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dimanche 12 juillet 2015

Gene M - En sortant de l'école

En sortant de l'école, je me heurtai à ma mère qui arborait sa figure des mauvais jours. Elle était furibonde.

- Encore une année où tu n'as rien fichu !  Mais qu'est-ce que tu vas devenir ma pauvre fille ?

- Rien, je suppose, répondis-je ironiquement.

Cela accrut bien évidemment la colère de ma mère.

- Et bien puisque c'est comme ça , moi je vais te le dire ce que tu vas faire de ton été.

- Ah ouais ? Farniente sur les îles grecques ?

- Ne plaisante pas avec moi. deux heures de maths chaque matin. Tu vas revoir tout le programme de seconde. L'après-midi français et anglais deux heures également. Avec un peu de chance et si tu y mets du tien, je pourrais convaincre le directeur de te reprendre l'année prochaine. Alors au boulot.

- Ouais, je sens que je vais m'éclater...
Alors, résignée je m'installai sous le vieux tilleul de notre petit jardin,. L'été fut beau cette année là, et il était doux de profiter de la brise légère tout en revoyant les fonctions affines et autres. L'après- midi après une courte sieste, je découvrais sous un autre jour les grands auteurs classiques qui étaient au programme. Je me passionnais pour Baudelaire,  Hugo et Camus. Un miracle s'était produit. Je plongeais avec délices dans un océan de mots, de phrases. Parfois, les yeux fermés, je les répétais jusqu'à les savoir par cœur...

Cet été-là transforma ma vie. Je sus que je ne pourrais plus jamais me passer de livres. Encore aujourd'hui, j'ai toujours un livre dans mon sac.

Pivoine - En sortant de l'école



En sortant de l'école, j'ai mis ma main dans celle de Léo, souri à Mone, et j'ai marché dans les empreintes qu'ils laissaient sur le chemin. C'était facile. Cela semblait facile. 

En réalité, je n'ai pas pris sa main et le chemin a été long avant de croiser leur route, tout naturellement, et... (pour combien de temps ? Un an? Moins? Plus?)  De faire des bouts de route, ensemble. A la fois seuls, et de concert. Plus, si dieu et les hommes le veulent, car il y aura toujours l'impermanence des liens et des choses, et la fragilité des amitiés humaines.

Marcher. Marcher dans les rues étroites mais bien asphaltées, dans les faubourgs et les villages. Emprunter les fragments de promenade verte, les GR rouge orangé, les sentiers caillouteux, encombrés de racines, serpentant entre les maisons, les prés, les jardins, les barrières abandonnées, le chaume et les charpentes des lavoirs, les friches et les vallons dans les bois. 

Monter des escaliers, se tromper de route, rebrousser chemin, passer à côté du sentier derrière la haie, entendre le ruisseau fuseler entre les fougères, avoir chaud, avoir bon, jusqu'au tréfonds. N'attendre que l'eau fraîche et la chaleur du lit, à l'étape, pour se sentir vivante.

Brûlante du soleil avalé. 

Entendre le ruisseau et se taire. Ne plus parler. Et regarder, inspirer, se laisser traverser par la route, par la forêt, par la nature par le souffle de cette planète habitée, si infime dans le cosmos. Être une parcelle de l'espace, en mouvement.  Minuscule dans le noir de l'univers. 

Marcher. Malgré l'épiderme qui durcit et fait mal, malgré les lourdes chaussures, le poids de la bouteille d'eau et le mois de juillet, malgré la pluie et la moiteur, monter, descendre, obliquer à droite à gauche, se tromper, n'avoir bientôt plus que trop de fatigue pour avancer mais avancer quand même et sans se plaindre. 

Surtout sans se plaindre, une fois pour toutes. Marcher 5, 10, 15 kilomètres, siester, à l'ombre des pins, sur un sol jonché de ronces, cachant ses bouts de roc et ses fourmis, et sa vie tapie, bruissante d'insectes.

Puis se dire qu'au sortir des bois noirs de la Montagne  noire, il sera doux de ressentir l'apaisement des sens, la détente des muscles et de fermer les yeux...

Avant de repartir.

Stouf - En sortant de l'école



Y en a qui vivent dans l'école

C'est le mois de juillet, la vacance des écoles...il n'y a plus de sortie ni d'entrée et la gardienne de l'école de l'éducation nationale, s'ennuie.
P'tit Louis, le fils de la gardienne Mylène, s'ennuie aussi.
Gros Robert, le papa est au boulot,i l déménage les autres parce qu'il est déménageur de par sa profession.
Du cout p'tit Louis il est dans la grande coure et tape dans le ballon pour faire semblant de jouer au foot mais c'est pas marrant parce que en face y a pas Djemila (la meilleur fille qui sait jouer au foot), elle est partit dans un pays qui s'appelle « le bled », loin ailleurs.
Il fait chaud, les feuilles des Marronniers commencent à tomber et Louis se demande s'il restera des marrons à balancer sur les filles à la rentrée. C'est de la faute au changement climatique et à la pollution...à ce qu'il parait d’après gros Robert et la téloche.
Là, c'est quatre heures de l'aprème et c'est l'heure où c'est qu'on a la dalle...z'y va le Nutella sur la tartine et un grand verre de Coca Cola (et pis la moitié de la bouteille pendant que maman Mylène regarde pas :)).
Bon...Mylène passe sa main droite pleine de doigts sur les ch'veux du p'tit Louis et lui demande  : "  Ça va gamin ? "
Elle retourne à la fenêtre pour regarder le temps qui passe.
Tiens ,la sonnette sonne !
P'tit Louis aime bien quand y a des gens qui viennent à la maison,il va ouvrir la porte et c'est monsieur Ip,  le chinois qui est derrière.
Hein...C'est qui la p'tite fille qui lui tient la main ?
D'un seul coup il ne sait plus parler, il est prêt à bredouiller comme un ouf et rougir comme un litchi.
Mais, plutôt que d'avoir encore plus l'air idiot, il dit simplement « bonjour ! » en joignant ses mains devant sa bouche et il courbe légèrement sa tête vers l'avant en forme de respect chinois.
Monsieur Ip semble amusé... On se demande pourquoi.
- Cher p'tit Louis,  aurais-tu l'extrême amabilité d'annoncer ma venue, ainsi que celle de mon honorable petite fille Yuan Jun à ta délicate maman ? J'ai un truc a lui dire ! 
Maman se pointe,attirée par l'adorable odeur de jasmin de monsieur Ip... Hein, c'est pourquoi ?
Louis demande à la petite si elle veut venir jouer à Candy Cruch sur son ordi. Elle veut bien et  monsieur Ip est d'accord aussi, tout va bien !
Quel merveilleux après-midi.


jeudi 9 juillet 2015

Lilousoleil - En sortant de l'école



En sortant de l’école, elle ne chante pas «  l’école est finie », car ce jour là, Elle vient d’apprendre à la fois  sa réussite au Brevet d’études de premier cycle, le BEPC (prononcez bèpsss) et son admission au concours de  seconde paramédicale. Il sera bien temps fin août de penser à la rentrée, aux fournitures, à l’achat de la blouse blanche comme indiqué dans le courrier…. Pour l’instant, Elle goûte au plaisir de dormir un peu la matin et surtout,  attend la surprise,  enfin le cadeau… Normal son frère a eu un vélo pour son brevet (raté quand même une première fois) donc elle, elle espère mais en vain. Elle a eu droit à un généreux ‘Mais tu n’as fait que ton devoir » ; oui avec un an d’avance mais on ne sera pas trop regardant.
Elle a quatorze ans et les vacances ne s’annoncent pas très bien. Souvenirs douloureux de l’année précédente et elle préfère ne pas y penser. Comme depuis quelques années déjà ce sera la maison de campagne, maison c’est beaucoup dire, une cabane en bois, pompeusement baptisée le chalet,  avec juste un évier dans un coin qui sert aussi bien pour la vaisselle, la toilette et la cuisine puis  deux alcôves en guise chambre. Cette année c’est décidé, Elle ira dormir en haut dans le grenier proche du tas de foin où quelques souris font leur nid… Elle voudrait un chien, un gentil, un pauvre malheureux comme celui qui la suit depuis deux jours. Elle se renseigne, c’est une chienne, Diane dont la propriétaire accepte de se débarrasser contre un billet. Belle affaire pour Diane qui  mangera à sa faim et ne sera pas en reste de câlins ! C'est un compagne délicieusement adorable !
Changement cette année, la Mémé est là en principe pour garder les enfants mais elle s’en fiche la Mémé du moment qu’elle peut écouter la radio et lire « Nous deux » et quelques romans photos. Tiens parlons-en de la radio, la grand-mère a eu la bonne idée d’acquérir un de ces fameux petits appareils radio transistor alors,  Elle s’en est emparé et la voilà, la vedette du village. ainsi on verra tout un groupe de gamines tous âges confondus,  errer dans les chemins des bords de Saône chantant à tue tête en compagnie de Richard Anthony « J’entends siffler le train » ou encore « Tous les garçons et les filles » de la belle Françoise. Elle aimerait bien lui ressembler et aussi à Sylvie… Elle essaie tous les maquillages, toutes les coifures à la manière de… et le vernis sur les ongles…
Elle rêve qu’elle est au bord des plages, Saint-Tropez ou encore La Baule d’où les émissions de radio sont diffusées. Sa plage à elle c’est  quoi au juste ? Un coin de Saône que les vieux du village savaient peu profond et pas trop dangereux entre les joncs et les herbes sauvages. L’eau est  souvent fraîche et d’une propreté douteuse… mais peu importe. Elle entend en sourdine les exploits d’un certain Jacques Anquetil qui remporte une étape du Tour de France après une descente vertigineuse du col d’Envalira. Puis elle a la sensation agréable de lèvres douces qui se posent sur les siennes légèrement, elle sent son odeur mélange de lavande et de foin coupé…
Premier flirt qui ne durera que le temps d’un déjeuner de soleil.
Demain, demain elle retourne à Lyon…



mercredi 8 juillet 2015

Chri - En sortant de l'école



 En sortant de l’école, les premiers jours de sa retraite, après y avoir travaillé trente sept ans, le vieux concierge solitaire qui faisait un peu, comme on dit, partie des meubles, puisqu’il saluait maintenant les petits enfants des enfants de ses débuts, n’a pas du tout supporté de n’avoir plus à dire ni bonjour, ni au revoir à aucun enfant. Il a trouvé sa vie bien vide sans leurs regards, leurs éclats de rire, leurs chahuts et leurs énergies vivifiantes. Il y a des tristesses qui ne guérissent pas.

Il n’a pas survécu à cet éloignement plus d’un mois entier.

Quelques jours après, vers le quinze, on a bien essayé de le réanimer à deux pas de là, allongé à même le trottoir où il venait de s’écrouler, vers les onze heures trente, l’heure de la sortie de midi, les deux mains serrant à l’arracher, sa poitrine dans la région du cœur…

Malgré tous leurs efforts, les médecins du Samu venus en urgence de l’hôpital le plus proche,  n’y sont pas arrivés. Il y a des chagrins dont on ne revient pas.

Le vieil homme qui pourtant, n’avait jamais eu aucune classe, mais tant d’enfants à saluer, est mort pratiquement en sortant de l’école, après y avoir passé sa vie.

Il y a des peines inconsolables.

L'Arpenteur d'étoiles - En sortant de l'école

Et puis un samedi après-midi. Sortie des cours. Première cigarette ...
U
n récit souvenir. L’âge et le temps passé ont adouci la peine. Forcément. Mais elle demeurera toujours au plus profond de mon cœur.


Le long des couloirs de l’imposant collège, glissent les ombres des pères en soutanes et les rangs des pensionnaires. J’ai des copains, une vraie raquette de tennis, un vrai ballon de foot. Dans le jardin printemps, règne le cerisier en fleur, immense et bruissant d’abeilles.
Cependant, j’apprivoise doucement celle qui ne me quittera plus, la solitude.

Ma famille c’est d’abord Elle : un doux visage encadré de cheveux blancs, un regard bleu si tendre, un tablier gris toujours en mouvement devant le fourneau à barre de laiton, un parfum de lavande. L’image simple d’un amour simple. Elle, c’est ma grand-mère.

Selon la tradition de l’institution mariste où je suis depuis six années, la quatrième est la classe de la communion solennelle. Trois jours de retraite dans un couvent perdu dans la nature. La vie en communauté, les cellules monacales, beaucoup de sport, des moments de réflexion, des prières et la chorale élévatrice et vibratoire. Ensemble on chante les cantiques en latin mais le soir, quand les guitares sortent enfin de leurs housses, on chante également ceci :
« Quand tous les affamés
Et tous les opprimés
Entendront tous l’appel
Le cri de liberté
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l’éternité. »

Je l’ai vécu ainsi, candide et confiant. Au retour, le collège est clos, ainsi que tous les autres établissements scolaires. Grève générale dit-on. La cérémonie aura lieu malgré tout. Des dizaines de prêtres, une armée d’enfants de chœur en surplis blanc et nous en aube avec croix de bois et cierges, et les grandes orgues de la chapelle. Le soleil traverse les somptueux vitraux classés et nous habille d’or et d’azur. Au repas, la famille, mes chers cousins, un ami. Il en reste deux photos pâlies, prises dans le jardin.
Quelque part à Paris on dit « sous les pavés la plage ». On écrit sur les murs « il est interdit d’interdire ». Partout on entend barricades, Sorbonne, Nanterre, cocktails Molotov. Un général président et lettré ressuscite la « chienlit » pour l’effarement admiratif des journalistes. J’ai déjà renoncé à comprendre comment va le monde. Je lis Pagnol et Tintin, Sherlock Holmes et Bob Morane, Giono et Arsène Lupin. L’oreille collée au transistor rouge et beige, le jeudi après-midi, j’écoute Europe numéro un :
Nights in white satin
Never reaching the end
Letter I’ve written
Never meaning the send

Ecoute Frédéric, écoute. Nous avions vingt-huit ans à nous deux.
Ecoute depuis le jardin sous lequel tu dors :
“Let me take you down, 'cause I'm going to Strawberry Fields.
Nothing is real and nothing to get hung about.
Strawberry Fields forever … »
La révolution est en marche.

Ecoute, Norbert, écoute. Plus tard on sera pilotes de longs courriers.
Ecoute depuis Berlin, ou depuis les Marquises :
« Alors chu reparti, sur québecair, transworld, northern
Easthern, western pi pan american
Mais ché pu ou j’chu rendu … »

C’est l’année de mes quatorze ans, et la vie s’écoule, remplie de mes rêves d’avenir.

Et puis un samedi après-midi. Sortie des cours. Première cigarette.
Mes parents sur le seuil qui semblent m’attendre :
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Mémé est morte ...

Mains pâles sur le drap blanc.
Adieu l’enfance.