Hotu Matu’a
Adossée à un petit arbre dit
crête de coq à coté d’un petit rocher rouge
d’andrinople décoloré par le vent et la lumière, elle était essoufflée
au vrai sens du terme ; plus de souffle ! Émerveillée par cette île
qu’elle venait de parcourir de l’ouest à l’est et de nord au sud. Elle avait
admiré les bonhommes de pierre si
grands, si puissants qui faisaient la force et la magie de cette île perdue au milieu
de l’océan Pacifique pas si pacifique qu’il n’en à l’air pourtant. Sac au dos
elle avait fait le tour du volcan dont le cratère envahi d’eau reflétait ses
algues comme des morceaux de miroir, les flancs gorgés d’herbe sauvage.
Lunettes de soleil sur le nez protégeant ses yeux de la morsure de l’astre
brillant et chaud, elle s’allongea, contempla les nuages qui s’étiraient fins et léger comme du tulle blanc, les images précieuses dans l’appareil photo.
Au loin surgit une forme, informe
d’abord puis peu à peu se précisant être le plus grand des hommes de pierre. Ses
pas, pensa t-elle, étaient aussi grands que ceux du Bonhomme de neige de
Prévert, poème adoré de son enfance, sauf que celui-ci ne fondait pas. Au fur et à
mesure qu’il approchait, elle se recroquevillait dans son coin de buisson un
peu épineux. S’asseyant près d’Elle, il lui prit la main, s’assit et lui
raconta…
Je suis Hotu Matu’a, représentant
du dieu, dernier chef de la tribu
Maké-Maké. A cette époque l’île était peuplée de tribus et de clans divers, ce
qui générait des conflits parfois importants. Lorsque mon ancêtre, venu d’une
autre île lointaine, chassé par ses compagnons de tribu pour avoir séduit la
fille du Dieu Rapa, est arrivé sur cet île, il dût acquérir le droit de
pénétrer sur l’île. Pendant un temps, il fut isolé près de la falaise. Il se nourrissait
de poissons et d’algues séchées. Puis un jour on lui apporta un œuf ; un œuf de sterne. Cet œuf
était le symbole de la paix dans l’île ; le trésor que chaque année, les
chefs de tribus devaient rapporter au roi…
Il fut alors admis à concourir avec les autres chefs des clans autochtones.
La compétition consistait à plonger de la falaise d’Orongo, proche du volcan
Rano Kau, puis à nager à l’aide de roseaux jusqu’à l’îlot appelé Motu Nui que
tu vois là en face et atteindre les nids de sternes. Il fallait attendre le
premier œuf pondu par la femelle sterne et le rapporter dans la gerbe de
roseau. La concurrence était rude. Chaque chef de clan voulait ramener le précieux trésor au roi de l’île.
Mon ancêtre réussit ! Il devint ainsi le premier chef Maké-Maké, Tangata
Manu ou "l’homme oiseau" et fut pour un an, l’arbitre des conflits… une sorte de juge de paix. C’est son portrait qui tu as vu gravé dans la pierre… le temps
a passé, nous avons sculpté les statues en l’honneur de nos morts… J’étais Hotu
Matu’a, dernier chef de la tribu….
En fait je suis Mathieu, le guide
et il faut te réveiller, nous repartons….
Pour précision, ce n'est pas la véritable légende de l'Homme oiseau ; ce n'est que le fruit de mon imagination.
Géniale ! Je ne peux pas dire autre chose !
RépondreSupprimerMaké Maké, l'homme oiseau, ce culte aurait semble t-il remplacé celui des Moaïs, qui furent couchés délicatement et non jetés à terre pour beaucoup d'entre eux.
RépondreSupprimerTon histoire est vraie effectivement un jeune homme de chaque clan se devait de rapporter le premier œuf pour sa tribu, celui qui réussissait était en quelque sorte "tabou" durant une année.
Ton histoire n'est pas fausse.
oui bien sûr elle, n'est pas fausse mais je l'ai mise en scène un peu différemment ; ce qui est vrai c'est que j'ai fait le voyage et qu'il est inoubliable.
RépondreSupprimeravec le sourire
Belle légende.
RépondreSupprimerÔtes-tu, matois, mon œuf de sterne à moi ?
bravo ! tu m'as emportée dans ton rêve...heu...dans ton conte :)
RépondreSupprimerJusqu'au bout, j'ai cru que c'était vrai !
RépondreSupprimerBravo !
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
J'ai partagé avec plaisir ce petit songe.
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