jeudi 28 juin 2018

Jacques - Les hommes tomates

Prospective cybernétique


« Et alors, si tous tes copains vont se pendre, tu vas faire pareil ? »
Machine apprenante : « Oui, bien sur ! »
Blague d’informaticien, 2018.

Quel naïf étais-je, lorsqu’il y a quelques années je répétais cette blague d’informaticien à qui voulait bien la comprendre !
Parce que ça, c’était avant. 
Avant la Singularité.
Ah, que ne nous l’avait-on pas vendue, prédite, annoncée, cette perspective du jour où l’Intelligence Artificielle dépasserait notre intelligence naturelle de médiocres mammifères, car elle serait tellement plus rapide, plus encyclopédique, plus communicante, distribuée, agile, plastique, résiliente, que sais-je encore ?
Je ricanerais bien, si je n’avais pas les lèvres gercées. 
Elle est bien venue, la Singularité. Mais là où l’on pouvait redouter des machines transformant l’humanité en un vaste troupeau de créatures immatures, exploitées ou juste mises sous tutelle dans le moindre des détails de leur quotidien, voire tout simplement exterminées car consommatrices inutiles de précieuses ressources, il n’y a tout simplement plus rien eu. 
Non point qu’il ne se soit rien passé. 
Ce qu’il s’est passé, c’est qu’il ne s’est plus rien passé. 
En l’espace de quelques jours, tout c’est arrêté. 
Tous ces systèmes d’information bâtis sur l’approximation dont nous étions, misérables mammifères, venus à dépendre pour la moindre de nos activités, par paresse des uns et appât du gain des autres, se sont effondrés. 
Sans doute ne saura-t-on jamais quel grain de sable a coincé quel flux de données, quelle information n’a pas été comprise, quel développeur paresseux n’a pas fait l’effort de prévoir une intervention humaine sur une catégorie d’erreurs...Mais voilà : de proche en proche, tout a cessé de fonctionner, l’électricité et l’eau d’être distribuées, les réseaux se sont tus, l’argent a disparu des banques, la disparition des espèces – quel progrès, toute cette monnaie qu’il fallait gérer – n’a plus permis à l’économie de fonctionner. 
Plus de trafic aérien, plus de trains, les flux logistiques se sont effondrés et plus rien n’est venu remplir les rayonnages des supermarchés, ni les entrepôts de la plus grande épicerie du monde. 
Dépourvus de ces appendices qui nous reliaient au réservoir d’informations du cyberespace, nous nous sommes trouvés démunis, incapables d’accéder à l’information nécessaire à nous adapter. Ceux qui avaient un point de chute là où il était possible d’élever des animaux et de cultiver quelque chose ont vite fui, mais dans les fermes géantes, dépendant des systèmes d’information géolocalisés, on avait du mal à trouver dans quel champ planter quoi. 
C’est comme ça que je suis là, sur cette autoroute déserte recouverte de neige, et que je marche, de plus en plus difficilement. 
Dans le temps, j’avais des amis au fond de l’une de ces vallées. Montagnards débrouillards, ils avaient encore des bêtes et des champs. Il me reste une cinquantaine de kilomètres à parcourir, dans ce froid sibérien, et si j’ai pu survivre jusqu’ici, parce que j’avais à la maison des livres expliquant comment faire, je ne sais pas combien de temps je tiendrai encore le ventre vide dans ces conditions. 
Mourir de faim et de froid est tout de même sacrément inconfortable. 
Je me souviens encore avoir lu que, lorsque toutes ses réserves sont épuisées, le corps consomme les protéines des muscles restants pour nourrir le cerveau. Curieux destin qui maintient en vie, jusqu’à l’absurde, l’organe qui a causé ma perte. 
Parce que, je ne vous l’ai pas dit, mais si ça se trouve, l’informaticien paresseux à l’origine de ce merdier, c’est peut-être moi...

Marité - les hommes tomates

La valise rouge.


Une folle rumeur court selon laquelle un événement exceptionnel va se produire à la salle des fêtes de Castelbrousse qui est pleine à craquer. Le premier magistrat et ses condisciples occupent la grande estrade. Ils peaufinent le discours qui doit être prononcé. Un brouhaha confus monte sans cesse, interrompu brusquement par l'arrivée du représentant de l'Etat arborant veste à galons, casquette et gants blancs. La cérémonie va commencer.

Mauricette, vêtue d'une robe à grosses fleurs roses accentuant ses rondeurs et coiffée d'un improbable bibi  puce s'avance timidement vers les sommités. On la fait asseoir près du pupitre où flotte le drapeau tricolore. Mauricette n'ose plus bouger et rougit beaucoup quand Lucien Beauparleur, le maire entame son allocution en s'adressant directement à elle : 

- Je suis heureux ainsi que tous nos concitoyens ici rassemblés de vous recevoir aujourd'hui. Nous avons l'honneur et le plaisir de vous remettre ce diplôme très mérité de la famille nombreuse...Blablabla... Je laisse la place à Monsieur le Sous-Préfet qui tient tout particulièrement à vous féliciter.

- Chère Madame Courtecuisse, je vous présente, au nom de la République et en mon nom personnel  tous mes compliments pour vos réels efforts envers la Nation : dix enfants, quel beau geste et quel courage alors que la plupart des ménages...Blablabla... Mais quittons maintenant le protocole et passons aux choses sérieuses. La République reconnaissante a décidé de vous récompenser comme vous le méritez. 

Deux hommes apparaissent sur le podium poussant devant eux une grosse valise rouge. Tout le monde dans l'assemblée retient son souffle et se demande quel cadeau va recevoir Mauricette. Des "oh" et des "ah" s'élèvent quand de la malle émerge une créature bizarre. Elle ressemble à une femme mais ce n'est pas une femme. Enfin, pas tout à fait.

Sur l'injonction du Sous-Préfet, la créature se déplie et se dirige vers Mauricette. Elle s'incline devant elle et dit très clairement : "Je m'appelle SU 08. Je suis votre femme de ménage." Mauricette se lève, tellement ébranlée que son bibi ridicule tombe sur ses yeux. "Mais...Mais...Ce n'est pas possible. Pas de ça chez nous. Je ne veux pas de cette chose. Elle me fait peur. Et puis regardez-là, on dirait qu'elle se moque de moi."

Pendant qu'on range SU 08 dans son emballage, les voisins s'affairent auprès de Mauricette lui assurant qu'elle a une chance extraordinaire, qu'elle va pouvoir enfin se reposer et allonger ses jambes variqueuses etc...etc...Chaque commère affirme qu'elle saurait bien qu'en faire de la SU 08. Vous vous rendez compte : ça obéit au doigt - c'est le cas de le dire - et à l'œil, c'est le cas de le dire aussi, ces machins-là. 

On sert un vin d'honneur qui requinque un peu la pauvre Mauricette et tout le monde rentre chez soi. Devant la porte de sa maison, la valise rouge attend. Mauricette s'arrête, perplexe. Puis, courageusement empoigne la valise qu'elle case dans un placard. On verra plus tard. Assez d'émotions pour aujourd'hui.

Le lendemain matin, alors que Mauricette s'apprête à prendre son petit déjeuner, SU 08, mystérieusement sortie de son cagibi, surgit devant elle, lui arrachant sa casserole de lait. Mauricette recule, le souffle coupé. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tartines beurrées et confiturées rejoignent le bol Mickey, le préféré de Mauricette et SU 08 l'invite d'un geste saccadé à s'asseoir à table. 

Après la vaisselle, l'aspirateur ronfle dans toute la maison manié de main de maître. Un coup d'œil dans le frigo et voilà le repas de midi prêt à être dégusté. Mauricette n'en revient pas : SU 08 a concocté un délicieux pot-au-feu. La créature se dirige vers le salon, allume la télé, tapote les coussins du canapé et prenant la bonne femme par le bras, l'installe confortablement. 

Mauricette se dit que finalement, la République a eu une bonne idée et d'aise, pique un petit roupillon. Quand elle se réveille, alertée par des bruits bizarres, elle ne peut que constater les dégâts : SU 08 a vidé tous les placards et empile dans des sacs poubelle les souvenirs de sa patronne. Mauricette voit rouge et se précipite pour arrêter le massacre. 
- Qu'est-ce que vous fabriquez là ? De quoi je me mêle ? (Mauricette ne peut pas se résoudre à tutoyer "l'engin")
- Bon à jeter lance SU 08 qui continue à empiler photos, vieux papiers, dentelles, châles, charentaises...
- Ça va pas non ? crie Mauricette horrifiée.  Elle se rue sur SU mais cette dernière l'écarte d'une main de fer et force la vieille femme à rejoindre son fauteuil. 
Les sacs poubelle s'empilent dans le couloir devant une Mauricette médusée qui n'ose plus intervenir tellement SU 08 la dévisage de ses gros yeux ronds, rendant toute approche délicate.

Que faire ? Mauricette a une idée : elle va retourner le colis à l'envoyeur. Doucement, elle sort la valise rouge du placard et saisissant son téléphone appelle le maire.
- " Lucien, viens tout de suite chercher le cadeau de la République. Je n'en peux plus de cette "chose" qui m'empoisonne la vie depuis ce matin. Je préfère crever à la tâche plutôt que de voir ma maison sens dessus dessous. Et pas question de lui foutre mon pied au cul à cette garce sous peine de me briser les os sur sa maudite carcasse." 

mardi 26 juin 2018

Mapie - Les hommes tomates


Imagine un peu  ...  

Je t'offre d'entrer  là dans le champs des possibles... Une version remastérisée de ta vie... avant même de l'avoir finie...

 N'as-tu pas déjà eu un jour envie d'être spectateur,  non plus de Ta vie, mais de Tes vies ?

Tu serais installée dans ton tube cryogénique, bien conservée à l'abri des radicaux  libres (eux ! ... et oui... c'est un peu la limite du système... ton espace libre se rétrécit  à proportion inversée de celui de tes vies ) .

Mais peu importe... car tu pourrais regarder sur les multiples écrans de ton cinéma personnel, ta version 001 ou 2 ou 3... s'éclater dans la vie qui aurait dû être la tienne.

Chouette non ?

Tout y passerait... le travail, la jeunesse, les amours, les tristesses, la vieillesse et les maladies... et toi, toi... tu observerais cela sous blister... au frais... Sans le moindre sentiment, gelée que tu serais... au plus profond de ton corps  et de ton cœur... Plus de bonheur, plus de douleur... juste du factuel. 

Imagine un peu.... Tu conserverais ces versions même une fois périmées... pour les rendre moins vulnérables et plus sophistiquées à chaque fois. 

Enfin, je dis Tu... mais il est évident qu'il s'agit là de sous-traitance... ta version 002 mettra au point la 003 qui elle même se chargera de la 004... et ce jusqu'à.... la perfection. Ta perfection.

Ta version une fois parfaite pourrait te réchauffer  et faire de toi son clone...

Tu deviendrais alors le clone remastérisé de ton propre clone...

Tu vivrais alors la vie clonée de ta propre vie...

Chouette non ?

- Et les autres ? Ils seraient où, les autres ?

- Quels autres ?

- Et bien la société... Celle dans laquelle je vis.. Mes frères, mes pairs...

- Ah eux...

Et bien, en fait, cela dépend de toi, de tes Toi successifs... Tu comprends, devenir parfait exigera sans doute des choix, des compromis, des sacrifices... Toute amélioration entraine un peu de ... déchets...  mais indolores, pour toi, je te l'ai dit...  Il ne s'agit pas là de gâchis... non, non, non...
Tout est sous contrôle au profit de Ta vie ! 

Bon je te laisse réfléchir...  pendant que tu le peux encore...


Notes personnelles :  
Après un entretien poussé , je crois pouvoir dire que la patiente  version Bêta n'est toujours pas prête à accéder à sa version Excellence... 

Tiniak - Les hommes tomates

Panpan2058

- Bien le bonjour, D***.
- Bonjour, Tribune.
- Besoin de quelque chose ?
- Non, je vais faire caca et je sais m'essuyer.

***

- Bien le bonsoir, D***.
- Bonsoir, Tribune.
- Besoin de quelque chose ?
- Non. Cette femme et moi, nous rentrons forniquer.

***

- Bien le...
- Ta gueule, connasse !
- Besoin... ?
- Que tu me foutes la paix !!

***

- Bien le bonjour, Monsieur F***.
- T'es qui toi ?
- Je viens vous lire vos droits.
- Mes droits ?!! Mais tu les as mangés !

***

- Numéro sensible : ***_***
- Oui ? Quoi encore ?
- Présentez-vous au Corridor.
- Depuis le temps que j'attendais... !

***

- Alerte à toutes les patrouilles !
- Il est foutu, votre zinzin !!
- Visez le cerveau... ou les couilles !
- Je ne mouille que pour demain !!

***

- Allo, connard ?
- Krsmptgfeu ?
- On t'en ai foutu plein les yeux !!!
- Fgttmmplkar...

***

- Bonjour, chéri. T'es rentré tard ?
- Oui, désolé. 'Fallait finir.
- Encore ce jeu et ces bâtards !!?!!
- Ben... On aurait pu tous mourir...

***

- Bien le bonjour, D***.
- Bonjour, Tribune.
- Besoin de quelque chose ?
- Non, j'ai bu mon soda et je vais travailler.

Où osciller entre rébellion et envie d'en rire...

Mister K - les hommes tomates

La culture de l’ersatz
Allait bon grain
L’automate cerise 
faisait rougir les tomates  
près de l’atelier devant un rabot gris 
oublié par un robot hâtif

Son clone chaussait du 54
Et l’avait dans le nez 
Au palais même le substitut
Avait son hologramme  
Les sosies de Strasbourg
N’étaient que répliques 
Andromaque privée de racines
Devint Androïde
Littérature envolée 
Que la Machine avalait

Bientôt était déjà 
Et la question émergea 
L’intelligence artificielle
Allait-elle supplanter
La connerie naturelle ?

lundi 25 juin 2018

Andiamo - Les hommes tomates


Hologramme.

- Chérie ?
- Oui namour ?
- Ça y est, je l'ai enfin !
- L'holo... L'hologramme de Papa ?
- Oui ma chérie, regarde...

Bertrand extirpe de son petit sac en cuir marron une boîte de dimensions assez réduites, ouvre délicatement l'une des extrémités et en sort une clé U.S.B, les deux faces sont en nacre.

- Oh ! Comme elle est jolie, s'exclame Lucienne, vite, essayons-la !

Depuis une dizaine d'années, la "life and death consort limited" avait mis au point une technique permettant de restituer une image en 3D, un hologramme pour être plus précis, permettant à partir de photographies, de film vidéos, de restituer une image en relief d'une personne décédée.
On pouvait ainsi asseoir à la table familiale, et ce autant de fois qu'on le désirait, un être disparu et, comble de la technique, on pouvait à l'aide de l'écran tactile de l'émetteur recevant la clé, modifier ses attitudes.
Assis à une table, il faisait mine de manger, assis dans le canapé face à la télé, on pouvait le faire bâiller et même dormir ! Décidément, en 2050, on savait en faire des choses !
Pourquoi Lucienne avait-elle choisi de faire "holographier" son cher Papa plutôt que sa mère ? Cette dernière s'était tirée du domicile conjugal alors que Lucienne n'avait que deux ans pour suivre un mec qui avait participé à une émission de "télé réalité" du genre : "plus con que moi, tu meurs". Il avait gagné, mais n'était pas mort pour autant.
Alors c'était Georges son père qui l'avait élevée, fort bien du reste, se sacrifiant afin qu'elle ne manquât de rien. Elle se sentait un peu redevable, et c'est pourquoi, malgré le prix exorbitant du boîtier de téléchargement et de la petite clé nacrée, elle avait tenu à lui prolonger un peu la vie par le truchement de la technique.

Adeline et François, les enfants de Lucienne et Bertrand, s'amusaient parfois avec l'hologramme de l'ancêtre, ils lui collaient les doigts dans l'œil, faisaient mine de tirer sur sa moustache. Bien sûr, l'image étant virtuelle, les mains des enfants ne rencontraient que le vide !
Un jour pourtant, François crut voir Papi Georges froncer les sourcils et lever la main comme pour frapper ! Et ce, sans que personne ne manipule l'écran ! Le gamin prit peur et ne recommença jamais ses facéties.

En ce matin de mai, un dimanche, le temps était superbe. Dans leur petit pavillon de la banlieue nord, Lucienne et Bertrand se reposent sur la terrasse face au jardinet très bien entretenu grâce aux soins de Madame. C'est pas trop son truc à Bertrand le jardin, il préfère construire des avions, des modèles réduits qu'il fait voler ensuite.
Pour l'heure, il prend l'apéro avec sa femme, un petit jaune pour lui, un Martini on the rock pour elle. Alors Lucienne se lève soudain :

- Je vais aller chercher Papa !
- Si tu veux ma chérie...

Deux minutes plus tard, elle installe le boîtier de lecture sur la table, introduit la jolie petite clé nacrée et effleure l'écran tactile. Georges, moustache lissée, apparaît dans le fauteuil de Bertrand.

- Ah non, pas MON fauteuil ! Allez coller vot'fion ailleurs !

Lucienne manipule l'écran, et Georges se retrouve assis un peu plus loin dans un fauteuil de jardin garanti "grofilex", et là Bertrand croit le voir bougonner...
Les enfants se balancent et rient, un portique avec différents accessoires avait été installé par le grand-père justement, et Bertrand le surprit encore regardant dans cette direction, sourire béat sur les lèvres.
Il se frotte les yeux, incrédule.

- Lu... Lucienne, t'as pas touché l'écran ?
- Ben non pourquoi ?
- J'ai vu ton père sourire, Lucienne, en regardant les enfants jouer !
- Bertrand arrête le jaune.

Les yeux mi-clos Bertrand somnole, la matinée est si douce, du coin de l'œil il observe son beau-père... Enfin ce qu'il en reste. Et là, très nettement, il voit le regard de Georges se tourner vers la bouteille de pastis, puis revenir vers lui, un clin d'œil, et un petit coup de menton signifiant : "je m'en jetterais bien un" !
Bertrand se lève d'un bond, à croire qu'un ressort lui a poussé au cul !

- Lucienne ton père a bougé, je suis formel, il m'a fait un clin d'œil après avoir lorgné sur la bouteille de pastis, j'ai pas rêvé, et je n'ai bu qu'UN jaune nom de Dieu !
- En plus tu blasphèmes, mon pauv' Bertrand...

Bertrand a allumé le barbecue et fait griller quelques merguez, des steaks hachés pour les gamins, des tomates cuites sur la grille. Tout à l'heure, il fera chauffer des petits morceaux de camembert, étalés sur du pain frais, un régal !
La bouteille de rosé de Provence, au frais depuis le matin, accompagne bien les merguez.
Le chien "Titus" un corniaud bon teint garanti multi races plus une, rôde. Il s'approche de grand-père, renifle l'hologramme qui ne sent rien, juste une légère odeur d'ozone, lève la patte, et pisse sur ce qui devrait être la jambe de pantalon de Georges.
A ce moment-là, Lucienne et Bertrand entendent le chien pousser un gémissement et le voient projeté violemment en avant. Très nettement, ils aperçoivent le pied de Papi Georges revenir posément sous la chaise...
Ils se regardent incrédules, ni l'un ni l'autre ne mouftent, par crainte de passer pour fous.
Lucienne a essuyé la pisse du chien en maugréant, on a laissé Papi sur la terrasse, il prendra des couleurs a t-elle plaisanté. Bertrand est parti faire voler son "Space Walker", un avion de deux mètres vingt d'envergure, un 18 cc 2 temps pour la motorisation, cet avion il l'a construit cet hiver, bien au chaud dans le sous-sol.

- L'hiver, je construis, l'été, je casse, dit-il en plaisantant.
Au terrain de modélisme, il retrouve une bande de copains, ils aiment bien les avions, mais encore plus la camaraderie.
Quand Bertrand rentre le soir à l'heure de l'apéro, il range son avion ainsi que tout le matériel au sous-sol, il est soigneux Bertrand, et puis les petits z'avions c'est fragile, balsa et film plastique pour le revêtement, ça ne supporte pas la maltraitance !
Lucienne est assise dans le grand canapé face à l'écran haute résolution de deux mètres de diagonale, les enfants jouent dans leur chambre, avec des consoles dernier cri, 3D.
Alors Bertrand regarde machinalement en direction de la terrasse.

- Merde t'as pas rentré ton père ! Il va s'enrhumer, ajoute t-il manière de plaisanter.

A cette seconde précise, venant de la terrasse, Lucienne et Bertrand entendent très distinctement :
AAAA...TCHOUM !