jeudi 30 juin 2016

Célestine - L'art de faire sa valise

Si vous ouvrez ma valise en cuiracier, vous y trouverez ma clarminette dont je joue depuis que j’étais petite fille, ma clouche pour sonner l’heure du repas et servir la soupe en même temps, et mon abribuste en satin dentelé. Un androjean, un pantalontano italien pour aller loin, et mon yankeemono en soie que j’ai rapporté de New-York.

Je laisserai mes vieilles chaussures fatiguées au savatorium, leur préférant des sandaltoniennes aux couleurs difficiles à distinguer, à part pour un expert de la camaïeutique socratique.

Comme je suis cosméticuleuse, je n’oublierai pas mon savion (pour me laver en vol) ainsi que du shambonpooing pour mes cheveux gras, au cas où (aimant parler avec les mains) je trouverais un charmant voisin avec qui palpoter.

Dans un petit sacchaprose à côté, j’emporterai mon babaoromètre, pour mesurer le taux d’alcool dans les gâteaux, une bouteille de quetschup, la fameuse sauce aux prunes, et, pour satisfaire mon éboulimie, quelques rochers au chocolat qui tomberont dans mon estomac au moment iguoine. Quelques préservatifs achetés chez le capothicaire, afin d’éviter les vizizitudes, et de ne pas me faire transformer en tapinhambourg, ces belles plantes qui poussent dans les vitrines hollandaises. Et puis, bien sûr mon livre sur Bazarathoustra (le philosophe bordélique) dont je ne me sépare jamais. Toutes choses qui permettront de prévenir les crises de scepticémie qui guettent les zérotomanes.

Les cycloptimistes me regarderont d’un bon œil, alors que, risquant la tandémie, les cyclystères pédaleront à lavement dans la semoule, en me tirant un nez de cyranosaure. Mais peu me chaut.

Une fois sur place, j’irai dans la forêt observer les apachydermes à plumes (rebelléphants assez dangereux) les ventilopes (qui courent si vite qu’elles rafraîchissent l’air) et les velcrocodiles (qui ne lâchent jamais leur proie). J’aurai sûrement la chance de voir le chien musicien appelé discoteckel, ami du hamsteréo, petit rongeur de haute fidélité.

Mais ma joie serait vraiment complète si je pouvais enfin, enfin, observer un colibrius, cette espèce de drôle d’oiseau à bec fin…

C’est pour cela que je vais accomplir ce voyage. Je dois vous laisser. Il me faut terminer ma valise de mots.

Où lire Célestine

Fred Mili - L'art de faire sa valise

My frenchxit.

Je vais être amené à m'faire la valise, à m'tirer à la cloche de bois. Une fois de plus. Mes amis de Bercy sont à mes trousses. Hier matin j'ai vu le vautour qui a sonné à la porte en bas.
Impressionnant le gars.
J'ai pas répondu.
Tout de noir vêtu. Une gueule de circonstance.
Il a rempli son papier.
Quand il a levé la tête je me suis planqué vite fait.
Il a déjà bloqué mon compte. Cent euros. Le minimum syndical que j'avais laissé pour étancher sa soif.
Donc je savais qu'il allait venir.
J'ai aussitôt ouvert ma Samsonite et jeté pêle-mêle, des slips, des tee-shirts, ma brosse à dents, mon dentifrice, deux pantalons, mon maillot de bain et puis, bien sûr, mon ordinateur et mon appareil photo.
Je change de crémerie. Il est grand temps.
J'étais préparé. Je les connais.
J'ai prévu le coup.
Je vais fermer la porte, pas la peine de tirer le verrou. Ils pourront rentrer pour saisir ce qu'il reste.
Juste une chaise et une table de camping que j'avais ramassées dans les poubelles. Le petit camping-gaz qui me sert à faire chauffer les boites de cassoulet et de quenelles et la vieille cafetière que m'a mère m'avait refilée et bien sûr, comme pieux j'utilise un matelas à même le sol sur lequel j'ai transpiré bien souvent. Il est couvert d'auréoles jaunes et de brûlures de cigarettes. Après un ou deux joints je ne suis jamais précautionneux. Et puis y a certainement quelques cartes de France quand j'étais amené à faire baisser la pression.
Je lui laisse la savonnette et le rouleau de pq.
Je suis gracieux aujourd'hui, il aura de quoi se laver les mains et se torcher le fouine s'il lui prenait une diarrhée subite pendant la saisie.
J'ai un pote à l'armée du salut il me trouvera bien un pucier pour la nuit. Je vais coller ma valise à la consigne et mettre ma brosse à dents dans ma poche.
J'espère que je pourrai laver mon calbute, j'aime pas être craspec sur moi.
Il va falloir que je gruge encore dans le train avec ma valoche ça va pas être facile de me carapater s'il y a un contrôle.
Il est parti l'huissier. Je vais prendre le temps d'm'en rouler une petite histoire de planer un peu et d'envisager les choses avec philosophie.
Bon j'suis pas le plus malhonnête des mecs mais j'déclare plus mes indemnités de chômage aux impôts depuis des années,. Ça me gonfle de m'faire tabasser dans les manifs par un CRS à qui j'ai payé des costards pendant mes années fastueuses en m'acquittant de mes taxes.
Pourtant j'ai pas coûté cher à la société, ils m'ont viré très tôt de l'école parce que j'étais un ignare, pas assez intelligent pour faire des études supérieures.
J'ai glandé ensuite, et puis au moment de partir de l'armée, j'ai réclamé le statut d'objecteur de conscience. J'en ai balayé des trottoirs au lieu d'être enrôlé. J'en ai avalé de la poussière rien que pour ne pas gueuler tous les matins "Oui Chef, Bien Chef" comme dans Full Metal Jacket.
Maintenant j'suis au RSA, pas moyen de me saisir à la source. Je vais sûrement avoir quelques difficultés mais ça n'a pas d'importance.
Je suis prêt à faire mon Frenchxit.

L'Arpenteur d'étoiles - L'art de faire sa valise

Dans ma valise

J’ai dans ma valise des vallées bleues où s’endort le soir, des brousses d’or hérissées de maigres arbres tors, des immensités désertes, des oasis au fraicheur verte accueillant les targuis sur la route du nord, des ports étranges et des odeurs d’épices, des métisses parfumées vendant leurs corps aux marins en partance, des palais vénitiens, colombines, arlequins et mes mains gantées de velours noir, la vision du fantôme au long bec d’un vieux Casanova, les plaines embrumées des matins d’automne, des aubes orangées tournant les moulins à prière aux murs des lamaseries, les jonques alignées dans la douceur marine, la chaussée des géants aux confins de l’espace, les îles vierges envolées sur l’océan des nuages, une reine d’ébène nue avançant dans les nuits africaines, les plages de ton corps, tes hanches mouvantes, les orbes somptueux de tes seins d’odalisque orientale, la voix d’Ella Fitzgerald, le piano d’Ellington, le velours de Nat King Cole, des clairières au creux de forêts sombres où dansent les sorcières, la colère des volcans, l’infini reflet de la lune sur la mer étale, les elfes ailés volant vers Brocéliande, Pink Floyd et Tangerine et Moody blues et Georges et Jacques et mon adolescence, les ombres blanches et diaphanes de ceux que j’ai aimés et qui sont partis vers d’autres mondes … mes rêves d’avenir et ton regard en point de mire ...

Mais je n’ai jamais su plier une chemise !


mercredi 29 juin 2016

Mel - L'art de faire sa valise

Elle a le teint blafard
Devant son grand placard
Faire sa valise un art
Elle s'y prend toujours tard

C'est qu'elle ne sait pas bien
Ce dont elle a besoin
Fera t il chaud ou froid
Tel est son grand tracas

Alors elle met de tout
Pourtant c'est le mois d'août
Elle empile, elle entasse,
Faut pas qu'elle se tracasse

La valise marron
Bientôt fait le dos rond

Il n'a rien vu encore
Il est toujours dehors
Quand il va revenir
A son tour le plaisir

Pour lui trois fois rien
Elle le connaît si bien
Il aura la valise
La petite, la grise

Voilà qu'elles sont prêtes
La grise et la marron
Il faut dormir peut être
Demain ils partiront

Lilousoleil - L'art de faire sa valise

Vous partez en vacances pour Belize ?
il vous faut une bonne valise grise ou bleue, qu’importe la couleur. Elle doit être grande ; oui mais pas trop non plus. Ni trop grande ni trop petite !
Mettez-y des pantalons en lin froissés, des shorts et des bermudas étriqués
des jupes en jean délavé et des tee-shirts fraîchement repassés,  bien pliés et des chemisiers de toile plissée.
Choisissez avec soin votre lingerie ; sachez que vos bonnes vieilles culottes en coton
Sont, certes plus confortables que les strings en soie et dentelle, mais beaucoup moins affriolants si vous étendez la lessive ! 
N’oubliez pas les chaussettes épaisses ; en rando et en trek, les pieds nus dans les nus pieds, n’est pas conseillé. Attention les vieilles paires déchirées durant votre dernier jogging, c'est pas top pour draguer.
Faites le tour des placards et dégotez quelques nuisettes transparentes toujours, plus classe que le pyjama en pilou molletonné de tante Berthe.
Voilà en un tour de main la valise est prête.
Vous n’avez plus qu’à fermer…
Le temps de vous apercevoir que le bagage  un tantinet trop lourd, la valise un tantinet trop petite. 
Essayez  alors de déplacer un objet, d’en enlever ou d’en remettre…
Vous voici ébouriffée avec la trousse de toilette, à la main sans savoir quoi en faire !

A refaire …

Où lire Lilou

Suzaku - L'art de faire sa valise

Tourbillon dans ma tête,
Cet ardu choix m’embête :
A roue ou bandoulière ?

Je ne sais que remplir,
Filet ou poche en cuir, 
Ou peut-être à l’arrière ?

On a trop de valises, on ne sait plus choisir
Et moi, qu’on se le dise, j’en ai tout un empire
Je n’y arrive pas, je vais baisser les bras
Trouvons vite un bâton, faisons un baluchon.

Plus petite ou plus grande
En carré ou rectangle
Je suis en plein dilemme

La toile, c’est pas pratique
Trop lourd pour le plastique
J’ai un sérieux problème.

On a trop de valises, on ne sait plus quoi prendre
Et moi, qu’on se le dise, j’en ai plein à revendre
Je n’y arrive pas, je vais baisser les bras
Si ça me chauffe trop, je prends mon sac à dos.

La rouge ou bleue et noire
Elles ont toutes une histoire
Remplie de souvenirs

 Même la plus gâtée
Tissus, coutures usés
Rien pour m’en désunir.

On a trop de valises, on ne sait plus choisir
Et moi, qu’on se le dise, je voudrais bien partir
C’est bon, j’ai fait mon choix, je m’en lèche les doigts
Enfin j’ai commencé, c’est la fin de l’été…

mardi 28 juin 2016

Vegas sur sarthe - L'art de faire sa valise

Comment apprivoiser sa valise

La choisir pas trop grande ni trop minuscule
pour l'avoir à sa main, une menue poignée
et la transbahuter, bourrée, sans rechigner
passer pour un ballot, friser le ridicule.

Apprécier son beau cuir, sa peau, son épiderme
vachette, agneau ou daim mais pas de peau de vache
pénétrer ses recoins, jouer à cache-cache
découvrir ses secrets et tout ce qu'ils renferment.

Chercher pour ses transports l'équilibre optimal
oublier dans le fond bien des choses qui fâchent
préférer le dessus, dessous que l'on détache

sans lui faire les poches être un peu indiscret
sinon à la faveur d'un double fond secret
elle en profitera pour se faire la malle.

Tisseuse - L'art de faire sa valise

J’ai mis dans ma valise
Des milliers de bêtises
Des épingles à nourrice
Et des petits réglisses

J’ai mis dans ma valise
Une chemise grise
Ma liste de caprices
Et ma boite à malice

J’ai mis dans ma valise
Des petites surprises
Un peu de dentifrice
Et puis quelques notices

J’ai mis dans ma valise
Toute ma gourmandise
Les plantes bienfaitrices
Les baumes à cicatrice

J’ai mis dans ma valise
Du pain et des cerises
Ma plus belle pelisse
Pour les soirs d’artifice

J’ai mis dans ma valise
De longues analyses
Assez révélatrices
Un peu provocatrices

Lorraine - L'art de faire sa valise

Je pars. Sans retour. Mon bagage est léger : quelques hardes, quelques regrets,  la couleur des souvenirs,  la lumière du bonheur, le poids des larmes. Et ta photo.

 Tu n’es plus. Derrière moi, j’ai refermé la porte. Vivre a-t-il encore un sens ? Je m’en vais pour fuir la souffrance. Mais on n’échappe pas à la souffrance, je le sais aussi. Des vacanciers me côtoient, le toit de leur voiture croule sous le poids des malles. Ils emportent leur présent, leurs robes, leurs sandales. Comme je me sens légère ! 

Demain, j’arriverai à la rivière où l’eau coule si claire, si tintante, que je faisais silence en moi pour l’écouter. Tu te souviens ? Je m’arrêterai peut-être à l’auberge. Peut-être…. Demain ?...

Pascal - L'art de faire sa valise

Bagage  

A l’ultime crise
J’ai fait ma valise
Elle est si légère
Fin de la Guerre

Savon dentifrice
Adieu les caprices
Les mots méchants
Les silences pesants

Parfum de Voyage 
Chemise chaussures
J’oublierai ton visage
Guérirai la blessure

Disques de Dylan
Quelques mouchoirs
Coup de la panne
Aventure d’un soir

DVD de Whitness
Un Singe en hiver
Photos de jeunesse
Paroles de Prévert

Lunettes de soleil
Des restes de cœur
Monts et merveilles
Recherche Bonheur

A l’ultime crise
J’ai fait ma valise
Elle est si légère
Fin de la Guerre.

lundi 27 juin 2016

Jacou - L'art de faire sa valise

Bagage prêt à porter

Pour faire une valise,
Disposez en couches  vêtements appropriés,
Petits matins frisquets,
Nuisette vaporeuse,
Grands soirs et festivals,
Soierie déshabillée,
Escarpins hauts perchés
Le reste de la journée,
Tenue des plus légères,
Osez la nudité.

Clémence - L'art de faire sa valise

Furoshiki.

Valises en cartons
Épaules malmenées
Vacances foutues

Oh, combien d'été ont entendu
de mon  haïku désespéré
la plainte répétée

Lasse mais tenace,
J'ai décidé de voyager léger.

Furoshiki noué
Rempli Konmari

Plage dorée,
Mer turquoise…
Plume légère, je rêve…

A mon retour
Peut-être
Ferais-je ma valise
Mais ça,
C'est une autre histoire,
Une autre histoire de valise.

Laura Vanel--Coytte - L'art de faire sa valise

Dans un petit carton blanc

Dans un petit carton blanc,
J’ai mis un jour les disques
De mon chanteur préféré.

Dans un petit carton blanc,
J’ai calé les Œuvres Complètes
De mon écrivain tant étudié :

Trois jolies Pléiade
Et leur album : un quatuor magique,
Surtout bien protégé.

Dans un petit carton blanc,
J’ai glissé Baudelaire
Et ses « Œuvres » si décortiquées.

J’ai fermé le petit carton blanc
Et pour un jour que j’espérais proche,
Je l’ai mis de côté.

Puis nous avons pesé nos valises noires,
Pas plus de  vingt kilos à emporter,
Un choix cornélien :

Ma plaquette de pilule en cours
Et autres traitements ;
Des vêtements chauds

Pour le pays d’arrivée.
Mon livre en cours
Et quelques autres d’avance

Pour ne pas manquer.
On a compté les petites cuillères
Puis fermé la porte.

Nous avons déjeuné dehors,
Il faisait vingt degrés sous les palmiers.
Une journée sous le signe du vingt.

A l’arrivée, on nous attendait
Avec  de l’amour et des critiques.
Il avait bien gelé.
A mon coucher
Dans un nouveau lit
J’ai retrouvé mon livre en cours.

Comme à chaque nouveau paysage
Un livre est toujours là
Changeant mais rituel inchangé

Quant au petit carton blanc
Il resta là-bas seul
Plus longtemps qu’on l’aurait imaginé.

Trois ans après
Après maintes péripéties
Et moult avanies.

J’ai retrouvé mes Œuvres complètes
De Baudelaire et Nerval
Inchangées mais toujours changeant

Ma vie.

Où lire Laura

Semaine du 27 juin au 3 juillet 2016 - L'art de faire sa valise

Après avoir refermé tous vos livres, vous vous préparez à partir en vacances.
Il faut donc faire vos valises ... et c'est tout un art !

Racontez comment vous faites vos bagages, vos astuces, vos secrets en prose ou en vers...

Mais vous devrez impérativement avoir bouclé votre texte et nous l'envoyer à l’adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 03 juillet minuit.

dimanche 26 juin 2016

Tiniak - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Feutre mou (Orne mental)



Feutre, ce livre clos
          tient sur ma tête bée
En réchappe des mots
          la dernière fournée
Un étang s'apaisant
          filmé au plain de l'eau
Trouve le coin charmant
          à cette page
Rognure de pain blanc
          relevant de l'ego
Et l'heur, et l'âge

M'être, dans cet instant
          plus chargé qu'un graphène
Offre à mon jugement
          aux réactions sans chaînes
Un fol écho

          « Viens jeter, bête à cornes !
          ton livre aux plis de l'eau sale de l'Orne »

Où corner les pages sans frémir

samedi 25 juin 2016

Clémence - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Quand H'On referma son livre...

H'On était critique littéraire. Elle s'était construite une réputation solide en peu de temps.

Certains soulignèrent que sa silhouette sculpturale y était pour quelque chose. D'autres en firent abstraction et complimentèrent la justesse de ses traits de plume : ni guimauve, ni vitriol.

De manière récurrente, une rumeur glissait furtivement dans les couloirs . H'On était toujours seule.

Un jour, H'On en eut assez de la vie parisienne. L'intrusion d'Internet fut pour elle, un des plus beaux cadeaux. Elle chercha une maison dans le Midi. En quelques clics, elle trouva son trésor dans le Haut-Var. Une maison avec jardin, jacuzzi et vue sur le petit village médiéval perché en haut de la colline.

H'On s'y installa et partagea son temps entre son métier et ses passions.

La nature était sublime en toutes saisons : rougeoyante en automne, poudrée en hiver, vert amande au printemps et belle endormie en été.

La vie de H 'On était à l'image de ces cartes postales surannées : un petit campanile tintinnabulant les heures, des troupeaux de brebis ou de cabris sonnaillant au loin, des rires d'enfants…

H'On était heureuse. La rentrée littéraire s'annonçait belle et l'été offrait ses délices.

Quinze heures. H'On s'enroula dans son paréo, releva ses cheveux, prit une bouteille de soda dans le réfrigérateur et s'empara du polar qu'elle était sur le point de finir.

Elle posa le livre et la bouteille sur le rebord du jacuzzi, fit glisser son paréo et s'enfonça voluptueusement dans l'eau fraîche. Elle attendit quelques instants avant d'enfoncer la touche des petite bulles. Elle regarda le paysage et s'étonna, une fois encore, de cet émerveillement qui ne la quittait pas. Les lavandes, le chant des cigales, le petit village perché la-haut….

H'On but une gorgée et prit son livre.

Mais qui donc était le serial-killer ? Encore trois pages, deux pages...Les hypothèses tombaient les unes après les autres…
Dernière page, dernier paragraphe, dernière ligne…
- Oh, non…. Pas lui…. murmura-t-elle….

H'On referma son livre et le déposa sur le rebord. Elle ferma les yeux.
- Pas lui… répéta-t-elle encore une fois….

De gigantesques bulles se mirent à bouillonner.
Deux mains vigoureuses empoignèrent sa tête et l'immobilisèrent sous l'eau….
H'On s'agita quelques minutes encore puis les remous cessèrent.

Le lendemain, la presse du Haut-Var titrait :
Une cinquième victime sur la liste du « Noyeur-killer »

Gene M - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Il en est des livres comme des personnes. Nous les croisons, nous les lisons. Certains sont très vite oubliés, d'autres nous accompagnent tout le long de notre vie et nous marquent à jamais.
Parfois ils parviennent à infléchir le cours de notre destin.

Lorsque l'on referme un grand livre, on sait que son modeste volume recèle un trésor, un monde à lui seul. Et quand la vie nous blesse, nous maltraite, nous pouvons nous consoler en relisant ce que nous avons tant aimé.

Les amoureux des livres ont tous une liste secrète de leurs ouvrages préférés.

Et je ne peux regarder les nuages sans penser à l'étranger de Baudelaire dans le spleen de Paris qui aimait tant les nuages.

"J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... Là-bas... les merveilleux nuages"

vendredi 24 juin 2016

Pascal - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

« Le secret du livre lu, nous le gardons le plus souvent au secret de notre jalousie. Soit parce que nous n’y voyons pas matière à discours, soit parce que, avant d’en pouvoir dire un mot, il nous faut laisser le temps faire son délicieux travail de distillation. »
Daniel Pennac.

Je ne vois pas ce qu’on peut rajouter à ces mots.

Zoz - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

~ on ferme un livre et il devient une tombe, à l'intérieur plus rien ne parle, le souffle des mots cesse et entre en latence, il attend, il risque le feu, la poubelle, l'oublie, il attend son ouverture nouvelle, qu'un doigt de passage distrait se faufile, ce nouveau souffle qui s'engouffre, et tout redevient vivant, à peine la goutte d'eau échappée du nuage et tout chante à nouveau ..

Où lire Zoz

jeudi 23 juin 2016

Georgia - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Que se passe-t-il quand on referme un livre ? 

Ô Fille-ma-fille, quelle question parfaite ! C'est le moment le plus intéressant !

Oui, ma Mieux-Aimée, j'en suis sûre. Tu crois que le moment le plus intéressant est celui où tu lis le livre, où tu suis les personnages dans leur histoire. Note bien, c'est un bon moment, un excellent moment, mais ce n'est pas le moment le plus intéressant.
Le moment le plus intéressant est celui où tu refermes le livre et où les personnages continuent leur vie dans ton histoire.

C'est le moment où Mémé Ciredutemps te rappelle fermement que le mal commence quand on traite les gens comme des choses.
C'est le moment où tu vois un ami bougon se transformer en Crafougna, où tu sens l'odeur des cigares des Hommes en gris à côté de ton voisin qui court tout le temps, où tu entends Bartinueus ironiser dans le creux de ton oreille.

C'est le moment où Miles Vorkosigan te suggère un plan tortueux et génial, où Brin-de-Fougère et Rebecca t'inspirent un amour lumineux, où Ford Prefect te suggère de ne pas oublier ta serviette.

C'est le moment où chaque personnage de chaque histoire que tu as lue s'invite dans ta tête, même pour un instant.


Vois-tu, Fille-ma-fille, c'est pour ces moments-là que je continue de lire. Pour la joie de vivre d'autres vies que la mienne pendant que je lis, et pour la richesse qu'elles m'apportent quand le livre est fermé.

Jérôme - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

La mille et deuxième nuit

Au soir du mille et unième jour, Schahriar se couche plutôt content de lui. Cette nuit, plus de risque d’être réveillé par la voix de Dinarzade posant sa sempiternelle question :
"Ma sœur, si tu ne dors pas et si le sultan est d’accord, veux-tu raconter la suite de l’histoire d’hier ?"
Non, cette nuit et les nuits suivantes, plus d’histoires ! Enfin une pleine nuit de bon sommeil. Le sultan ne tarde pas à s’endormir. Mais voilà qu’en pleine nuit, il est réveillé par une présence dans sa chambre…
Qui ose le déranger ? Clignant des yeux, Schahriar distingue devant lui les hautes silhouettes de deux génies, qui lui tiennent à peu près ce langage :
"Es-tu Schahriar le sultan ?
– Que me voulez-vous ?
– Tu reconnais avoir fait le serment de zigouiller ton épouse après la première nuit de vos épousailles ?
– Oui mais…
– Et ton épouse Shéhérazade est encore en vie, mille et une nuits après la cérémonie ?
– Je peux vous expliquer…
– Pas la peine. Nous sommes simplement chargés de recouvrer les créances magiques. Donc, à trois diamants de pénalité par jour de retard pour serment non tenu, l’amende s’élève à… trois mille et trois émeraudes premier choix.
– … !
– On peut te faire une ristourne… trois mille émeraudes tout rond, ça irait ?
– mais, heu… Monsieur le Génie, j’ai renoncé à ce serment, et pas plus tard qu’hier matin.
– Et alors ?
– Et puisque le serment est caduc, l’amende est caduque, non ?
– Mais pas du tout !
– Et c’est bien pire, dit le second génie : inobservance d’un serment, trois émeraudes par jour ; le parjure, c’est la mort !
– la mort ? Ah quand même… Et si je faisais trancher le cou de Shéhérazade tout à l’heure ? Comme ça je respecterai mon serment, non ?
– Oui, mais non, ça serait trop tard : tu t’es déjà parjuré.
– Et … un don aux bonnes œuvres des génies ?
– Pas la peine d’essayer de nous acheter. Bon, on n’a pas toute la nuit, on le zigouille et on rentre…
– Mais, enfin, il y a bien quelque chose qui vous ferait plaisir? Vous prendrez bien un peu de confiture de cédrat ? Un thé ? Des loukoums aux roses d’Ispahan ?
– C’est pas une ruse pour tenir jusqu’à l’aube en espérant qu’on disparaitra à la première lueur du soleil, au moins ?
– Non, je vous jure…
– Parce que, oui, on disparaitra à la première lueur de l’aube. Mais on reviendra la nuit suivante ! Et je te préviens, on est immortel ! D’ailleurs, après tout, te couper la tête cette nuit ou plus tard, pour nous c’est pareil. Alors, un truc qui nous ferait vraiment plaisir ? C’est tout simple, joli prince : à ton tour, raconte-nous une histoire."

Laura Vanel-Coytte - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Que se passe-t-il quand on referme un livre ?
On referme aussi la porte vers un autre monde.
On quitte ses personnages, leurs vies et des paysages.
On referme un livre pour retrouver sa vie propre.

Si on lit un polar sanglant à l'intrigue terrifiante,
On est content de retrouver sa vie trop calme.
Si on lit un essai ou un splendide livre d'art,
On a envie d'aller plus loin et dans les musées.

Que se passe-t-il quand on referme un livre ?
On tourne une page de sa vie, une autre aventure
Commence: vers d'autres chemins et livres:
Un approfondissement, des contradictions.

Si on lit la presse, on réfléchit, on s'inquiète
Surtout, on ouvre les yeux, on s'informe.
On travaille notre curiosité, on referme
La porte de nos rejets et nos ignorances.

Que se passe-t-il quand on referme un livre ?
On ouvre d'autres livres, on pleure
De quitter un paysage pour sourire
Ensuite de savoir qu'il y en a tant d'autres.

Célestine - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?


C’était une belle histoire. Pleine de rebondissements et de suspense. Pleine d’émotion et de tendresse. Comme un voyage. Tout ce qui est donné à vivre aux gens qui s’aiment, pour un jour, un siècle ou une éternité.

Doucement, à petits pas, pour ne pas se faire trop mal, ils ont refermé le livre de leur amour impossible. Le mot fin est arrivé sans qu’ils s’en aperçoivent. Pourtant elle devait arriver cette fin.

Ils ont relu les plus belles pages, inondé de leurs larmes la dernière de ces pages, au point que l’encre s’est diluée, formant de maigres ruisseaux noirs comme du rimmel sur une joue pâle. Et que les mots ont commencé à s’effacer, telle un trace sur le sable gris de la grève.

Elle avait tout essayé, pourtant - enfin c’est ce qu’elle croyait - pour ne pas lire trop vite, pour déguster chaque chapitre, lentement, mais à la hâte, au jour le jour, avec des mines gourmandes. Lui pensait qu’il tiendrait le rythme endiablé de l’histoire, mais il s’endormait au bout des lignes… Leurs chemins se sont écartés, frêles personnages de papier malmenés par le vent du temps. Ils ne faisaient déjà plus partie du même scénario.

Le livre est refermé, mais l’on entend encore battre leur cœur dans la brume.

Où lire Célestine

mercredi 22 juin 2016

Mel - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Savez vous qu'une fois le livre fermé
Les mots continuent à s'amuser

Ils sont beaucoup moins sages
Que lorsqu'on les lit

Heureusement car s'ils dansaient
On n'y arriverait pas

Me voilà triste, le roman terminé
les larmes au bord de la dernière phrase
Si triste, comme moi

Comment m'endormirai je demain soir
Je n'ai plus d'histoire

Eux changent de mains facilement
Ils s'en réjouissent même
Un nouveau, une nouvelle

Eternels les mots
Toujours beaux les mots
Toujours attendus

Ils ont un avenir
Ils le savent, ils le fêtent
de page en page

J'ai laissé tomber le livre par terre

Croix de bois, croix de fer

Si je mens je vais en enfer.

Chri - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Un livre c’est mille fenêtres. 

Il ne faudrait jamais oublier que l’auteur n’est pas le seul à écrire.
Le lecteur, aussi, le crée.
A-t-il aimé les personnages ? N’en a-t-il aimé que certains et pas d’autres ? Ceux qu’il n’a pas aimé, s’il y en a, comment l’ont-ils pris ? En ont-ils été blessés ?
Le lecteur, a-t-il été troublé, ému, touché, agacé, dérangé, révolté, attristé, peiné, abattu, du sort qui leur était fait, de celui qu’il faisait vivre aux autres, de leurs réactions, de leurs comportements, de leurs actes, de leurs pensées, de leurs paroles ?
A-t-il tremblé, a-t-il été indifférent ?
Après avoir été refermé, les personnages du livre reprennent leur existence, celle où l’auteur les a plongé, les situations qu’il leur a créées, les évènements qu’il leur fait vivre. Une fois refermé c’est un autre livre qui s’offrira à la prochaine ouverture.
Il est ainsi même en cas de relecture. Parce qu’un lecteur n’est jamais le même. On peut lire un livre à vingt ans et le relire à quarante, ce n’est pas  le même lecteur qui s’y plonge. Il a changé. Il a été transformé notamment pas les livres qu’il a lus entre temps. Il y verra d’autres anecdotes, certains passages le marqueront davantage, il sera en empathie avec des personnages qui l’avaient laissé de marbre à la première lecture…Chaque ouverture de livre est comme une ouverture de fenêtre c’est un courant d’air nouveau qui s’y engouffre.

Que s’ouvrent les mille  fenêtres.

mardi 21 juin 2016

Emma - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?


Adieux.

Que se passe-t-il quand on referme un livre ?
Nul ne le sait vraiment.
Sait-on jamais vraiment ce que deviennent ceux qu'on quitte ?
"Ainsi, déjà, tu vas entrer dans mon passé [2]"
Et aussitôt commencent les mensonges :

- Une fois jetés à la corbeille les gobelets du pot de retraite : "Reviens souvent nous voir" disent les collègues …
- Sur le trottoir, après le bac : "on reste en contact, les gars !- Si on se donnait rendez-vous dans 10 ans, même jour, même heure [1]…"
- Sur le pas de la porte : "Je t’ai bien tout rendu ? Ne pleurons pas ! Ce serait bête. Quel effort il faut faire, hein, dans nos pauvres têtes, pour revoir les amants que nous avons été ! [2] "
- "Dis, Quand reviendras-tu ? [3]

Car la vie reprend ses droits, comme on dit... Elle a bon dos, "la vie", pour dire "la flemme, la lâcheté, le traintrain, la trahison des rêves et idéaux…"

Pourtant chaque deuil, chaque séparation, emporte chaque fois un petit bout de nous, et on se délite et s'effrite un peu plus, comme Pierre, dans "l'âge de Pierre"

"Dans la mort d'un proche, le plus facile à supporter est la peine, sentiment simple et indiscutable. Ensuite on constate que le mort n'est pas parti seul, qu'il a emporté un morceau de soi, plus ou moins saignant [4]."

Mais bon, on a rarement le cœur qui saigne quand on referme un livre, juste un léger regret, et une hésitation à en ouvrir un autre.
Mais eux, que deviennent-ils ? Eux, ces personnages virtuels qui nous ont fait vibrer, ectoplasmes aspirés par le trou noir de la couverture qui se referme…
Il en est comme dans la vie, certains sont couleur de muraille et se dissolvent dans l'encre d'imprimerie. Mais d'autres sont si forts qu'ils reviennent nous hanter, bien plus forts que des êtres de chair, parce qu'immuables.

Peut-être qu'enfin seuls ils en profitent pour refaire leur parcours, changer leur destin, ou mener la bacchanale ? Parce que l'auteur, si on y réfléchit bien, ne leur a laissé aucun choix.
Comme dans la vie ?

[1] P Bruel 
[2] P Géraldy
[3] Barbara
[4] P. Guimard, l'âge de Pierre

Manoudanslaforêt - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Que se passe t’il quand on referme un livre ?
Il arrive parfois qu’on ait mal en refermant un livre
Triste de quitter les personnages
Envie de rester dans l’ambiance, de rester avec eux..
Envie d’entendre encore l’histoire.

Il m’est arrivé de retarder ce moment où je quitterai ces personnages, cette ambiance où j’étais si bien…
Puis enfin tourner la dernière page, fermer les yeux et savourer…
Espérer que le prochain m’emportera aussi !

lundi 20 juin 2016

Lira - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

De chaque livre lu

De chaque livre lu
Reste l'écho d'une métamorphose
Empreinte de longue mémoire
Ou trace légère
Sous le feuillage de l'oubli
Nul océan
Nulle terre profonde
N'engloutit tout à fait
Le silence et la voix
De pages feuilletées
En aveugle présence
En singulière solitude

Jacou - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?


Livré à lui-même

- Hébé, c'est pas trop tôt.
- " C'est pas trop tôt", est employé pour la langue parlée. N'oublie pas que nous avons un rang à tenir, nous, la langue écrite.
- Bon, si tu le dis! Enfin, ce n'est pas trop tôt! Voila, l'ai-je bien écrit?
- Parfaitement. Je l'entends. Mais, voudrais-tu bien me dire ce qui "n'est pas trop tôt."
- Elle est en train de lire, plutôt déchiffrer le mot fin.
- Pourquoi penses-tu qu'elle déchiffre?
- T'as qu'à voir les rides qu'elle a au front.
- Tu n'as qu'à ... Regarde donc les rides striant son front.
- Et voilà, elle a terminé. N'as- tu donc rien remarqué, chez notre lectrice?
- Oui, mais rien de bien méch ... Quelques erreurs d'inattention, sans gravité, ce me semble.
- Té, vois ... Vois-tu comme elle nous jette. Je te parie qu'on va atterrir dans la poubelle.
- Il se pourrait que notre vie s'achève dans un bac à laisser pour compte.
- Laisser pour compte serait le moindre des maux qui nous attendent. Depuis le début, je souffre! Les phrases qu'elle a sautées, les pages entières qu'elle lisait en pensant à autre chose, et puis les cornes ..., mais, non, c'est pas poss ... c'est insensé ! Quel est donc ce trait obscurcissant en presque totalité mes pages ! Au moins la moitié sont noircies.
- Heureusement.
- Comment, heureusement! J'étouffe littéralement!
- Rien de plus normal, pour une situation que je qualifierais de littéraire.
- Et les gribouillis qui lacèrent les mots, comment les qualifies-tu les gribouillis?
- Un écrivain, parfois, ne trouve pas l'inspiration tout de suite. Et encore, peut-il s'estimer chanceux de ne pas subir la fameuse crampe.
- Et bien, tu vois, en ce moment, je préfèrerais qu'il la subisse sa crampe, et le crayon avec. Je suis zébré de partout. Je n'arrive plus à me relire, même en diagonale.
- Puisque nous sommes finis ; cela ne devrait plus avoir d'impor-chuit-son.
- Imporson, je ne pense pas que ce mot figure dans le dic-chuit-terre.
- Dicterre, non pl-chuit-stique.
- Et plst-chuit-don, tu le traduirais comment? Parce que toutes ces consonnes qui se suivent-chuit- et cuisent à-chuit- dans le lac du Bou-chuit- caracole.
- Tu dis n'impor-chuit
- Répète, je n'ai pas-chuit
- Où es-tu? Je n'arr-chuit-
- Et toi?

" Maman, tu me donnes la colle, pour faire la pâte à papier, s'il te plaît?"

ChristelD - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?


Quand le livre est fini

Je le tiens dans mes mains :
Il est tout à coup bien lourd.
La dernière page a été tournée.
Une dernière page caressée.
Un rêve, un dernier voyage.
À la fois un regret et un bonheur.
Je retourne le livre,
Et je regarde la couverture.
Elle m’avait tapée à l’œil
Lorsque je suis rentrée
Dans la bibliothèque de mon village.
Puis un titre, et l’auteur, au fond,
Importe peu lorsque je lis,
Calmement, le résumé.
« Qu’importe le flacon,
Pourvu qu’on ait l’ivresse… »
Après avoir vécu cette fictive vie
Avec des personnages attachants
Je pose enfin le roman.
Je regarde l’heure,
Et dans la tête,
Je suis déjà en quête
D’une nouvelle aventure…

Où lire ChristelD

dimanche 19 juin 2016

Semaine du 20 au 26 juin 2016 - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Les magiciens de la couleur nous ont emportés dans des textes souvent poétiques.

Cette semaine, nous vous proposons un thème suggéré par Jérôme :
Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

Rêver, pleurer, aimer, agir, voyager ... à vous de nous raconter (prose ou vers) vos sentiments après avoir refermé le livre.
Mais vous devez impérativement nous envoyer votre texte à l’adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 26 juin minuit.

samedi 18 juin 2016

Gene M - Le magicien de la couleur

Un beau jour de printemps, des meubles démodés avaient été extraits de la grande maison au coin de la rue.

Tout le monde dans le quartier connaissait le propriétaire : un médecin, plutôt atypique pour un membre de la faculté. Son physique et son style vestimentaire semblaient être bloqués au compteur des années 70. cheveux longs, favoris, pantalon à pattes d'eph...

Les jours suivants la maison continua à cracher ses vieilleries, tentures défraîchies, fauteuils hors d'âge, lampadaires poussiéreux et autres objets improbables.

Tout cela était embarqué promptement dans une camionnette qui fidèle au poste revenait chaque jour. Je compris, en voyant un jeune homme briser les pieds d'une petite table en bois blanc, que le mobilier n'aurait pas une seconde vie. Ils s'en iraient tristement dans une une jolie décharge.

On crut à un déménagement , un nouveau départ.
Il n'en fut rien.
Des peintres arrivèrent et s'activèrent.
Auparavant la maison bourgeoise s'intégrait parfaitement parmi les immeubles cossus et les maisons de ville. Son style discret, son élégance discrète de bon aloi ne dénotaient pas.

Mais tout cela vola en éclats. La maison fut repeinte en un blanc éclatant que l'on imagine davantage dans une île grecque qu'en région parisienne. La porte du garage et celle de l'entrée de service furent repeintes en parme. Quant à la grille en fer forgé elle arbora bientôt un noir profond.
Je savais qu'il y avait un jardin à l'intérieur et l'on est toujours tenté de voir ce qui est habituellement caché ; Je risquai un coup d'oeil à l'intérieur, les grilles étaient souvent ouvertes pendant les travaux. J'aperçus de nombreuses plantes exotiques en pots autour d'un petit bassin. Il se préparait un jardin d'orient derrière ces grilles !

L'aspect insolite de la grande maison ne suscita étrangement aucun commentaire. Finalement cela donnait un coup de jeune au quartier.

vendredi 17 juin 2016

Chri - Le magicien de la couleur

PRINTEMPS DE CHIEN…

16 Mars 1955. Le cœur du Vieil Antibes. Petit matin.
Nicolas avait recroquevillé son immense carcasse, encore amaigrie, sur un tapis troué dans un coin de l’atelier. Il s’en était enveloppé. Mais il n’a pas dormi à cause du froid. Jeanne, l’amour, qui avait promis de passer la veille n’était pas venue. Il n’avait pas voulu penser, ce qui lui aurait tordu le ventre: Elle ne viendra plus. Mon Dieu, que ce printemps qui débarquait avait mal commencé, malgré les odeurs des mimosas en fleurs qui flottaient sur la ville… Malgré les températures qui, le jour, redevenaient chaleureuses… Malgré les amandiers en fleurs à Ménèrbes dans le Lubéron d’avant où il avait une maison. Il y était passé, voilà quelques jours. Ses joues mal rasées le piquaient. Il s’est levé, s’est servi un verre d’un alcool russe qui trainait par là et deux ou trois pilules. Puis il s’était recouché. Affalé serait plus juste.

Il avait sombré comme une masse alors que le noir n’en finissait plus de survoler la vieille ville. Juste avant de plonger dans le sommeil, il avait fini de rougir avec acharnement une bonne partie du fond de cette immense toile qu’il avait eu la folie de simplement commencer. Un monstre : Six mètres par trois cinquante… posés sur le carrelage en terre ocre. Il avait entamé le piano noir, puis la contre-basse imposante au premier plan, sur la droite. Puis, vaincu, il s’était laissé attraper par le sommeil, les avants bras, la chemise, les mains et l’âme rouges du sang du rideau de ce Concert auquel, au sens propre, il s’était attaqué. Plusieurs mois qu’il luttait.

A l’aube, transis de froid, il s’était relevé. Il était allé se poser face à l’est où le ciel commençait à rosir. Depuis qu’il avait loué cet atelier au troisième niveau d’un immeuble en béton coffré du vieil Antibes, il lui arrivait souvent de se relever pour saluer le jour comme un nouvel arrivant. Les sommets des montagnes au loin étaient encore recouverts du blanc d’une neige étincelante. A ses pieds, le bleu sombre de la mer rosissait comme l’ensemble. Sur la gauche, la masse d’un vert profond, du Fort Carré se détachait, menaçante. Là bas, dans le fond, le minuscule blanc tremblant d’un voile gonflée. Au dessus des gris en vrac s’arrondissaient. Nicolas s’est allumé une cigarette, une brune, forte qui lui a déchiré la gorge. Il a appuyé ses coudes sur le gris de la barrière en métal qui entourait le balcon. Sa grande taille l’a obligé à se plier vers l’avant. Son mégot de cigarette lui a échappé des mains, il s’est penché pour le rattraper. Trop. 

Il a basculé dans le vide. Il n’a pas cherché à se rattraper.
Avant de s’écraser dans la ruelle en contre bas, celui qui avait brûlé sa vie à chercher le plus vrai des couleurs avait juste pensé :” …savoir celles de la mort… “ 

Après sa chute, de dessous sa tête, un sang épais, presque noir, s’était, comme sa vie, mis à couler…


L'Arpenteur d'étoiles - Le magicien de la couleur

Elodie et l’histoire des hommes artistes

Il avait posé son chevalet, là juste au bord.
De ses yeux océan il caressa l’horizon
Sur la toile bise il traça une ligne droite
Blanche aux reflets bleutés
Les bleus infinis des mers et le blanc pâle du ciel
Puis il resta longtemps, le geste suspendu
Attendant
Un sourire sous la fine barbe blanche
Et le regard acéré
Il était là depuis l’aube de son temps
De son temps à lui
Il en arrivait au crépuscule et il savait
Qu’il allait enfin saisir le moment ultime
Qu’il allait enfin toucher l’instant ténu, subtil
Celui où la mer commence juste à se retirer
Au bout de sa course inexorable sur la langue de sable
L’instant de la limite du monde.

Elodie relut son poème. Elle rendait hommage à son grand-père artiste peintre qui avait disparu quelques semaines auparavant. Endormi pour l’éternité sur une plage sauvage d’une crique bretonne, le pinceau à la main, le front appuyé sur la toile à peine colorée.

La nuit parfumée entrait par la fenêtre ouverte. Une nuit d’été tiède et piquetée d’étoiles. Elodie regardait les grands marronniers au fond du parc balançant doucement leurs branches sombres. Elle resta quelques minutes à rêver puis décida d’aller dormir. Elle se retourna et resta figée, immobile : une femme petite, pâle, voutée se dressait devant elle, calme, un léger sourire aux lèvres. D’une voix grave elle murmura
- N’ai pas peur, je ne te veux aucun mal. Je veux juste te raconter une très, très vieille histoire ».
Elodie n’eut pas peur. Elle s’assit sur son lit et observa cette ombre, ce fantôme charnel et diaphane.
- Qui es-tu donc ?
- Je suis une de tes ancêtres, mais très, très anciennes. Je suis née il y près de dix-huit mille ans. L’humanité était déjà ancrée sur la terre. Nous étions peu nombreux, mais nous vivions en groupe et en famille. Je m’appelle Avanoa. Nous habitions dans une région magnifique qui ne s’appelait évidemment pas encore la France. Nous avions déjà des outils pratiques de toutes formes et de toutes finesses, issus de la pierre. Mais surtout nous avions aussi des espèces de peintures, de couleurs et nous décorions aussi nos lieux de vie. Mon compagnon était le plus extraordinaire des artistes. Il se nommait Dalen. Je suis venue ce soir pour te raconter une anecdote qui se lie quelque part avec le départ de ton grand-père.

Elodie, bouche entr’ouverte et yeux écarquillés, buvait les paroles de cette surprenante apparition. Avanoa reprit son récit :
- Dalen avait un talent incroyable. Durant longtemps il broya des pierres de couleurs, recherchant le minéral le plus adapté. Il prépara également du charbon de bois et des pierres taillées pour graver la roche. Puis un soir il pénétra à l’intérieur de la colline avec tout son attirail, de la nourriture, de l’eau et des torches. Il demanda à ses frères de refermer l’entrée par un tas de pierres. Il demeura fort longtemps à l’intérieur. J’étais inquiète et malheureuse de ne plus le sentir près de moi ; mais j’avais une confiance absolue dans son art. Et puis un soir, nous l’avons entendu nous appeler derrière l’amas de cailloux fermant la grotte. Tous se ruèrent pour enlever les pierres. Dalen était là, amaigri, couvert de poussières et de poudre d’ocre. Je me suis précipitée contre lui. Ma vie recommençait enfin.

La famille et la tribu n’osait pas entrer. Il insista et nous guida longtemps jusqu’à une sorte de galerie éclairée par des dizaines de torches qu’il avait allumées. Alors nous sommes tous restés sans voix devant l’œuvre extraordinaire de Dalen. Des taureaux, des bisons, des aurochs, des félins, des chevaux, ces cerfs couvraient la pierre. Il avait aussi dessiné des rhinocéros et des ours. Sous les lumières des flammes, ils semblaient se mouvoir, courir, marcher. La vie était là. Dalen était le magicien de la couleur et des formes.

Voilà, Elodie. Je suis venue ce soir, simplement pour faire le passage entre les hommes des cavernes, artistes exceptionnels et les hommes modernes. Mon compagnon et moi, tes ancêtres immémoriaux, nous avons sans le savoir créer une lignée d’artistes durant des milliers d’années. Ton grand-père est un maillon de cette chaîne infinie. Et toi aussi, poète et rêveuse, dont le destin est tracé dans le cosmos, comme celui de Dalen.

Avanoa, se dressa, sembla toucher la main d’Elodie et disparut dans une vapeur bleutée. Bleutée comme la ligne droite du dernier tableau de son grand-père.



jeudi 16 juin 2016

Clémence - Le magicien de la couleur

Au-delà du noir

1927.
Devant lui, une feuille blanche.
Il trempa son pinceau dans l'encre noire.
Il chercha une place.
La goutte s'écrasa.
Pas le bon endroit, gronda-t-il en déchirant la feuille.
Il recommença.
Encore et encore.
« Je veux rendre le blanc du papier encore plus blanc ! »

1946.
Devant lui, une toile blanche.
Il chargea son pinceau de couleur.
Il chercha une place.
Le pinceau effleura la toile.
Pas le bon endroit, ragea-t-il en lacérant la toile.
Il recommença.
Encore et encore.
« Vous allez vous faire beaucoup d'ennemis ! »

1979
Devant lui, une toile blanche
Il chargea son pinceau.
Il ne chercha pas de  place.
Le pinceau dansait sur la toile.
« Le noir a tout envahi... »
Outrenoir…
Le noir est lumière

Célestine - Le magicien de la couleur


La formidable iconothèque


Il existe un endroit qui te fera rêver
La mâchoire pendante en loup de Tex Avery
Et l’œil exophtalmé qui roule sur la table

Si tu crois que je mens, que je te dis des fables
Si tu ne veux pas croire à ce lieu de féerie
Et qui plus est gratuit, va, tu peux t’en aller

Mais si tu es curieux enfin de le connaître
Et de te faire plaisir, il est sur internet
Et pour t’émerveiller, il suffit de cliquer

Sur le lien. Tu verras quel étonnant voyage
J’offre sans plus attendre à ta curiosité
C’est une mine d’or, un pactole d’images
Un bonheur de couleurs où tu pourras plonger.

*Ce magicien virtuel se nomme Pinterest
Le catalogue de rêves.
Il suffit de s’inscrire et de se laisser porter.

Où lire Célestine

mercredi 15 juin 2016

Mel - Le magicien de la couleur

Chaque matin doré
Le soleil s'empressait
D'aller la voir pousser
Au milieu des forêts

Cette maison champignon
Tous les jours grandissait
Les lutins travaillaient
A son évolution

Elle était toute en bois
Normal dans un bois
Il fallait qu'on la voit
Alors on la peigna

Pas bien riches ils étaient
Le peintre avait donné
Tout ce qui lui restait
Des pots abandonnés

Les couleurs firent merveille
Le toit était groseille
La porte toute à rayures
Les volets bleu azur
Les murs à petits pois
La cheminée on l'oublia


Où lire Mel

Marité - Le magicien de la couleur

Chez les Duvernois.

J'avais reçu au début des vacances une invitation des Duvernois pour célébrer chez eux un anniversaire en septembre. Ce courrier ne manqua pas de me surprendre. En effet, Sabine, une amie d'enfance avec qui j'entretenais des relations, certes espacées mais cependant assez régulières, ne m'avait pas du tout fait part de cet évènement à venir. Je réalisai qu'il s'agissait sans doute de fêter leur trente ans de mariage et n'y pensai plus.

Lors d'un séjour en août dans notre ville natale où nous nous rencontrâmes, Sabine réitéra verbalement son invitation. Comme je tentai d'en savoir un peu plus, elle resta évasive me disant avec un demi-sourire : tu verras...

Le jour J je me rendis donc chez les Duvernois où je reconnus la plupart des invités comme faisant partie de la famille. Il y avait aussi beaucoup d'amis du couple. Sabine et François, son mari, nous accueillirent chaleureusement. Un repas succulent au champagne fut servi dans le jardin et l'ambiance était à la fête. Il s'agissait bien d'arroser leur trente ans d'union.

Arriva le dessert. Sabine et François, soudain graves, demandèrent le silence. Ils dirent alors tranquillement qu'ils nous avaient réunis pour nous annoncer un évènement important : ils se séparaient. Un "oh" de surprise accompagna cette information étonnante.
François allait fermer son cabinet médical et après un an de retraite dans un monastère, il voulait se consacrer à l'aide humanitaire. Sabine, plus jeune, continuerait son travail de professeur au lycée de M. et garderait la maison.

Plus tard je contactai Sabine par téléphone. Elle m'invita à la rejoindre chez elle pour quelques jours pendant les vacances de Pâques.
Je retrouvai la Sabine de nos années d'étudiantes : vive, enjouée, pleine de joie de vivre et d'humour.
Mais le plus surprenant fut de constater les changements intervenus dans la maison. Elle avait fait place nette. Les meubles anciens, lourds, sombres hérités pour la plupart de sa belle famille très bourgeoise avaient disparu. Peu de mobilier désormais et tranchant de façon brutale avec le précédent. Des coussins et des tableaux de couleurs vives, voire même criardes étaient posés un peu partout de façon bohème. Je reconnus bien là le manque d'intérêt de mon amie pour tout ce qui était matériel. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises.

Sabine me conduisit dans l'ancien bureau de François. Je n'en crus pas mes yeux. La pièce austère s'était transformée en un lieu indescriptible quant-à sa décoration. Les murs, autrefois tendus de velours bordeaux étaient peints en vert pomme avec des nuances de couleur indéfinie : vert tirant sur le brun pour l'un, vert tirant sur le jaune pour les autres ...Une horreur ! Et le mobilier me laissa pantoise. Des étagères bleu dur couvertes de bibelots kitch, une table rouge cerise, des tabourets bleu ciel. Et pour couronner le tout une énorme lampe en fer forgé surmontée d'un abat jour parme dans un coin et dans l'autre une amphore déjà aperçue dans le jardin, pleine de grosses fleurs multicolores en tissu. Je me demandai bien à qui Sabine avait confié le soin de rénover son intérieur. Quel peintre ou décorateur était capable de créations aussi affreuses ? Pas un magicien de la couleur en tout cas !

Sabine me dit alors : "tu penses sûrement que tout ceci est moche. Tu as sans doute raison. Moi, je me sens bien dans ce bureau et j'adore ces couleurs. Il me les fallait. Et ensemble. Tu ne peux pas imaginer combien j'ai étouffé dans cet univers crée par ma belle-mère et que je ne devais pas changer d'un iota. Tu t'interroges ? Qui a bien pu faire ça ? Et bien moi. Et j'y ai pris beaucoup de plaisir je t'assure. Il fallait que je sorte de l'ombre. A tous points de vue. Il est maintenant essentiel pour moi de vivre dans un univers vivant et coloré. Avec des objets que j'aime. J'ai fabriqué moi-même le mobilier à partir de palettes ramassées dans une décharge. Je suis très fière de mon travail."

Incrédule, je regardai Sabine et nous éclatâmes de rire.

JCP - Le magicien de la couleur

Couleurs désunies


Certains sont pour le blanc, d'autres sont pour le bleu.
On se bat pour si peu, on allume des feux
Au nom de la couleur d'un invincible règne,
Dans le geste et la haine qui jamais ne s'éteignent.

N'est-il que l'arc-en-ciel, où les couleurs unies
Au nom de la beauté demeureront amies ?
On est là pour le jeu, on rencontre la guerre :
Faut-il que l'on se tue pour fêter sa misère ?

Aussi pour me vêtir sans aller au trépas,
Quelle couleur choisir, j'hésite et ne sais pas...
Plutôt que d'aller nu, c'est décidé je reste
Paisiblement chez moi - préservé de la peste.


Où lire JCP

mardi 14 juin 2016

Laura Vanel-Coytte - Le magicien de la couleur

Les magiciens de la couleur

Ils se nomment Van Gogh : ses tournesols sont plus jaunes
Que le soleil noir de sa mélancolie: c'est St Rémy de Provence.
Il y a de ma terre natale dans le "turban jaune" de la femme peinte
Par Renoir qui soignait aussi ses douleurs au soleil de Cagnes.
J'ai dans mon couloir un tableau de Marc: les vaches n'y sont pas jaunes.
A qui associer le bleu: à Klein qui a donné son nom à une de ses nuances
Grâce à ses "Anthropométries " et ses "Monochromes"?
Je pense aussi aux "Nus bleus" de Matisses, ses "Danses."
Il règne sur les hauteurs de Cimiez pas loin des arènes.
Je pense encore au Chagall biblique du Musée de Nice,
A l'interprète de l'Opéra Garnier: harmonique et symphonique.
Les danseuses de Degas sont jaunes comme les fleurs solaires.
Kandinsky a mêlé le bleu au jaune dans ses "compositions" abstraites.
Rimbaud avait-il imaginé en écrivant ses "voyelles", le bleu de Miro, si poétique.
Aimiez-vous la période bleue de Picasso? Elle fut celle de la souffrance.
A quoi bon énumérer ces peintres, magiciens de la couleur?
Il faut simplement les regarder, les lire et se laisser gagner à l'heure
Du dîner par les sortilèges de l'absinthe verte des terrasses
Peintes par Monet; mais je ne peux cesser de les louer, ces maîtres
De mes paysages baignées de mélancolie rouge et de liesse noire.

dimanche 12 juin 2016

Semaine du 13 au 19 juin 2016 - Le magicien de la couleur

LE MAGICIEN de la COULEUR:

vous-même, un voisin, un ami, une personne de votre famille passe son temps à re-décorer sa maison, sa chambre, son bureau ou n'importe quel endroit "normal" ou étonnant, en utilisant des couleurs incroyables, sublimes ou ... épouvantables.

Racontez vos impressions, vos peurs, votre admiration, votre angoisse, vos sourires et imaginez une histoire drôle, triste, fantastique dont le personnage est la clé de l'aventure.

Evidemment, prose ou vers, à votre choix.

Envoyez vos textes à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant le 19 juin à minuit.

vendredi 10 juin 2016

L'Arpenteur d'étoiles - Internet a disparu

LOÏS & CLARK (synopsis)

- Scène 1 -

- Ah, non, peste, cela est impossible, pas aujourd’hui, pas maintenant !
(L’homme apparaît voûté devant son ordinateur. Sur l’écran, on voit clignoter « connexion impossible ». Son immense cape semble désespérée. Il se retourne et se lève péniblement. Son corps se déplie et laisse apparaître une musculature impressionnante)
- Ah mon Dieu, que vais-je devenir ? (Il se lamente en se tordant les mains)
(La porte de son bureau s’entrouvre et une silhouette s’inscrit dans l’embrasure)
- Eh bien chéri, que se passe-t-il ?
- Mon ordinateur dysfonctionne, mon amour. Je suis fort embarrassé !
- Oh mon pauvre chéri. En quoi puis-je t’aider ?
(La silhouette est désormais en pleine lumière. Elle est très belle et tient un saladier dans la main gauche et un fouet de cuisine dans la main droite. Elle s’avance, pose les ustensiles et s’approche de l’homme. Elle pose sa main sur le torse puissant)
- Ne sois pas si stressé, mon Clark chéri. Tu as vécu tant d’autres situations bien plus délicates.
- Tu as raison, mon ange. Je dois me ressaisir (il se tient droit, de profil, la lumière sculpte sa plastique parfaite et semble irradier son visage)
- Mais, dis-moi, Loïs, que dois-je faire maintenant ?
- Eh bien, prendre ton petit déjeuner. J’étais en train de préparer des œufs brouillés. (Elle reprend le saladier, le fouet, et sort de la pièce vers la cuisine. Il lui emboîte le pas dans un bruit un froissement de tissu)

- Scène 2 -

(Ils sont assis à une table de plastique rouge vif. Devant eux, bols, assiettes, couverts, pains toastés, mugs de couleur, jus de fruit)
- Tu te sens mieux, mon chéri ?
- Oui, merci mon amour, mais aide moi à mettre de l’ordre dans mes idées. (Il se tape sur les tempes avec les deux mains)
- Bien : quel était ton programme du jour ?
- Tu as raison. Rationalisons l’événement. Que ferai-je sans toi qui vins à ma rencontre ? (Il la regarde amoureusement. Elle lui rend son regard et frôle sa main droite)
- Je devais arrêter le déraillement de trois trains dont un TGV en gare du Creusot, éteindre un incendie en forêt équatoriale, empêcher douze attentats djihadistes en Europe, repasser mon deuxième collant et me rendre sur krypton, pour voir maman. (Il est à nouveau bouleversé et se tord les mains)
- Tu avais besoin d’internet pour tout cela, Clark ?
- Oui, bien sur, pour préparer les plans de vol, comprends-tu. ? T’ain, t’es conne ou quoi ? (il prononce cette dernière phrase en hurlant)
- Calme-toi, mon ange (elle s’est levée, se place derrière lui et lui masse les épaules avec dextérité)
- Oh, pardon, je m’en veux d’être aussi soupe au lait, tu sais. Je t’aime ma Loïs.
- Je t’aime aussi, mon Clark. (Ils s’embrassent avec fougue)
- Mais, as-tu essayé de travailler ton imagination et ta mémoire ?
- Doux jésus ! Où avais-je la tête ! Mais bien sur ! (Il se précipite dans son bureau, renverse la cafetière qu’il redresse immédiatement grâce à son regard bionique)
- Oui, oui, mon cerveau fonctionne, je vais pouvoir sauver le monde. Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ? (Il est heureux comme un enfant et rit à gorge déployée. Elle rit aussi comme une folle en se roulant sur le canapé du salon)
- Je m’occupe de ton collant. Va, mon amour et ne rentre pas trop tard. Les Tarzans viennent dîner ce soir.
- Oui, je sais, je m’en souviens aussi. (Il rit encore et s’envole par la fenêtre, le poing tendu vers l’infini galactique. Elle le regarde disparaître dans le soleil, une larme au coin de l’œil)

- Coupez !
- On la garde. Bravo les enfants. Je vais voir les rushes tout de suite.
- Euh … désolé, patron, sans internet, impossible. Les vidéo sont sauvegardées sur le cloud … alors ...
- Mais j'ai conservé mon carnet de notes ! Un truc de vieux !


jeudi 9 juin 2016

Marité - Internet a disparu

Milou, ses vaches et internet.

Dans une ferme du Poitou, c'est l'heure de la dernière traite de la journée pour les vaches de Milou. La 126 et la 144 attendent patiemment leur tour devant le tourniquet qui en s'ouvrant donne accès à la salle des trayeuses.

Elles observent pensivement le fermier installé dans son bureau devant son ordinateur.
Soudain la 144, une belle normande à l'œil de velours, se tourne vers sa voisine, une Prim'Holstein au pis avantageux et lui dit :
- Et si internet disparaissait ? Ce serait chouette. Qu'en dis-tu ?
- Pas grand chose répond la 126 désabusée. Ou qui n'a pas du tout envie d'ouvrir ce genre de débat.
- Quoi, pas grand-chose ? Ça te plait, toi de porter ce collier avec un boîtier électronique autour du cou ? Et qui nous flique en plus ? Je préférerais une cloche qui tinte joliment moi.
- Qui nous flique. Tu en as de bonnes toi. Si Milou n'avait pas été averti tout de suite que je mettais bas il y a un mois, mon veau serait mort étouffé.
- Peut être. Mais pour ce qu'on en profite de nos veaux...On nous les enlève dès leur naissance pour que nous produisions encore plus de lait. Et il faut donner toujours plus de lait ! Tu as remarqué je suppose que la satanée machine qui distribue les farines - même pas du bon foin odorant - devient avare quand nous prenons de l'âge et que nous avons moins de lait. Encore la faute à ce boîtier !
- Tu es rétrograde ma pauvre fille. Il faut vivre avec son temps. Je trouve que depuis que Milou a entièrement modernisé la ferme, on vit mieux. Tiens, par exemple, quand j'ai mal aux pattes, Milou le voit tout de suite et me donne des médicaments qui me soulagent. Si internet ne l'avertissait pas, il ne se rendrait même pas compte que j'ai les pattes enflées.
- Ah parce que tu penses que c'est bon pour ta santé tous ces médocs qu'il te fourgue ? Tu n'aurais pas mal aux pattes si tu gambadais dans les prés au lieu de piétiner toute la journée sur le ciment rempli de fumier. Moi j'en rêve de la vie d'avant. Ma grand-mère me racontait...
- Ta grand-mère. Ta grand-mère. Laisse la tranquille ta grand-mère. Elle était du siècle dernier. Il y a longtemps qu'elle a fini en steak haché dans le meilleur des cas et dans le pire, en bouillon cube pour potage.
- Je ne te permets pas. Elle a eu une belle vie elle. D'abord, elle n'était pas un numéro. Elle s'appelait
Clairette parce que son poil était blond. C'est beau Clairette. Si ce foutu internet n'existait plus, on nous donnerait un nom je suis sûre. Tu aimerais quoi, toi ?
- Ah, ça oui. J'ai toujours rêvé de m'appeler Marguerite.
- Comme dans "la vache et le prisonnier" ?
- Hein ? C'est qui cette vache ?
- Ma pauvre 126 ! Tu ne connais même pas tes classiques.
- Peuh ! C'est même pas original Marguerite. Moi je choisirais Vachkirie.
- Tiens ! Où as-tu déniché ce truc ridicule ?
- Ridicule ? Pas du tout. Je l'ai inventé en regardant la collection de boîtes à fromage de Milou. Je parie que tu ne les as jamais remarquées sur l'étagère de son bureau. Pourtant, ces boîtes ont contenu notre lait. Enfin du fromage fait avec notre lait. J'adore celle où l'on voit une belle tête de vache, très souriante, avec de grandes boucles d'oreilles.
- Arrête 144 ! T'es trop bête. Tout le monde se moquerait de toi. Vachkirie ! Je te demande un peu.

On pense tout de suite à Valkirie. Et, pardon ma belle mais tu n'es plus vierge depuis longtemps.
- Puisque nous parlons de sexe, je sens que je suis fiévreuse. Son mouchard va encore dire à Milou que j'ai mes chaleurs. Et je ne sais pas toi mais moi, je n'aime pas du tout ce tube à inséminer dans mon intimité. Ma grand-mère me racontait qu'elle et Zétor...
- Ne recommence pas avec ta mémé. Tu me fatigues.
- Si seulement internet n'existait plus, peut être que Milou viendrait prendre mon lait lui-même. Qu'est ce que j'aimerais ça ! Le contact, je voudrais du contact. Avec cette foutue informatique, nous sommes des pions.
- Tu rêves ma belle. Avance, c'est à nous pour le tour de manège. Et ne fais de rétention de lait, s'il te plait. Je ne veux pas d'histoires : Milou nous observe sur son écran en ce moment. Pas envie qu'il me prenne pour une meneuse syndiquée.