mercredi 31 janvier 2018

Tiniak - Tous poètes

ESCALE (à tort ?)

Un port... et l'âme détachée
quittant la terre desséchée
je vais, sans regarder plus rien

Au col une feuille de chêne
et le sol meuble pour soutien

Je souffle fort - à perdre haleine !
un noroît chargé d'aquilon
poussant l'ombre que je promène
au-delà de ta triste plaine
à la recherche d'un vallon

Un souvenir de toi m'y mène

Rien ne saurait plus m'effrayer
que tu ne fusses vague chose
insensible au parfum de rose
ou je plaidai quelque laurier

À qui ? À quoi ? À qu'est-ce ? À quai !


Où s'en remettre à son bonnet (bon nez ?)...

Célestine - Tous poètes

Sur une feuille de mon carnet, détachée,
J’ai tracé un cœur à l’encre desséchée,
Rien ne remplace tes mots, rien.
Ni la beauté de ce vieux chêne
Ni de mes amis le soutien.
Du chagrin j’ai senti l’haleine,
Fétide, je suis comme un enfant aquilon
Ment. Dans ma cervelle se promène
Une ambiance de triste plaine,
Et d’étroit et obscur vallon.
Je ne sais pas où cela mène.
Je ne voudrais pas effrayer
Mais je ne sais qu’une chose,
Je me sens comme une rose
Qui s’éplore loin de son laurier.

A Bricabrac, qui manque ici.

Où lire Célestine

mardi 30 janvier 2018

Cavalier - Tous poètes

Boomerang

La lune s'est détachée,
Et sous la terre desséchée,
Je ne suis plus rien…

Gravés sous le grand chêne,
Mes rêves sans soutien,
Sans les tiens, à perdre haleine,
Se sont enfuis, soufflés par Aquilon…

Sans âme, je me promène
En errance sous la plaine,
Sous le rocher, sous le vallon…

Sans savoir où il me mène,
L'Enfer ne pourra m'effrayer
Car j'ai perdu ma tendre Chose…

Après avoir cueilli la Rose,
J'ai le goût amer du laurier…

Marité - Tous poètes

Cékoidon.

Je l'ai tué, me suis enfin détachée
De ce machin à la peau desséchée
Et qui ne ressemblait plus à rien.
Je me suis réfugiée sous le chêne
Pour qu'il m'apporte son soutien.
Là encore  je sentais son haleine
Apportée par ce terrible aquilon.
J' ai vu son âme qui se promène
Vole, court et danse sur la plaine
Jusqu'à atteindre le fond du vallon.
Claude, je refuse qu'elle me mène
Dans ton enfer où tu veux m'effrayer
Je ne suis, las, qu'une pauvre chose
Aussi fragile et tendre qu'une rose.
Je sais. Je ne mérite pas de laurier !

Annick SB - Tous poètes

Ton poème …

La quinzaine de mots devait être piochée dans le sachet béant qui gisait sur la table après que l’horloge eut sonné les quinze coups de quinze heures
C’était précis
Détachée, tu enfouissais ta main dans le tissu et  avant de saisir une étiquette, tu remuais quelques instants, juste pour le plaisir, en pensant à ce que tu piocherais peut-être, imaginant comme toujours ce que tu allais écrire, cela va sans dire
Tu adorais ce jeu
C’était comme un scrabble mais en plus merveilleux
Tu aimais jouer avec les lettres, les mots, et la vitesse de tes pensées te faisait espérer un poème
Ton poème
Celui que tu aurais aimé lire et que tu griffonnais pour qu’il existe parce que personne n’avait pensé à le murmurer et qu’il avait envie de naître
Il est facile d’écrire quand la nuit tombe et que les étoiles commencent à s’immobiliser dans le ciel mais cela parait plus compliqué quand le clocher sonne les trois coups de quinze heures et que tu attends, desséchée la promesse du temps
D’ailleurs, qui t’a recommandée ?
Qui t’a hissée ?
Qui t’a propulsée à cette place, à cette table, à cet endroit précis où le sachet est posé et attend ?
Tu n’en sais rien
Tu es sous le chêne et tu entends la réplique des cloches
Il est temps maintenant que pioches et repioches en comptant
Quinze
Pas un mot de plus
Tu voudrais le soutien de ceux qui t’aiment et tu réalises qu’ils sont évaporés
 Personne n’arrive à saisir le désir que tu fais naître en ce lieu.
Tu l’espères
Tu le sens
Son haleine t’imprègne, son silence t’entoure, son souffle t’élève, sa Vie te fait vibrer et son aquilon te fait voyager dans le temps, dans l’espace
Tu ne le nommes pas car il est, Il est, IL EST en toi, par toi, pour toi et pour l’humanité, simplement
Créateur du beau et de tout ce qui fait vibrer ta peau et tes pensées
Vivant
Tu te promènes sur les nuages de louanges, effilochant les phrases et semant dans les plaines fertiles des champs de fleurs sauvages et puis sur les vallons des moutons qui ronronnent
Tu es libre
Oui, là, à quinze heures précises, assise sous ce chêne, tu es libre de dire et de crier la Vie
Libre de poésie sans rime et sans reproche
Libre d’aimer les mots et de les balloter de partage en partage sans savoir où cela mène
Il ne faut jamais s’effrayer des circonstances
Quelque chose te dit que ce mot ne peut plus faire partie du poème et pourtant tu l’as entre les mains
Tu hésites, tu ne sais qu’en faire
Le jetteras-tu ?
Deviendra-t-il rature ?
Je crois que tu décides de ne plus froisser ni les personnes  ni les choses ; tu le répètes à vive allure et il prend déjà le chemin des oubliettes !
Quatorze mots en main, tu te lèves et avide d’ambiance passionnée, t’approches de l’allée et cueilles sans te blesser une rose et quelques feuilles de laurier pour broder leur parfum sur les bords du poème…
Ton poème …

(Aujourd’hui je pense à ma mère qui n’est plus et dont je fête pourtant l’anniversaire ; elle aurait aimé lire ce poème et tous les vôtres aussi …) 

lundi 29 janvier 2018

Maryline18 - Tous poètes

Liberté

De vous, obligations me voilà détachée,
Vous m'avez asservie et laissée desséchée ;
Rendue lasse et coupable, de souvent trois fois rien...
Moi aussi j'ai envie de connaître sous le chêne,
Que m'importe vos cris, au diable votre soutien,
Les émois violents qui font perdre haleine !
Nul ne m'empêchera, ni vous ni l'aquilon,
D'aller dès l'aurore où le murmure promène :
Ses aveux qui réchauffent tous les coeurs dans la plaine,
Ses cris et ses soupirs audibles jusqu'au vallon !
J'irais enfin libre où mon amour me mène.
Voyez, vos menaces ont cessé de m'effrayer.
Je ne redoute plus de connaître la chose...
Je m'ouvre à la rosée, belle comme la rose,
Rebelle, je m'offre à lui, auprès du beau laurier...

Mapie - Tous poètes

Cette fois je m’y attèle à être détachée
De ces pauvres mortels à l’âme desséchée
D’eux, il ne me restera rien. 
Couchée là, au pied d’un grand chêne
Je cherche où est mon vrai soutien,
Le vent souffle à en perdre haleine
et j’ai si froid, c’est l’aquilon.
Sur mon cœur l’ombre se promène,
Est-ce un esprit qui parcourt la plaine, 
Suis je dormeuse du val ou du vallon ?
A quoi bon se battre, c’est la vie qui mène
Le jeu , quitte à vous effrayer.
Je ne saurai assurer la chose,
Mais il me semble toutefois garder la joue rose 
je ne reposerai pas aujourd’hui sur le laurier. 

Où lire Mapie

Laura Vanel-Coytte - Tous poètes

De la France détachée,
Je n’ai  pu  trouver la cascade desséchée, 
Rentrée dans mon pays, je n’avais plus rien. 
Plus de palmier, mais le chêne 
Il ne faut pas dire que j’ai eu peu de soutien.
Je pédalais dans la Drôme des collines à perdre haleine,
Le vent s’engouffrait dans la vallée du Rhône, l’aquilon 
Est-il plus porteur que ce désordre que je promène ?
Des  courants froids de l’Atlantique à la plaine 
Champenoise, de Casablanca au vallon
Des bulles dorées, la curiosité me mène 
A lire et marcher jusqu’à m’effrayer,
Tant de livres et chaque chose 
A découvrir alors que le temps de la rose 

Est plus court que de la gloire le laurier. 

Où lire Laura Vanel-Coytte

Vegas sur sarthe - Tous poètes

Là où y'a du chêne...

Fine bretelle détachée
brûle ma gorge desséchée
montent mes idées de vaux-rien
y'a du plaisir où y'a du chêne
un tapis moussu en soutien
mêlés son parfum, mon haleine
le trouble souffle en aquilon
sous son jupon je me promène
elle n'est pas morne sa plaine
ni ses mamelons, son vallon
alors c'est sa main qui me mène
pourquoi craindre de l'effrayer
quand elle cramponne la chose
j'ai droit au bouton de sa rose
à la couronne de laurier

Célestine - Tous poètes

Crise d’ado 
 
De ma famille enfin je me suis détachée,
J’ai bien trop peur d’une existence desséchée,
Entre ces quatre murs, à n’espérer plus rien.
J’ai attendu la nuit, passé la porte en chêne,
Comptant sur mon ami Suzy et son soutien.
Le froid a transformé en brouillard notre haleine,
Il souffle un vent furieux, serait-ce l’aquilon ?
Les voisins vont penser, tiens, elle se promène…
Mais n’ont-ils pas compris que je hais cette plaine
Et que je haïrais tout autant un vallon ?
Je veux ma vie à moi,  une vie que je mène
Loin de tous ces blaireaux qui veulent m’effrayer.
J’ai quinze ans, et des rêves, et ne veux qu’une chose :
Sortir de mon cocon, de candi et de rose.
Et ce départ sera mon tout premier laurier.

Où lire Célestine

Semaine du 29 janvier au 4 février 2018 - Tous poètes

En conservant uniquement le dernier mot de chaque vers du poème d' Antoine-Vincent Arnault "La feuille", nous vous proposons de créer votre propre poème sur le thème de votre choix.
Nul besoin d'alexandrins, faites vous plaisir et faites nous rire, frissonner ou pleurer.
Votre "feuille" devra nous parvenir avant le dimanche 4 février minuit à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com

De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ? — Je n'en sais rien.
L'orage a frappé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine,
Le zéphyr ou l'aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais où le vent me mène.
Sans me plaindre ou m'effrayer,
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.

dimanche 28 janvier 2018

Jacques - Faire le tour de soi

Douze heures.
Douze heures que je tourne en compagnie d’une cinquantaine d’énergumènes autour d’un pâté de maisons cossues de ce village des Yvelines, le long d’un circuit d’un peu plus de mille mètres. Je sais l’avoir parcouru plus de quatre vingt dix fois depuis ce matin, et je commence à sérieusement fatiguer.
Un peu plus de douze heures derrière moi, un peu moins de douze heures devant, il m’est plus facile maintenant de m’accrocher à ce reliquat en diminution constante.
Je commence à fatiguer, j’ai produit plus d’endorphines que mon cerveau peut en absorber et la surdose menace. La nuit a fini par tomber, chaque tour dure un peu plus longtemps et repartir de chaque arrêt à la table de ravitaillement est de plus en plus laborieux.
Avec la nuit, les enfants ont rangé leur vélos et déserté les rues.
Bientôt, ce seront les échos des soirées barbecue qui vont s’éteindre.
Bientôt, la vraie nuit de la circadie sera là, et malgré les autres zombies du circuit, je serai de plus en plus seul, seul avec mes idées décousues, mes ampoules, mes tendons douloureux, et je traînerai ma foulée hasardeuse et ma mélancolie grandissante sur ces mille trente mètres de bitume dont je commence à connaître chaque nid de poule.
J’attends comme je redoute cette malédiction ou ce charme de la course horaire, ce cœur de nuit où, jusqu’à ce que le levant s’éclaircisse, je suis seul avec mes regrets et mes espoirs, indifférent maintenant au tableau électronique qui égrène les tours.
Fidèle – ou prisonnier – de cette revendication de l’ultra endurance qui fait de chacun son plus redoutable adversaire, je me perdrai dans chaque tour du circuit qui s’est fait métaphore du tour de soi.

samedi 27 janvier 2018

Assoula - Faire le tour de soi

Le tour de soi….en amour 

Comment faire le tour de moi 
Alors que je suis complètement ‘’à l’est’’
En creusant dans ma mémoire 
Où se trouve cette bombe de tristesse 

Faire le tour de moi, de ma vie 
Cette vie où je me suis perdue tellement en amour 
Et là aujourd’hui 
J’en suis au point de non retour 

Je me suis enfermée dans ma tour 
Dévorée par mes erreurs
Mon cœur est si lourd 
Mes heures un déluge de pleurs 

Puissent-ils un jour me pardonner
Mon seul but était de les aimer 
Jamais je n’ai voulu les blesser 
Me reste mes jours pour regretter…

Où lire Assoula

vendredi 26 janvier 2018

Gene M - Faire le tour de soi

A t-on jamais fait le tour de soi ? Connais toi toi-même disait Socrate. Vaste programme !
Je pense que l'on ne fait jamais le tour de soi ni des autres d'ailleurs. Chacun est un mystère et une infinité de possibilités...
Il suffit d'une rencontre, d'un incident de parcours pour faire dévier une route toute tracée. Le hasard peut être, la destinée, je ne saurais dire...

Rêvons un peu, moi qui suis parisienne n'aurais-je pas aimé aussi vivre à Nantes, Rome ou Istanbul ?  Probablement..

Lorsque je voyage et que je visite une ville jusqu'alors inconnue la même question me vient immédiatement à l'esprit : "Pourrais-je vivre ici, être heureuse dans cette ville ?" et cela dans des villes aussi différentes qu' Ispahan, New York ou Acapulco.

Parfois je m'imagine dans une maison au bord de l'océan, j'aperçois les palmes qui oscillent doucement sous le vent du soir  et j'entends le bruit de la mer qui me berce et m'envoûte.
Et je me dis que j'ai encore beaucoup de choses à vivre et à découvrir...

Tiniak - Faire le tour de soi

DON DE SOIE (square dance)

Si je m'observe le flanc droit, je me bétonne
un souffle au coeur, mêlé de peur nègre et saxonne


Quand je me gratte le flanc gauche (avec un rêve)
il manque, à ce tableau, une montée de sève


Une plongée, du crâne aux pieds, ne m'apprend rien
que je n'aie remis, nu, toujours entre tes mains


A l'inverse, m'appréhender de bas en haut
conforte un besoin de travailler du chapeau


Rires et pleurs me conjuguent mieux au plaisant
bonheur de me sentir présent à chaque instant


Dessus, dessous, devant, derrière ou de côté ?
Ah, que veux-tu... Je ne vois rien d'autre qu'un bal
Négocions : ce tissu de peau pour ton cheval ?
Celui qui vient, crinière au vent, entre tes cuisses
Eh, poLésie ! monnaie ma mort contre un sonnet


Où tisser le plaisir de lire avec celui d'écrire...

jeudi 25 janvier 2018

Marité - Faire le tour de soi

A chacun son excursion. 

- Que fais-tu, là, dans le noir avec un bandeau sur les yeux ? Tes migraines ne te lâchent toujours pas ?
Marie enlève son turban et se redresse dans son fauteuil. Elle me semble bizarre aujourd'hui et émerger de je ne sais où.
- Non, ça va. Je faisais le tour de moi.
- Le tour de quoi ?
- Tu n'as pas lu la phrase de Gandhi qui dit quelque chose du genre : on apprend plus en faisant le tour de soi qu'en faisant le tour du monde. Je ne me lasse jamais d'apprendre alors aujourd'hui, je fouille...mon moi intérieur. Cela ne t'arrive jamais ?
- Moi ? tu veux rire. Si je tourne sur moi-même je ne saurai plus où je suis et qui je suis. J'aurai le tournis quoi.
- Pfffiou ! Que t'es bête quand tu t'y mets. Fais semblant de ne pas comprendre...
- Si, je vois tout à fait et je me demande quel intérêt tu trouves à t'auto-analyser. Sauf à ruminer toujours les mêmes questions.
- Il faut que je sache ce qui cloche en moi. Quand je l'aurai découvert, je saurai enfin pourquoi Claude est parti.
- Rien du tout. Claude a foutu le camp et bon vent. Tu devrais plutôt applaudir au lieu de regretter ce macho jamais content et qui te trompait en plus.
- Tu te moques de tout. Même de l'amour. Je ne sais pas comment tu t'y prends pour te comporter de façon aussi je-m'en-foutiste.
- Loin de moi l'idée de vouloir te faire du mal Marie mais je te répondrai que je ne cherche pas midi à quatorze heures. Je prends la vie comme elle vient et je me dis carpe diem. Essaie de ne plus perdre ton temps à te sonder. Bouge. Et tu verras que tout ira mieux.
- Tu ne t'es jamais interrogée sur ton passé : ton enfance, ton adolescence, ce qui a été ta vie jusque là, en somme ? Moi si. J'ai trouvé des explications à des problèmes que je pensais insolubles surtout concernant certaines blessures.
- Qui ne porte pas en lui des blessures jamais cicatrisées ? Mais ce n'est pas en grattant que les plaies guériront. Bien au contraire à mon avis. Pour panser ses blessures, il vaut mieux éviter de trop en chercher les causes.
- Je ne suis pas d'accord. Du tout. Il faut, au contraire extraire de son subconscient - ou du moins tenter de comprendre - ce qui réveille en nous de mauvais souvenirs nous faisant réagir de façon souvent exagérée. Il faut les exorciser et la meilleure façon de le faire est de les regarder en face.
- Des bêtises, tout ça ! On se croirait chez un psy et moi, tu sais, les psys, je les fuis.
- Nous sommes suffisamment proches pour que je te dise le fond de ma pensée : tu te comportes en indécrottable orgueilleuse et pour ne pas ternir ton ego, tu pratiques la politique de l'autruche.
- Mouais ! Mais bon, tu remarqueras que l'on se penche justement sur son ego souvent parce que quelque chose ne tourne pas rond.
- Normal. Cela permet d'avancer. Mais non, tu as tort : on peut aussi puiser des forces à se remémorer des moment de bonheur et tu ne peux pas savoir le bien que l'on éprouve.
- Laissons-là cette philosophie à deux balles. Chausse tes baskets et va te promener dans les bois.
- Cela ne m'aidera pas à résoudre mes difficultés.
- Écoute le vent dans les arbres, le chant des oiseaux, les murmures de la forêt. Écoute même le silence, il parle. Observe la nature. Tu vas relativiser. Pour moi, c'est la meilleure thérapie qui soit.
- Parce que tu penses que la nature est un baume ?
- Est-ce que les animaux se posent des questions existentielles ? Ils vivent tout simplement. Il serait bon que nous apprenions à utiliser notre intelligence de façon moins futile.
Tu seras surprise, au bout du chemin de constater que tu n'as pensé à rien, absolument rien. Je t'assure, on se sent lavé, ressourcé.
- Peut-être mais je ne saurai jamais pourquoi Claude m'a quittée.

Joe Krapov - Faire le tour de soi


Andiamo - Faire le tour de soi

J'en ai fait des tours, des détours, des tours de con, des tours et des retours, des tours de manège étant minot, j'ai travaillé sur un tour sans ramener ma fraise !
J'ai traversé Tours, grimpé le Tour Mallet, et la Tour Eiffel (sur le tour... Pardon le tard). Visité la Tour Magnes à Nîmes, suis je pour autant magnanime ? J'ai eu plus d'un tour dans mon sac en faisant des tours de passe-passe. J'aimais regarder chaque été le Tour de France, mais depuis qu'ils sont dotés de vélos électriques, ça ne m'intéresse plus vraiment.

J'en ai fait des tours de cour quand j'étais puni à l'école, j'étais un cancre, et c'était souvent mon tour ! Mes jolies fiancées avaient de beaux atours, je sortais avec elles, chacune leur tour ( là je me vante).

J'ai traversé le Mercantour, je n'ai pas de tour d'ivoire, en résumé j'ai fait beaucoup de tours, mais le tour de moi ? à quoi bon je le dis sans détours, ça n'intéresserait que moi... Et encore !

Pascal - Faire le tour de soi


La grande illusion 

Avec le temps, quand la passion de l’Amour se ternit, s’use et s’estompe, il te reste les dommages collatéraux : une femme, des gosses, une baraque, des crédits et des chaînes aux pieds pour ne jamais t’en séparer. Te voilà préoccupé par cet extraordinaire devoir de sacrifice d’élever cette progéniture qui, un jour, te crachera forcément à la figure…

Pour y arriver, tu as fait des concessions, tu as tiré des plans sur la comète, t’as menti, t’as cru, t’as espéré, t’as rêvé, t’as osé, tu t’es battu, t’as tué ; un à un, avec tes moyens, bons et mauvais, t’as grimpé tous les barreaux de l’échelle sociale et, de là-haut, le paysage n’est pas fameux ; tu n’as même pas le vertige. Tu te demandes tout à coup si toute cette débauche d’énergie valait ce point de vue, sans véritable couleur.
Un jour, un jour seulement, t’as tenu le monde entre tes menottes ! T’as regardé le soleil dans les yeux ! T’as même supervisé l’univers avec des pensées d’argonaute !
Toujours en rudesse, t’as pris tout ce que tu pouvais prendre et t’as jamais dit merci parce que, dire merci, ce n’est que de la faiblesse…

Ce que tu prenais pour des actes d’héroïsme, ce n’était que de l’opportunisme. Pourtant, t’es presque heureux ; ni galérien, ni kamikaze, ni soldat, ni lépreux, ni gladiateur, t’as évité les guerres, la peste et le choléra ; t’es passé au travers du suicide, des accidents et des faits divers. Ta génération est bénie, tu n’as jamais eu faim, ni froid, même si tu crains les bousculades. Tu ne seras jamais un héros ; t’as jamais été courageux pendant les moments d’empoignade…

En équilibre instable, t’as rien compris ; t’as été malaxé par le tourbillon de la Vie, concassé par ta destinée, brutalisé par le hasard, galvanisé par ta libido de petit Roméo !
La Nature t’a berné ; elle t’a seulement réclamé la dette de ta descendance. En échange, avec sa poudre aux yeux, ses faux-semblants, ses artifices, ses pansements, elle t’a baladé dans ses décors et tu n’y as vu que du feu. T’es formaté jusqu’à l’os, bonhomme. Et ces femmes, ces femmes ! Celles qui remplaçaient inlassablement les précédentes, tu ne leur trouvais grâce et séduction que par la force des plaisirs de la chair.
Reproducteur, sans le vouloir vraiment, t’as fait ton devoir de chaînon manquant et tu as rendu ta copie à l’humanité ; ce n’est pas fameux mais tu as fait comme t’as pu. Modeste pièce de puzzle, tu auras comblé, avec ton temps, une infime parcelle des quelques six milliards d’années de cette planète…

Allez, ose un seul tour sur toi-même, pas deux : veule comme tu es, tu te surprendrais à valser pour éluder la Question. Quand tu te retournes, regarde un peu plus loin que ton ombre servile ; on ne voit bien qu’avec les tripes. Tout bête, parce que ça te saute aux yeux, tu t’aperçois que t’es moins qu’une poussière, t’es moins qu’un soupir, t’es moins qu’une goutte de pluie, qu’une merde, et cela a toujours été. Aujourd’hui, tes certitudes sont périmées, tes repères sont archaïques, tes réalités s’écroulent. Ce qui était vrai hier est faux aujourd’hui ; le sol est mouvant et t’as l’impression qu’il va t’aspirer. Tu as une sagesse approximative qui ne correspond plus à l’air du temps. Condamné, tu subis la sentence de l’inexorable…

Pourtant, un jour d’imposture, t’es fier d’être le patriarche à ta table ; t’es le prélat sous ton toit ; on a pour tes cheveux blancs des déférences complaisantes, des politesses hypocrites, des tolérances captieuses. Tu trônes en maître mais personne ne t’écoute ; quand tu pouvais parler, tu n’avais rien à dire et maintenant que tu le peux, tout ce que tu argumentes est obsolète, et personne ne prête attention à tes sermons radotés…


Dis ? Tu réalises enfin ? La vie qu’on t’a donnée ne t’appartenait même pas. Tu es né breton, catholique et blanc, tu aurais pu naître lapon, musulman ou sénégalais. Par hérédité, obligation, jalousie, cupidité, orgueil, mimétisme, coincé dans le moule, t’as fait comme les autres. Matérialiste, pour te raccrocher à quelque chose, t’es fier de ta maison avec vue sur la mer, de ta piscine, de tes arbres, de ses quatre chambres, même si plus personne ne vient dormir chez toi. Aujourd’hui, tu évolues dans un monde que tu ne reconnais pas. Tu n’es même plus capable de ranger tous les événements neufs dans l’ordre de ta compréhension. Il te reste des habitudes pour combler ce mal-être pesant, cette pré-radiation galopante, cette insidieuse mise sur la touche…

T’as commencé à vieillir quand le Feu Sacré ne te brûlait plus. Te voilà raisonnable par la force de tes faiblesses. Finis les excès, les nuits magiques, les frissons d’alcôves ; ton corps te rattrape et tu sens que tu vas morfler pour tous les écarts que tu lui as fait subir, pendant les années d’allégresse. Retraité de corps et d’esprit, te voilà devenu vieux avant d’être adulte, te voilà construisant des maquettes de souvenirs ; t’es supporter, t’es choriste, t’es collectionneur, t’es le roi du loto du dimanche, t’es bouquiniste, t’es « pétanqueur », tu ne rates aucun des repas du troisième âge, tu vas aux champignons, tu vas à la pêche, tu vas aux commissions, t’emmènes madame faire quelques voyages, t’es de toutes les attractions. Tes petits-enfants qui sautent sur tes genoux ?!... Ils arrivent d’une autre planète ! Ils remarquent tes rides, ils comptent tes larmes de vieux, ils te chassent, ils te poussent dans le trou. Ils ne se voient pas dans ton visage et c’est tant mieux : la supercherie perdure. Ha, ces petits merdeux, sans nulle compassion ; avant, tu regardais avec application leurs bulletins de notes, maintenant, tu examines, avec appréhension, tes résultats d’analyses…

Parce que tous les hommes sont des lâches, parce que la Passion se meurt, tu voudrais que toutes les peaux de saucisson empilées sur tes yeux ne s’écartent jamais ; avec tes œillères, tu es comme un cheval de labeur au bout de son dernier champ. Ha oui, tu picoles un peu, juste pour avaler la pilule…
Bien sûr, t’as des espoirs, aussi, mais ils n’appartiennent qu’à toi ; ils sont des rêves insensés, sensationnels, qui ne s’exauceront jamais, et c’est tant mieux parce que tu ne serais qu’un petit enfant naissant devant ce nouveau défi.
Gamin, tu as évité l’ablation des amygdales, de l’appendice et des dents de sagesse, tu n’échapperas pas à la prostate, aux rhumatismes et au dentier ; Parkinson te guette avec ses frissons intenables, Alzheimer ne t’oublie pas et que dire du cancer, tapi dans tous tes recoins…

Alors, au bout du rouleau, t’as la bête impression d’avoir gaspillé ta vie ; l’Amour et tout son cortège de « je t’aime », ses poèmes à l’eau de rose, ses sourires mystérieux, tout ça, ce n’était que pour mieux t’empoisonner à la cause de cette Nature emprisonnante. T’as un sale goût dans la bouche, tu t’es mordu ta lèvre ; il te semble que tu as raté un million de choses. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait… Toi, t’aurais bien aimé refaire quelques tours de manège, caresser le visage de ta maman, escalader des montagnes, multiplier des records qui ne servent à rien, visiter Mars, Jupiter, soigner les ours polaires, réécrire Vingt mille lieues sous les mers, monter sur des planches, jouer Sganarelle, tenir, du bout des yeux, un cerf-volant sans ficelle…

C’est l’emballage final, ton étoile se meurt. Sentant la camarde en route, t’as un regain de piété ; n’as-tu donc pas été, un jour, baptisé ? Allez, trêve de confidences, c’est l’heure ; ta carte vitale est à jour. T’as même pas peur d’y aller du cigare ; t’es en règle…
Pauvre type… t’as toujours été en règle…

Annick SB - Faire le tour de soi

La spirale …

Je ne suis pas très calée en géométrie ; je ne sais pas dessiner, concevoir, tracer une coquille de Nautilius Pompilius par exemple.
Mais je suis pourtant une collectionneuse d’escargots.
Je les aime, vivants ou morts ; ils se fondent dans mon décor.
Il y a ceux qui se cachent dans la terre, sur les fleurs. Ceux qui s’agrippent sur les tiges des herbes sèches de Provence. Certains sont nacrés, d’autres cassés, fêlés ; ils me font délirer ! Je prends plaisir à les photographier.
J’aime les coquilles, vrai de vrai !
Peut-être parce qu’on ne peut pas en faire le tour.
J’ai réalisé également que, comme eux, je n’arrive pas à tourner en rond autour de moi comme on me le demande parfois de manière impromptue ; ça ne marche pas.
Résistance …
Ce n’est pas que je fasse preuve d’une quelconque mauvaise volonté, ni que je veuille jouer sur les mots et rentrer dans ma coquille, non : il m’est impossible de faire le tour de moi.
Je suis entrée dans une spirale.
Voilà ; c’est comme ça !
Je ne peux plus tourner en rond.
C’est trop con !
Impossible de fermer la boucle.
Je ne peux pas m’arrêter.
Impossible de rester clouée chez moi ou dans la foule …
Faut que ça déboule !
Les idées, les clichés, les pensées, les dictons, les sermons, tout y passe, tout s’amasse puis soudain se déroule calmement comme la houle de l’océan faisant voguer la noix et l’allumette.
J’avance.
Je suis en marche ; politiquement incorrecte, je sais, et sans grand respect pour les donneurs de leçons blindés qui nous bassinent à longueur d’ondes nous prenant pour des mollusques en carton.
J’ai trouvé mon chemin ; il n’y a plus d’errance, plus de détour …
Résistance…
Je ne fais que m’élever et dès que j’ai le dos tourné, je sens la passion monter, monter, monter …
Je suis comblée.
J’aime le clamer.
A chaque tourbillon, c’est coton.
Je me dirige vers l’horizon qui est devenu bon.
Lumière infinie, cachée parfois par quelques Nébulus éphémères selon les saisons…
Vous pensez que je divague, que je m’égare, que je suis fêlée comme les coquilles que j’aime amasser ?
Pas de panique !
Je vis en Paix.
Je marche vers l’Eternité …

TomTom - Faire le tour de soi




Papa est mort il y a deux semaines, ou trois, je ne sais plus. On l’a enterré, puis vidé sa maison, dispersé ses affaires et réparti sa fortune en accord avec ses dernières volontés. Que faire maintenant que je suis seul et que la paperasse n’est même plus là pour m’empêcher de penser vraiment. Orphelin et abasourdi, la logique psychologique et sociale voudrait que je commence mon « travail de deuil ». Pourtant je me sens tellement mal que je m’écroulerais si je parlais. Hors de question d’aller consulter. Et hors de question de retourner au bureau. Les collègues s’y prennent comme des manches : je lis trop de pitié dans leurs yeux et trop de gêne dans leurs mains pour ne pas avoir envie de les frapper. Ce n’est pas la mort qui me met en colère, mais la bêtise des gens, leur incapacité à faire comme si de rien n’était pour qu’à mon tour je puisse me dire que rien n’a été. Ce n’est plus la fatalité qui m’enrage lorsque je suis face aux autres, mais les contingences qui entourent la mort. Devoir « donner le change », me comporter comme un homme qui vient de perdre son père est censé se comporter, être à la hauteur de leur pitié, paraître triste.
Je ne suis pas triste. Je suis sonné. Je ne veux plus voir personne car ils risquent tous de me faire perdre mes nerfs, et avec eux ma dignité et mon CDI. Je dois prendre un congé sabbatique. Mon patron ne me le refusera jamais, il tient trop à moi. Un développeur Web trilingue mandarin-japonais-français, ça se dorlote. J’ai besoin de faire le tour du monde, d’aller partout où papa n’est jamais allé et où personne ne sait. Oublier mes soucis existentiels, mon petit ego ridicule avec ses problèmes de fatalité et constater que le monde avance sans moi. Voir l’Asie, ses sourires, souffrir au milieu de sa chaleur et me laisser consoler par ses mets. Voir l’Amérique, ses étendues parfois moroses qui me feront rétrécir, emportant dans l’immensité de Dame nature mes questionnements ridicules d’orphelin. Enfin rentrer voir l’Europe, ses cathédrales, ses châteaux et même ses tumulus qui me rappelleront que bien des hommes sont morts avant papa, voire parfois des civilisations avec eux. Faire un long tour du monde pour faire un minuscule tour de moi-même.

Où lire TomTom

Stouf - Faire le tour de soi

Bénis soyez vous sœurs et frères, papa vous aime et certaines et certains l'appellent même dieu. Il est vrai que beaucoup d'autres lui font porter d'autres noms, selon la communauté de leurs coreligionnaires mais … papa a le dos large et vous aime tous !
En effet, certains me nomment moi-même curé ou nonne ou même jésus et … ah nooon eh … peuuh … chcroonk … nardine zobi … y en a marre ! J' veux de la meuf !!
Ainsi donc sœurs et sœurs ( surtout les nonnes blondes à fortes poitrines ) je vous invite à faire le tour de moi en portant une robe de soie et en chantant cette fameuse chanson foutbalistique «  Allez Louya ! ». Il est certain que papa sera très happy et que vous serez bénites entre toutes les saintes.
Sinon, mon 06 c'est …;o)

mercredi 24 janvier 2018

Lira - Faire le tour de soi

Inachevable voyage

S'approcher du plus haut
De ses rêves
Et se pencher au-dessus
De ses failles profondes
Au cœur du tourbillon
Prendre mesure de son désert
S'abreuver à ses brèves patiences
Entendre son cri
Ou son chant de velours
Et déchiffrer dans la fissure
Les mots gonflés de fiel
Qui s'accrochent aux lèvres
Entrer dans sa demeure
D'ombre et de clarté
Où ferraillent
Le cruel et le tendre
Le désir et la cendre
Le doute et l'évidence
Les prendre pour bagages
Et tenter
L'inachevable voyage
Faire le tour de soi