vendredi 29 mars 2019

Marité - Mots obsolètes

A ma tendre amie Eglantine de Boisfleury.

Très chère,

Je viens par la présente m'entretenir avec vous et surtout m'enquérir de votre santé que j'espère toujours bonne.
Pour moi, le soleil de mon riant portail du midi sied à mes pauvres articulations arthritiques. Depuis que je séjourne dans ma thébaïde, ma fermette en Limousin, je me sens rajeunir. Les bons œufs de mes poules, les légumes de mon jardin et le miel de mes avettes font que mes entrailles s'assagissent. Un peu d'exercice dans le parc me donne des couleurs. Pour le reste, salons , conversations où l'on rabutine et même les amours ne sont plus pour moi que de la ripotée. Voyez ma douce que Paris ne me manque point.

Votre dernière lettre, ma mie, m'apporta bien du plaisir. Je vous plaignais de tout cœur du chagrin que vous occasionna ce paltoquet de Tibourse de Brandouilliers. Il ne vous méritait pas. Aussi suis-je ravie de constater que vous finîtes par ouvrir les yeux. Pourquoi diable vous intéressâtes-vous à ce malotru ridicule, au point de vous enganter de sa vilaine personne ? Vous souvenez-vous du matin où il apparut, sa bigotelle encore fixée au visage ? Vous n'aimâtes pas que je me fusses moquée mais le personnage persifleur et arrogant ne m'inspirait que gausserie. Aussi suis-je bien aise qu'il eût disparu de votre vie et que vous vous en portâtes mieux.

Vous connaissez mon peu de goût pour le potinage. Mais, je vais cependant vous conter ma dernière sortie afin de vous faire rire un peu. Figurez-vous que ma frétillante voisine, Liselotte de Papillonne, se mit en tête la semaine dernière de me présenter sa dernière conquête, le marquis Hardy du Bracquemart. Je vous assure ma chère que ce marquis là honore son nom. Ne pouffez pas ! Ma bonne Liselotte ne se rend pas compte de la hauteur de ses cornes. Le coquin court après tout ce qui porte jupon. Cependant il est d'un naturel fort agréable et très amusant.

Le marquis, pour nous divertir nous conduisit chez une de ses amies, la comtesse Colombe des Ormes de Cambras. Oh, vous ne pouvez imaginer ma chère ! Cette vieille dame ressemble plus à une guinette qu'à l'oiseau élégant dont elle porte le nom et ceci jusque dans ses gloussements incessants et criards. L'on ragote beaucoup dans ses appartements mais sans trop de méchanceté. Et la comtesse donne le ton, je vous prie de me croire.

Mais le plus étonnant dans cette rucherie, car c'en est une et des plus extravagantes, ce sont les personnages qui gravitent autour de la comtesse. Je la crois sourde et aveugle pour ne point remarquer la roublardise de ces jocrisses qui la flattent et vivent à ses crochets. Ou bien, elle s'amuse de leur jobardise. Ce que je pense plus volontiers.

Or donc, me fut présenté le sieur Arthur De Cucumont du Sot. Je ne saurais vous décrire ce plumitif autrement que par ces termes : arguant de son prénom, il m'annonça tout de go qu'il descendait d'un autre Arthur illustre– le roi lui-même ne vous en déplaise et il eût voulu que je le crusse – Il se jeta à mes pieds avec une emphase comique pour rhapsoder des vers insipides auxquels, avec la meilleure volonté du monde je ne compris goutte. Je fus heureuse de pouvoir cacher mon fou rire derrière le magnifique éventail que vous m'offrîtes pour la Noël. Je ne sais comment il s'y prit mais, curieusement, ce mirliflore fit se pâmer plus d'une précieuse et quelques gourgandines ici présentes.

Mais voilà que pour accompagner du Sot dans ses divagations s'approcha un traîne savate, nommé Saphir de Micro-Sillon. Quel joli prénom n'est ce pas mais ce croque note phlegmoneux n'avait de raffiné que son petit nom. Je ne vous parlerai pas de sa musique. A peine pouvait-il tenir l'archer de son violon ayant abusé sans doute d'une boisson que lui servait généreusement le confesseur de la comtesse, l'abbé Burette de Tonsure.

Me promenant dans un des salons du château, j'aperçus tout à coup, près d'une fenêtre une jeune femme un peu bohème qui se tenait devant un chevalet. Elle peignait – me croirez-vous ? - une tartouillade si vulgaire que mes yeux me piquèrent affreusement. Elle crut bon de se présenter en faisant une légère révérence : Opportune de Gribouillère pour vous servir Madame. Elle se mit en devoir de m'expliquer son tableau et je mourrais d'ennui. Heureusement, une petite bonne trotte-menue arriva bien à propos pour nous proposer une bergerette bien fraîche. J'en profitai pour quitter la barbouilleuse.

Je ne pus tenir plus longtemps dans ce cénacle qui ressemblait davantage à la cour des miracles.
Je fis mes adieux à Madame des Ormes de Combras qui était écroulée dans son fauteuil, ivre-morte. Bracquemart, fier de sa bonne surprise et du tour qu'il nous avait joué, à Liselotte et à moi, nous reconduisit en riant aux éclats jusqu'à la maison.

Voyez, ma chère Eglantine à quoi ressemblent ici les divertissements. Je vous devine peinée pour moi. Ne le soyez pas. L'observation de nos semblables m'occupa beaucoup cet après midi là et je pense qu'à défaut de conversations sérieuses et bien souvent ennuyeuses qui se tiennent à Paris, ici, l'on s'amuse à la bonne franquette comme dit souvent ma servante Philomène.

Non, vraiment je ne me languis point de Paris mais de vous et vous me feriez grand plaisir de venir me visiter.

Je vous embrasse, très chère comme je vous aime.

Adélaïde de Sansoucy.

jeudi 28 mars 2019

Mister K - Mots obsolètes

A force de s’enganter
La guinette
À grands coups de tartouillade
A force de rhapsoder
Autant qu’un plumitif
En véritable tâcheron
Le croque-notes
Attrapa
Une ripopée carabinée


de Salman Rucherie
Les versets synthétiques

Tiniak - Mots obsolètes


Rhapsode, dite en bleu

Fatigué, là... Nan, mais si, fatigué je suis. J’ai erré, toute la nuit, bourré au point de jeter mes bras dans le ciel pour en faire une… tartouillade, quoi. T’imagines ? Avec la ville sous mes pas, mes maigres doigts de plumitif caressant le platane, l’orme et… si !... si !... même l’if. Ces foutues haies d’ifs ! Nul pardon pour les amateurs ; même pas désolé… C’est pas des interrogations, ces buissons ratés ! Cette grossière trucherie ! C’est une injure à la façon d’organiser un peu sa haie en donnant, s’il-vous-plaît, quelque chose aimable et singulière à contempler. Passons…

[Tiens, c’est marrant, Gogol du web reconnaît pas s’il-vous-plaît, passons…]

Sauf que le greffier que je suis, au service du cabinet Vattefer, piloté par Maître Hassac, il s’est réveillé ce matin, auprès de sa moitié gobant des mouches tsé-tsé (hiver, printemps, été… qu’importe la saison, elle dort tout autant), les esgourdes (les miennes !) embrouillées par un foutu croque-notes. Attends ! Que tu mettrais, dans un sanibroyeur SFA, Nathalie Dessay et Johnny Rotten, ça t’aurait encore un semblant de Tom Waits, quoi ! Que lui, le gonze, il braillait, une sorte de chanson réaliste, truffée de termes abscons et désuets où il était question d’une « damoiselle » dont il s’était « enganté naguère » (nan, mais attends ! « enganté » !!) et qui l’avait jeté sur le pavé… à venir rhapsoder jusque sous mes fenêtres, dis !

[Tiens, c’est marrant, rhapsoder, Gogol du web connaît pas non plus, dis…]

La journée qui s’ensuivit ne fut pas moins irritante. Au bureau, j’avais le cerveau englué dans mes dossiers pis qu’en cuisine, les doigts de ma grand-mère travaillant sa guinette. Grève de métro à l’aller, panne de RER au retour, tombée de drache par vent violent rendant l’usage du pébroque impossible, pour finir par reconnaître, dans le couple échangeant un baiser fougueux sous le porche d’une résidence voisine, ni plus ni moins que celle dont j’avais préservé le sommeil ce matin en quittant silencieusement notre (?) chambre. J’ai balancé ma  serviette dans l’entrée, sans entrer, puis j’ai tourné les talons et j’ai foncé Chez Loulou & Raymond, bar LGBT où je savais pouvoir trouver un air de fête salutaire… mais pas salvateur, vu que j’en suis sorti, rond comme un petit beurre même pas LU et plus chargé qu’une douteuse ripopée, tant et si bien qu’en ce morne petit matin, je n’entends pas venir la voiture électrique qui me f…

[Quelqu’un peut-il ajouter ripopée au dico de Gogol – ultime pensée qui me f…]


Célestine - Mots obsolètes

Dans le poste

C’est le printemps.
Dès potron-minet, l’air primesautier est tout chargé d’effluves et de piaillements émoustillants. Dans la TSF, Ella Fitzgerald, accompagnée de ses croquenotes de génie, envoûte de sa voix de velours mon cabinet de toilette. Je m’adonne comme à l’accoutumée à mes ablutions, contemplant avec béatitude dans le miroir ma callipyge et gouleyante personne, dont tant d’hommes s’engantent régulièrement, quand à brûle-pourpoint, le speaker interrompt brutalement, comme un gougnafier, mon programme classique. Au beau milieu d’une mesure à quatre temps.
Saperlipopette ! Me prendrait-on pour une guinette ? Quelle galéjade, quelle rucherie ce paltoquet mal rhapsodé va-t-il inventer pour justifier cette rodomontade ? Je subodore quelque fâcheuse péripétie, comme un assassinat, un attentat à Sarajevo ou, pis encore, une grève-surprise.
Je tends l’oreille subrepticement pour ouïr la ripopée d’arguments que ce pleutre chafouin va claironner, avec moult circonvolutions oratoires. Mais, ô déconvenue ! Ce ne sont que calembredaines habituelles, brigandages et coups de Jarnac, une tartouillade de plus de la part des foutriquets hâbleurs ou pusillanimes qui se disputent le pouvoir.
En fait d’assassinat, l’un d’eux s’est fait pincer le bec par un canard, un plumitif qui le fustige en l’accusant de manœuvres douteuses. Rien de mirifique dans l’escarcelle de ce diseur de mauvaises aventures, rien qui justifie l’interruption du programme par un malappris.
Je tourne le bouton de la TSF pour lui fermer le clapet.
Et je vais, drapée dans ma nudité outragée, lancer le 33 tours d'Ella Fitzgerald sur la platine du tourne-disque. Un oiseau se pose sur le bout de mon doigt et le jazz m’envahit à nouveau. C’est le printemps.
 

mercredi 27 mars 2019

Jérôme - Mots obsolètes


Après l’hiver vient le printemps
Qu’il pleuve ou qu’il fasse vent
La verte langue fait peau neuve
Le croquenote est à l’épreuve
Rhapsodiant les mots reverdis
En ripopées et rucheries.

A beau faire la roue le paon
Guinette pioute, l’âne hi-han
Après l’hiver vient le printemps
Qu’il pleuve ou qu’il fasse vent
Tartouillée sans tartufferie
Comme chat guigne la souris,

La verte langue s’invente
Et les vieux vocables s’engantent
En ripopées et rucheries
Nul plumitif n’en démordit
Après l’hiver vient le printemps
Qu’il pleuve ou qu’il fasse vent.

mardi 26 mars 2019

Mapie - Mots obsolètes

Certains lisent dans le marc de café... Moi je me projette dans la betterave.
Notez toutefois que si j'avais  ce don de lire dans le café...  Je ne patouillerais pas dans l'aplat de couleur rouge à l'heure qu'il est...
Tout cela n'est en fait qu'un concours de circonstances, une suite de hasard, un déroulements de faits découlant d'un banal incident , un dérapage en quelques sortes..
A l'origine, mon art était plutôt culinaire que pictural....
Enfin culinaire... entendons nous bien... J'avais pour objectif de savoir jouer de la batterie...
J'aime le jazz... et je m'étais engantée d'un batteur multifonctions  ( il jouait aussi de l'harmonica). Il faut dire que...
" J'aime tous les succès de Duke Ellington
tous les standards d'Oscar Peterson
Lionel Hampton
Scott Hamilton   OK OK OK Ok... "
Un vrai batteur, pas un  croque-notes comme il y en a tant... non un passionné, un type qui aurait pu jouer du piano avec les orteils tant son corps sonnait juste .
Bref j'ai cumulé les points chez intermachin et j'ai pu m'offrir pour 15 euros la totalité de la batterie de cuisine.
Dites, Vous saviez que selon ce que vous mettiez dans vos casseroles, le son pouvait bruiter différemment ? 
Oui, vous le saviez... évidemment...

Moi je l'ai découvert, en remplissant chaque contenant de produits différents... des légumes secs, de la mousseline de betterave  (l'art d'accommoder les restes) , de l'huile, de l'eau, du chocolat et même du vin...
Dites, Vous saviez que le bourgogne sonne plus plein et plus capiteux que le beaujolais? 
Oui, vous saviez aussi ... évidemment...

Et j'ai fouetté, et j'ai battu, et j'ai mijoté à petit bouillon , bref j'ai créé . Je crois vraiment pouvoir dire que là oui là... j'ai rhapsodé sévère !  
Ma cuisine battait son plein quand les gendarmes ont forcé la porte. Ils parlaient de refus d'obtempérer , de tapage diurne et de folie culinaire... Se sont penchés sur ma batterie, en traitant mon instrument de  répugnante ripopée ! Je devais immédiatement cesser "mes expériences", car  sinon il y  aurait un procès et que pour moins que cela , des sentences tomberaient...
Forcément j'ai vu rouge ... un véritable frelon dans une rucherie ! J'ai pris une cuillerée de mousseline de betterave, et je la jetais à la la tête du gendarme qui s'esquivant adroitement , la laissa s'abimer contre le mur blanc de ma cuisine. 
C'est à cet instant précis. Lorsque la spatule de bois dans un bruit sourd fit une gerbe d'épaisses gouttelettes sur le mur, que mon œuvre  extraordinaire prit vie. 
Un coup d'éclat, avait suffit à faire naitre chez moi un don que je ne savais être... comment vous dire... un peu comme la cerise qui tomberait par hasard dans le chocolat et donnerait la guinette, ce petit luxe extra..
Oui c'est ça, ma spatule de bois était cette cerise, et le mur blanc son chocolat. 
Si procès il y a, le plumitif  pourra rendre  compte de cette épiphanie: une  rhapsodie culinaire libératrice d'une fresque extraordinaire.   
Quelques esprits moins éclairés qualifieront mon œuvre de tartouillade, j'en conviens. L'avenir le dira... 
Dites, vous saviez que les fresques romaines n'avaient pas été signées par leurs auteurs... et que les pyramides d'Egypte non plus? 
Oui, vous saviez bien sûr…

lundi 25 mars 2019

Adel - Mots obsolètes

Désuétudes

Histoire d'amours 


Un plumitif plaintif
Geint dans son gin
Ginette, sa guinette, l'a quitté...
En jeans, elle se la pète Marylin
Pour tenter d'enganter
Un croque-notes en croquenots
Qui rhapsode dans un caboulot
Où, fauché, il se saoule à bon marché
D'infâmes ripopées
La Ginette, il en a rien à cirer !
Lors la guinette, cœur d'artichaut,
S'enamoure d'un troubadour
Qui lui fait sa cour
En flopées de jolis mots
Mais bientôt, Ginette au corps trop chaud
Laisse choir le troubadour
Pour un méchant maquereau
Qui la flanque sur un trottoir crado
Du côté du Sébasto...
Et puis un jour, pas vraiment beau,
Tandis que le plumitif plaintif
Se noie pour toujours
Dans son dernier verre de gin
Ginette la guinette enfile un vieux jean
Et va se jeter à l'eau
Loin du Sébasto.