Un petit rien à faire
juste avant de dormir
m'expédie en enfer
au moment de sortir
du Rêve
- arpents de souvenirs sur de fantasques grèves...
Ô sœur chérie, gavée de Rire, était-ce l'heure
d'en détruire l'An-Pire ?...
de rameuter - de sacrifier ? d'un sidérant sourire
tes yeux à des beautés sans cœur !?
Ou quoi ? Peut-être
jeter du pain rassis, sans bruit, par la fenêtre... ?
Ô Peine-Brune...
Comme elle est restée noire, ta dernière lune...
Dois-je fermer, ce soir, sur le nocturne, mes volets ?
ou pleurer - Beaudelaire !
sur l'escargot passé sous ma voûte plantaire ?
Ah, mon Chien, tiens ! ton mors...
Irai-je te sortir encore
à ronger les mornes parvis
- amphitéor' des malappris !
Où qu'est ta laisse ?
Pas à confesse !
Et que pourrait donc te chaloir
qu'un nouveau tour de liesse
fût aussi dérisoire que la gloire !
Pour un caca...
en attendant qu'y glisse un pied pieux de bourgeois !
Wouhou ! Porridge ! Colargol !
Et nan, plus rien qui me racole
- eh non ! Archaïque Françoise...
ni à ton sein de franc-bourgeoise
ni z'à mes songes z-outranciés
- oh, qu'âpre est tout ce que je sais !
Ce que j'ignore
est logé quelque part entre l'âme et le corps
Ce petit rien
naisse d'être curieux - toujours ! de ce qui vient
Où chercher son bidule (en corps)...
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dimanche 7 février 2016
vendredi 5 février 2016
Manoudanslaforêt - Un petit rien
Un petit rien
Une tasse sale qui traîne sur la table basse, un petit rien
Un kleenex usagé idem, un petit rien
Une lumière restée allumée toute la journée, un petit rien
Une paire de chaussures dans un coin, un petit rien
Un pantalon sur le dos d’une chaise, un petit rien
Un pull sur une autre, un petit rien
Une serviette de bain trempée en boule, un petit rien
Un lit jamais fait, un petit rien
Que des petits riens…mais plein de petits riens …
N’amène rarement à un petit rien….
Libellés :
Manoudanslaforêt,
Un petit rien
jeudi 4 février 2016
Gene M - Un petit rien
Cela s'annonçait bien. Ce serait un savoureux repas de fête. J'avais terminé la confection de tous les plats et la table était dressée.
J'avais particulièrement soigné le décor et réalisé un joli centre de table avec de petits cadeaux surprise pour chacun. Cela devrait ravir petits et grands.
Il me restait un petit rien à faire : aller chercher le pain. Je lançai à la cantonade : Je reviens ! J'en ai pour 10 minutes.
A ce moment là, Misti, le chat adoré de la maisonnée se mit à vomir.
- Oh Misti, tu as encore grignoté les plantes du balcon....
Je nettoyai rapidement, maudissant le temps qui passait trop vite, les enfants et le mari qui n'aidaient pas et le chat adoré qui se moquait du monde !!
A peine sortie de l'appartement, je me heurtai au gardien qui vitupérait.
Il m'apostropha :
- Ah Madame M. Savez vous qu'il y a encore eu des vols , l'aspirateur a disparu. Je sais que c'est moi que l'on vise.
- Calmez vous Monsieur Pérette je vais en parler au conseil syndical et l'aspirateur sera remplacé. Ne vous inquiétez pas..
Je plantai là le gardien parano et me hâtai vers la boulangerie qui n'allait pas tarder à fermer.
Et comble de malheur, j'aperçois au loin Madame Truche, redoutable commère qui lorsqu'elle parvenait à vous alpaguer ne vous lâchait pas avant d'avoir écoulé tout son venin...
Je pris un air affairé et pressé ( et pressée, je l'étais) en vain, le serpent m'avait vu.
La Truche me barra le chemin, et malgré mes tentatives de fuite, m'assena son discours nauséabond. Tout y passa, la politique, ses voisins, sa famille....
Je tentai des phrases du genre :
- MadameTruche je dois y...
- Et vous savez pas ce qu'elle m'a fait bla bla bla; et ma locataire m'a laissé mon studio dans ...bla bla bla on dirait une porcherie bla bla bla
- La boulangerie va fermer et j'ai besoin de pain, vous pouvez comprendre ça, Madame Truche, hurlai-je en désespoir de cause.
J'arrivai in extremis et je pus enfin acheter mon pain mais j'étais d'une humeur de chien et je me dis que si jamais un des convives me faisait la moindre remarque, je laisserais tout en plan et je filerais au cinéma.
Fred mili - Un petit rien
Je n'avais que dix ans et me rendais seul au collège chaque jour de la semaine. J’aimais bien cette indépendance forcée. Mes parents travaillaient et moi je faisais comme je pouvais pour me maintenir dans la moyenne.
Mes parents s'en contentaient. Moi aussi. Les satisfaire me permettaient de vivre ma vie sans pâtir de leur autorité.
Cependant mon seul problème fut d'être un doux rêveur, de laisser trop de suite à mes idées. De chez moi au collège il me fallait prendre le bus bien que je pusse m'y rendre à pedibus jambus et j'étais un peu comme une abeille à butiner ici et là.
Donc hier je ne pris pas le bus, je suivis la belle Solène, celle qui faisait chavirer mon cœur depuis la maternelle. Maintenant qu'elle était en 6ème A et moi en B on était en bisbille.
Ce jour-là maman m'avait demandé de rapporter du pain en revenant du collège, en bon fils serviable j’acquiesçais.
Dans le préau j'avais abordé ma princesse de cœur, celle qui me mettait en émoi et me rendait très agité. Dédaigneuse elle me toisa comme un sous-fifre et non comme son valet de cœur. J'étais médusé.
Elle connaissait mon amour platonique.
Ma journée fut nulle. Le prof de maths me tança parce que j'étais obtus, dit-il, ce qui amusa beaucoup mes camarades. Ma princesse m'ignora plus que d'habitude. J'étais dans le noir.
Bêtement sur le chemin du retour voulant provoquer son attention je touchais ses fesses. Elle me gifla avec violence. Dépité je courus à toute berzingue m'arrêtant à la boulangerie pour acheter un croissant aux amandes pour mon quatre heures.
Face à l'église je décidais d'aller faire mon acte de contrition mais sur la place pavée je ramassais un gant de laine rose avec un tournesol dessus, j'étais sûr qu'il appartenait à Solène, signe du destin peut-être.
J’oubliais aussitôt mes velléités de prière, rangeant le gant dans mon cartable je pensais l'utiliser comme une monnaie d'échange. Je me dirigeais vers la supérette pour acheter le litre de lait que maman m'avait demandé de rapporter mais Mathis un copain de club me pria de venir faire un foot avec la bande, il manquait un joueur.
Je jouais au foot avec le gant de Solène à la main. Je respirais son odeur. Troublé je quittais le terrain sans me soucier des autres mais le but qu'on prit par ma faute me fit détaler à toutes jambes, poursuivi par une meute de copains mécontents.
J’oubliais tout.
Sauf Solène.
Je rentrais à la maison sans mon sac d'écolier. C'est devant la porte de chez moi que je réalisais que mes clés se trouvaient dedans et mon sac quelque part en France. Cette constatation ne me bouleversa pas. Je m'assis sur les marches du perron, regardant ma main dans le gant de laine rose, l'enfilant après l'avoir enlevé sans omettre de le sentir, m’imprégnant de son odeur.
Lorsque maman arriva elle s'enquit de savoir ce que je faisais encore dehors. Je lui confiais que j'avais sans doute oublier mon sac chez Mathis avec les clés dedans.
– Et la baguette m'interrogea-t-elle ?
– Dans mon sac répondis-je plein d’aplomb.
Un lourd silence s'ensuivit.
mercredi 3 février 2016
Anne de Louvain-la-Neuve - Un petit rien
Tout avait pourtant si bien commencé en ce jour
d'élections, migration confortable de presque toute une nation dans un même
but, le vote étant obligatoire en Belgique ! Contrairement à la majorité silencieuse, j'apprécie
cette journée-là, mais pas nécessairement pour les raisons que l'on croit. D’abord,
simple constatation climatique, le soleil brille souvent puisque nous nous
rendons aux urnes à pied et Dieu sait si le temps fluctue plutôt à la baisse
chez nous. Quand il fait beau, on s’en souvient ! Ensuite se dégage un air
qui rassemble comme lors d'un chagrin national, d'une catastrophe ou d'une
nouvelle qui touche le pays tout entier et exclut les autres. Si la façon de procéder est la même pour tous,
les motivations sont évidemment différentes pour chacun. Mais tous nous
ressentons la connivence du jour, corvée ou satisfaction d’accomplir un devoir
civique.
L'école du Blocry où se rendent les électeurs
est celle qui a vu grandir mes enfants. Ah, les bons souvenirs se rappellent à
foison. Mon chien Bilboquet s’asseyait ici, toujours devant cette grille, en les
attendant et faisait sensation, sa zigounette bandante s’étalant sur le
trottoir, ce qui provoquait immanquablement la curiosité hilare des petits. Passé
la porte d'entrée vitrée, on pénètre dans l'odeur de l'école, caractéristique, un
couloir que longent les portemanteaux placés un mètre plus bas que la normale.
Et par-dessus, les fenêtres de chaque classe affichent les habituels dessins pédagogiques,
squelettes, cartes de géographie, photos d'animaux et consignes diverses.
Aujourd'hui de grands papiers portant les
numéros des bureaux de vote y sont apposés. Des files approximatives et floues se
forment, s'entrecroisent. La 113 me concerne. Mes "Bonjour, comment vas-tu
?" télescopent le "C'est la queue du 111 ?" d'un voisin. Une
ambiance bon-enfant partout sans le moindre vent d'agressivité ! Nous
n'avançons pas alors que la 110 dégorge une hémorragie d’« a voté ». Sourires
en coin, connivences occultes se frôlent, l'opposition effleure la majorité et si
un raciste évite un voile du regard, il ne pourra pas voter la fâcheuse
"liste noire" : point de cette sorte de parti à Ottignies-Louvain-la-Neuve
! C'est une petite ville où toutes les tendances se côtoient avec bonhomie, les
véritables écolos baba cool estampillés 68, d'authentiques catholiques très
pratiquants, des exemplaires de toutes couleurs de la cité sociale, des bobos bien
comme il faut. C'est mon tour, je
rentre, coche, ressors et repars.
Une belle journée tranquille. Je rejoins la maison. J’ouvre la porte du
garage pour y chercher dans l’étagère le paquet de spaghettis pour midi. Horreur, mon garage est vide, ma voiture a
disparu ! Volée ! Quel toupet ! Il me faut alors deux secondes pour
enclencher mes engrenages cérébraux à pleine vitesse et en marche arrière et pour
réaliser que je l’ai oubliée l’avant-veille sur un parking dans la ville d’à
côté. Nous chantions un concert vendredi soir et j'y ai déposé ma voiture pour
un covoiturage plein d'entrain avec les copines. Le concert était si exceptionnel et la fin de soirée si réussie que, ramenée par mon mari dans sa propre
voiture, j'en ai oublié de reprendre la mienne.
Je cours chercher mon sac à main tout en
hélant ledit mari. À cette seconde précise, j’aperçois mon portefeuille, grand
ouvert sur la table. Écarquillant les yeux, je dois me rendre à
l’évidence : j'ai oublié ma carte d'identité sur le bureau des assesseurs.
Retour à la case départ-école avant de reprendre la route pour rejoindre le parking.
Crénom d’une pipe, où est ma jolie
petite auto ? À sa place, un tacot tout cabossé, griffé de partout, pare-brise éclaté ! Tremblante, j’ouvre la portière et je constate alors que la couverture
odorante de mon chien, elle, n’a pas bougé, la radio non plus, d’ailleurs ! C’est
déjà ça.
J’enclenche le contact et me traîne chez mon
garagiste dans le brouillard d’une réalité kaléidoscopique et potentiellement dangereuse. Cinq minutes d’examen à
peine lui suffisent pour me pousser à appeler la police. Il y a des
traces de sang sur le pare-choc. Il faut à présent me disculper d’un éventuel délit
de fuite ayant entraîné la mort d’un inconnu ! Je prends alors rendez-vous
avec la police de Wavre pour y faire ma déposition.
Un spaghetti raté plus tard, celle-ci m'informe qu'ils ont coincé les
auteurs du vandalisme. Ces imbéciles ont laissé leurs empreintes de pied sur la
portière d'une des autres voitures sur lesquelles ils se sont acharnés ce
soir-là, en se blessant. Mais ils ne me laissent aucun espoir d’indemnisation :
les jeunes sont insolvables et l'affaire sera classée sans suite par la justice
un mois plus tard.
Aujourd'hui, la vie a repris son cours. L'air
a changé de consistance. Je ne sens plus en connivence. L'après-élection promet
quelques revanches sanglantes, des coups bas bien épicés, et un bon paquet de
désillusions pour tous. Je les ai entendus ce matin s'empoigner à la radio,
Laurette contre Isabelle, Joëlle contre Didier. Mais l'extrême droite n'a pas
eu Anvers ! C'est une bonne chose. Et ces casseurs n'ont rien emporté de
précieux à part un restant d'inconscience et d'innocence à propos du genre
humain. Il me reste cependant de l'optimisme, une grande capacité à la rêverie,
un pourcentage énorme de distractions potentielles et de bons amis pour me
remonter le moral. Puis comme dit toujours mon père le plus sérieusement du
monde, mes ennemis mourront un jour.
Où lire Anne
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Libellés :
Anne de Louvain-la-Neuve,
Un petit rien
mardi 2 février 2016
Clémence - Un petit rien
Pour une pépite.
Cécila terminait dans un souffle cet air sublime de la Clémence de Titus de Gluck : « Se mai senti spirarti sul volto... »
Cette aria déclencha en moi le besoin quasi vital de retrouver mon petit carnet vénitien. Celui à la serrure minuscule, où je notais mes airs préférés.
- J'en ai pour une minute, juste un petit rien ! m'écriais-je en montant l'escalier, abandonnant mon premier café du matin et mon mari à peine sorti des brumes matinales.
Je me réjouissais d'avance de mes retrouvailles musicales en tendant la main vers l'étagère adéquate.
Une tête de vis fit de l’œil à la manche de mon cardigan et l'attira méchamment au point de lui tirer un fil. Je posai délicatement mon carnet vénitien sur ma table et descendis à la recherche d'un tourne-vis et d'un crochet. L'un pour un tour de vis, l'autre pour un tour de maille.
J'entrai dans le cellier où dormait la petit boîte à outils. Je constatai, primo, que le panier de linge sale débordait avec opulence et que , secundo, j'avais oublié de vider la machine. J'oubliai un instant ma quête.
J'ouvris le hublot et reçus dix litres d'eau sur les pieds. Je partis à la recherche d'un seau et d'une serpillière pour éponger le sol. Je nettoyai le filtre avec application et relançai le programme.
Munie du tourne-vis, je partis à la recherche d'un crochet dans mon panier à ouvrages. Le saisissant trop vivement, il se vengea en me plantant traîtreusement une écharde dans le pouce. J'avais besoin d 'une loupe.
La petite loupe de bijoutier. Ah….dans le tiroir de l'entrée.
Mon mari me pria de cesser mes déplacements incongrus qui lui donnaient le tournis. Je m'assis au coin de banc, et lui accordai le temps de boire mon café. Ce fut surtout mon pull qui absorba le breuvage tiède.
- M'attends pas, finis de déjeuner sans moi lui criai-je du fond du couloir en constatant les dégradés de bruns.
Je filai sous la douche. Et, tant qu'à faire, un shampoing-brushing et un léger maquillage feraient également grand bien à mon moral. Quittant la salle de bain, j'eus simultanément une pensée pour la maille de mon pull et pour la mercerie-pressing.
Je revins à la cuisine, empoignai mon sac-à-main et les clés de ma voiture, lançait un baiser du bout des doigts et partis vers la bourgade voisine.
A peine arrivée sur le Cours, je rencontrai mon professeur de poterie qui se réjouissait de me voir car il désirait changer la date de son prochain cours.
- Ok, ciao, ciao, j'attends ton mail !
C'est alors qu'apparut dans mon champ de vision une copine de l'atelier écriture.
- Ah, je parlais de toi il y a à peine un quart d'heure…
- Et….
Et c'est parti. De l'atelier écriture à l'atelier poterie, nous en vînmes au nouveau petit resto sympa qui venait d'ouvrir et que nous pourrions tester.
Échange de textos qui se conclut par un « Chacun dans son truc ».
Le pressing était encore fermé. Nous décidâmes de siroter un autre café ailleurs. En lézardant grâce aux ingrédients indispensables : fauteuil, soleil, ciel bleu et terrasse.
Enfin, la mercière ouvrit ses portes. Elle accueillit mon pull en cachemire avec délitasse et j'en profitai pour m'inscrire à son atelier tricot.
Pensant à rejoindre mes pénates, j'en profitai pour passer au super-marché. Le plein pour le frigidaire et le plein pour la voiture.
Le soleil commençait à donner quelques signes de faiblesse au moment où je pris le chemin de la maison. Je sortis les paniers du coffre et constatai avec effroi que Mistral avait déposé un paquet de feuilles sur la terrasse. J'empoignai le balai…et fis un plein de feuilles ! Je relevai un pot de fleurs qui s'était renversé.
- C'est moi… Tu ne devineras jamais…..
- Si…..
Le soir tombait et moi, je tombais aussi, d'une fatigue béate.
- A propos, ne cherchais-tu pas quelques pépites musicales ?
- Mince alors….
Je grimpai à nouveau les escaliers et m'emparai de mon carnet. Je regardai le petit cadenas doré.
- La clé ?!
Je redescendis et glissai un CD : « Cécilia chante Gluck »
Cécila terminait dans un souffle cet air sublime de la Clémence de Titus de Gluck : « Se mai senti spirarti sul volto... »
Cette aria déclencha en moi le besoin quasi vital de retrouver mon petit carnet vénitien. Celui à la serrure minuscule, où je notais mes airs préférés.
- J'en ai pour une minute, juste un petit rien ! m'écriais-je en montant l'escalier, abandonnant mon premier café du matin et mon mari à peine sorti des brumes matinales.
Je me réjouissais d'avance de mes retrouvailles musicales en tendant la main vers l'étagère adéquate.
Une tête de vis fit de l’œil à la manche de mon cardigan et l'attira méchamment au point de lui tirer un fil. Je posai délicatement mon carnet vénitien sur ma table et descendis à la recherche d'un tourne-vis et d'un crochet. L'un pour un tour de vis, l'autre pour un tour de maille.
J'entrai dans le cellier où dormait la petit boîte à outils. Je constatai, primo, que le panier de linge sale débordait avec opulence et que , secundo, j'avais oublié de vider la machine. J'oubliai un instant ma quête.
J'ouvris le hublot et reçus dix litres d'eau sur les pieds. Je partis à la recherche d'un seau et d'une serpillière pour éponger le sol. Je nettoyai le filtre avec application et relançai le programme.
Munie du tourne-vis, je partis à la recherche d'un crochet dans mon panier à ouvrages. Le saisissant trop vivement, il se vengea en me plantant traîtreusement une écharde dans le pouce. J'avais besoin d 'une loupe.
La petite loupe de bijoutier. Ah….dans le tiroir de l'entrée.
Mon mari me pria de cesser mes déplacements incongrus qui lui donnaient le tournis. Je m'assis au coin de banc, et lui accordai le temps de boire mon café. Ce fut surtout mon pull qui absorba le breuvage tiède.
- M'attends pas, finis de déjeuner sans moi lui criai-je du fond du couloir en constatant les dégradés de bruns.
Je filai sous la douche. Et, tant qu'à faire, un shampoing-brushing et un léger maquillage feraient également grand bien à mon moral. Quittant la salle de bain, j'eus simultanément une pensée pour la maille de mon pull et pour la mercerie-pressing.
Je revins à la cuisine, empoignai mon sac-à-main et les clés de ma voiture, lançait un baiser du bout des doigts et partis vers la bourgade voisine.
A peine arrivée sur le Cours, je rencontrai mon professeur de poterie qui se réjouissait de me voir car il désirait changer la date de son prochain cours.
- Ok, ciao, ciao, j'attends ton mail !
C'est alors qu'apparut dans mon champ de vision une copine de l'atelier écriture.
- Ah, je parlais de toi il y a à peine un quart d'heure…
- Et….
Et c'est parti. De l'atelier écriture à l'atelier poterie, nous en vînmes au nouveau petit resto sympa qui venait d'ouvrir et que nous pourrions tester.
Échange de textos qui se conclut par un « Chacun dans son truc ».
Le pressing était encore fermé. Nous décidâmes de siroter un autre café ailleurs. En lézardant grâce aux ingrédients indispensables : fauteuil, soleil, ciel bleu et terrasse.
Enfin, la mercière ouvrit ses portes. Elle accueillit mon pull en cachemire avec délitasse et j'en profitai pour m'inscrire à son atelier tricot.
Pensant à rejoindre mes pénates, j'en profitai pour passer au super-marché. Le plein pour le frigidaire et le plein pour la voiture.
Le soleil commençait à donner quelques signes de faiblesse au moment où je pris le chemin de la maison. Je sortis les paniers du coffre et constatai avec effroi que Mistral avait déposé un paquet de feuilles sur la terrasse. J'empoignai le balai…et fis un plein de feuilles ! Je relevai un pot de fleurs qui s'était renversé.
- C'est moi… Tu ne devineras jamais…..
- Si…..
Le soir tombait et moi, je tombais aussi, d'une fatigue béate.
- A propos, ne cherchais-tu pas quelques pépites musicales ?
- Mince alors….
Je grimpai à nouveau les escaliers et m'emparai de mon carnet. Je regardai le petit cadenas doré.
- La clé ?!
Je redescendis et glissai un CD : « Cécilia chante Gluck »
Nadag - Un petit rien
Un petit rien
Viens mon Loulou, je vais t’asseoir dans le chariot. Mais ne
bloque pas tes pieds comme ça, allez, assieds-toi gentiment, on va faire les
courses. Tu vois, cette fois mamie a même pensé à prendre la liste. Tu sais que
je suis assez fière de moi ? D’habitude je la laisse à la maison, tu vas
penser qu’elle commence à être un peu gaga ta mamie mais en réalité c’est une très
bonne chose, ça m’oblige à faire travailler ma mémoire pour me souvenir de ce
qu’il y avait dessus, c’est un excellent exercice, ça protège de la maladie
d’Alzheimer !
Qu’est-ce que tu veux, là ? Ah non, on ne s’arrête pas
au petit manège, on n’a même pas commencé les courses. On ira au retour, quand
on aura fini.
Bon, alors qu’est-ce qu’il nous fallait ? Trois trucs,
on va faire vite. Sucre, œufs, chocolat : à ton avis c’est pour
quoi ? Eh oui, pour faire le gâteau d’anniversaire de ton grand frère,
bien sûr ! On va lui faire une belle fête pour ses quatre ans, tu vas
voir. D’abord, le sucre. Ça doit être par-là à droite. Tiens, des
coloriages ! Ça pourrait faire un petit cadeau en plus pour Arthur. Oui,
bonne idée. Lequel on lui choisit ? Animaux de la ferme ? Bof. Princesses
et costumes du monde ? Trains, camions et voitures ? C’est désolant
tout ça ! Tu te rends compte comment dès la petite enfance on continue à reproduire
les stéréotypes garçon-fille, c’est pathétique ! Quand je pense que j’ai
grandi avec le MLF, on n’avance pas, ça me fout en l’air ! Ah, des mandalas,
regarde comme c’est joli. Ca au moins, c’est juste artistique ! Bon, il y
en a trois différents, lequel on prend ? Mais ne tripote pas tous les
cahiers mon p’tit loup, voyons. On va garder juste celui-là, d’accord ? Allez,
sois gentil maintenant, lâche tous ceux-là, on les remet dans le bac, voilà c’est
bien.
Mais attends, si on prend un coloriage pour ton frère il
nous faut aussi des feutres ou des crayons. Oui, une belle boite de feutres, ce
serait super, on va bien lui trouver ça. J’en ai vu des fluo l’autre jour, et
même des à paillettes ! A mon avis la papeterie ça doit être par là… Lessives,
produits d’entretien, mauvaise pioche. Deuxième allée, peut-être ? Vaisselle,
électricité. La troisième ? Là on arrive à l’alimentaire, mais alors on a
dépassé le matériel scolaire et les feutres ? Bon, c’est pas grave, on y
reviendra plus tard, on va commencer par les œufs : je pense que c’est par
là, juste après le riz et les pâtes. Allez Loup-garou, cherche les œufs avec
mamie. Où ils sont, les œufs ? Mais c’est fou, ça, ils les ont changés de
place ou quoi ? On n’est pas dans le bon coin, c’est sûr : conserves,
thon, terrines, pâtés, j’ai besoin de rien de tout ça moi… ah mais par contre ça
me fait penser qu’il faut qu’on prenne des boites pour Mistigri ! Justement
la nourriture pour chats ça doit être dans l’allée d’après. Ah ce Mistigri, il
est trop mignon, vous en êtes fous, ton frère et toi ! Vous jouez tellement
bien tous les trois !
D’ailleurs, au fond je me demande si on n’aurait pas mieux
fait de prendre Chiens et Chats comme coloriage. Je ne sais pas si Arthur va
tellement aimer les mandalas, il est peut-être un peu jeune pour ça… Viens mon Louis,
on va aller échanger, d’accord ? Oui, je crois que ce serait mieux. C’était
à l’entrée du magasin. Hop, demi-tour, accroche-toi, ça tourne ! Ha ha, c’est rigolo, hein ? Bon, mais n’oublions
pas les boites de Sheba au passage. On ne doit pas être loin, on est aux jouets
pour animaux. Et si on prenait un petit jouet pour Mistigri, ce serait sympa,
vous pourriez jouer avec lui ! Une balle rebondissante ? Ou tiens,
une souris mécanique, ça c’est rigolo : on tourne la clé et la souris court
partout ! Combien ça coûte, ce truc ? Zut y’a pas de prix et en plus
c’est la dernière. Bon c’est pas grave, on va bien trouver un lecteur de code
barre, il y en a un pas loin. Oui mon Louistiti, tu peux tenir la souris. Tu la
gardes hein, tu ne la fais pas tomber ? Alors, où elle est cette
borne ? C’est sur un pilier vers le milieu du magasin. Non, pas sur celui-là.
Sur le suivant, alors ?
Tiens, un distributeur d’eau ! Tu veux boire un coup
mon p’tit loup? Ben oui tu as soif mon chéri. Voilà, si tu te penches tu peux
attraper le verre tout seul. Attention, tu en as pris trois d’un coup. On en
prend juste un et on remet les autres là-haut. Oui oui, c’est toi qui fais. Je
sais bien qu’à deux ans on veut tout faire soi-même. Voilà, tu poses le gobelet
ici et tu appuies sur le bouton. Stop, ça suffit ! Maintenant bois
doucement sinon tu vas tout renverser ! Voilà, c’est bien. Tu en veux encore ?
Bon d’accord mais alors juste un petit peu. Voilà. Et maintenant tu jettes le
gobelet dans la poubelle, là… parfait.
Bon, alors, où est-ce qu’on en était ? La liste… ah oui, du
chocolat. Alors on va chercher l’allée où il y a écrit « café, thé, petit
déjeuner ». Pas là… ni là… Mais combien d’allées on a fait, là ? On
est en train de revenir vers l’entrée du magasin ! Au fond ça tombe bien,
je voulais aller échanger le coloriage. D’ailleurs je voulais commencer par ça,
il faut faire les choses dans l’ordre. Allez, c’est par là.
Tiens, le rayon du sucre ! Bonne surprise, on va le prendre au
passage, comme ça ce sera fait. Alors, cherche avec moi, mon Louis d’amour :
Sucre roux, sucre cristal, cassonade, sucre en morceaux … non, moi ce que je
veux c’est le sucre blanc en poudre tout simple. Tout en bas y’a le Top Budget
mais c’est des sacs en papier, ça se déchire, j’ai horreur de ça. Moi ce que je
veux c’est la boite en carton avec bec verseur. Mais enfin c’est où ?
Mini-cubes emballés sous papier, dosettes, stevia, aspartame, édulcorants… Mais
c’est incroyable ça, il me faut juste un kilo de sucre en poudre, je demande
pas la lune quand même ! Et plus loin ? Eh non, on arrive au sucre
glace, sucre vanillé, décorations en
sucre pour gâteaux, bougies… Bougies ? Mais bien sûr, il nous en faut pour
le gâteau ! Ouf, tu te rends compte, heureusement qu’on est passé par là,
j’ai failli oublier ! Alors, une grosse bougie en forme de 4 ou quatre
petites bougies ? Non, ne prends pas ça mon petit Loulou, c’est des bougies
qui se rallument ! Déjà que ton frère ne sait pas souffler, ça va prendre deux
plombes avant qu’il arrive à éteindre les quatre, alors si ça se rallume au fur
et à mesure on est morts. Allez, remets-les, c’est bien.
Quoi, qu’est-ce que tu as vu là, qu’est-ce que tu veux ?
Bon-bon ? Des bonbons ? Evidemment dans ce foutu magasin ils ont mis les bonbons à côté des articles de
pâtisserie. Et toi, œil de lynx… Mais non
mon trésor je n’achète pas ça sinon ta mère me tuera. Pas de bonbons avant 5
ans, c’est mauvais pour les dents, ça donne de mauvaises habitudes, tu imagines
bien qu’elle ne plaisante pas avec ça, ta petite mère parfaite. Si jamais elle
apprend que je vous en ai donné on aura droit à dix ans de pénitence avant de
pouvoir vous garder à nouveau. Non mais arrête de chougner, c’est non ! Allez,
on se casse d’ici en vitesse. Tu vas voir Loup-garou, on va bien s’amuser, on va
plutôt aller chercher le chocolat. Pour ça, ta mère ne fait jamais aucune objection,
elle est complètement accro. Zoum zoum, mission chocolat, et après on s’occupera
des œufs ! Virage sur l’aile, allée suivante, on tombe dans les céréales de
petit déjeuner, ah non pas ces cochonneries que les enfants adorent, vade retro
Satanas, sauvons-nous, on fonce vers le bout de l’allée, on négocie la tête de
gondole sur deux roues, ah tu rigoles bien mon Loulou, ta mamie c’est une
ex-championne de voitures à pédales, tu sais ? Ah, le miel, les
confitures, on ne doit pas être loin du chocolat…
Quoi maintenant ? Mon portable qui sonne ? Faut
que je fouille dans mon sac… ah, c’est ton papi. Allô oui ? Quoi, quand est-ce
qu’on rentre ? Bientôt, pourquoi ? Tu voudrais savoir où est le
mercurochrome ? Attends, le mercurochrome ça n’existe plus depuis
longtemps, ça a été retiré du marché quand on a compris que c’était un produit
super dangereux, on risquait des empoisonne-ments au mercure, mais pourquoi tu
as besoin de ça ? Arthur s’est fait mal, il est tombé en faisant l’avion
avec toi ? Mais tu es complètement frit de la moëlle mon ami, je ne peux
pas te laisser seul trois minutes avec un gamin ! Qu’est-ce qu’il a ? Une
grosse bosse au front ? Alors donne-lui des granulés d’arnica, tu en
trouveras dans la trousse de toilette des petits. Tu ne trouves pas ? Mais si, dans la
salle de bains…Bon écoute, j’en ai pour cinq minutes, j’arrive. A tout de
suite.
Allez, mon Loupilou, changement de programme, mets la sirène
de pompiers, on rentre à la maison. Qu’est-ce qu’on a dans le chariot ?
Rien, en fait. Ce coloriage, on n’en a pas besoin, on n’a qu’à le laisser là,
comme ça on sort direct. Sortie sans achats, hop, au revoir madame. Tu as vu
comme ça va vite ? Le manège, désolée, ce n’est plus d’actualité. Waouh, à
toute vitesse le chariot sur le parking ! Allez, viens que je te mette
dans ton siège auto. Oh, mais tu avais gardé la souris mécanique ? Zut je
l’avais oubliée, on ne l’a pas payée. Eh bien tant pis, on n’a pas le temps.
Filons !
Quand on est rentrés à la maison tout était calme :
Arthur l’aviateur et son papi gros-porteur lisaient ensemble le grand livre des
loups comme si de rien n’était, la bosse était oubliée et moi en mode urgence
pin-pon, je tombais comme un cheveu sur la soupe. Et là, Super Papi m’a
cueillie : « Résumons-nous. Tu me dis que tu as besoin de trois trucs pour
faire ton gâteau, tu disparais pendant deux heures au supermarché et quand tu
rentres, tu n’as rien acheté de ce qui te fallait et tu rapportes un jouet
pour le chat ! Il est midi moins le quart, on n’a pas de gâteau, j’ai du mal à
occuper Arthur qui saute comme un cabri en attendant son anniversaire, on fait
comment, là ? »
J’ai trouvé ça franchement injuste.
Finalement Papi gentil est allé acheter quatre éclairs au
chocolat chez le pâtissier au coin de la rue, on a planté dedans quatre bougies
pas trop moches que j’ai sorti d’une vieille boite, celle où je range aussi les
fèves des galettes des rois, et ça a fait un très joli gâteau d’anniversaire.
Après, Arthur et Louis ont montré à Minou la souris
mécanique et ça a été le succès du siècle, ça les a occupés presque tout l’après-midi.
Le chat super excité bondissait dans tous les sens et courait derrière, il
voulait attraper la souris mais en même temps il en avait peur, les enfants
hurlaient de joie. Ça a été une super journée.
On a décidé tous ensemble que désormais le gâteau
d’anniversaire d’Arthur serait toujours fait d’éclairs au chocolat empilés, et qu’on
continuerait au moins jusqu’à ses vingt ans.
On est les meilleurs grands-parents du monde.
On est les meilleurs grands-parents du monde.
Tisseuse - Un petit rien
Des choses sans importance
Il n’y a d’évidence
Que des choses sans importance
Qui s’accumulent tout doucement
Comme subrepticement
L’air de rien
Mine de tout
Pas de bien
Mis bout à bout
Juste une accumulation
De petits détails
Qui de tension en tension
Font grincer le portail
De notre cœur
Qui sans ardeur
Se grippe et se raidit
Sans un merci
Il n’y a d’évidence
Que des choses sans importance
Qui s’accumulent tout doucement
Comme subrepticement
L’air de rien
Mine de tout
Pas de bien
Mis bout à bout
Juste une accumulation
De petits détails
Qui de tension en tension
Font grincer le portail
De notre cœur
Qui sans ardeur
Se grippe et se raidit
Sans un merci
Vegas sur sarthe - Un petit rien
Du bruit dans la cuisine
Une grande cuillère pour un p'tit déj ça peut paraître exagéré mais c'est comme ça: depuis que j'ai une assez grande bouche je déjeune avec une grande cuillère.
Alors je farfouille dans le tiroir à la recherche d'une grande cuillère.
“D'où ça sort ce truc?”
Germaine relève la tête :”Ça vient du Bruit dans la Cuisine”
Je prête l'oreille à la seule condition qu'on me la rende.
On me la rend. Vide, aucun bruit... j'apprendrai bien plus tard que Le Bruit dans la Cuisine c'est le nom d'un magasin d'art culinaire.
“Mais c'est quoi ce truc?”
Germaine soupire :”C'est une cuillère connectée”
Jamais entendu parler d'ça :”Et c'est connecté à quoi?”
Là, elle ouvre la bouche mais rien ne sort comme à chaque fois qu'une de mes questions la désoriente.
J'insite :”Si elle était connectée, y'aurait une connexion, un fil ou une prise, bref quelque chose...”
Germaine reprend ses esprits.
J'ai toujours du mal avec cette expression, comment peut-on reprendre ses esprits? C'est donc qu'on les aurait confiés à quelqu'un d'autre ou abandonnés sur la table entre le beurre et la confiture de coings?
Germaine a donc repris ses esprits :”Ah oui, ça s'connecte au smartphone pour indiquer la fréquence et l'intensité des tremblements”
Je m'inquiète :“Des tremblements? Quels tremblements?”
Germaine baisse la tête :”C'est une cuillère à l'usage des gens atteints de Parkinson”
Le machin a failli m'échapper des mains :”Mais y'a pas plus d'Parkinson que de smartphone, chez nous!!”
Germaine, boudeuse :”C'était une promotion et j'me suis dit qu'ça pourrait servir un jour”
C'est malin! Elle a réussi à piquer ma curiosité; après tout c'est bien d's'instruire pour pas se r'trouver comme un plouk le jour où...
“Et ça marche comment?”
Germaine, toute ragaillardie :”Ben, avec des piles mais j'en ai pas”.
Mon chocolat va refroidir mais je fonce au tiroir des OGNI, nos objets gardés non identifiables :”C'est quelle sorte de pile?”
Germaine ignore tout de la norme 60086, elle ignore que sur notre bonne vieille terre il existe des piles bouton, des piles bâton, des carrées, des rectangulaires, des lithium, des alcalines, des zinc-argent, une source d'énergie vitale pour notre bien-être - on peut même dire nickel-chrome quand c'est super - et aussi une plaie pour l'environnement.
Bien sûr il n'y a pas de piles dans le tiroir aux OGNI mais j'en ai toujours en réserve dans la dépendance.
Notre dépendance c'est comme un immense tiroir OGNI de 90 mètres carrés à l'autre bout du terrain soit 100 mètres truffés de taupinières, un endroit dont nous dépendons totalement puisqu'il contient tout ce dont on a besoin impérativement sans l'avoir sous la main.
J'ai toujours eu horreur d'enfiler mes sabots en plein hiver avant d'avoir pris mon petit déj mais là, il y a urgence... une urgence impérieuse et technologique.
Avant même d'avoir allumé la lumière je suis accueilli par Muse et Mimine, deux de nos fauves dont la gamelle à croquettes ne peut qu'être vide.
Je parlemente - c'est à dire j'enjambe les chats - pour faire le constat.
La gamelle est vide et moi je me plains comme disait quelqu'un... le sac de croquettes est très vide lui aussi, un sac de 7.5 kilos qui suffit normalement pour la semaine, mais pas cette fois.
Heureusement j'en ai toujours un sac d'avance dans le coffre de l'AX.
Chez nous l'AX c'est comme qui dirait l'annexe de la dépendance, une réserve roulante et capricieuse qui cale souvent à l'entrée du chemin soit 50 mètres plus loin et qui recèle ce qui manque dans la dépendance c'est à dire ce qui manque dans la maison.
Une fine couche de neige poudreuse s'incruste dans mes sabots. Comment fait-elle? Mystère.
D'habitude le coffre de l'AX s'ouvre au bout de deux coups de pied mais le givre a eu raison de la serrure.
Quand j'étais scout - il y a dix lustres, je préfère dire lustres car ça parait moins que cinquante ans - on faisait pipi sur tout c'qui nous emmerdait, les serrures, les vieux gonds, les bulletins de notes et plein d'autres choses inavouables.
Au moment où j'entrouvre ma robe de chambre, un grondement enfle au bout du chemin - avec le froid c'est bien la seule chose qui peut enfler - c'est l'tracteur du père Vincenot qui déboule sur nous, l'AX et moi.
Je remballe mon matériel de dégrippage :”Hum... Salut père Vincn'ot! Fait pas chaud c'matin”
Le père Vincenot tourne pudiquement la tête vers la maison comme si je n'existais pas.
Sur le seuil Germaine agite la main, dépoitraillée, échevelée comme une gorgone.
“Bien l'bonjour M'ame Vegas!” lance le vieux aux yeux injectés et moi, je me sens las, si las... avec cette cuillère déconnectée à la main.
Où lire Vegas sur sarthe
Une grande cuillère pour un p'tit déj ça peut paraître exagéré mais c'est comme ça: depuis que j'ai une assez grande bouche je déjeune avec une grande cuillère.
Alors je farfouille dans le tiroir à la recherche d'une grande cuillère.
“D'où ça sort ce truc?”
Germaine relève la tête :”Ça vient du Bruit dans la Cuisine”
Je prête l'oreille à la seule condition qu'on me la rende.
On me la rend. Vide, aucun bruit... j'apprendrai bien plus tard que Le Bruit dans la Cuisine c'est le nom d'un magasin d'art culinaire.
“Mais c'est quoi ce truc?”
Germaine soupire :”C'est une cuillère connectée”
Jamais entendu parler d'ça :”Et c'est connecté à quoi?”
Là, elle ouvre la bouche mais rien ne sort comme à chaque fois qu'une de mes questions la désoriente.
J'insite :”Si elle était connectée, y'aurait une connexion, un fil ou une prise, bref quelque chose...”
Germaine reprend ses esprits.
J'ai toujours du mal avec cette expression, comment peut-on reprendre ses esprits? C'est donc qu'on les aurait confiés à quelqu'un d'autre ou abandonnés sur la table entre le beurre et la confiture de coings?
Germaine a donc repris ses esprits :”Ah oui, ça s'connecte au smartphone pour indiquer la fréquence et l'intensité des tremblements”
Je m'inquiète :“Des tremblements? Quels tremblements?”
Germaine baisse la tête :”C'est une cuillère à l'usage des gens atteints de Parkinson”
Le machin a failli m'échapper des mains :”Mais y'a pas plus d'Parkinson que de smartphone, chez nous!!”
Germaine, boudeuse :”C'était une promotion et j'me suis dit qu'ça pourrait servir un jour”
C'est malin! Elle a réussi à piquer ma curiosité; après tout c'est bien d's'instruire pour pas se r'trouver comme un plouk le jour où...
“Et ça marche comment?”
Germaine, toute ragaillardie :”Ben, avec des piles mais j'en ai pas”.
Mon chocolat va refroidir mais je fonce au tiroir des OGNI, nos objets gardés non identifiables :”C'est quelle sorte de pile?”
Germaine ignore tout de la norme 60086, elle ignore que sur notre bonne vieille terre il existe des piles bouton, des piles bâton, des carrées, des rectangulaires, des lithium, des alcalines, des zinc-argent, une source d'énergie vitale pour notre bien-être - on peut même dire nickel-chrome quand c'est super - et aussi une plaie pour l'environnement.
Bien sûr il n'y a pas de piles dans le tiroir aux OGNI mais j'en ai toujours en réserve dans la dépendance.
Notre dépendance c'est comme un immense tiroir OGNI de 90 mètres carrés à l'autre bout du terrain soit 100 mètres truffés de taupinières, un endroit dont nous dépendons totalement puisqu'il contient tout ce dont on a besoin impérativement sans l'avoir sous la main.
J'ai toujours eu horreur d'enfiler mes sabots en plein hiver avant d'avoir pris mon petit déj mais là, il y a urgence... une urgence impérieuse et technologique.
Avant même d'avoir allumé la lumière je suis accueilli par Muse et Mimine, deux de nos fauves dont la gamelle à croquettes ne peut qu'être vide.
Je parlemente - c'est à dire j'enjambe les chats - pour faire le constat.
La gamelle est vide et moi je me plains comme disait quelqu'un... le sac de croquettes est très vide lui aussi, un sac de 7.5 kilos qui suffit normalement pour la semaine, mais pas cette fois.
Heureusement j'en ai toujours un sac d'avance dans le coffre de l'AX.
Chez nous l'AX c'est comme qui dirait l'annexe de la dépendance, une réserve roulante et capricieuse qui cale souvent à l'entrée du chemin soit 50 mètres plus loin et qui recèle ce qui manque dans la dépendance c'est à dire ce qui manque dans la maison.
Une fine couche de neige poudreuse s'incruste dans mes sabots. Comment fait-elle? Mystère.
D'habitude le coffre de l'AX s'ouvre au bout de deux coups de pied mais le givre a eu raison de la serrure.
Quand j'étais scout - il y a dix lustres, je préfère dire lustres car ça parait moins que cinquante ans - on faisait pipi sur tout c'qui nous emmerdait, les serrures, les vieux gonds, les bulletins de notes et plein d'autres choses inavouables.
Au moment où j'entrouvre ma robe de chambre, un grondement enfle au bout du chemin - avec le froid c'est bien la seule chose qui peut enfler - c'est l'tracteur du père Vincenot qui déboule sur nous, l'AX et moi.
Je remballe mon matériel de dégrippage :”Hum... Salut père Vincn'ot! Fait pas chaud c'matin”
Le père Vincenot tourne pudiquement la tête vers la maison comme si je n'existais pas.
Sur le seuil Germaine agite la main, dépoitraillée, échevelée comme une gorgone.
“Bien l'bonjour M'ame Vegas!” lance le vieux aux yeux injectés et moi, je me sens las, si las... avec cette cuillère déconnectée à la main.
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Libellés :
Un petit rien,
Vegas sur sarthe
Fred Mili - Un petit rien
– Darling je vais faire le plein d'essence, je reviens dans 20 minutes.
– D'accord, fais attention à toi dit-elle en lui claquant un smack à pleine bouche.
Il ne lui fallut pas plus de dix minutes pour arriver vers la station essence mais il s'arrêta devant le magasin de sports juste à l'entrée de la zone commerciale. Il allait regarder pour s'acheter un maillot de bains pour aller à la piscine le sien commençait à être usé ; Mais en passant devant le rayon des accessoires de randonnée il décida de s'arrêter pour tester les bâtons de marche nordique. Depuis un petit moment il voulait s'essayer à cette activité mais ce sont les podomètres qui retinrent son attention quand soudain le téléphone vibra dans sa poche de pantalon.
– Oui Darling fit-il en décrochant, je suis chez Déca-Sport… Tu veux que j'en profite pour ramener du pain sans gluten du Fournil à Pains pendant que je suis à côté… D'accord je vais y penser. Bisous Chouchoute.
Il sortit du magasin se dirigeant vers la boulangerie mais attiré par une paire de chaussures en vitrine à La Boite à Godasses il entra dans la boutique bille en tête puis en passant il stoppa devant les sacs à dos en cuir au rayon des femmes. Il lui sembla que Darling alias Chouchoute parlait de s'en acheter un pour son anniversaire. Il saurait où revenir quand le moment sera venu.
En sortant par l'arrière du magasin il tomba pile devant La Caisse à Chats, il y avait longtemps qu'il voulait changer le couffin de Félix, l'ancien en osier était juste bon pour la poubelle, le matou prenant un malin plaisir à aiguiser ses griffes dessus. Dans l'un des aquariums devant lui d'un coup de langue en forme de fourche aussi rapide que l'éclair, le serpent venait de figer le mulot vivant qu'on lui servit pour son repas et l'enfourna lentement. Il était facile de suivre l'ingestion du rongeur qui gonflait la peau du reptile au fur et à mesure de la digestion. C'était fascinant.
Le vibreur du téléphone se mit en route une nouvelle fois, Chouchoute voulait qu'il prenne une boite d'antalgiques car ses maux de tête reprenaient. Il savait quand elle soufrait rien qu'à voir son visage décomposé par la douleur.
Il quitta le magasin précipitamment pour se rendre chez l'apothicaire. Il retourna sur ses pas ne sachant pas exactement où il avait garé sa voiture. Lorsqu'il la retrouva il sortit de la zone commerciale, s’inséra dans la circulation. Le journaliste de la radio locale annonça la mort de l'ancien Président de la république, il avait fait un infarctus lors de son meeting la veille au soir.
Abasourdi, il oublia de freiner et percuta le véhicule qui le précédait. Le temps de se garer un peu plus loin pour faire le constat tout en subissant les foudres de la conductrice qu'il avait emboutie, tout au moins son véhicule,
– L'ex-président est mort, dit-il comme pour se justifier.
Ils remplirent le constat, notèrent le numéro de téléphone de l'autre au cas où puis repartirent dans la circulation.
– T'en as mis du temps, railla Darling, j'attends les médicaments avec impatience et où as-tu mis le pain ? Tu me donneras aussi ton ticket d'essence que je le range pour la déclaration de revenus.
lundi 1 février 2016
Laura Vanel-Coytte - Un petit rien
Tout ou
rien
Plutôt tout que rien
Entre vide et trop
plein
Equilibre malsain
Des pieds jusqu’aux
mains
Entre rires et larmes
Envie ou mélancolie
Tout voir, tout lire
Tout savoir de la vie.
Tout ou rien
Trop ou pas assez
Jamais vraiment bien
Toujours pressée
De toutes parts
D’aller ailleurs
Envie d’ailleurs
Et d’un quelqu’un
part
Tout près ou très
loin
Hier ou demain
Oublier aujourd’hui
Fuir la vie
Libellés :
Laura Vanel-Coytte,
Un petit rien
Semaine du 1er au 7 février 2016 - Un petit rien
Après toute cette semaine "Fantastique" nous allons revenir au quotidien avec le thème proposé par Clémence lors de la dernière Foire aux thèmes : "Un petit rien..."
Il vous est déjà arrivé de vouloir faire une petite chose, banale, anodine, sans grande envergure. Et pourtant, en fin de journée, vous êtes épuisée sans l'avoir réalisée.
Comment est-ce possible ? Imaginez un lieu et une tâche à faire, un petit rien du tout….
Un exemple : chez vous, vous allez chercher, dans un tiroir de votre bureau, une enveloppe pour expédier une carte d'anniversaire.
Vous passez à côté de la table du salon. Votre regard est attiré par une tasse de café vide. Vous la prenez, vous vous dirigez vers la cuisine. Vous constatez avec horreur que votre torchon est tout taché. Vous allez le porter à la buanderie, mais, en passant vous voyez votre plante verte dépérir...
De tours en détours, dans un enchaînement quasi diabolique, vous vous éloignez de votre tâche initiale … le soir tombe et vous n'avez toujours pas accompli ce « petit rien »...mais vous n'avez pas arrêté une seconde…
Entraînez-nous dans votre course-poursuite !
Bien entendu vous devez nous envoyer votre texte à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 7 février 2016.
Il vous est déjà arrivé de vouloir faire une petite chose, banale, anodine, sans grande envergure. Et pourtant, en fin de journée, vous êtes épuisée sans l'avoir réalisée.
Comment est-ce possible ? Imaginez un lieu et une tâche à faire, un petit rien du tout….
Un exemple : chez vous, vous allez chercher, dans un tiroir de votre bureau, une enveloppe pour expédier une carte d'anniversaire.
Vous passez à côté de la table du salon. Votre regard est attiré par une tasse de café vide. Vous la prenez, vous vous dirigez vers la cuisine. Vous constatez avec horreur que votre torchon est tout taché. Vous allez le porter à la buanderie, mais, en passant vous voyez votre plante verte dépérir...
De tours en détours, dans un enchaînement quasi diabolique, vous vous éloignez de votre tâche initiale … le soir tombe et vous n'avez toujours pas accompli ce « petit rien »...mais vous n'avez pas arrêté une seconde…
Entraînez-nous dans votre course-poursuite !
Bien entendu vous devez nous envoyer votre texte à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 7 février 2016.
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