mardi 28 mai 2019

Maryline18 - Partir sur l'instant


Sauve qui peut !

Les astres ne me promettaient pas une journée épanouissante, mais cela ne m'inquiétait pas réellement . Tout en buvant un café, j'écoutais mon horoscope, plus, pour m'en amuser qu'autre chose.

Pourtant, ce matin, le désordre sidéral qui semblait désorganiser les nuages autant que les étoiles, traverser les mers, jaillir des profondeurs pour, dans un élan presque extraordinaire, toucher le ciel, me parut plus glaçant qu'un simple courant d'air.

La météo joue, aussi, paraît-il, un rôle important dans les décisions spontanées.

Je crois que l'impulsion du "sauve qui peut", m'est venue quand je l'entendis décrire la naïade dont il venait de rêver, à son collègue Jérôme, au téléphone.

- Elle était si belle, grande et blonde aux yeux bleus...avec des jolies lèvres pincées...et sa voix si...cristalline ! T'imagines, Jérôme, bosser avec une sirène avec de longues jambes en guise de queue de poisson, une bombe en attente de nos compliments, avenante avec chacun de nous !?

- Et patati et patata...
 
Je n'ai pas écouté la suite de son monologue de pauvre exalté. J'ai passer mes doigts dans ma tignasse châtain frisée, enfilé un vieux jean et protégé mes lèvres pulpeuses d'un baume au goût de framboise. Je l'ai regardé une toute dernière fois, du haut de mon p'tit mètre soixante. Il me faisait presque pitié : la cinquantaine, mal rasé, jouant au possédé du démon de midi...(ou de minuit), peu importe ! Je ne lui ai pas laissé la chance de croiser une dernière fois mon regard.

Mes beaux yeux bruns en amandes, m'ouvraient le chemin vers un monde bouillonnant, où j'avais tant à découvrir encore. J'ai entendu la porte claquer derrière moi. Mon cœur battait si fort... J'ai pris une grande respiration. L'air était frais et sentait bon. J'étais de nouveau libre, libre et...belle, loin de ses critères de beauté réducteurs, alimentant ses fantasmes.

Vegas sur sarthe - Partir sur l'instant

Partir, c'est pas de la tarte

Pourquoi attendre à demain ? Pourquoi pas à l'aube comme Victor, à l'heure où blanchit la campagne ?
J'en ai pris des coups de pompes avant de pouvoir réciter ça par cœur sur l'estrade devant les regards goguenards.
Pourquoi attendre le vol de nuit destination Ba-hia, Bue-Nos-Air's ou Cu-ba ?
1977 … j'avais 30 ans, l'âge où on n'en finit pas de partir pour revenir chez ses vieux
Pourquoi attendre puisque je pense-comme une intime évidence-que parfois même tout donner n'est pas forcément suffire … là, j'avoue que j'ai du mal à partir ; faut s'appeler Goldman pour faire ça.

Pourquoi partir un jour sans bagage-Oublier son image-sans me retourner-ne pas regretter-penser à demain-Recommencer...
Recommencer ? Ça ne m'a pas suffi de Germaine ?

Partir avant que les regrets ne naissent, avant d'étouffer ma jeunesse, avant que l'âge ne me caresse ? C'est déjà fait.
Je la sens bien la caresse de l'âge, bien rugueuse.
Il faudra absolument que j'emporte mon coussin lombaire Champ de Fleurs et mon huile anti-inflammatoire... « une huile c'est essentiel » comme déclame mon pharmacien en rigolant.
Avant de partir il faudra qu'il m'explique où est la vanne !

C'est pas le tout. Il est déjà 9 heures 10, l'heure de mon tiercé au bar PMU Le Pitchoun, avant d'aller retrouver les potes à la pétanque.
« Tu pointes ou tu te tires ? » rigole Bébert. J'ai envie de lui dire que je m'tire mais je pointe à chaque fois.

« Oui Bichette, j'ai entendu. Je rapporte une tarte tropézienne pas trop sucrée mais assez sucrée quand même »
Demain, je pars sur l'instant.

Laura Vanel-Coytte - Partir sur l'instant

S'envoler dans le paysage

S'envoler dans le paysage, paysager l'envol 

Voler la terre pour prendre le ciel entre sol et ciels 
Ciels qui s'enflamment en un tableau de merveilles 
Tel Prométhée, voler le feu loin de l'entresol

Où lire Laura Vanel-Coytte

lundi 27 mai 2019

Andiamo - Partir sur l'instant

Tu montes ?
J'aurais pu commencer par :
Comme une femme de petite vertu
Elle arpentait le mur du...
Cimetière !
Mais bon c'eût été un horrible plagiat, et laissons à Georges ce qui appartient à Brassens.
Je l'ai vu ce matin-là, j'allais dire un petit coucou à quelqu'un que j'ai beaucoup aimé... Pourquoi l'imparfait ? Je l'aime toujours, en plus nous portons le même nom, ça se fait beaucoup dans les familles.
Elle était assise sur ce qu'il est convenu d'appeler une pierre tombale, sa faux posée à terre, grande lame d'acier un peu rouillée, son linceul un peu mité, mais un visage, un corps, à faire damner un saint !
Alors je me suis approché, et nous avons un peu bavardé. Je la sentais déprimée, pas bien dans sa... j'allais écrire PEAU ! Ben non, c'est "pas bien dans ses os" qui me paraît mieux convenir.
- Alors ma grande, un coup d'mou ? (un peu familier, certes je vous l'accorde).
Elle a levé vers moi ses grands yeux d'opale, et là... TOC ! Illico le coup de foudre, putain ses yeux ! Moi, les yeux, c'est mon péché mignon... Je ne résiste pas, ou très mal !
- J'en ai marre de faucher, tailler à coups de serpe, massacre à la tronçonneuse, personne ne m'aime ! Tiens toi dans deux minutes tu vas me détester...
- Euh, je ne vois pas pourquoi.
- Tu ne devines pas ? Je suis venu te chercher, on part...
- Qu... Qu... Quoi ?
- Tu as très bien compris, pour toi c'est comme Capri : c'est fini ! Crois moi ça me chagrine, je t'aime bien mon Andy.
Et là, je vous assure, j'ai vu une larme couler sur sa pauvre joue toute pâle ! Alors je me suis assis près d'elle, elle a obligeamment étalé son suaire, afin que mon cul ne reposât pas sur le marbre un peu froid de la pierre d'Eglantine Beaupré (le nom un peu effacé gravé sur la tombe). Familièrement, je lui ai passé le bras autour du cou et, naturellement, elle a posé sa tête sur mon épaule, j'en ai été tout émoustillé !
- Tu n'as pas peur de moi ? m'a t-elle dit entre deux sanglots.
- Euh non... Enfin pas trop, ai-je fanfaronné.
- Étonnant ! Habituellement tes contemporains flippent un peu en me voyant !
- Oui, je sais, mais tu sais belle gosse, j'ai déjà bien vécu ! J'ai bon nombre de proches et de copains qui sont déjà passés par la case oubliettes sans avoir touché 20 000 balles ! Tu fais fort tout de même, tu fauches comme une malade ! Exemple : dans la famille Dugland, je voudrais le grand-père, et PFIUUU, tu fauches, d'un grand coup de lame. Et tu t'en pètes des dommages collatéraux, même si c'est un môme qui est à côté ! A croire que tu le fais exprès !
- Oui, bien sûr, tu as raison, et c'est bien ce qui me désole, mais enfin ça ne me dit toujours pas pourquoi tu ne me crains pas ?
- Voilà, depuis un bon moment, j'ai accepté ma fin, je sais et c'est bien la seule chose dont je sois certain, c'est qu'un jour tout ça finira, et puis je me dis mais il ne faudra pas le répéter, hein ? Je me dis que s'il existe d'autres vies, et bien je rencontrerai peut-être des jolies personnes que j'ai croisé un peu trop tard dans cette vie-là, et là j'aurai toutes mes chances !
- Mais ça n'existe peut-être pas ce que tu me racontes ?
- Tu vois belle gosse, même si ça n'existe pas, et bien ça n'est pas grave, car au cours de cette vie que j'ai vécue, j'ai été très heureux, j'y ai fait de fabuleuses rencontres. Des belles personnes vraiment, je t'assure, des êtres que je n'aurais jamais dû rencontrer et ce grâce ... à INTERNET ! Tu sais, belle môme, la toile c'est un peu comme la téloche, tout le monde critique, crache dessus, mais le soir beaucoup, vraiment beaucoup de gens, sont scotchés devant leur bel écran plat à laides. Pardon : à leds ! Et en plus, à longueur de temps, ils tapent sur leurs claviers à s'en péter les phalanges, phalangines, phalangettes.
En disant cela, je lui comptais les siennes !
- Le net, je me plais souvent à le dire : "internet c'est comme l'auberge espagnole : tu trouves ce que tu y apportes" ! Apporte de la merde, internet te rendra de la merde, apporte de belles choses et tu trouveras de jolies choses, des belles personnes.
- Et moi, tu me trouves comment, m'a-t-elle demandé à brûle-pourpoint ?
- Euh... Pas mal, pas mal du tout, tu vois un petit coup de peigne, un peu de rose sur tes lèvres, et je pourrais...
Elle ne m'a pas laissé finir ma phrase, elle m'a roulé une pelle ! Pas une pelle de fossoyeur, je vous vois venir, un patin, une galoche, une gamelle, pareille que dans "Tant qu'il y aura des hommes" avec Brut l'Encastré, tu te souviens ? Quand il roule dans les vagues avec Deborah Kerr ! Non ? Tu es trop jeune...
Quand nous nous sommes séparés, elle m'a demandé :
- Et toi, tu veux finir comment ?
- J'y ai songé, vois-tu, je veux être incinéré et que l'on prévienne tous ceux que j'aime en leur écrivant, ou plutôt en "textotant".. Tu sais ce que ça veut dire ?
- Dis donc, je suis vioc, m'a t-elle répondu, mais je ne suis pas un baltringue ni un goyo !
- Oh la, calmos ! Voilà ce que j'aimerais que l'on dise : "Andiamo ne fume plus depuis "X" années (on verra au moment opportun). Si vous voulez le voir refumer, rendez-vous au crématorium des Joncherolles le : tel jour, à telle heure" !
Sur ce, elle est partie dans un grand éclat de rire.


La Camarde telle que je l'ai vue (parole de scout)


Mapie - Partir sur l'instant

Partir?
Là, comme ça ... tout de suite....?
Sans déc...  ??

Sans rien avoir préparé
sensation de liberté

Sans adieux, ni au-revoir
"sensas de décompression"

Sans avoir rangé la maison et surtout les placards
sans dessus dessous

Sans avoir vidé le frigidaire
sensé être plein en ce début de semaine

Mais s'ils s'inquiètent, s'il leur arrive quelque chose...
sentiments mitigés

Et le lapin ? Qui va s'occuper du lapin ?
sentimentalisme déplacé

Sans en avoir envie ?
Sans en avoir besoin ?
Sans raison ?
Sans but précis ?
Sans essence ?

Sensassssssss !  
Ok, on fait ça!!! Je fais ça !! 
Je m'tire, j'm'arrache, je décampe, je prends l'air...

Comment ça sans personne ?
Ok... sans peur et sans reproche !

Comment ça, Sans retour ?
Insensé !

Tu sais quoi ?  Je pars sur l'instant, faire des courses au marché. Je vais préparer le repas, il est déjà presque 11h... et j'ai bien d'autres choses à faire que de perdre mon temps à imaginer que j'en ai les moyens ! Sans déc !

Semaine du 27 mai au 2 juin 2019 - Partir sur l'instant

Après ce thème photos, nous vous proposons d'écrire sur cette suggestion de Mister K :

"On vous propose de partir sur l’instant. Quelle est votre réaction ?
Oui non où quand comment pourquoi …"

En prose ou en vers, envoyez nous vos textes à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 2 juin minuit.

dimanche 26 mai 2019

Gene M - Flânerie

Je chemine paisiblement près du Parc Zoologique de Paris. Les marronniers de l'Avenue Daumesnil sont en fleurs. L'air est doux, un vent léger me caresse les cheveux.
De petits nuages trottinent dans un ciel d'un bleu "lavé". Je flâne, sans contrainte.
C'est peut-être ça le bonheur.

Mapie - Flânerie


C'est un plat de verdure, qui borde une rivière 
lacet  un peu lassant, miroitant l' eau de vie 
stagnante, elle est marais. Et là sur l' onde claire
Aucun chêne , ni roseau, aucun arbre ne plie.

Un phare, seul et  lointain, souvenir de la mer
retirée, corps blanc et cime rouge, tendu
 vers le ciel, minaret isolé, dans les airs, 
appelle qui voudra, secours âmes perdues.

Isolé, et peu fier au milieu de nulle part 
Visité quelque fois  et  par un pur hasard
Il prévient les grenouilles d'un vol de libellules

Ce phare est insensé, en ce lieu , juste bête
à moins attendez donc, je chausse mes lunettes
qu'il ne s'agisse en fait d'une borne kilométrique.

Où lire Mapie