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dimanche 19 juillet 2015

Lilousoleil - Enchantement



Eve a cinq ans ; les vacances chez la cousine de l’oncle de la tante etc… s’avèrent bien ennuyeuses. Elle est espiègle et pendant la sieste, elle explore les recoins, les granges, les ateliers abandonnés de cette immense bâtisse. Elle découvre un jour, dans une pièce qui sert débarras, un piano, un vrai piano. Elle ne le sait pas encore mais c’est un demi-queue, remisé là car la jeune fille qui faisait résonner les cordes n’est plus. Alors pour oublier…

Machinalement, elle appuie sur les touches et découvre un son cristallin puis un grave Elle place ses deux mains sur le clavier, touche blanche touche noire. Elle n’ose en parler à la tante Simone. Elle attendra demain…      
Eve a quinze ans, elle est maintenant une pianiste en devenir. Elle a déjà donné des concerts et le travail au conservatoire est rigoureux mais cela lui convient. La musique est une découverte et un enchantement perpétuel. Dans la classe à coté, les violons grincent, grésillent puis la mélodie s’élève. Eve, demain va jouer dans un trio violon, violoncelle et piano de Dvorak. Au violon Pierre, vingt ans, un virtuose. Elle adore Dvorak mais elle a une préférence pour Rachmaninov.

Eve a Vingt cinq ans ; Pianiste accomplie, la magie musicale développe tout son charme. Toujours cet enchantement mais sublimé par l’amour de Pierre. Demain elle va jouer avec Pierre le fameux concerto de Rachmaninov réputé le plus difficile du répertoire musical. Pierre est chef d’orchestre mais aussi son amant, son ami, son conseiller, et c’est la première fois qu’ils joueront ce  concerto ensemble, lui à la tête du Philharmonique de Berlin et elle, en soliste… Ce sera un  triomphe, un enchantement  diront plus tard les critiques.

Eve a trente deux ans. Pierre l’a quitté et avec lui une part d’elle-même. L’enchantement a trop cédé le pas à la passion. Ils se sont brûlés.  Entre musique et sentiment, leur relation est devenue  houleuse, tumultueuse, violente. Leur tempérament de feu a eu raison de la passion et a débordé sur leur travail. Si lui s’en sort, Eve s’enlise dans des rancœurs, refuse la  moindre discussion. Eve dérive, la passion a ruinée sa musique. 
Eve a trente huit ans. Sept ans ont passés ;  sept ans comme la vengeance de la mule du pape, sept ans l’âge de raison dans la vie enfantine. Elle a refusé toute rencontre avec Pierre, évité soigneusement les concerts communs. La rancune est tenace. Elle est toujours meurtrie. La souffrance est toujours tapie au fond de son cœur. Elle donne ses concerts comme un automate bien réglé, bien huilé. Certes c’est une artiste, une pro, mais son jeu manque d’âme,  sentiment, d'émotion.

Un après-midi, alors qu’elle se repose dans la maison de  tante Simone, Eve découvre un lot de partition rangé dans une serviette en cuir fauve glissée derrière une armoire.

Regain ou nouveauté, Eve déchiffre, arrange, annote les portées. Centaines ont appartenu à la jeune fille disparue. Une brise de bonheur souffle dans son cœur et anime ses mains d’un élan encore inconnu. Elle a compris enfin que son amour pour Pierre est mort mais que survit cet enchantement venu de l’enfance quand elle a découvert le piano dans la vieille grange.

Eve a quarante ans. Elle a relevé la tête… son jeu s’est amplifié, magnifié, ses doigts se sont déliés. Elle a compris Elle a accepté de jouer le concerto de Rachmaninov. Ce soir, le sourire illumine son visage. Elle entre en scène, radieuse  dans sa robe de soie noire et blanche…Pierre s’avance, lui tend la main et l’accompagne jusqu’au piano.  

Zoz - Enchantement


~ ce ressassement incessant de vieilles images
des bleus plein la gueule
du silence qui mord

arrêter ce manège
donner place à ton premier jour
ta lumière
ta fragilité

apprendre à reculer back sur ta beauté ..

vendredi 17 juillet 2015

Gene M - Enchantement

Ne suffit-il pas d'ouvrir ses yeux, ses oreilles et mettre tous ses sens en alerte pour retrouver sa capacité d'enchantement, en dépit du monde violent qui nous entoure ?
Je ne ferme jamais mes volets car je veux être éveillée par le jour. De mon lit je vois un grand pan de ciel. Il est parfois gris avec des nuages en marche, il est parfois bleu parsemé de petits nuages roses et mauves....
Lorsque la nuit est bleue,  les fenêtres des immeubles au loin s'éclairent et j'aime imaginer la vie des petites silhouettes que j'aperçois en ombre chinoise. Hum, un peu" fenêtre sur cour"...
Peut-être s'enchanter de ce qui nous entoure est un état d'esprit. Certains font le tour du monde sans rien voir, en dénigrant tout. 

Une anecdote rapportée par une amie.
Mon amie demande à une collègue de retour d'Istanbul :

- Alors Istanbul, comment c'était ... La Mosquée Bleue, le Bosphore, Soliman le Magnifique, Sainte-Sophie ???

Elle eut cette réponse incroyable de sa collègue

- Il n'y avait pas de porte-manteau dans la chambre d'hôtel.


Aglaé - Enchantement



Malgré tout et en dépit de tout, il en reste des enchantements.
On a bien cru y disparaître totalement, dans le tout, englouti entre maëlstrom angoisse et culpabilité – pour celle-là, on devrait peut-être se décider à recourir aux services d'un tueur à gages, cela fait bien longtemps qu'elle nous pourrit la vie – on s'est plongé à corps perdu dans un autre gouffre espérant échapper au premier – on s'est demandé ce qu'on avait bien pu faire dans les soixante-treize vies antérieures précédant immédiatement celle-ci, pour qu'elle nous laisse si peu tranquille, on a tenté de se persuader que ce n'est pas l'extérieur qui gouverne l'intérieur, que si l'on arrivait à rendre son cœur serein, les drames ne nous mettraient pas à chaque fois à terre, et qu'il faudrait absolument bâtir des remparts contre l'inquiétude qui sape sournoisement toutes nos insouciances.
Le gouffre de secours, plongée dans le savoir, les livres, l'étude, la réflexion, en a apporté des enchantements. C'était bien. Des rencontres également, avec des passionnés, de quoi oublier quelques heures à chaque fois tout le reste, et n'être plus qu'un être qui lit, qui écrit, qui reçoit, qui transmet.
On s'y est perdu. On ne regrette pas. De nouvelles âmes, de nouvelles amitiés s'y sont formées. Certaines choses y sont mortes, on les y laisse comme une mue, qu'importe.
On s'est perdu dans les romans, à écumer le bibliobus tant qu'il reste un bibliobus, urgence à lire avant qu'il ne revienne, on a lu turc, indien, japonais, finlandais, mexicain, français, grec. On a parfois oublié de noter les titres, ou oublié tout court. On a lu comme d'autres courent, pour ne plus exister que la course. On y a trouvé des merveilles.
On a tenté de prendre soin. De chérir sans intrusion, sans indélicatesse. C'est épuisant. On n'a toujours pas réussi à trouver bien cette juste place. Elle est une quête infinie. Mais là encore, des enchantements, des perles de tendresse qui débordent les yeux, parce qu'une petite voix veut vous dire quelque chose, parce qu'après la colère et même après les pleurs, il reste encore de l'amour.

mercredi 15 juillet 2015

JCP - Enchantement

 
Nord de Toulouse : la Garonne actuellement




Aux rivages de lumière

L'aube des faucheurs
jette par les champs mille étincelles lentes
que le soleil allume à la lame qui court,
à l'herbe qui ploie et se couche ;
et sous l'azur du ciel où se fond...

- Assez !, foin de la moisson qui prend son temps sous la plume des poètes romantiques vêtus de frac, canne et chapeau dans la poussière des champs !
Qui pourrait, aujourd'hui encore, anachronique désuétude s'extasier ainsi - béat -, sur les soi-disant beautés de la nature ?... me déclarait convaincu mon voisin René. Il s'agit bien de perdre son temps à ça !
La coque brillante et noire de ma nouvelle auto, ma vaste piscine couverte et chauffée, mon habitation automatisée télécommandée isolée sécurisée ecologisée, ma pelouse toujours verte et rase exempte de l'arbre à la feuille odieuse, mes enfants ma femme vêtus de prestige, la voici la contemplation du bonheur du monde, la joie de vivre et de posséder conquise de ma vaillance et de mon labeur : chaque minute de vie est un combat, le savez-vous ?

Je laissai là mon voisin, persuadé de son bonheur par les médias mercantiles, et je lui tus que je ne saurais être heureux sur le champ de sa bataille - ne me sachant d'ailleurs pas en guerre.
Alors, le vêtement et l'auto démodés mais tellement confortables, je fus en secret observer puissamment l'écoulement du fleuve, à l'ombre des grands arbres où chante la fauvette, où bondit l'écureuil, un ouvrage de poésie et un peu d'eau dans mon sac.

Et je m'en retournai le soleil bas, taché d'horreurs mystiques*, la brise du soir éparpillant mon cheveu négligé, peut-être plus enchanté de vivre encore que mon voisin René.


* Que Rimbaud me pardonne.


Où lire JCP

Clemence - Enchantement


C'était d'abord gigantesque….débroussailler…enlever...faire le vide ou presque.
C'était ensuite magique : découvrir les vieilles pierres d'une restanque alanguie dans la garrigue.

Une année a passé, les romarins sont devenus robustes à côté des genêts espagnols. Un olivier, minuscule a pointé quelques branches auprès d'eux. Les lauriers se sont libérés des gangues meurtrières des salsepareilles. Les lavandes ont pris place à côté des gauras et des salvias.

Une autre année a passé. Au gré des petits chemins, des thyms sont venus embaumer talus et bordures.

L'enchantement s'invite dans un éclat de blanc, de bleu, de rose, avec l'ivresse des senteurs suaves. La nature est généreuse !

Un jardin de Provence comme un autre ; un ravissement mais pas encore un enchantement.

Il est arrivé un matin.

Par dizaines, sur le talus de la grande restanque : des pousses minuscules. A première vue, je ne les identifie pas. La nature est parfois fantasque : les vents et les oiseaux nous jouent des tours de passe-passe. Des nouveautés s'invitent alors que d'autres migrent.

Je reviens vers les minuscules pousses. Un duo de feuilles à peine plus grosses que des épines de roses...Qui donc êtes-vous ?

Je reviens le lendemain ; quatre feuilles. Enlever ou pas ? Je suis curieuse, c'est normal ! Je touche, je froisse légèrement, je hume….

L'enchantement… ce sont de minuscules thyms !

De jour en jour, de nouvelles feuilles et des déjà des  branches ! Bienvenue sur mes terres !

Quelques mois ont passé...les thyms ont la taille de mes mains….

L'an prochain,une nouvelle bordure sinuera au pied des romarins, des lavandes et des santolines.

L'an prochain…

L'an prochain, qui s'invitera dans mon jardin ?

Cette attente, à son tour devient enchantement…

Vegas sur sarthe - Enchantement

La madeleine de Gargantua

J'ai perdu l'odorat et le sucre ennemi
moi qui gargantuais au temps du biberon
qui bouffais et buvais autant qu'un pochetron
j'ai bien trop de rondeurs et trop de glycémie

J'ai perdu l'appétit d'un plat de boeuf en tripes
pourtant je me torchais aux oisons duveteux
délicieusement pissais jusques aux cieux
j'ai la panse ventrue, la prostate en tulipe

Espérer d'autres mondes ou croire en celui-ci?
Où est l'enchantement... au fond des pharmacies?
Je suis à cent pour cent, de quoi me réjouir?

Petite madeleine au bon goût de thé vert
ravive au fond de moi ce lointain souvenir
que Proust ressentit un triste soir d'hiver

lundi 13 juillet 2015

Semaine du 13 juillet au 19 juillet 2015 - Enchantement

Cette semaine le thème nous est proposé par Pivoine :

Que reste-t-il de nos enchantements ?
Malgré tout et en dépit de tout (de l'époque, des événements récents, en France et ailleurs), la vie est-elle encore la source, en cent endroits, d'enchantement?
En prose ou en vers vous avez jusqu'au dimanche 12 juillet minuit pour y répondre  à l'adresse habituelle : impromptuslitteraires[at]gmail.com