mercredi 30 septembre 2015

Clémence - Un beau salopard

Et dire que….

Tout le monde le connaissait, moi, j'allais le rencontrer.
Il avait un visage avenant, de yeux brillants et de bonnes joues, un sourire permanent et un rire tonitruant.
Il était toujours habillé de la même façon, mais je suis sûre que sa garde-robe devait être remplie à craquer. Un choix de matières telles que velours, brocard, lin, cachemire...
Personnellement, je craquais pour ces bottes ! Noires vernies avec une boucle dorée, la classe !

Tout le monde le connaissait, tout le monde pensait à lui, tout le monde l'attendait avec impatience, tout le monde disait du bien de lui.
Cela devenait obsédant.

Tout le monde lui aurait donné le bon dieu sans confession.

Il est entré un jour dans ma vie, il y est resté six années, presque sept.
la première année, je ne me suis rendue compte de rien.
La seconde année, j'ai commencé à avoir peur, je ne comprenais pas ce qui se passait.
La troisième année, je hurlais à chacune de ses apparitions.
La quatrième année, je me suis dit qu'il était un fieffé menteur, qu'il me faudrait l'avoir à l'oeil, me méfier…
La cinquième année, j'en ai eu assez de ses mièvreries, de ses mensonges, de ses manipulations, de sa perversité. Je me suis dit qu'il était capable de damner un saint...
La sixième année, ah, la sixième année, j'ai craqué.
C'était un jour de fête. J'en ai profité. Je lui ai tout balancé en pleine figure
Devant tout le monde , je hurlai : « Salopard ! Salopard de la première espèce ! »
Je me suis avancée vers lui, les poings sur les hanches.
Je me suis déchaînée, je lui ai dit combien il m'avait déçu. Et que cette déception s'était amplifiée au fil du temps.
J'étais tout près de son visage et je m'époumonais :
« Je vous avais demandé une poupée et son trousseau, j'ai reçu un âne de chiffon,
Je vous avais demandé un château de princesse, j'ai reçu un puzzle de la Belle au Bois Dormant,
Je vous avais demandé une trottinette, j'ai reçu deux paires de chaussettes,
Je vous avais demandé une petite sœur, j'ai reçu un petit frère… »
Depuis l'âge dit « de raison » , je ne crois plus au Père Noël….

Anne de Louvain-la-Neuve - Un beau salopard



Il ne s’appelait pas Stewball

Il était beau, il sentait bon le sable chaud avec ses culottes, ses bottes de moto, son blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos et quand il me parle d’amour comme il me parle des voitures, pas de blablas, des résultats, moi je le crois.

Hélas, ils ont tout dit, ces chanteurs à succès, ces frapadingues de la rime, ces empêcheurs de la scribouille, tout dit tout dit, ils ont tout chanté, tout écrit, de la complainte du phoque en Alaska, à l’amour et la jalousie, les diamants sont éternels, les vaches noires et blanches sur lesquelles tombe la pluie. Pourtant, je vois encore la vie en rose. 

Oui, les femmes savent pourquoi, il est celui qui ressuscite le genre, crée l’histoire dans l’histoire, réinvente le vocabulaire, fabrique une syntaxe parallèle et perpendiculaire, pour actualiser nos éternelles vendanges de l’amour que nous referons ensemble… Car, je suis celle juste faite pour ses doigts, mais dites jamais que je vous ai dit ça.

D’abord, la vérité première, je vous le jure Marie-Thérèse, son corps apoplectique, une tête sur cou, un torse à épaules, des pieds attachés (deux), des mains saisissantes avec une dizaine de doigts fort(s) habiles, bref, lui, en un mot comme en cent, c’est l’aventura, une vie que je mène avec lui. Avant il y avait le blanc, maintenant il y a le plus blanc que blanc, l’homme des crocs, l’homme des mâts, l’homme des plombs : il est chauffagiste et c’est le maçon de mon cœur.

Des fesses mirifiques, globes intersidéraux, lunes sans éclipses, tout tout tout vous saurez tout. Des jambes longilignes, pylônes inflexibles d’un Titanic insubmersible, je suis riche de ça et ça ne s’achète pas ! Vous ai-je parlé de sa carrure d’ours polaire ? Un roc, un cap, une péninsule, que survole le regard étrangement luminescent de celui qui voit au-delà des parties. Je pense donc il suit. Et s’enfonce dans les tréfonds de votre âme pour la submerger, de sel, de poivre, oui, mais des Panzani, je m’égare. Sur sa face impénétrable de bourlingueur des mers du sud, un nez aquilin, un cavalier dans la nuit, qui court vers l’aventure au galop. Ses cheveux, fins comme les branches d’un saule pleureur sous, sous, sous, sous mon balcon, tel le vent d’est des alizés d’automne qui détonnent, vents frais, vents du matin, vents qui chantent au sommet des grands pins, tra des rires et des rats. 

Décidément, je me sens pauvre comme Job, impuissante et stérile pour exalter cet amour à mille autres pareils et à nul autre semblable, pour décrire ma folie, mon envie, mon idylle, car en dix fois plus gros que n'importe qui, son nom s'étale et je le dis haut et fort. Mais en vous, faux poètes à la bride abattue, tout m’afflige et m’ennuie et conspire à me nuire. Oui, je vous hais, vils auteurs à succès qui avez vampirisé ma logorrhée, mon rythme and blues et mes idées. Lui s’est contenté de me sucer la moelle des os pour l’incorporer à la sienne, un peu de miel et tout cela bien mélangé beaucoup, aveuglément, à la folie, et c’est pas tout, ce beau salopard, cet idiot argentique, ce prince au bel air, il est mon mec à moi, et rien d’autre, what else ?

Lilou - Un beau salopard

Pour faire le portrait d’un beau salopard
Prenez un mec, pas forcément beau ni baraqué
Mettez- lui dans le ciboulot des idées saugrenues
Quelque chose comme le pouvoir de l’argent
Quelque chose comme la force des fusils
Quelque chose comme la supériorité des races
Expliquez-lui
Qu’il est un homme  et le plus fort
Qu’il a plus de droits qu’une femme
Qu’il peut en user et en abuser
Vous fabriquerez un beau salopard
Ensuite, vous n’aurez pas trop de toute votre vie
Pour lui dire et lui répéter le contraire.

Albiréo - Un beau salopard

Pour traiter cette affaire sur “ un beau salopard ”
Il faut un inventaire : la liste des vicelards.
Ils sont assez nombreux, chacun a son domaine ;
Ils sont le côté noir des dérives humaines.

Lui  écrase le faible
Lui ne pense qu'à lui
Lui pollue à tout va
Lui se fout de demain
Lui roule aviné, tue et puis s'enfuit
Lui planque son pognon, vole l'administration
Lui profite de tout et ne rembourse rien
Lui arnaque le monde
Lui n'a pas d'état d'âme
Lui ne pense qu'au pouvoir
Lui ne pense qu'à l'argent
Lui veut tout maintenant
Lui  le prend tout, tout de suite.
Lui, le banquier véreux
Lui, le patron voyou
Lui, l'arnaqueur de vieux
Lui, le chauffard ivre
Lui, le séducteur vil
Lui, le raciste haineux
Lui, le mari violent
Lui, le père indigne

Lui, et puis tous les autres qui maltraitent et spolient
Lui, le beau salopard qui nous pourrit la vie.

mardi 29 septembre 2015

JCP - Un beau salopard


Das Auto !*

5 Avril 1975, journal télévisé de 20 H., TF1 :
"- La crise est là, certes, les prix s'envolent, le prix du baril de pétrole flambe mais, heureusement, un nouveau type de moteur, jusqu'ici réservé aux poids lourds et aux navires de haute mer est enfin disponible sur nos automobiles : le moteur diesel.
Cette motorisation révolutionnaire, venue à point nommé en ces temps difficiles, réunit en effet d'immenses avantages : faible coût du carburant et consommation basse, puissance à bas régime pour une usure mécanique réduite, ajoutés au taux de pollution le plus bas jamais obtenu sur un moteur automobile.
L'avenir est dans le diesel : luttons tous contre la crise en roulant diesel !"

23 Septembre 2013, journal de 20 heures, France 2 :
"- La vérité sur le diesel nous est enfin révélée : ces moteurs affichent - les derniers tests sont accablants -, un taux de pollution inacceptable pour l'homme et l'environnement.
Mais, fort heureusement, les constructeurs l'affirment et c'est une excellente nouvelle, les filtres à particules qui équipent les nouveaux modèles réduisent à néant ce qui n'était qu'un défaut de conception :
Nous pouvons continuer à rouler - économiquement et proprement - avec les nouveaux véhicules diesel !"
 
18 Avril 2015, info en continu, BFMTV :
"- La vérité sur le diesel nous est enfin révélée : les filtres à particules ne tiennent pas leurs promesses : des tests d'un type nouveau montrent clairement qu'ils sont inopérants.
Mais les constructeurs, qui ne sont pas restés inactifs, nous proposent de nouvelles motorisations essence qui, elles, offrent enfin toutes les garanties.
Il est donc de notre devoir envers la planète et les générations futures de rouler avec ces véhicules de dernière génération qui - on nous l'assure -, sont les plus économiques et les moins polluants jamais conçus !"

* "Das Auto" : slogan  publicitaire adopté par "certain" constructeur allemand.

Où lire JCP

Clise - Un beau salopard

Il n’était pas grand, Urix
Un genre Milou de tintin
Il savait faire le mort
Les quatre pattes en l’air
Il faisait le soumis
Et quand le doberman
S’en allait dédaigneux,
Lui le beau salopard,
Il se redressait d’un coup
Et lui niaquait l’arrière train.
C’était mon chien quand j’étais ado
Et pourtant je l’adorais
Je le trouvais très intelligent
Finaud, malin, drôle….
Et depuis j’en ai rencontré
Souvent des qui ….comme lui
Sont tout mielleux, tout sourire
Et à peine le dos tourné
Ils vous assassinent par derrière.
Et pourtant ceux- là je les déteste….

Fred Mili - Un beau salopard

CARRE BLANC

Je pense tu penses il pense
Il raconte J’écris
Il dit dans sa tête des mots qui ne sortent pas de sa bouche
Le chapeau vissé sur la tête pour éviter de perdre ses idées les yeux plongés dans l’éternité il rêve de demain Il rêve d’être heureux
C’est quoi être heureux hurle-t-il
Il s’encrasse les poumons pour paraître
Parce que son père fumait il fume
Sans réfléchir simplement par mimétisme
À la porte de ses illusions
il dresse des plans
Être heureux c’est avoir de l’argent rien d'autre
Une fille une femme à aimer il n’en n’a nul besoin
Il les achète
Le fric achète aussi le regard que les autres portent sur lui
Il aime sentir la convoitise
Ce qu’il vend les fera crever
Et pourtant ils viennent quémander
Un crédit une rallonge quelque chose de plus fort
À genoux les larmes aux yeux
Ils implorent
Pour oublier qu’ils sont presque morts
Ils rêvent
D'une autre vie leurs espoirs confiés au croque-mort ambulant
Ils y penseront furtivement
Tandis que lui avec l’argent qu’il leur a arraché
Il fera la fête
Le champagne dans une main l’autre sur une chute de reins
Elle non plus ne sait pas encore
Que les cadeaux qu’il offre
Sentent le cadavre la pourriture
Je pense tu penses il pense
Il raconte J’écris
Il dit dans sa tête des mots qui ne sortent pas de sa bouche
Le chapeau bien vissé sur la tête pour éviter de perdre ses idées les yeux plongés dans L’éternité il rêve de demain Il rêve d’être heureux
C’est quoi être heureux hurle-t-il
Il les nargue le dos tourné aux murs de la prison
Ces accros du bédo
Qui ont tué ou volé pour quelques euros
Pour s'acheter leur dernier jour
Il les rejoindra sans doute
Les prisons sont pleines d'ordures comme lui
Des soldats de la mort
Ces rats des rues
Prêts à sauter à la gorge du presque mort
Pour lui voler le dernier centime
Arracher l'ultime respiration
Pourtant il aimerait qu'ils vivent longtemps
La vie lui serait plus facile
Le melon sur la tête
Il règne sur son charnier
La bave au coin des lèvres
En comptant son pognon
Il pense qu'elle ne l’a jamais vu celle
Qui vient lui demander une dose
Sans se poser de question il propose
Mais le surin qu’elle
Lui plante dans les tripes
L’esbaudi
Il sait qu’il a tué ses frères ses amants
Le chapeau tombe le regard ébahi
Lorsqu’elle remue la lame dans ses entrailles
Les yeux ouverts éberlué
Il regarde sans comprendre
Le sang tâcher ses billets
Elle rit comme une démente
Une coupe de champagne à la main
Elle veut oublier ses mains sur ses reins
Elle a tout fait pour le retrouver
Le détruire
L’homme au chapeau
Elle est fière d’avoir vengé
Ceux qu’elle aimait et tous les autres
Elle pense nous pensons vous pensez
Ils racontent Elle écrit
Elle dit tout haut des mots qu’elle a du mal à retenir
Elle piétine le chapeau dévissé comme d'autres piétinent des grappes de raisin
Le salopard s'écroule pantin désarticulé
C’est quoi être heureux demande-t-elle

L'Arpenteur d'étoiles - Un beau salopard

Le coup de pied de Vénus

(Le procès d’un beau salopard)


Aurore s’était endormie sur le siège passager. Sa chevelure brune encadrait son visage à l’ovale raphaélique. Je garais le véhicule et la réveillais en soufflant doucement sur ses paupières.
- Nous sommes arrivés.
Elle s’étira, mis ses bras autour de mon cou et m’embrassa doucement.
- Je crois avoir un peu dormi. Où sommes-nous ?
- Dans l’endroit le plus extraordinaire que je connaisse.
- Mais encore ?
- Au Cosmos Hôtel. Allez, viens.

Je prenais nos bagages quand un groom se précipita.
- Heureux de vous revoir, monsieur. Vous avez fait bon voyage ? Où dois-je monter vos bagages ?
- Sur Vénus, bien entendu, Joshua. Je glissais un billet dans sa main et entraînais Aurore vers la réception.

L’architecture du Cosmos Hôtel était pour le moins avant-gardiste : un arbre gigantesque composé de huit branches étagées le long d’un tronc monumental, et orientée chacune vers une planète du système solaire. Chaque branche comportait une dizaine de suites dotée d’une immense baie vitrée dont la partie centrale était en tout point semblable à la lentille d’un énorme télescope. Faire l’obscurité dans la pièce et activer électriquement cette lentille vous plongeait dans l’espace pour un voyage immobile centré vers la planète choisie. Celle-ci devenait parfaitement visible, comme accessible. L’expérience vécue alors se révélait unique. Allongé confortablement sur des banquettes suspendues, on flottait dans l’immensité galactique. Mieux encore, l’arbre hôtel en entier pivotait doucement sur un axe accompagnant le mouvement perpétuel de la voie lactée.

Aurore était la huitième à me suivre là-bas. J’avais gardé Vénus pour elle, parce que son prénom évoquant la naissance du jour, s’accordait avec l’apparition de Vénus à la nuit tombée. J’avais encore en ce temps-là des lubies de cet ordre. Au gré des derniers mois, j’avais offert Neptune à Ondine, découvert Mercure avec Pénélope, visité Saturne auprès de Claire, et Mars sur les ailes de la douce Colomba. J’avais marché sur Jupiter avec Indira, voyagé vers Pluton avec Lucille et avec Estelle vers Uranus.

- Je rêve, murmura simplement Aurore en découvrant la chambre et le salon attenant.
Le jour glissait vers le crépuscule qui nous environnait peu à peu. Nous avions la suite la plus haute de toutes, la branche Vénus étant elle-même la plus élevée de toutes les ramifications du Cosmos Hôtel. Un léger souffle parfumé pénétrait par la baie entrouverte. Côte à côte, appuyés à une rambarde transparente, nous avions l’impression d’être à la proue d’un navire intersidéral parti à la conquête de l’infini.

La nuit qui s’ensuivit fut toute entière dédiée à Vénus, à tout point de vue. Au matin clair, réveillé par les oiseaux, je trouvais une Aurore au regard un peu trouble et prête à sortir. J’en éprouvais moi-même une sorte de malaise. Elle s’approcha et d’une voix posée :
- Tu sais, Sol, aujourd’hui sera pour toi, un jour un peu ... spécial.
- Et en quoi donc ? Elle échappa, mutine, à mon étreinte.
- Rejoins-moi au salon Alpha du Centaure vers onze heures. Elle déposa un baiser léger près de mon oreille et sortit, me laissant interdit.

A onze heures, je poussais la porte du salon. Il y régnait une pénombre habitée. Au fond, une grande table derrière laquelle étaient assises plusieurs personnes que je ne pouvais deviner.
- Assieds-toi, Sol. Dans le fauteuil, juste devant toi. La voix était ferme mais sans agressivité. J’obéis.
La lumière se fit progressivement dans la pièce et devant mes yeux éberlués je découvris mes huit conquêtes. Mais derrière chacune d’elle se tenait, imposant, le dieu ou la déesse de l’Olympe protecteur de la planète que nous avions connue ensemble. Ce fut Aurore qui parla la première :
- Aujourd’hui, cher Sol, va se dérouler ton procès en séduction. Comme tu peux le voir, chacune de nous sera aidée par une divinité. Mais pour que l’équilibre et l’équité soient respectés, toi-même sera sous la protection d’un Dieu. Cependant, nous ne savons pas lequel a pris ce risque, lequel a choisi de tenir ce rôle.

Il y eu un grand bruit et une forme se matérialisa derrière moi. Je sentis une main se poser lourdement sur mon épaule. En même temps, un rire colossal parcourut l’aréopage qui me faisait face. Un rire inextinguible où les voix claires de mes maîtresses et des déesses se mêlaient aux timbres puissants des dieux.

Je me retournais.
Derrière moi, venait de prendre place, inquiétant et superbe, le dieu Pan.

Chri - Un beau salopard

Quel beau salopard.

Elle avait tout pour déplaire, cette petite mielleuse : Elle était méchante comme une séduisante mauvaise teigne, menteuse comme une jolie orthodontiste slovène, cupide comme une rassurante banque suisse, de mauvaise foi comme une assemblée bienveillante d’évêques anglicans, râleuse comme une escouade émerveillée de touristes français, irresponsable comme une horde bonhomme de sénateurs, intransigeante comme une armée pacifique de juges, inhumaine comme un régiment rangé de robots, vénale comme un réseau pétillant d’économistes, rebelle comme un résistant maquis du Vercors, frondeuse comme une bande de beaux Thierry…
Seulement voilà, celle-là, je l’avais dedans la peau. Moi qu’étais doux comme un agneau sortant de l’oeuf…
Quand, par dessus mon épaule, elle a lu le portrait que je venais de dresser d’elle, elle a juste dit :
Mon bel amour, tu es quand même un sacré foutu beau salopard…

lundi 28 septembre 2015

Vegas sur sarthe - Un beau salopard

Confesse

(pas trouvé de titre moins cru)


A l'âge du lolo, des pots de confiture
déjà je préférais les prunes à l'eau-de-vie
en cachette j'avais des goûts inassouvis
fumais à pleins poumons du sureau la ramure.

J'ai gravé dans le bois tant de coeurs innocents
braqué sur les nanas ma kalach en plastic
et volé leur hymen, tiré sur l'élastique
sans le moindre remords ou signe attendrissant.

Souvent par fourberie j'ai menti à confesse
picolé les flacons remplis de vin de messe
j'étais une fripouille de grande envergure.

Serais-je une racaille à la triste figure?
Quand bien des repentis se rangeaient sur le tard
je n'ai rien regretté, je suis un salopard.

Semaine du 28 septembre au 4 octobre 2015 - Un beau salopard

Après une telle accumulation d'erreurs, nous vous invitons à suivre la proposition d'écriture de Emma, à savoir de nous brosser le portrait d'Un beau salopard.

En vers ou en prose comme il vous plaira, vos esquisses ou toiles finies devront nous parvenir à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com d'ici dimanche soir 4 octobre.

Alors, à vos pinceaux :)

samedi 26 septembre 2015

Albiréo - L'erreur est humaine

E rror, error, error...
R ituel hypnotique, erratum informatique !
R echercher l'erreur, errer dans l’erroné...
E rrare humanum est.
U ne errance virtuelle, la machine est formelle.
R etrouver l'humanité et le droit de se tromper.

Stouf - l'erreur est humaine

Horror humanum est ?
Jesus erat a nauta  cum ambularet super aquam

Et si tu ne sais pas nager ?
Tu peux écouter les autres voguer...
Voyage les yeux fermés !
Mais nooon...plonge, il y a des héros dans l'erreur,
Des gens à moitié fou qui te feront confiance,
Ils voyageront avec toi sous des cieux propices.
Tu ne te noieras pas... sous la sagesse libérée personne ne coule !
Le diable n'existe pas.

Gene. - L'ereur est humaine

Il y a quelques années, j'habitais un joli coin de verdure à Paris, proche du parc zoologique et du bois de Vincennes.
J'avais l'habitude de prendre le 46, autobus parisien réputé pour ses passages aléatoires et ses horaires fantaisistes. C'était à l’époque où il n'y avait pas de panneau indiquant combien de minutes l'usager devait attendre avant l'arrivée du bus.

Ce matin- là,  à l'arrêt  situé juste en face du zoo, une dame attendait...
La cinquantaine un peu dépassée, je la trouvais plutôt jolie et très élégante dans son tailleur strict, avec sac à main assorti et un mignon cabas, destiné aux menus achats dans un grand magasin, du moins je le supposais.

- Pardon Madame, l'interpellai-je, il y a longtemps que vous attendez ?

- Oui, répondit-elle, mais l'autobus vient de passer.

Tiens, elle n'attend pas le bus me dis-je . Je m'interrogeai quelques secondes et peu importe pensai-je,  j'avais eu mon info, je m'apprêtais à attendre un bon moment...

Soudain, une voiture s'arrêta devant la dame qui s'approcha et après avoir répondu au " Combien ?" du chauffeur, elle s'engouffra dans le véhicule qui disparut à vive allure.

Je restai médusée et me sentis tout à fait ridicule. Je me disais "Ma pauvre fille, tu es d'une naïveté qui confine à la sottise". Mais elle avait l'air si respectable !

Nous nous revîmes de temps en temps. Nous prîmes l'habitude d'échanger quelques propos anodins durant nos attentes respectives.
La conversation tournait souvent autour du temps qu'il faisait, la pluie, le vent, les premiers jours de printemps. - il est vrai que la météo avait une certaine importance dans l'exercice de sa profession...

Et le temps passa, Je ne la vis plus. Aujourd'hui, j'imagine qu'elle a pris sa retraite... Mais je l'aimais bien ma respectable respectueuse.

L'Arpenteur d'étoiles - L'erreur est humaine

Iconoclastie
Encore un pas de plus sur le chemin du purgatoire ... voire pire !
L’aigle, le taureau, le lion et l’homme.

- Arrêtez tout, arrêtez tout, on s’est planté et grave en plus
- Cool, Jeannot, cool. What happens ?
- Je viens de recevoir un mail de là-haut, du boss.
- Mais ça existe pas encore les mails, Jeannot, on est à peine en l’an 50, et à Nazareth qui plus est.
- Ben au ciel si, ça existe, j’te f’rai dire.
- Et keskidit ton mail. Allez, accouche !
- Y dit qu’on est des relous de première : conserver l’ancien testament et composer nos évangiles sur ces bases c’est une erreur monumentale. On garde des idées antédiluviennes et parait-il complètement fausses. J’suis écœuré, j’te jure ... Et le boss est hyper vénère.

- Tout ça dans le mail ?
- Non, dans une webconf organisée en cata.
- Encore un coup du Jésus, comme quand il a marché sur la flotte !
- Non. Pire. De Dieu le père, carrément.
- Oups ! Mais c’est quoi le problème en vrai.
- Dieu affirme que l’espèce humaine ne descend pas d’Adam et d’Eve mais de trucs complètement déments. Un vrai délire.
- Non ! Des extraterrestres ?
- Matthieu arrête tes conneries, pose ton verre de jaja et écoute la suite. Appelle Marc et Luc ...
- Tiens les voilà justement

- Koikignasse, Jeannot ?
- On est à la rue totale avec nos évangiles. On a faux de chez faux. Enfin pas que nous, mais déjà l’ancien testament. C’est Dieu qui dit ça. Il dit aussi que sa traduction est archi nulle et qu’on a rien gépi. Il a même murmuré « vous me faites tièp, j’suis dègue ».
- Mais on n’y est pour que dalle ! Tu m’étonnes. L’ancien a été écrit en hébreu par des mecs de la tribu de Judas, des poètes, des fous, des mythos, des boloss. Qu’est-ce que tu veux qu’on y entrave quelque chose. Et y dit qu’il a créé quoi, le boss ?
- Alors là, restez assis, les mecs. Ça déchire un max !
- Le Pater il s’emmerdait sur son nuage. Un jour, enfin ça existait pas encore le jour, mais c’est plus simple à comprendre. Un jour il s’est dit je vais créer un truc. Par étape, cool. Alors le ciel, la terre, la lumière, les ténèbres, les eaux, les plantes ... et puis là un grand coup de fatigue, voire de blues. Il a observé, a trouvé que c’était bon, ou pas d’ailleurs, et puis il est allé se pieuter pendant quelques milliards d’années.
- En clair, il en a rien a glandé de nous, finalement.
- Faut pas p’t’être pas dire ça quand même. Attendez, je reprends mes notes. En fait pendant qu’il pionçait, des choses se sont formées dans l’eau. Il m’a appelé ça des ... rapacémies, marapécies ... heu non ... ah oui : paramécies. Tout est parti de là. Cellules, métazoaires, vers, poissons, reptiles, tétrapodes qui se structurent avec des pattes et un squelette, et puis les mammifères émergent, dont les primates et puis des hominidés et enfin l’homme. Ça vous en bouche un coin, et à moi aussi. Quand il s’est réveillé, l’homme était là. Pas encore aussi beau que toi ma poule, mais bon... Petit, velu, mais bourré d’intelligence ... Alors Adam et Eve, c’est du pipeau !

- Et maintenant, on fait quoi ?
- Le pire. Un truc de ouf ... Il m’a dit : « vous avez commencé et c’est trop tard pour tout arrêter. Alors vous allez lancer une mode qu’il a nommée "religion". Vous êtes des pros du marketing. Vous faites à la fois peur et rêver. Je parie que d’autres feront pareil quelques siècles plus tard avec d’autres idées encore beaucoup plus tordues. Alors moi, je me casse. J’oublie la terre et ses folies. Je vous calcule même pas. C’est vous qui ferez le buzz autour de moi. On verra dans deux mille ans ce qui va advenir de vos élucubrations.»
- On continue alors ?
- Exact. On continue sur les bases de l’ancien testament et on verra bien ce qui va arriver. On se prend pas la tête. Le Créationisme c’est de la balle. L’erreur est humaine, les amis ; persévérer est diabolique. Mais comme a priori, Dieu a aussi créé le diable ...