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samedi 13 juillet 2019

Gene M - Discours

A vous tous, merci d'être là.

Voilà, c'est presque fini... J'ai cent ans et il me reste si peu de temps.
Je me souviens...
Les impromptus... cela a débuté par une belle rencontre, lors d'un voyage en Iran, au hasard d'une conversation. Merci Frédérique !
J'avais alors dépassé, de peu, la soixantaine et à vrai dire je n'attendais plus beaucoup de surprises. Eh bien j'avais tort. La vie a beaucoup plus d'imagination que nous.

Tout d'abord, j'ai été frappée par la qualité des auteurs des impromptus. A vrai dire, j'ai même eu peur de ne pas être à la hauteur. Et je me suis prise au jeu.

Je ne saurais dire si les impromptus ont changé ma vie. Mais ils m'ont changée subtilement. Cela a réveillé en moi des envies enfouies depuis longtemps. Envie de profiter encore plus de cette vie, si courte
hélas, même si l'on devient vieux comme moi.

Alors, je vous dis à tous, profitez, vivez, aimez, ne vous économisez pas. Bientôt il faudra dire adieu au bruit du vent dans les arbres, à celui de la mer sans oublier les nuages, les merveilleux nuages
comme disait Baudelaire...

vendredi 12 juillet 2019

Célestine - Discours


Mes amis,
Ma bougie vacille comme dans les contes symboliques.
Mon corps presque raidi,  est devenu camisole, avachi par la décrépitude et par un quotidien  trop lourd.
Mes yeux qui ont tant pleuré et tant contemplé, luttent sans force pour rester ouverts.
Mes membres craquants comme des brindilles ne me portent plus trop.
De ma peau chiffonnée le sang se retire peu à peu.
Alors je veux vous dire. Vous devez savoir, vous mes amis des Impromptus qui m’ont supportée, aux deux sens du terme, durant tout le temps de notre histoire d’amour. Car cela en fut une. Même si elle est finie depuis longtemps.
Dans mon cerveau s’ouvre une petite fenêtre de projection.
Sur l'écran du souvenir défile le plus beau film qui soit. Un film en cinémascope.  Un truc à rendre zinzin Hollywood et Cinecitta. Un condensé d’extravagances et de douces joies.
C’est le biopic d’une bergère naïve qui se croyait princesse, amoureuse de rêveurs qui l’emmèneraient en escapade, comme on se prend le cœur dans un tapis volant, sur le bleu velours sombre d’une nuit de Chine…
Je vous ai tout dit, les amis, tout : mes abandons sensuels, telle une tige un bambou ondulant au fil du vent qui passe, au fil des mains qui pansent.
Mes erreurs idiotes d’apprentie artiste, mon univers un peu lunaire.
Ma fuite de ce monde aliéniste, outrageux, incompréhensible, dont la violence scarifia  mon cœur par endroits comme des épingles rouillées.
Mes espoirs de jardinière cultivant sans relâche des graines d'enfants.
Ma joie d’inventer des histoires, des ambiances.
Et ma  maîtrise bien  maladroite des déferlements d’émotions, de désir,  de révoltes qui agitèrent mon âme et mon corps de tremblements. 
 Jusqu’à parfois me demander si la psychose, ou un grain de folie, ne me grignotaient pas sournoisement la cervelle de leurs dents de sabre. Comme des tigres furieux.
Et bien sûr cette recherche obsédante du bonheur.
Dans chaque note de jazz, chaque étoile, chaque regard…
Comme vous aussi, sans doute, ici-bas. Pour oublier l’absurdité d’être simplement un homme ou une femme ordinaires, sur cette planète échouée sans conséquence...des êtres humains aux poings serrés, impuissants.  Dérisoires points de suspension précipités dans un bain d'acide.
Notre lien, c’étaient les mots, ils étaient plus forts que tout.
Alors, au dernier souffle exhalé de ma bouche, abreuvée de tant de baisers et de mots fous...  je veux vous dire, et dire à la Vie, combien vous allez me manquer, les uns comme l’Autre.

mercredi 10 juillet 2019

Lilousoleil - Discours

Vieillesse

Les yeux fermés, elle revivait sa jeunesse
Parvenue à l’automne de sa vie avec sagesse
Goûtant  la senteur de l’ambre jusqu’à l’ivresse,
Sans amertume et oubliant la noble politesse ;

Ses premiers pas à l’école guidée par une maîtresse
Tout de noir vêtue, enseignant comme une tigresse,
Les mots, les phrases et l’art de compter sans paresse
Morigénant les taquins qui tiraient les tresses ;

La Dame de fer construite dans l’allégresse
L’avènement de l’automobile princesse
Adieu les fiacres, charrettes menés avec adresse

Dans la douceur du soir languissant sa tristesse
Elle éteint la lumière, une simple caresse
Tire une révérence entourée de tendresse.

Où lire Lilou

mardi 9 juillet 2019

Marité - Discours


Au revoir.

Faire un discours pour mon 100ème anniversaire ? Inimaginable ! Je n'ai jamais pu – ou voulu – me projeter dans l'avenir et comme ce dernier devient de plus en plus improbable, j'évite d'y penser...

Mon discours se bornera donc  aujourd'hui à remercier encore et pour la dernière fois les Impromptus et leurs animateurs pour les quelques 130 moments où j'ai écrit sur un thème proposé sans oublier le temps passé à lire chaque semaine les textes de chaque auteur. Ce fut un réel plaisir.

Pourtant, à peine arrivée sur le site, j'ai failli abandonner et aller voir ailleurs si les commentaires  étaient moins virulents, moins agressifs. Bien sûr et fort heureusement, il s'agissait là de quelques exceptions mais les mots peuvent faire mal. Nous connaissons ici leur pouvoir.

J'ai décidé alors de rester et je ne l'ai jamais regretté. J'avais trouvé une famille avec des parents bienveillants ( excusez : Tisseuse,  Vegas, Lilou, l'Arpenteur, certains d'entre vous plus jeunes que moi)  et beaucoup de cousins et cousines jouant comme moi avec les mots. Famille  dans laquelle je me sentais bien et aujourd'hui, j'ai l'impression de devenir un peu orpheline. Je rêve d'autres bergers  aussi généreux pour rassembler les brebis qui vont s'égarer de ci de là. Trouverons-nous ailleurs de l'herbe aussi verte et nourrissante ?

Au revoir tous.

lundi 8 juillet 2019

Mister K - Discours


Et, chers amis,
Puisqu’il paraît que j’ai cent ans
-Je n’en reviens toujours pas
Et d’ailleurs je ne les fais pas-
Je disais chers amis ici réunis
Puisque l’occasion m’est offerte
Et la brèche ouverte
Et aussi, déclarons-le sans ambages,
Comme vous êtes un peu obligés d’écouter
Par égard à mon grand âge
Je m’en vais vous narrer
Un moment un peu particulier
Cela dura pour moi un peu plus d’une année
Quand pour d’autres la dizaine fut dépassée  
A une époque peut être oubliée     
Vous le savez j’ai beaucoup écrit 
Du plus loin que je me souvienne 
Alors autant que je revienne
A une sorte de parenthèse  
Quinze mois ou seize   
Une incursion que je fis
Dans les littéraires Impromptus
Avant qu’ils ne fussent interrompus
Si le train de ma mémoire ne défaille pas 
C’était en deux mil dix-huit deux mil dix neuf
Et j’y trouvai du sang neuf
Tel un vampire assoiffé de mots, de textes   
Que ce soit à lire
Que ce soit à écrire
Car se retrouvait là une ligue de fins bretteurs
Guettant lundi le moindre signe
Sautant sur la consigne
Et lui tordant le cou parfois par pur prétexte
On n’est pas en reste pour le plaisir des lecteurs
J’y trouvai aussi une belle ambiance
Ça incite à la persévérance et la fidélité
L’auteur – un bien grand mot pour ce que j’écris –
Y fut toujours bien accueilli
Les commentaires en toute circonstance
Y ont contribué
Des signes de partage, de générosité
Et puis les personnalités, les styles,
Je vous souhaite les rivages de telle îles
Que ce soit en prose ou en vers
Son texte expédié par l’électronique courrier

Chacune chacun pouvait se dire 
« A la fin de l’envoi, je touche. »
De quoi être touché
Toutes ces années après…