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samedi 23 février 2019

Lilousoleil - Au Chili

Hotu Matu’a

Adossée à un petit arbre dit crête de coq à coté d’un petit rocher rouge  d’andrinople décoloré par le vent et la lumière, elle était essoufflée au vrai sens du terme ; plus de souffle ! Émerveillée par cette île qu’elle venait de parcourir de l’ouest à l’est et de nord au sud. Elle avait admiré les  bonhommes de pierre si grands, si puissants qui faisaient la force et la magie de cette île perdue au milieu de l’océan Pacifique pas si pacifique qu’il n’en à l’air pourtant. Sac au dos elle avait fait le tour du volcan dont le cratère envahi d’eau reflétait ses algues comme des morceaux de miroir, les flancs gorgés d’herbe sauvage. Lunettes de soleil sur le nez protégeant ses yeux de la morsure de l’astre brillant et chaud, elle s’allongea, contempla les nuages qui s’étiraient fins et léger comme du tulle blanc, les images précieuses dans l’appareil photo.
Au loin surgit une forme, informe d’abord puis peu à peu se précisant être le plus grand des hommes de pierre. Ses pas, pensa t-elle, étaient aussi grands que ceux du Bonhomme de neige de Prévert, poème adoré de son enfance, sauf que celui-ci ne fondait pas. Au fur et à mesure qu’il approchait, elle se recroquevillait dans son coin de buisson un peu épineux. S’asseyant près d’Elle, il lui prit la main, s’assit et lui raconta…

Je suis Hotu Matu’a, représentant du dieu, dernier  chef de la tribu Maké-Maké. A cette époque l’île était peuplée de tribus et de clans divers, ce qui générait des conflits parfois importants. Lorsque mon ancêtre, venu d’une autre île lointaine, chassé par ses compagnons de tribu pour avoir séduit la fille du Dieu Rapa, est arrivé sur cet île, il dût acquérir le droit de pénétrer sur l’île. Pendant un temps, il fut isolé près de la falaise. Il se nourrissait de poissons et d’algues séchées. Puis un jour on lui  apporta un œuf ; un œuf de sterne. Cet œuf était le symbole de la paix dans l’île ; le trésor que chaque année, les chefs de tribus devaient rapporter au roi…

Il fut alors admis à  concourir avec les autres chefs des clans autochtones. La compétition consistait à plonger de la falaise d’Orongo, proche du volcan Rano Kau, puis à nager à l’aide de roseaux jusqu’à l’îlot appelé Motu Nui que tu vois là en face et atteindre les nids de sternes. Il fallait attendre le premier œuf pondu par la femelle sterne et le rapporter dans la gerbe de roseau. La concurrence était rude. Chaque chef de clan voulait  ramener le précieux trésor au roi de l’île. Mon ancêtre réussit ! Il devint ainsi le premier chef Maké-Maké, Tangata Manu ou "l’homme oiseau" et fut pour un an, l’arbitre des conflits… une sorte de juge de paix. C’est son portrait qui tu as vu gravé dans la pierre… le temps a passé, nous avons sculpté les statues en l’honneur de nos morts… J’étais Hotu Matu’a, dernier chef de la tribu….

En fait je suis Mathieu, le guide  et il faut te réveiller, nous repartons….

Pour précision, ce n'est pas la véritable légende de l'Homme oiseau ; ce n'est que le fruit de mon imagination. 

vendredi 22 février 2019

Marité - Au Chili


L'Ile de Pâques.


En 1962 Henri Salvador chantait mélodieusement sur des paroles de Bernard Dimey :

           « J'aimerais tant voir Syracuse
              L'Ile de Pâques et Kairouan
              Et les grands oiseaux qui s'amusent
              A glisser l'aile sous le vent. »

J'ai entendu cette chanson pour la première fois pendant l'été de cette année là sur mon transistor orange que je trimbalais partout. Quelle belle invitation au voyage !
Je ne disposais alors que de mon vieux Larousse pour m'informer sur ces destinations inconnues et qui bien sûr me faisaient rêver. Les plus beaux voyages ne sont-ils pas ceux que l'on imagine quand on ne peut faire autrement. Peut être ou peut être pas.

Dans la partie « noms propres » de mon dictionnaire je trouvais la situation géographique de ces lieux, pour le premier la Sicile, le second une île du Pacifique et pour le troisième la Tunisie.
Une reproduction montrait quelques statues de pierre grossièrement sculptées et disposées dos à la mer sur l'Ile de Pâques. J'ai dû, à ce moment là me contenter de ces brèves et vagues explications : mégalithes dues peut être à des populations d'origine polynésienne.

La Polynésie, là, j'étais en terrain connu si je peux dire. Un voisin exerçait le métier de gendarme à Papeete. Il n'en fallait pas davantage pour que je me pose des questions. L'Ile de Pâques se trouvait-elle près de Tahiti ?  Michel avait-il visité cette île ? Il fallait que je lui en parle. Ça tombait bien, il était en vacances au pays. Toute fière de mon savoir, je suis allée engager la conversation avec lui. Le gendarme m'a regardée avec des yeux ronds :
     l'Ile de Pâques ? Jamais entendu ce nom là. Tu es sûre que c'est près de Tahiti ?
    Oh oui. Sûrement. Ce sont des polynésiens qui y vivent.

Devant son air dubitatif, je n'ai pas insisté et à la rentrée je suis allée consulter un atlas en salle des professeurs. J'ai découvert que plus de 4000 kms séparaient ces deux îles du Pacifique. Le rouge de la honte m'est monté au front. Si mon gendarme de voisin se renseigne, il va bien se moquer de moi ai-je pensé.

J'ai appris depuis à situer exactement l'Ile de Pâques. Cependant, je ne peux l'évoquer sans me rappeler cette anecdote qui avait mis à mal mes pauvres connaissances géographiques d'alors. Et j'avais bien tort de me trouver ridicule, Michel l'était autant que moi, lui qui vivait à Tahiti depuis des années.

mercredi 20 février 2019

Michel Quedeverbes - Au Chili

Une si longue attente

– Tu peux me dire depuis combien de temps on attend ?

– Non. Il y a si longtemps que j’attends que je ne sais même plus depuis quand.

– Il doit bien y avoir quatre ou cinq cents ans, non ? C’est bien simple, je suis resté si longtemps sans bouger que je ne sens plus ni mes pieds ni mes jambes.

– Excusez-moi, je viens juste d’arriver, il n’y a que trois cents ans que je suis là, mais vous êtes sûr qu’il va venir ?

– Absolument certain : Malbrough tient toujours ses engagements. Ce n’est pas un parangon de ponctualité, mais s’il a dit qu’il viendra, alors, il viendra.

– Mais il faut reconnaître qu’il n’a pas été très précis quant au moment où il arriverait. Il nous a juste dit qu’il reviendrait à Pâques ou à la Trinité !

– Ah, mais alors, ce n’était peut-être pas au large du Chili que nous avions rendez-vous, mais au large du Vénézuela ?


Où lire Michel Quedeverbes

Célestine - Au Chili

Elle l’appelait, Concepciòn…

Il est tant de secrets, de personnages singuliers, de failles inavouables, de dettes non payées, d'événements étranges ou tragiques, qui constituent la trame de l'histoire d'une famille !
Chacun peut en dire autant de la sienne, j'en suis certaine. Vous aussi, sans doute.
Sans accorder un crédit exagéré aux thèses de la psycho-généalogie, il est troublant d'en discuter, d'observer des similitudes, des coïncidences, des dates, des noms, des faits même, pour tenter d'expliquer certains maux que nous ont peut-être transmis les générations antérieures. Où simplement pour mieux se connaître.
Il est passionnant de dénouer l'écheveau embrouillé des liens filiaux et des enfances de ses propres parents, pour mieux comprendre d'où l'on vient, et comment l'on fonctionne.

Et puis il y a les découvertes que l'on fait incidemment, au hasard d'une conversation.
C'est de cette façon, grâce à ma cousine très versée dans la constellation de nos ancêtres, et qui prend des tas de notes dans de petits carnets, que j'ai appris un épisode fulmineux de l'épopée familiale.

J'avais un oncle d'Amérique, un « tonton Cristobal » qui n'est pas revenu, un grand-oncle exactement, et je ne le savais pas. Comment n'ai-je jamais entendu parler de lui jusqu'à aujourd'hui ? Pourquoi ma mère n'en a-t-elle jamais rien dit ?
Paolo était, au milieu de quatre sœurs, l'unique frère de mon grand-père paternel. Un beau jour, il a disparu corps et biens, du jour au lendemain. Volatilisé comme une météorite brûlante entrant dans l'atmosphère. Laissant une femme éplorée, qui d'ailleurs en mourut de chagrin, et un bambin de trois ans, Raimundo, pour qui la vie dut être bien cuisante après ce double drame...
Mon grand-père tenta de retrouver sa trace en vain, durant des années.
Jusqu'à ce que le pendule d'un radiesthésiste de ses amis s'arrêtât sur le long et maigre serpent vert qui, sur la mappemonde, s'appelle le Chili.
Plus précisément au-dessus de Concepciòn, une ville au nom sulfureux pour moi. Mais allez donc retrouver une aiguille dans une botte de cactus...

Quelle chimère poursuivait donc l'oncle Paolo ? Ou bien quel terrible secret devait-il fuir pour s'exiler si loin à jamais ? Comment était-il mort ? Aurais-je une tripotée de petits-cousins ayant été conçus à Concepciòn ?
Et toute cette sorte de questions que se pose toujours mon esprit curieux et romanesque, à l'évocation d'un mystère lointain...
Voilà en tout cas un pan nébuleux de ma filiation que je n’éluciderai jamais.

Où lire Célestine

mardi 19 février 2019

Maryline18 - Au Chili

L'ile de Pâques

Mon voisin du dessus, me sort, fébrile, ce matin :

-" Ne vous inquiétez pas si vous n'entendez pas de bruit pendant quinze jours, JE PARS !"

"Ah bon !", que j'lui fais, l'air désintéressée...

(Alors, bouillonnant, il revient à la charge) :

-"Je pars en vacances, AU GRAND AIR !"

Occupé, qu'j'étais, à sortir les courses de mon coffre, j'ai fait mine de ne pas voir son envie de jouer le guide de son prochain voyage organisé par : "Amène ton flouze, il reste des places !"

Il avait l'air surexcité à l'idée de me faire partager sa chance de passer des heures en avion, autrement dit, de supporter les conversations des autres passagers ainsi que leurs malaises, leur impatience, leurs plaintes, leurs pleurs, leurs cris, leur appétit, leur étonnement, leurs rires, leurs nausées etc...Sans compter la presque obligation de s'extasier devant les mêmes vues, les mêmes plats, les mêmes choses, sans en comprendre grand chose...Les voyages riment trop souvent avec fatigue, précipitation, remords, chaleur, faim, soif...,vêtements inadaptés aux situations, envie que cela cesse...!

-"Je prends l'avion lundi !", insiste t-il, un sourire de circonstance aux lèvres !

Comme je m'applique à ne montrer aucun signe de curiosité, il soupire, se redresse et poursuit :

-"Je pars au Chili ! Je vais visité l'île de Pâques !"

J'en étais sûre, je l'ai croisé chez le médecin il y a deux mois, et nous avons feuilleté le même magazine ! De ces statues hideuses en pierre, il y en avait deux pages entières !

Moi je ne l'aime pas mon voisin du dessus, avec son p'tit air de savoir tout gérer, au poil, dans sa p'tite vie de célibataire, bien peigné, bien fringué, bien friqué !... alors que MOI, je galère et m'en prends plein la tronche par mes mômes ingrats...sans vous parler de mes problèmes de santé et l'ennui de mon boulot bien pourri !

Du coup, je me suis retournée et je lui ai dit sans sourciller :

-"El ben moi à Pâques j'irais à Lille !" ( En plein dans l'pif !)

Il m'a regardé avec des yeux tous ronds, a remballé sa prétention et son sourire des îles. J'ai remonté dans ma voiture et en la garant sur mon emplacement habituel, j'ai enfoncé l'aile gauche de la sienne...sans le faire exprès. Au prix du voyage, il pourra rajouter celui du taxi qui l'emmènera à l'aéroport !

J'aime pas les gens, et encore moins ceux qui voyagent !