En sortant de l’école, les premiers jours de sa retraite,
après y avoir travaillé trente sept ans, le vieux concierge solitaire qui
faisait un peu, comme on dit, partie des meubles, puisqu’il saluait maintenant
les petits enfants des enfants de ses débuts, n’a pas du tout supporté de
n’avoir plus à dire ni bonjour, ni au revoir à aucun enfant. Il a trouvé sa vie
bien vide sans leurs regards, leurs éclats de rire, leurs chahuts et leurs
énergies vivifiantes. Il y a des tristesses qui ne guérissent pas.
Il n’a pas survécu à cet éloignement plus d’un mois entier.
Quelques jours après, vers le quinze, on a bien essayé de le
réanimer à deux pas de là, allongé à même le trottoir où il venait de
s’écrouler, vers les onze heures trente, l’heure de la sortie de midi, les deux
mains serrant à l’arracher, sa poitrine dans la région du cœur…
Malgré tous leurs efforts, les médecins du Samu venus en
urgence de l’hôpital le plus proche, n’y
sont pas arrivés. Il y a des chagrins dont on ne revient pas.
Le vieil homme qui pourtant, n’avait jamais eu aucune classe,
mais tant d’enfants à saluer, est mort pratiquement en sortant de l’école,
après y avoir passé sa vie.
Il y a des peines inconsolables.
Avoir attendu l'heure de la sortie, c'est la classe...
RépondreSupprimerIl serait peu de dire que c'est triste.
RépondreSupprimer@ JCP Pas faux! :-)
RépondreSupprimerje ne sais pas si cette histoire est vraie, mais en tout cas elle est possible et si elle est le fruit de ton imagination (fertile !) c'est une belle idée, quoique triste, hélas ...
RépondreSupprimerIl y a déjà quelques décennies, il était fréquent de voir des hommes mourir très peu de teps après avoir pris leur retraite. il est vrai aussi que "la retraite" avait davantage des airs de "retraite" au sens premier et l'impression de devenir inutile était un fardeau...
RépondreSupprimerActuellement, les seniors envisagent la retraite comme une "nouvelle" vie, une vie lors de laquelle on peut voyager, visiter ...
Personnellement, j'ai connu plusieurs cas analogues....
Adieu monsieur le porfesseur, chantait Hugues Aufray...
RépondreSupprimerTriste fin mais je ne suis pas vraiment étonnée...Beaucoup de mes collègues sont tombées malades après leur retraite.
avec le sourire