nécessaires à cette tribulation salvatrice. Seules les nombreuses piles que j'avais emporter pour mon walkman me paraissaient incongrues mais...écouter « wayting for the sun » chanté par Jim Morrison (la seule k7 que je possédais,en fait) les matins de soleil levant autour d'un feu en buvant un chocolat chaud dont j'avais acheté les fèves au marché de Cuzco et que j'avais pilé moi-même, valait son pesant d'or.

Un jour j'avais trop mâché la coca et je m'allongeais sur le dos en déclamant un slam de Grand corps malade...mais c'était un hallucination prémonitoire,parce que j'avais une vision du futur de dans 30 ans...rien de grave ! 8:)

Vers les trois mille deux cent mètres, j'me souviens que c'était un jeudi vers 15h12, je rencontrais une jeune femme un peu grassouillette accompagnée d'un chat qu'elle avait prénommé Atahualpa Yupanqui (le grand méritant) et c'était le seul chat du monde qui jouait de la guitare (il fit quelques tournées mondiales et eut beaucoup de succès).

Elle me dit qu'elle était Quechua,que dans la tradition de son village les jeunes filles doivent aller faire un tour à la ville et revenir après quelques années.Je lui demandais si cela ne la dérangeait pas que je parte en ville avec elle. Elle fut « de acuerdo » et y avait le chat qui jouait de la guitare et un condor passa et nous fûmes rejoins par deux américains qui se prénommaient Simon et Garfunkel.

En fait on s'aima comme des dingues avec Mercedes et puis nous arrivâmes à Saint Etienne, où nous rencontrâmes Bernard Lavilliers et nous partîmes vers la Jamaïque avec du reggae dans nos têtes enfumés et...nous retournâmes en Amérique du sud, au Sertão du Brésil et puis...

Maintenant ?

Nous vieillissons tranquillement dans ce village sympa qui s'appel La cancion de la Jubentud...à trois mille deux cent mètres et quelques au Pérou. Voila. ;o)

lundi 23 novembre 2015

Tisseuse - Musiques actuelles

Funambule

Mes espaces cotonneux
Sont peuplés de notes bleues
Ils défient le temps de ceux
Qui vivent sans ce jeu
Constance en moi des sons
Des rêves sans façon
En moisson de longs frissons
Dans mon univers multi-sons

Et je danse ma vie
Entre terre et folie
Vers le ciel infini
Je danse à l’envie
Je rock et je crie
La rue les soucis
Le son de l’oubli
Je rock et je prie

Je swingue sans cesse
Contre la tristesse
Contre la détresse
Je swingue et je laisse
La mort en déséquilibre
Dans les rues livides
La mort telle un pantin libre
Et son jeu stupide

Semaine du 23 novembre au 29 novembre 2015 - Musiques actuelles

Les deux semaines qui viennent de s'écouler,, nous avons tâché scrupuleusement de ne penser à rien, mais définitivement nous n'y arrivons pas, ou si peu.

Nous vous proposons cette fois de vous laisser inspirer par une de ces "Musiques actuelles" (chacune des vidéos comprend un "live" ou une illustration dansée de chaque chanson) afin d'écrire un texte, à votre liberté en vers ou en prose :

"Funambule" de Grand corps malade


"Un jour au mauvais endroit" de Calogero 

"Christine" de Christine and the queens

"Don't Wanna Fight" de Alabama Shakes

"Take me to church" de Hozier

"Dead inside" de Muse

Il est souhaitable, par contre, de nous indiquer dans votre mail la chanson qui vous a incité plus particulièrement à écrire.


Exceptionnellement vous pouvez nous envoyer plusieurs textes pour ce thème.

Comme d'habitude, vous devez nous faire parvenir votre texte à l'adresse impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 29 novembre minuit.

dimanche 22 novembre 2015

Blj73 - Comment ne penser à rien ? (suite)

Comment ?
Comment ne pas penser ?

Se poser
S´allonger
Respirer

Se poser
S´allonger
Écouter

Se connecter

Bruits
Corps
Son
Porter...
Porter son attention

Ralentir
Ressentir

Intérieur
Extérieur
Odeurs
Saveurs

Toucher...
Goûter

Communier

Emotions
Sensations
Juste...

Juste laisser

Apprécier...

Laisser...
Laisser s´écouler

L'instant...
L'instant...

L´instantané.

vendredi 20 novembre 2015

Bricabrac - Comment ne penser à rien ? (suite)

Ne penser à rien,
Oui mais comment ?
Ma tête est vide
Je n'ai pas d'id
Ée

Ne penser à rien,
Oui mais comment ?
J'ai ma kalach
Qui de guerre lasse
Et de guerre lâche
Ment

Ne penser à rien,
Oui mais comment ?
Car tout s'est tu
Lorsque j'ai tu
É

Lorsque je tu
Hais
Je ne pensais à
Rien
Oui mais pourquoi ?

Ne penser à rien,
Oui mais comment ?
Ma tête est vide
Je n'ai plus d'id
Ée