Elle danse, Marie, elle
danse
Marie marche sur le pont des anges avec la sensation diffuse d’être suivie. Pourtant elle ne se retourne pas et regarde plutôt les volants mordorés de sa jupe qui tourbillonnent et tourneboulent mes yeux.
Marie écoute bouger son corps en harmonie avec ses pas, comme si elle dansait un tango avec le vent. Ses jambes ouvrent l’infini d’une grâce indicible.
Il me semble que je respire mieux quand je la vois.
La rivière bouillonne en contrebas, lançant joyeusement les éclairs vif-argent des truites qui trouent l’espace sombre sous les saules. Le chuchotis de l’air devient plus clair au fur et à mesure qu’elle s’éloigne du village. Un merle siffle en clapotant dans la vasque de la fontaine. La brise fredonne son refrain, en moi c’est l’ouragan des sens. Amplifié par mon désir d’elle.
Le chemin se rétrécit après le pont. Il emprunte un petit val ensoleillé, le genre qui mousserait de rayons si j’étais Rimbaud. Les champs de luzerne ondulent comme sa chevelure qui flamboie. Au loin la colline s’incurve avec l’indolence d’un gros animal tapi dans le foin.
Soudain, elle s’arrête. Son chevalet va être bien, là. Il va saisir l’instant, capter la couleur, les sons, les odeurs, elle n’aura qu’à suivre le mouvement naturel du pinceau entre ses doigts, sentir dans ses fibres, dans la moindre de ses cellules, le flux de la vie qui la brûle à en pleurer et sourire en même temps d’une douche ruisselante qui l’inonde. Un vrai miracle de la physique. Elle se peint comme elle respire, Marie. Elle danse nue avec la lumière, en perpétuelle hésitation entre deux mondes.
Et moi, caché derrière un buisson de cistes, je la contemple. La voir est une joie et une souffrance.
Je n’aurai jamais assez d’audace pour lui dire tout ça. Jamais.
Où lire Célestine
Marie écoute bouger son corps en harmonie avec ses pas, comme si elle dansait un tango avec le vent. Ses jambes ouvrent l’infini d’une grâce indicible.
Il me semble que je respire mieux quand je la vois.
La rivière bouillonne en contrebas, lançant joyeusement les éclairs vif-argent des truites qui trouent l’espace sombre sous les saules. Le chuchotis de l’air devient plus clair au fur et à mesure qu’elle s’éloigne du village. Un merle siffle en clapotant dans la vasque de la fontaine. La brise fredonne son refrain, en moi c’est l’ouragan des sens. Amplifié par mon désir d’elle.
Le chemin se rétrécit après le pont. Il emprunte un petit val ensoleillé, le genre qui mousserait de rayons si j’étais Rimbaud. Les champs de luzerne ondulent comme sa chevelure qui flamboie. Au loin la colline s’incurve avec l’indolence d’un gros animal tapi dans le foin.
Soudain, elle s’arrête. Son chevalet va être bien, là. Il va saisir l’instant, capter la couleur, les sons, les odeurs, elle n’aura qu’à suivre le mouvement naturel du pinceau entre ses doigts, sentir dans ses fibres, dans la moindre de ses cellules, le flux de la vie qui la brûle à en pleurer et sourire en même temps d’une douche ruisselante qui l’inonde. Un vrai miracle de la physique. Elle se peint comme elle respire, Marie. Elle danse nue avec la lumière, en perpétuelle hésitation entre deux mondes.
Et moi, caché derrière un buisson de cistes, je la contemple. La voir est une joie et une souffrance.
Je n’aurai jamais assez d’audace pour lui dire tout ça. Jamais.
Où lire Célestine
J'ai pensé un instant, mais un instant seulement qu'on allait la retrouver allongée, avec deux petits trous sur le coté droit...];-D
RépondreSupprimerOui c'est vrai, cela s'y prêtait...mais cela aurait senti le plagiat, non ? ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Tellement ton texte est visuel, j'y suis près de ce pont, derrière cet amoureux-voyeur, moi qui respire mieux quand je vois certaines femmes mais qui comme lui suis sans audace.
RépondreSupprimerCet homme qui voudrait être Rimbaud en suivant Marie Laurencin, c'est Apollinaire ?
Très beau texte. Bravo Celestine.
Bises.
Peut-être que c'est Apollinaire...ou un autre des amoureux de l'art et de la beauté qui devaient entourer Marie la diaphane...
SupprimerMerci pour ton appréciation, Patrick.
De tout coeur;
¸¸.•*¨*• ☆
Non, Céleste, Marie aurait eu du bonheur à te lire; ton texte d'une magnificence pleine aurait charmé cette artiste. Elle t'aurait sourie, elle aurait été aussi accueillante et qui sait, si elle ne t'aurait pas invitée à poser pour elle, toi qui sais t'ouvrir aux autres avec déférence et égard pour les autres. Oui ton texte parle pour toi, je n'ai pas d'autres mots sinon qu'il est un poème tout ce qu'il y'a de plus beau. Merci Céleste pour cette promenade gracieuse et pastorale. Bisous
RépondreSupprimerQu'il est bon de retrouver ta verve et ton emphase, cher Bizak.
SupprimerUne promenade pastorale que j'ai eu beaucoup de plaisir à écrire, un plaisir que tu doubles avec ton commentaire.
J'essaie, oui, de m'ouvrir aux autres avec constance et chaleur.
Et la poésie est un mode d'expression qui se prête à cette ouverture.
Je t'embrasse en étoiles scintillantes
¸¸.•*¨*• ☆
Ce petit pont et ce joli val je les connais bien, et pour cause.....
RépondreSupprimerIl m'est donc facile de t'y dessiner déjà en pensée.... de t'apercevoir , cachée derrière un buisson et admirative et de la nature et de l'oeuvre....
Un joli tableau en perspective, dont je n'ose troubler les acteurs par ma présence...
Bises
Ce petit pont, ce joli val, je les connais bien, et pour cause...
RépondreSupprimerIl m'est alors très facile de t'y dessiner , déjà en pensée, toi la belle Céleste, dissimulée derrière un buisson et admirative et de la nature et de l'oeuvre.
Mais faire irruption dans ce charmant tableau je n'ose, de peur d'effrayer artistes et papillons.
Bises
C'est pour jouer au jeu des sept différences ? ;-)
SupprimerMerci Petrus pour tes deux messages.
Bisous
¸¸.•*¨*• ☆
Ouf ! J'ai craint le pire, dis ! Et, finalement, de tous les sens présents - avec quelle force ! dans ton récit, le seul qui fasse défaut ne nous mène pas à une infâme dévoration. Ton goût sûr nous offre, tout au contraire, le suspens d'un regard affamé. Merci, Célest'IN ;)
RépondreSupprimerNe crains jamais le pire avec moi, je n'ai pas le talent d'Andiamo pour raconter des histoires d'infâmes dévorations.
SupprimerMerci Tiniak
¸¸.•*¨*• ☆
J'ai trouvé l'histoire si belle que je m'y suis baigné
RépondreSupprimerFemme au chapeau roux à la plume blanche, qui de sa plume écrit les émois amoureux
Les émois amoureux et les fantasmes de l'interdit... ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
en vrai tu es Apollinaire et Marie était sa muse ...
RépondreSupprimeret ton texte est fort, doux, sensuel et j'adore !!
Wouaou tout ça ! merveilleux arpenteur !
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
à ta suite, j'ai aimé suivre Marie, j'ai rêvé de devenir Marie...
RépondreSupprimermerci pour ce texte !
Merci douce Tisseuse de jolis mots
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆