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dimanche 30 juillet 2017

Tiniak - J'en ai bien profité

PROFITÂGE

La mer, visage bleu
avec mille yeux tout blancs
et sa peau se mouvant
au caprice des cieux
rendu à mes quartiers
de plume solitaire
dont j'écorche la terre
j'en ai bien profité

Il m'en reste, au rivage
les souffles du voyage

L'herbe, sous nos pieds nus
ses brins, menues caresses
où loge une promesse
à nos cœurs ingénus
pour mon corps fatigué
par la mélancolie
qui berce ma folie
j'en ai bien profité

Et j'en garde, au revers
le toucher d'un mystère

La flamme, robe vive
danse furtive et crâne
quand l'alentour se fane
puisque la nuit arrive
pour l'avoir embrassée
de rêves délirants
délictueux, frondants
j'en ai bien profité

J'en conserve les moires
d'une profonde histoire

Le vent, fumée z'et brume
dont j'ai fumé, en pipe
les sanglots z'et manipes
les volages agrumes
à l'heure d'embarquer
vers l'ultime retour
à d'insignes amours
j'en ai bien profité

J'en ai, jusqu'à plus soif
des bords tirés sur le chapeau dont je me coiffe

Où bien profiter des quatre z'éléments

Gene M - J'en ai bien profité

Le supermarché est presque désert en cette fin juillet. Il n'y a plus
que des pauvres et des vieux et j'ai l'honneur de faire partie des
deux catégories.

Dans ce quartier aisé de Paris, ils ne sont pas nombreux les pauvres.
Pauvres ! enfin tout est relatif, je dirais plutôt déchus. Ce sont
souvent des veuves ou des divorcées dotées d'un bel appartement mais
qui se privent de manger ou de sortir...

Mais je suis sereine : pas d'aigreur ou de jalousie car j'en ai bien profité.
Que de voyages au bout du monde, que de paysages admirés, que
d'émotions frisant le syndrome de Stendhal devant des œuvres d'art
sans parler des fêtes et des amours.

Tout cela est du passé bien sûr mais c'est inscrit dans mon âme et
dans ma chair.

Laura Vanel-Coytte - J'en ai bien profité

Certes, « la beauté ne se mange pas en salade » ;
Mais dans la vie, honnêtement, la beauté aide
A séduire, à passer un peu partout dans le monde
Mais comme la jeunesse, elle passe un peu tout de même

« La plus belle fille ne peut donner plus que ce qu’elle
A » ; bien-sûr mais pourquoi ne pas profiter de cette période
Où les regards se font caresses implicites : c’est agréable

J’en ai profité largement et jamais je ne le regrette.

samedi 29 juillet 2017

Lilousoleil - J'en ai bien profité

Prologue

Le loup est un animal protégé mais les coups de fusil pleuvent un peu à tort et à travers. On oublie que c’est avant tout un prédateur dominant… Quelques brebis pour se nourrir est-ce un si lourd tribut. Chacun a sa place dans la nature.
C’est à cela que pensait le vieux Dédé, loup édenté et pelé qu’une grand’ mère avait récupéré mort de faim alors qu’il s’était échappé d’un zoo. Il vivait là depuis quelques temps et se souvenait d’un jeunesse tumultueuse.

J’en ai bien profité quand Chaperon rouge, stupide petite fille a traversé le bois, s'arrêta pour et cueillit des fleurs pour sa mère grand, abandonnant son panier avec pot de beurre et galette. J’ai boulotté Mamie et Petite fille
J’en ai bien profité quand la chèvre est partie faire des courses, qu’elle a traîné pour acheter un parfum « senteur de cabicou » abandonnant ces cabris innocents. J’ai bien profité de leur innocence et je me suis rempli la panse.

J’en ai bien profité quand le pauvre agneau qui se désaltérait dans l’onde pure d’un ruisseau, bêla qu’il tétait encore sa mère tandis que je mordais dans son cuissot tendre.
J’en ai bien profité quand les trois petits cochons tremblaient de peur pendant que le vent arrachait toiture, murs et cheminée. Bon , ils ont été malins avec leur bassine d’eau bouillante… Mais ils ont bien cuit.

Reste ce Pierre, celui qui avec sa flûte, le hautbois, le basson du grand-père m’a piégé avec on fusil a bouchon. Tant pis j’avais déjà avalé le canard… la plume volait encore. J’en ai bien profité, j’étais nourri au zoo, plus la peine chasser, que des franches lippées… Je me suis ennuyé un peu alors on m’a amenée près d’une louve blanche et j’en ai bien profité aussi…

Jacques - J'en ai bien profité

Ma chère Pomme,

Te souviens-tu de moi ? Sans doute sais-tu qui je suis, ton arrière-grand-oncle, "le vieux", mais te souviens-tu de notre rencontre ?
Tu avais six ans, tu serrais un gros livre sur ton cœur et ton regard trahissait l'ennui de devoir t'en éloigner pour une mondanité.

Je me souviens aussi du prénom de tes sœurs, Prune et Clémentine, soulagé que tu n'aies pas de frère, je n'ose imaginer comment il se serait appelé...Mais surtout, je me souviens que des deux cent soixante invités, toi seule n'avait pas la servilité dans le regard.
Aujourd'hui, j'ai cent trois ans, et je suis en train de mourir. Enfin, je suis même mort, puisque tu lis cette lettre que t'a remis Maître Fonsecka, avec un billet d'avion pour les Iles Vierges Britanniques.

Oui, je ne vais pas tourner autour du pot, tu es mon héritière, et toute ma fortune te revient.
L'essentiel, pour la plupart, mais je sais que tu ne t'arrêteras pas là.
Pourquoi toi ?

Parce que dans la centaine d'individus que moi ou feu ma sœur - ton arrière grand-mère – avons comme héritiers potentiels, tu es le seul vrai être vivant, la seule qui ne tue pas le temps en attendant ma mort et sa part de cette fortune.
Je ne me base pas sur cette unique rencontre vieille de treize ans, car depuis, je ne t'ai jamais perdue de vue. Ce jour là, j'ai eu l'intuition que tu étais la bonne personne, et je t'ai observé grandir, mûrir, devenir la femme que tu es, déterminée, honnête, généreuse et exigeante.
Je t'ai laissée grandir, sans jamais intervenir. Ce professeur de mathématiques qui n'admettait pas qu'une fille comprenne les maths aurait pu avoir un accident de chasse. Cette pseudo Barbie de cour d'école qui moquait tes vêtements aurait pu croiser une bouteille d'acide, cette vedette du terrain de foot qui t'a mené en bateau pour ton cul se casser un genou.

Oui, bon, lui, il a effectivement eu le genou cassé, il t'avait trop fait pleurer de honte. Le Destin fait bien les choses, des fois.
Enfin, tu m'as compris.
Alors, tu dois être un peu horrifiée, de voir arriver tout cet argent (et encore, tu n'as pas encore vu les comptes). Cet argent douteux, pas net, peut-être même sale ?

Hum.
Ma fortune est née il y a cent ans, justement, le jour ou j'ai "récupéré" le portefeuille "perdu" par ce touriste anglais. C'est là que j'ai pris conscience que je n'allais pas me tuer à la tâche à fabriquer du savon comme mon père ou dans des vignes ingrates comme mon grand-père...Je voulais vivre, tout simplement, sans me laisser emmerder par le pape ou le patronat. Robin des Bois, en quelque sorte, sauf que je ne me suis pas oublié lors de la redistribution.
Illégal certainement, malhonnête parfois, mais jamais, jamais de saloperies.
Pas de drogues, pas de trafic d'être humains, de contrefaçons de médicaments...
Et je peux te jurer, pas une pute dans ma vie.
Une ou deux pyramides de Ponzi, beaucoup de spéculation, quelques manigances avec le pétrole, en cherchant toujours les pigeons les moins ragoûtants parmi les "investisseurs" les plus avides de gains faciles.

J'ai juste cherché à me battre contre cette lie de la société avec leurs propres armes, tu le découvriras
dans les coffres, où sont rangés mes journaux : tout y est. Peut-être y trouveras-tu matière à un roman ? Ma chère Pomme, tu es ma dernière action, et j'espère la plus belle.

Je te lègue tout ça, j'espère de tout cœur que tu en feras bon usage : j'en ai bien profité, mais ce dont j'ai le plus profité, c'est de ces treize dernières années, où je t'ai vu devenir celle que j'espérais que tu deviennes.

Ton arrière grand-oncle,
Matteo.

Pascal - J'en ai bien profité

Retour veineux

L’infirmière du Service, elle-même jeunette, apprenait à une élève stagiaire comment pratiquer la pose d’un cathéter sur un malade. Choisir entre le poignet et le coude, surtout ne pas tapoter le bras mais lisser la peau pour faire surgir les veines, bien badigeonner à la Bétadine, appliquer le garrot en serrant fermement, était l’essentiel de ses conseils avisés. La gamine, appliquée, reproduisait les recommandations sur mon bras.
Si je balisais ? Même pas, peut-être un peu d’appréhension, sans plus. N’ai-je point trois filles qui ont dû faire elles-mêmes, un jour, leurs armes dans leur emploi respectif ?
Il faut bien que le métier s’acquière sur le terrain et, si j’étais le patient de service dans cette histoire, pour la cause, je me conformais de bonne grâce à l’apprentissage de cette élève infirmière. C’était mon état d’esprit…

Après moult barbouillages et un énième repérage, elle vint enfin planter l’aiguille dans ma chair. Oui, d’une manière continue, sans hésitation et sans état d’âme, tout comme l’avait expliqué sa conseillère. Aussitôt, je sentis une brûlure aiguë pénétrer ma chair… Plus que de m’accommoder à ma douleur lancinante au ventre, celle qui m’avait fait entrer d’urgence dans cet hôpital, il fallait maintenant que je pare à ce nouveau tourment.
Je fermais les yeux, je serrais les dents, mon poing se crispait sans que je ne puisse vraiment le rouvrir. Avec son aiguille, je voyais bien qu’elle fouillait dans ma veine ; à gauche, à droite, en enfonçant, en reculant, elle cherchait mon filon veineux, ce sang qui manquait tant à sa démarche de perfusion.
J’essayais de penser à quelque chose de sympa ; la touche d’une truite cachée dans une cascade profonde, un arc-en-ciel mirobolant ployant tout le paysage, un visage avenant, celui rieur et innocent, celui qui s’affiche naturellement quand l’équilibre est rompu mais rien n’y faisait ; besogneuse, la douleur avait accaparé mon corps et mon esprit…
Enfin, sa conseillère lui proposa d’arrêter les frais ; elle-même allait prendre les affaires en main. Entre les dents, la novice s’excusa, aussi déçue par son échec que par l’appréciation future de sa tutrice…

Avec une recherche de confort maximum, l’infirmière diplômée se prépara à son ouvrage ; tout son matériel déplié autour d’elle et certaine de son fait, elle continua d’inonder la jeunette avec ses conseils toujours appropriés. Garrot, lissage du bras, détection de l’imprudente gonflée, Bétadine, c’était dans l’ordre ordinaire de sa méthodologie de cathéter. Sûre de sa victoire future, tel un grand toréador à l’ultime faena, elle planta l’aiguille dans ce qui aurait pu être ma délivrance… Mais non. Je ne ressentis que supplice perforant au bout de son épine acérée ; je cherchais du réconfort en regardant les nuages dévaler notre vallée du Rhône ; peut-être qu’ils allaient me soulever, m’embarquer et me balader loin de tout ce tumulte.
Mal à l’aise, mon collègue de chambrée s’était investi encore plus profondément dans la lecture du Dauphiné. Elle tritura son rostre dans ce qu’elle aurait voulu être une veine…
« Vous n’avez pas de retour veineux !... » me cria t-elle nerveusement, pour se dédouaner de son échec probant. Aussi, en retirant son aiguille, elle abandonna à regret cette veine sans espoir.

Tout à coup un véritable geyser de sang vint inonder mon bras, la protection qu’elle avait placée sur le lit et son beau pantalon blanc ! Dis ! T’en veux, du retour veineux ?!... Y en a des seaux ! Prenez et buvez, ceci est mon raisin ! Ça me brûlait les lèvres de lui balancer ces vérités flagrantes que je constatais avec effroi. Il y eut un blanc dans la chambre, enfin… un rouge…
Le collègue d’à côté faillit tourner de l’œil devant tout ce déluge dégoulinant.
L’infirmière, ne se démontant pas, déplaça sa chaise du côté du bras encore valide… Son discours envers la stagiaire avait diminué d’un ton comme si toutes ses certitudes avaient pris un sérieux coup dans l’aile. D’ailleurs, la gamine admirait le champ de bataille du lit avec une sorte d’ébahissement grandissant ; si elle vivait un début de cauchemar, j’en étais l’acteur principal. Moi, je me demandais comment j’étais venu me perdre dans cet hôpital ; je ne me rappelais même plus de ma douleur au ventre.
Après la Bétadine, le lifting soigné et sa grande conscience à l’effort, elle se risqua à planter encore son cathéter dans mon bras. De si près, je voyais bien toute son application ; ses yeux brillaient, ses narines frémissaient, ses gestes l’accaparaient…
Sa voix était montée dans les tours, dans des intonations sonores et perturbantes qui traduisaient toute son impuissance à accomplir cette tâche. Elle fouilla ma pseudo-veine avec une application forcenée ; j’avais l’impression nauséabonde d’une aiguille aimantée cherchant désespérément son nord dans les tréfonds de ma chair…

La pression était montée d’un cran ; je bouillais dans mon lit des supplices. C’est sûr ! Mes pauvres veines se cachent quand je vois comment tu les attaques ! J’oscillais entre l’envie de la gicler de ma chambre avec perte et fracas, remettre en cause sa qualité d’infirmière, parler de son incompétence sidérale et lui balancer dans les dents cette faute professionnelle impardonnable. Mais pouvais-je décemment rajouter de l’huile sur le feu de sa persévérance stérile, la déstabiliser encore un peu plus ? Si j’avais eu des fils, est-ce que je me serais laisser faire aussi longtemps ?...
Dehors, les nuages se pressaient pour ne jamais m’entraîner avec eux ; le soleil s’était caché et seules les ombres remplissaient la chambre comme une perfusion de noirceur indélébile. Je regardais intensément le plafond comme si mon ange gardien allait enfin venir à ma rescousse ; je serrais l’autre poing d’une bagarre que je savais perdue d’avance ; j’en avais ma claque de jouer les cobayes dans cette maison de fous.
Au milieu de cette lancinante vision de purgatoire, la pénitence avait le goût gênant de ma gorge sèche, des gouttes de sueur moites perlaient sur mon front et, dans le couloir, les claquements des portes emportées par des courants d’air étaient des vraies rumeurs de glas.

Quand, à bout d’arguments saignants, elle retira son instrument de torture, le sang gicla de nouveau avec des puissantes saccades qui éclaboussèrent l’étal de son pantalon et les draps de mon lit. Cachée dans un coin, la petite stagiaire se demandait si, en fin de compte, les conseils de cette infirmière étaient vraiment judicieux et l’autre malade de la chambre était blanc comme un linge. Forcément, tout était de ma faute ; la petite chef ne perdant pas pied me dit qu’elle allait appeler l’infirmière anesthésiste à son secours (le mien plutôt). Je l’attends. On pourra dire qu’aujourd’hui, j’en aurai bien profité…

mardi 25 juillet 2017

Marité - J'en ai bien profité

Le cochon de Léon.

Au tribunal.
- Je déclare la séance ouverte. Monsieur Jean Bonneau, veuillez vous avancer à la barre.

Déterminé, un petit homme maigre s'avance et salue le Président.
- Monsieur Bonneau, vous êtes cité à comparaître devant ce tribunal pour la faute suivante : votre voisin, Monsieur Léon Bontemps vous accuse d'avoir volé son cochon. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
- Mais rien, Monsieur le Président, Je n'ai rien volé du tout. Son andouille de cochon est venu chez moi tout seul.
- Votre voisin affirme que vous avez ouvert la barrière de l'enclos où se tient habituellement le porc.
- Pas la peine Monsieur le Président. Bontemps a un tel poil dans la main - et pas de soie celui-là - qu'il ne répare jamais ses clôtures. Je pourrais aussi me plaindre parce que son cochon a déboulé chez moi pour manger mes salades, engloutir la gamelle du chien et ch...euh, faire ses saletés devant ma porte.
- Mais vous avez aussitôt enfermé l'animal dans votre garage n'est-ce pas ?
- Ben oui. Où vouliez-vous que je le mette ? Même que la Louise, ma femme hurlait comme un porc qu'on égorge. Pardon Monsieur le Président mais la Louise ne parle pas, elle crie. Donc, la Louise trouvait que ça sentait trop mauvais. Il fallait bien que je trouve une solution pour me débarrasser de la bête.
- Enfin, il fallait ramener l'animal chez Bontemps !
- Pas question. Est-ce qu'il me rapporte les œufs quand mes poules vont pondre dans sa haie ? Sûrement pas. Il va les vendre au marché. C'est un manque à gagner énorme pour nous.
- Vous n'allez pas comparer quelques douzaines d'œufs à la viande d'un cochon tout de même ?

Dans le cochon tout est bon.
- Vous avez tout à fait raison Monsieur le Président et j'en ai bien profité, je dois dire !
- Vous ne manquez pas d'air. Qu'avez-vous fait de ce cochon ?
- Mais Monsieur le Président, ce que vous auriez fait vous-même...
- Je vous en prie. Nous n'avons pas gardé les cochons ensemble alors, restez poli.
- Pardon Monsieur le Président. Un cochon qui vous tombe du ciel, faut pas hésiter. Et je me suis pas privé.
- Vous l'avez égorgé ? Sans passer par l'abattoir bien sûr. Vous savez que c'est interdit ?
- Alors là, Monsieur le Président, laissez-moi rire. Vous croyez que le Bontemps se rend à l'abattoir chaque année ? Je le sais puisque c'est moi qui le tuait son cochon avant. Quand on était copains. Comme cochons j'allais dire.
- Vous avez donc eu des mots auparavant ? Je comprends mieux. C'est rapport aux poules ?
- Des mots ? Vous en avez de bonnes vous ! C'est rapport à la Louise. Figurez-vous que l'été dernier, je l'ai trouvée dans la grange pendant qu'elle se donnait du bon temps avec l'autre, Bontemps justement. Un sacré tour de cochon qu'il m'a joué ! Alors, même si j'ai gardé le porc, ce n'est pas cher payé.
- Ce n'est pas à vous d'en juger. Je répète ma question : qu'avez-vous fait de ce cochon ?
- Pour ça, il était bien gras et nous en avons tiré profit : quelques belles guirlandes de saucisses, de boudins, des pâtés, je ne vous raconte pas ! Plus les côtelettes que nous avons grillé au barbe à cul comme ils disent. Il ne reste rien Monsieur le Président. Si, les deux jambons qui se fument dans le cantou de ma belle-mère. On les garde pour cet hiver.
- Et bien justement, vous allez rendre les jambons à Léon Bontemps.
- Ah non, pas question ! C'est ça votre justice ? Est-ce que j'ai porté plainte moi quand le Bontemps
se régalait des jambons de ma Louise ?
- Monsieur Bonneau, ça suffit ! Préférez-vous une amende ? Ou même un petit tour en prison ?
- Non, non. Monsieur le Président. Je vais lui porter les jambons. Mais c'est bien donner de la confiture aux cochons.
- Nous en resterons là pour cette fois Monsieur Bonneau. J'espère que vous tiendrez parole.
- Cochon qui s'en dédit !

Arpenteur d'Etoiles - J'en ai bien profité

Le soir où j’ai pécho Cynthia

- Fac, grouille, allez, on va être à la bourre.
Fac bougea sa puissante carcasse en grognant vaguement.
- J’arrive. Faites pas ch’. On va se faire virer par les videurs.
- TU, vas te faire virer, mais pas nous … si tu changes de fringue. Tu candaves grave, sur.

Cinq minutes plus tard fac débaroulais de sa piaule. Un jean clean, une chemise chanmé et des pompes de ricain. « Fac » c’était pour Faco. Faco c’était pour phacochère à quoi il ressemblait pas mal : trapu, des épaules asmeuk, une tronche trop tout, et de petits yeux toujours en mouvement. Une de ces ex disait aussi que c’était cause à son appendice caudal inversement proportionnel à sa musculature, comme chez les phacochères du zoo. Mais bon, c’était une ex, alors …
- Tain, t’as le swagg, Faco. Tu vas pécho toutes les meufs du Bathyscaphe, ce soir. Il haussa les épaules :
- Au Bathys’ ? Elles sont toutes graves cheums. F’rait mieux d’aller aux Frimas. Ya pas d’taspé làs bas. Rien qu’à maté tu deviens ouf.
- C’est Oit qu’es ouf ! C’est trop stylé les Frimas. On va s’taper l’affiche. Pis, c’est blindé de keufs, le DJ a deux d’tens’ et la vodka est à deux cent boules. T’es vraiment trop relou !

Celui qui venait de parler, c’était notre garde du corps perso. Un blackos rempli de burger et de fudge, mais qui faisait deux mètres de haut et que quand t’étais avec lui, t’étais cool. Seul blème, il bédavait comme un malade et fouettait la clope à cent mètres. Et puis on savait plus vraiment son nom. On l’appelait Blackberry parce qu’il en avait chouré un dans un Macdo. Il avait jamais su s’en servir

Voilà, quoi. Premier jour de vacances. Les potes en bordée et la tournée des boites de la ville, histoire d’arroser. Et toujours le même dilemme : ousqu’on va commencer ? Là, on était tous affalés sur les vieux canapés trouvés dans une benne d’un quartier bourge, de ce que Faco appelait son « salon ». En vrai, quinze mètres carrés, calés entre une cuisine immonde, des chiottes collés à la douche, et juste au-dessus sa piaule en « mezzanine ». Enfoiré de proprio qui prenait cinq cents boules pour ce taudis. On en était là quand on sonna. Blackberry se moova jusqu’à la porte pour ouvrir. C’était Cynthia.
- Wesh, les keums. On a répondu tous en chœur :
- Wesh la pouff. Poing contre poing, main dans main, poing contre poing … etc …

J’la kiffais grave mais je m’étais fait jarter pas plus tard que la veille. Alors j’insistais pas plus. Mais ce soir elle était trop BG. Elle embraya de suite :
- Tas pas une garro ? Suis en manque là. Hé, savez quoi ? J’ai vu le voisin de palier. C’est un gros mytho. Parait qu’il est champion de France, ou j’sais pas trop où. Champion de foutriquet. J’sais même pas quoi c’est … Allez, zyva une garro. Fais pas ton crevard, merde. Elle est venue coller ses boops tout contre sur le canapé pourave. J’avais le seum avant et j’l’avais plus du coup.
- Faco répondit mollement : t’es vraiment trop naze Cynth, ça doit être bilboquet. T’sais, c’est le truc avec la boule qu’a un trou, la ficelle et le manche. Faut mettre la boule sur le manche.
- Des trucs avec des boules, des manches et des trous, tain, ça m’connait grave. Elle me poussa du coude comme sans y toucher, quoi. Mais bilboquet ça fait tièp, non ? Un truc de grumeau, sur.

Dans la bouche de Cynthia, les grumeaux c’était les dèpés. On a dit oui, on a dit OK, on a dit on s’en bat lesc’ … de toute façon, le voisin c’était un bouffon qu’avait trop une tête de boloss et qui matait des films de boules toute la journée. Alors, qu’il fasse du bilboquet n’avait rien de vraiment zarbi.
- Alors, on se casse vers où ?

J’allais répondre que chais pas quand ça re-sonna. Faco est allé ouvrir en disant « ça c’est mon dabe ».
- Bon suaire m’sieur dame !
Toujours aussi chelou le daron à Faco avec ses vannes à deux balles et ses tee-shirts AC/DC. Il passait juste filer les clefs de sa caisse. Il mata Cynhtia qui mâchait son chewing-gum en rajustant les bretelles de son sous-tif, remonta son fut’ sur son bide et lança :
- Pas trop de conneries les djeun’s le premier soir, si vous voulez bien profiter de vos vacances, hein ! Allez, à ciao !
Chelou mais cool. Il créchait à l’étage du dessus et nous passait sa bagnole. Bon, une Xanthia de plusieurs siècles, mais c’était mieux que rien.
Avant de refermer la porte il rajouta :
- Et faites gaffe à la virago du dessous. Elle vous aime pas trop et se plaint que vous faites du raffut. Elle est cap d’appeler les flics. Alors discrets au retour, hein !

On a fait, à moitié mort de rire :
- Gépi, t’inquiètes, hein !
On est resté encore un peu à se marrer et puis Faco est devenu vénère :
- Bon, on se casse. Si vous vous bougez pas l’cul, moi je me tire. J’passe damer un kebab chez l’ grec et puis on décarre au Bathys’. Tu viens Blackberry ?
- Heu … ouais. Mais c’est moi qui drive.
- OK. Rien à foutre. Zarma !

Ils se sont tirés aussi sec. Du coup on est resté Cynthia et moi sur le canapé à faire tourner un tarpé un peu lèdge mais bonnard quand même. Y avait de la binouse dans le frigo et des Kinder. Alors ça l’a fait.
- Sont un peu déspi les deux taffioles, non ? Qu’elle me dit en se levant. Elle avait les yeux un peu dans le vague.
- Et Blackberry y craint. Il est trop mystique ce keum. Tout en parlant elle avait enlevé le haut. Tain, ces boops, j’te jure man, d’la bombe. Le pire c’est qu’elle a continué. Elle a fait glisser sa jupe de skaï , m’a mis la main au paquet et est venue s’asseoir sur oim. Et là elle m’a dit un truc de ouf que je m’en souviendrai toute ma vie, parole ! Elle m’a dit comme ça :
- Fais-moi de l’interstellaire.

Je sais pas où elle était allée chercher ça, mais j’te dis pas comment j’ai trouvé ça trop d'la balle. Ça m’a saucé grave. Alors on a foutu le dawa dans la piaule.
Je l’ai bouillave sur le canapé, sous la douche, devant la fenêtre, et même dans le pieu à Faco. Et là on aurait pas dû. On aurait pas dû parce qu’il est rentré plu tôt que prévu. Il avait bad tripé grave et s’était pitchave en plus. Blackberry tirait une tepu dans la caisse à son reup et lui était foncedé à mort. Et ce con il avait un gun !

Cynthia s’est planquée sous le pieu. J’ai juste pu choper le flingue en même temps qu’il tirait. Ça m’a traversé le gras du bras et ça a explosé la téloche. Du verre partout, deux keums et une go à loilpé écroulés de rire au milieu. Comment on s’est tapé une barre trop mortelle.

Les keufs se sont pointés. La virago nous avait poucrave. Un des keufs était pote au daron de Faco. Du coup c’est pas allé plus loin. C’est des djeunes et pis c’est tout, hein !

Faco a dit :
- Tain, les vacances commencent bien !
Moi je pensais juste :
- Tain, comment j’l’ai pécho, Cynthia … j’en ai bien profité …


Vegas sur sarthe - J'en ai bien profité

Sacrées vacances

Du chaud soleil varois, de la plage torride
du col du Babaou, du poisson en bourride
des serviettes ensablées, de la promiscuité
J'en ai bien profité

Du moteur surchauffé, de la voiture en panne
de la mer trop salée, du trop de frangipane
des ruelles pentues et des antiquités
J'en ai bien profité

Des naïades aux seins nus, des glaces au carambar
des assauts de moustiques, de l'aboi des clébards
des siestes agitées et des voisins cuités
J'en ai bien profité

Des tongs délabrées, du retour éreintant
des radars bien planqués, des petits remontants
des valises oubliées, des comptes débités
J'en ai bien profité 

Où lire Vegas sur Sarthe

lundi 24 juillet 2017

Jacou - J'en ai bien profité

Le temps, le vent ... souvenez-vous en.

Jean, nez en l'air, profitait de ce quart d'heure de pause bien mérité.
Pour méditer?
Ne rien faire?
Allez savoir.

"Je n'en ai pas assez profité" peut-être songeait-il. "Je vais m'en accorder un peu plus" décidait-il.

Nez en l'air, Jean profitait de ces moments volés au temps, moments plaisirs de ne rien faire, mis à profit pour...mais que vient donc faire le profit dans cette histoire?
Jean né d'une rencontre de bien ou de mal, à qui, profitait du temps perdu, le savourait sans rien en faire.

Ainsi va l'histoire de Jean...
... qui sans le savoir, en a bien profité, un peu, un instant, un jour, une nuit, pour toujours, une éternité?

Andiamo - J'en ai bien profité

Gourance.

Bzzzzz, Bzzzz, Bzzzz, la tronche de Georges s'affiche sur le smartphone de Julien.
- Il me veut quoi à c't'heure ?
- Ciaoooo Jojo ça roule, qu'est ce qui t'arrive ?
- Ouaip j'ai un p'tit souci, ça te dirait une semaine de vacances à La Colle sur Loup ?
- J'aurais préféré Hénin-Liétard, ou Nœux les Mines, mais bon !
- Déconne pas Julien, voilà Simone et moi devons partir une semaine, son oncle qui vivait à Hennebont vient de décéder, alors nous nous rendons aux obsèques, et nous règlerons la succession par la même occase...
- Et alors ?
- Alors, alors, on vient d'acheter une villa à La Colle, et nous avons un peu peur de la laisser sans surveillance, avec tous ces cambriolages dans la région, tu comprends ?... Et puis merde 8 jours dans un cadre idyllique ça devrait vous plaire à Nicole, toi, et vos mômes....
- ... Ecoute Jojo c'est OK ! Il me reste des jours à prendre, on met deux valoches dans l'espace et on radine !
- Super ! Merci vieux, ah oui j'allais oublier, je te donne l'adresse, on a acheté il y a deux mois seulement, alors forcément vous ne savez pas où l'on crêche ! Voilà c'est une zone pavillonnaire très jolie, elle s'appelle "lou pé du figuier" nous sommes au treize de la rue des mimosas.
- Tu peux répéter Jojo ? La liaison est mauvaise, putain de connexion !
- Treize rue des mimosas.
- OK Jojo merci, et bonne route à toi ma poule, nous partirons demain matin.
- Tu me sauves Julien, ah oui souviens toi, tu trouveras les clés sous les copeaux de bois du pot rouge dans lequel survit un camélia !
- Ah oui le dernier des pots rouges !
- T'es trop con !!!
- Après douze interminables heures de route, TOM TOM les conduit après moult "au prochain rond point, prenez à gauche troisième sortie", des "prenez à gauche, gardez la droite" (eh oui c'est comme ça) ou encore "sortie imminente gardez la droite"...

Ils arrivent enfin à la résidence "lou pé du figuier" ensuite consciencieusement Catherine de chez Tom Tom les mène face au seize de la rue des mimosas.
- Tain ! T'as vu la baraque Nicole, il a gagné au loto Jojo, c'est pas possible !

Ils s'avancent, un joli mas provencal en "U" six ou sept pièces au bas mot ! La clé est effectivement sous les copeaux mais pas d'un camélia !
- Ah il s'y connait en botanique le Jojo, c'est pas un camélia, c'est un pied de lavande !!!

Toute la petite famille pénètre dans la maison, il y règne une fraîcheur bienfaisante, après avoir ouvert les volets, face au séjour une immense terrasse, une piscine en forme de haricot, immense, avec plongeoir et tobbogan !

La vache ! C'est la baraque d'un milliardaire ! Putain de cachotier ce Julien, le tonton n'aurait pas dévissé sa boîte à dominos, p't'ête ben qu'il ne nous aurait jamais invités !
- Dis pas ça gronde Nicole, Jojo est ton meilleur copain, laisse les s'installer !

Une semaine magnifique, les balades, Saint Paul de Vence, Saint Martin Vésubie, les gorges du Loup, les enfants et les parents profitent largement de la piscine... Un vrai bonheur !

A l'aube du septième jour alors que toute la famille dort encore, un raffût pas possible dans toute la maison, une voix d'homme hurle...
- C'est quoi ce bordel ? Puis à moitié ensuqué Julien voit surgir un homme le visage rougi de colère, un hamerless à la main...
- Qu'est ce que vous foutez chez moi ? J'vais t'plomber comme un scaphandrier Ducon, allez debout !

Julien se lève le palpitant au bord de l'explosion : " Mais, mais, je suis chez Georges Moulin, mon ami, il nous a demandé de garder sa villa le temps de son absence"
- Moulin ? Jojo ?
- Oui il vient de partir en Bretagne pour aller aux obsèques de l'oncle de sa femme.
- Et comment s'appelle sa femme ?
- Si... Simone, balbutie Julien.

L'homme baisse son fusil "c'est bien ça" murmure t-il.
- Mais enfin comment se fait il que vous ayez échoués chez moi ?
- Euh bredouille Julien c'est bien le SEIZE de la rue des mimosas ?
- Oui c'est bien le SEIZE, mais le Jojo habite au TREIZE c'est en face ! J'ai compris ! Il vous a donné son adresse au téléphone n'est ce pas ?
- Oui, oui bien sûr.
- Eh bien vous avez confondu treize et seize, je suis ingénieur à la S.N.C.F et lorsque nous désignons la voie treize nous disons THéRèZE, justement afin qu'il n'y ai pas confusion avec la voie SEIZE !
- Je suis vraiment désolé Monsieur, puis Julien jette un regard sur la bicoque sise au numéro treize, une toute petite baraque de bric et de broc, plus de broc que de briques du reste, il lâche laconiquement : " en tous cas on en a bien profité" !

Semaine du 24 au 30 juillet 2017 - J'en ai bien profité

Nous espérons que vous avez bien profité de tous ces festivals !
Et c'est pourquoi nous suivons la suggestion cette semaine de Pascal qui nous propose d'écrire autour de la phrase "J'en ai bien profité".
En vers ou en prose, donnez-nous votre version de cette phrase en nous envoyant un texte à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com avant dimanche 30 juillet minuit.