jeudi 27 novembre 2014

L'Arpenteur d'étoiles - 18h45

Elle prenait le 18h45. Pour elle aussi c’était la première fois. Deux solitudes fracassées recherchant l’oubli dans un voyage au long cours. Du bercement régulier des bogies dans la nuit tiède naissait la rêverie. Les senteurs d’acajou et de vieux cuir de la cabine se mêlaient aux arômes acidulés des grandes plaines, qui glissaient par la fenêtre à peine baissée.
J’avais entr’aperçu sa silhouette sur le quai, environnée de valises et des voix des porteurs. Maintenant c’était les effluves légers de son parfum qui dansaient dans le couloir.

Nous avons croisés nos regards au wagon-restaurant et nous nous sommes frôlés dans les passages vers le grand salon. Et puis il y eut cette halte sur les bords ombreux du Danube. Depuis une ruelle, un violon tzigane solitaire avait lancé sa plainte … Elle m’a regardé : « vous savez, la seule chose importante à présent, ce sont les tendres prémices de l’été » ... Pouvions-nous faire autrement ?
Nous nous sommes endormis, calés contre l’autre, bercés par le roulement apaisant du train filant vers les premières lueurs de l’aube, exquise promesse d’éternité.

Belgrade, Sofia, Istanbul. Couleurs éclatantes, parfums d’épices, reflets mauves de la mer. En contrebas, le murmure de la ville montait par bouffées dans l’air du soir ... « je t’aime » au creux de mon épaule, dans nos mains qui s’accrochent, au bord de nos lèvres, dans l’eau de tes yeux clairs ...

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