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vendredi 18 novembre 2016

Célestine - Ascenseur

Ascensumophobie

"Henry avait peur des ascenseurs."
Il avait … comment disait son médecin, déjà ? Une ascensumophobie de type I.
Une difficulté ennuyeuse quand on est garçon d’étage dans un hôte de luxe américain.

Il avait pris l’habitude de se réjouir de monter et dévaler les escaliers toute la journée (même qu’il y en avait vraiment beaucoup dans cet hôtel) et montrait fièrement le galbe de ses mollets d’acier à qui voulait bien s’y arrêter.
Tout en vantant son cœur de jeune homme en béton trempé.

Suzanna, la petite blonde de l’accueil, rêvait secrètement de ce qui devait se passer dans les hauteurs de l’édifice, quand elle était coincée du matin au soir derrière son comptoir et n’avait jamais quitté son rez-de-chaussée. Il lui arrivait de rêver à Henry aussi. Et de passer ses mains sous sa chemise impeccable pour lui décoiffer le torse.
Henry et Suzanna étaient faits l’un pour l’autre mais ils ne le savaient pas. Enfin pas encore.

Or, un soir, vers 21 heures, un cri déchirant fit ce qu’on attendait de lui : il déchira l’air calme du soir. Ce cri provenait de l’ascenseur. La cliente coincée dans le noir ne trouvait plus le bouton pour actionner l’ouverture des portes.

Mus par le même élan altruiste, Henri et Suzanne se ruèrent vers l’ascenseur, l’ouvrirent et se précipitèrent vers la grosse dame allongée qui venait de faire un malaise.
C’est alors que les portes se refermèrent…

- Et alors ? C’est tout ? La suite ? Il l’a embrassée ? Elle a aimé ?
- Je ne sais pas, je vous laisse terminer l’histoire, j’ai trop peur des ascenseurs !

Où lire Célestine

Bricabrac - Ascenseur

Le coup de la panne

Je venais juste d’entrer dans l’ascenseur et d’appuyer sur le bouton du 68e  étage quand mon portable sonna. Le big boss. « Qu’est-ce que vous foutez, Bricabrac ? Il est 9 heures et demie passées. Bon sang, on avait dit 21 heures. »

Courir. Courir toute la journée. Même pendant un séminaire. Même après une journée entière de brainstorming à imaginer des plans d’économie, des restructurations, des relais de croissance, enfermés dans une salle de réunion sinistre avec un paperboard et une machine à café. Courir. Déborder sur l‘horaire puis courir. A peine le temps de repasser à ma chambre pour écouter mes messages, lire mes mails, prendre une douche et me changer. Courir.

« J’arrive, John. Je suis dans l’ascenseur. » « Thomas est avec vous ? Et Charles ? » « Je les récupère au  12e. » « Grouillez, Bricabrac. »

C’est vrai, la consigne était claire : 21 heures, trois personnes, et comme il a pris une suite au dernier étage, l’ascenseur. J’aurais préféré rencontrer le patron seul à seul, j’aurais voulu discuter avec lui primes d’objectifs et stock-options, avant le rush général sur le buffet à volonté dans le restaurant du grand hôtel où se tenait le séminaire, puis la soirée libre et la probable virée au casino. Mais le patron avait dit no. Les deux autres aussi avaient demandé à le voir, alors il nous avait dit de venir ensemble, time is money.

L’ascenseur se mit en route en bringuebalant, après que j’ai appuyé trois fois sur le bouton. J’entendais grincer des poulies et des câbles métalliques. Il flottait un parfum bon marché. La cabine vétuste, de ferraille grise mouchetée de rouille, montait lentement. Les chiffres lumineux indiquant les étages se brouillèrent au 7e  étage, en même temps que se taisait la voix de synthèse qui les annonçait, mais un heurt accompagné d’un bruit sourd continua de signaler leur franchissement.

Jusqu’à ce que, vers le 10e étage si j’ai bien compté, la cabine s’arrêtât avec un soupir de locomotive à vapeur. Une fumée âcre l’envahit et, après un dernier soubresaut, la lumière s’éteignit. Je restai quelques minutes dans le noir, puis, m’éclairant de mon téléphone, je me mis à appuyer sur tous les boutons. En vain. Le bouton d’appel d’urgence me resta dans les mains, au bout d’un fil torsadé.

Je commençais à paniquer quand mon portable sonna. « Mais vous êtes où, à la fin, Bricabrac ? Ça fait vingt minutes que Thomas et Charles sont là. Heureusement qu’ils se sont découragés de vous attendre. » J’entendais des voix, des rires, et le bruit d’une bouteille de champagne qu’on débouche. « Euh, c’est pas de ma faute, je suis désolé, John, je suis coincé dans l’ascenseur, je ne sais pas ce qui se passe. »

Bon. Le patron, qui a le bras long, a organisé le sauvetage depuis sa suite. La maintenance de l’hôtel a fini par arriver. Avec un treuil, ils ont hissé la cabine jusqu’à un palier et m’ont sorti. Je me suis épousseté. Afin que personne d’autre ne se fasse avoir, ils ont accroché une pancarte qui disait : « L’ascenseur social est en panne. »

Je suis monté par l’escalier de service jusqu’au dernier étage, où je suis arrivé épuisé. Le patron et mes deux collègues s’apprêtaient à sortir pour aller en boîte. En me voyant, ils sont partis à rire en se tapant sur le ventre, ils ne pouvaient plus s’arrêter. Je les entendis encore longtemps s’esclaffer, alors qu’ils entraient dans l’ascenseur dont le groom leur tenait la porte : « Ah l’imbécile, il s’est gouré d’ascenseur, ah l’imbécile, il a pris l’ascenseur social. »

jeudi 17 novembre 2016

Lilousoleil - Ascenseur

Ginette rongeait son frein. quel désastre ! Tout était combiné et maintenant... Une heure avant.

Ginette avait bien ouvert le premier bouton de son chemisier en soie sauvage bleu roi qui laissait paraître juste ce qu’il fallait et où il fallait. Elle petite secrétaire du DRH, avait été invitée au forum des entreprises. Peu intéressée par les badauds qui s’agglutinaient devant son stand, elle avait vite repéré que Guillaume, consultant de la boîte avait des arguments autres que professionnels. Cela faisait un bout de temps qu’elle ramait pour le rencontrer alors là elle atteignit la moitié du Nirvana, l’autre moitié consistant…. Depuis quatre jours, elle épiait ses habitudes, guettait ses pas dans les couloirs et ses stations au bar. Quand elle l’avait vu se diriger vers l’ascenseur, elle s’était précipitée pour entrer dans la cabine, abandonnant sa pêche Melba. Las, la cage était minuscule et maintenant, pressée contre la paroi métallique qui lui gelait les fesses, elle luttait pour ne pas frôler ce vieux chameau sentant la sueur mêlée aux effluves d’un déodorant citronné. Encombrée de son sac à main fortement tenait serré contre sur sa poitrine pour cacher l’échancrure du corsage qu’elle avait eu tant de mal à rendre affriolante. Son grand jeu de séduction tournait en eau de boudin.

Cet intrus gâchait tout. Elle avait tant espérer poser se jalon. Elle savait par Lulu, la secrétaire de la compta qu’il était « seul ». Elle avait imaginé un scénario original comme laisser tomber ses clefs, son sac à main, un livre, un mouchoir enfin quelque chose. Elle jeta un œil à sa montre bracelet ; elle en avait un peu honte, elle avait gagné ce bijou en participant à la « Valise de madame RTL ». Pas de chance, pas de valise, ni de voyage ni les mille euros, juste la consolation d’avoir « causé avec Laurent R » et une montre. Nous étions au quatrième. Le chameau grimaçait comme un singe. Il lui restait encore huit étages à monter comme à Guillaume d’ailleurs mais elle avait fort envie de descendre au prochain arrêt. Elle ne serait jamais prête pour le briefing de 21h. C’est alors que l’ascenseur se mit à exécuter un drôle de danse. Il montait et descendait au gré des appels des clients pressés d’aller dîner ; comme la cabine était pleine comme un œuf, personne ne montait. Finalement à sa grande surprise Guillaume sortit de cet enclos. Restée seule avec le vieux chameau, Ginette hésita ; soit elle lui collait une mandale directement soit… Elle pensa à Guillaume, le beau Guillaume allait revenir, tel un chevalier servant, défendant la veuve et l’orphelin. La porte s’ouvrit brusquement ; elle resta bouchée bée. Le sang afflua puis se retira de son visage et elle frissonna malgré la chaleur confinée. Le type venait de sortir.

Pauvre Ginette, il lui fallut une dizaine d’étages pour réaliser qu’elle avait vu, oui vu de ses yeux vu, le vieux chameau grimaçant, embrasser goulûment Guillaume…

Ah non ! ça Ginette ne pouvait l’imaginer…

mercredi 16 novembre 2016

Adrienne - Ascenseur

Quand l'ascenseur s'est arrêté pour Muanza au premier étage, il y avait déjà trois autres personnes dans la cabine, un vieux monsieur et une dame tenant un petit garçon par la main. 
- Regarde, maman! Il est tout noir, le monsieur! 
- Chut, a dit la mère en lançant un regard gêné vers Muanza, qui s'est placé dans un coin après avoir appuyé sur le bouton du 8e. 
Son téléphone a sonné. C'était Rosemund, évidemment.
- Il parle une drôle de langue, le monsieur tout noir, a dit le petit garçon. C'est de l'anglais, ça, maman? 
- Chut, a répété sa mère. Ne dis pas ça, non ce n'est pas de l'anglais. 
Dans l'autre coin, le vieux monsieur rigolait doucement en regardant Muanza, quand tout à coup, après quelques hoquets, l'ascenseur s'est arrêté entre deux étages. 
- Ça y est! s'est exclamé le vieux monsieur. C'est la panne! 
- C'est la faute du monsieur tout noir? a demandé le petit. 
- Chut, non, ne dis pas ça, a soufflé la mère en regardant Muanza avec inquiétude pour la troisième fois. 
Celui-ci tapotait sereinement son clavier pour appeler Atuahene, qu'il les tire de là, quand la lampe s'est éteinte dans la cabine. 
- Je ne veux pas rester dans le noir avec ce monsieur tout noir! a gémi l'enfant. J'ai peur! 
- Ce n'est rien, a dit la mère, tu verras, ça ne va pas durer longtemps. 
- C'est l'affaire de quelques minutes, a renchéri le vieux monsieur. 
L'enfant s'est mis à hurler: 
- C'est la faute au monsieur tout noir! 
L'ascenseur s'est ébranlé, la lampe s'est rallumée. 
- Ouf! a dit Muanza. La dernière fois, on est restés bloqués plus d'un quart d'heure! 
C'est alors que la mère a donné une taloche à son gamin. 
Il n'a jamais compris pourquoi. 

mardi 15 novembre 2016

Jacques - Ascenseur

L'ascenseur
(pièce en une scène)


L'ascenseur : « ding »
La montre du quidam : « bip ! »
L'homme au chapeau : « il est neuf heures »
Le groom : « du soir »
L'homme au chapeau : « vingt et une heures, donc. Si vous préférez »
Le quidam (regardant sa montre) : « vingt et une heures, précises ».
L'homme au chapeau : « plus maintenant »
Le quidam : « certes, si vous êtes d'humeur à pinailler »
L'homme au chapeau : « ce n'était qu'une plaisanterie »
L'ascenseur (ouvrant sa porte) « ding »
Le quidam : « ce n'est pas mon étage ! »
L'homme au chapeau : « ni le mien »
Le groom : « sans doute quelque impatient... »
Le quidam : « ...manquant d'urbanité »
L'homme au chapeau : « un amant débordant d'enthousiasme, peut-être »
Le quidam : « ou un mari jaloux »
L'homme au chapeau : « peu importe. Je ne suis pas pressé. »
Le quidam (avec un soupir agacé) : « oui, peu importe. Enfin... »
Le groom (redémarrant l'ascenseur) : « Eh bien, en route messieurs, hâtons-nous »
Le quidam (avec un tic nerveux) : « merci »
L'homme au chapeau (regardant sa montre) : « »
Le quidam (regardant sa montre) : « »
L'ascenseur : « ding »
Le quidam : « Enfin ! »
Le groom (regardant le couloir) : « Une impatience justifiée, si monsieur me permet »
L'homme au chapeau (ajustant son chapeau) : « Je vous en prie. Rousse ? »
Le groom (refermant l'ascenseur) : « Blonde »
L'homme au chapeau (haussant les épaules) : « Neuf heures une, déjà »
L'ascenseur : Bruit d'ascenseur.
Le groom (bombant le torse) : « Sed fugit interea, fugit inreparabile tempus, singula dum capti circumuectamur amore...»
L'ascenseur : « ding !»

Le temps s'enfuit cependant, il fuit, le temps irréparable, pendant que, saisis par l'amour, nous parcourons chaque point un a un. (Virgile, Georgiques Livre III, 284, traduction Jeanne Dion, Philippe Heuzé et Alain Michel).


lundi 14 novembre 2016

Vegas sur sarthe - Ascenseur

Vapeurs





New York, 23 mars 1857
Enfermés dans une étrange cage avoisinant la demi tonne, trois ascensionautes s'apprêtaient à monter au ciel à la vitesse vertigineuse de 20 centimètres par seconde... du moins était-ce la perception des reporters de presse écrite du New York Times et du New York Post agglutinés au pied de l'hôtel Saint-James.

“A vous l'honneur, très chère... et à votre joli doigt innocent” sussura le ministre en désignant la rangée de boutons nacrés à sa ravissante voisine qui en arborait tout autant sur un corsage amplement rempli.
“J'irais bien au septième si ça vous dérange pas” répondit miss Barbara en rosissant.
“Au Septième ciel! Bien sûr, j'aurais dû deviner” se rengorgea le ministre en esquissant une courbette contrariée par l'étroitesse de la plateforme.
“Euh... c'est que l'hôtel Saint-James ne possède que cinq étages” coupa Phileas, l'ingénieur en chef préposé à la manoeuvre.

“Alors va pour le cinquième” trancha le ministre, déçu de ne pouvoir accéder aux désirs de sa ravissante voisine.
Miss Barbara titilla le cinquième bouton d'un ongle savamment manucuré: « C'est original ce bouton... renflé»
“Ils le sont tous” rétorqua Phileas “c'est le principe même des boutons d'ascenseur: bakélite nacrée sur plaque de bronze et décor en chène”
“C'est que... c'est ma toute première fois” avoua t-elle en rosissant de plus belle “d'ordinaire je bosse au pied des escaliers chez Lord & Taylor”.
Si le racolage au pied des escaliers sur Broadway était des plus lucratifs, miss Barbara entrevoyait dans cette invention un véritable ascenseur social pour l'essor de son petit commerce.

Cabré tel un cheval fougueux, l'équipage se mit à vibrer de toutes parts tandis que la centrale à vapeur s'époumonait dans d'épaisses volutes de fumée.
“Je sens que ça vient” toussa Phileas, rompu aux expériences les plus improbables depuis qu'il était sorti Major de sa promotion à l'Ecole des Mines.
“Croyez-vous qu'on va grimper?” s'inquiéta miss Barbara éprise d'ascension.
“Depuis Archimède, Miss, nous autres scientifiques avons eu le temps d'y travailler” voulut rassurer Phileas.
“Et si ça flanchait quand même et qu'on allait se viander?” poursuivit-elle.
Phileas eut un rire faussement assuré “Ne vous inquiétez pas. Ce serait une excellente occasion d'éprouver nos parachutes”.
“Nos parachutes? Mais je n'ai pas eu droit au parachute, moi” s'écria le ministre.

Phileas décocha un clin d'oeil à miss Barbara :”Imaginez un peu ce parachute: un ressort de charrette au-dessus de la plate-forme du monte-charge et une barre à cliquets fixée aux rails guidant celle-ci. Le câble est attelé au ressort de charrette de sorte que, par son seul poids, la plate-forme exercera un effort suffisant pour l'empêcher de toucher les barres à cliquets et éviter que...”
Blême, le ministre l'interrompit :”Vous êtes certain de la fiabilité de ce... ressort de charrette?”

"Toujours plus vite, toujours plus haut" déclama Phileas, une main sur le coeur et l'autre insidieusement plaquée dans les reins de miss Barbara.
“Comme vous y allez” roucoula t-elle “attendez au moins d'être au cinquième”.
Le ministre s'étant rapproché, miss Barbara se trouva emprisonnée au point d'en perdre le souffle.
Le cinquième bouton ayant été titillé depuis une bonne minute, la cage se décida enfin à prendre de la hauteur dans un chuintement éléphantesque entrecoupé d'inquiétants grincements de poulies à moins qu'il ne se fut agi des glapissements d'effroi de miss Barbara.
Au premier étage elle se pâma.
Au second elle retrouva ses esprits et appela sa mère.
Au troisième – sa mère n'étant pas intervenue – elle songea à sauter mais ses deux compagnons d'infortune se cramponnaient fermement à cette ravissante bouée de sauvetage.
Au quatrième étage soit une minute plus tard l'équipage stoppa net dans deux derniers soupirs... celui de la centrale à vapeur et celui d'un ministre déshonoré.
“J'ai touché un truc qu'y fallait pas?” pleurnicha miss Barbara avant de se pâmer à nouveau.

Les reporters de la presse écrite rapportèrent ceci:
Les grincements de poulie n'ont pas cessé, preuve indéniable qu'ils émanent de l'organe de miss Barbara.
Au pied de l'hôtel Saint-James on craint pour la vie du ministre tandis que Phileas tente de ramener ses compagnons à la vie.
En ce 23 mars 1857, le prénommé Phileas – ingénieur en chef et Major de sa promotion à l'Ecole des Mines – expérimente avec succès et à pleine bouche ce qu'on appellera plus tard la ventilation artificielle décrite dans le Guide médical des familles en 1862.
Le ministre respire à nouveau à pleins poumons. Il est 21 heures. Il est sauvé.

Laura Vanel-Coytte - Ascenseur

Il voulait

Il voulait qu’elle aime ses autres femmes
Elle avait essayé d’être lesbienne avec l’une
Et là, il voulait lui faire essayer le triolisme
Avec lui, elle et une autre de ses femmes.

Avant lui, déjà, l’homosexualité littéraire
L’intéressait, l’excitait même, dans la pratique
Elle l’avait embrassé, caressé mais sans être
Dans l’état où la mettaient certains livres

Avec lui, elle avait développé sa culture artistique
Il l’avait peint et elle avait aimé être son modèle
Habillée, nue et souvent le désir dépassait l’œuvre
Et les entraînait vers des plaisirs plus physiques

Dans l’ascenseur qui les menait vers leur chambre
Il les regardait toutes deux avec concupiscence
L’autre femme était une habituée de cette pratique
Elle sentait la pression monter, plus que le désir pour elle

Elle convoquait le « Journal » d’Anaïs Nin pour se
Motiver, elle revoyait leurs jeux de plaisirs solitaires
A deux pour avoir envie d’elle sur lui et lui avec elle
Elle visualisait des gravures érotiques d’Egon Schiele

Pour se détendre et se dire que pour sa libido, cette expérience
Etait indispensable, sa culture du plaisir serait incomplète
Sans avoir réalisé ses lectures avec une seule main coupable
Cela ne pouvait qu’être mieux que Rodin dans ses meilleures planches

Les chiffres augmentaient en même temps que le désir des deux autres
Sa bouche gourmande à elle plongeait déjà en esprit dans son sexe
Et elle le caressait, lui, d’une autre main, pressante et experte
Ils attendaient d’elle autre chose qu’un discours sur l’art de la caresse.

Elle regarda sa montre, serra son sac où Sade voisinait avec Colette
Elle aimait lire et voir le sexe à deux, trois ou plus, le regard d’un groupe
Même sur son intimité ne l’avait pas répugné ; il était vingt et une heure
A l’étage vingt- un, devant la suite vingt et une de cet hôtel de luxe.

Elle eut le temps de compter jusqu’à vint et une comme elle le
Faisait le soir pour plonger dans le sommeil, une semblable aventure
Où l’abandon pouvait mener à un orgasme extatique
Leurs mains à eux s’affolaient déjà et leurs regards lubriques

La déshabillaient avant même le seuil de la porte
Qui ne s’ouvrait pas assez vite, seuls enfin, deux sexes
Se tournaient vers elle, occupés en même temps l’un à l’autre
Réclamant sa complicité et sa participation, ils ne la virent

Cependant pas, quitter la chambre en courant en larmes
L’ascenseur n’arrivant pas assez vite, elle dévala les étages à pied
Pour se retrouver entre regret et soulagement à l’air libre
A tenter d’oublier ce couple complice et avide d’elle.

dimanche 13 novembre 2016

Semaine du 14 ou 20 novembre 2016 - Ascenseur

L'histoire commence dans l'ascenseur d'un hôtel, à 21 heures, avec trois personnes.
A vous d'imaginer la suite.


Prose ou vers, comme il vous plaira.
Votre texte devra nous parvenir avant dimanche 20 novembre à minuit, à l'adresse habituelle : impromptuslitteraires[at]gmail.com