mercredi 26 août 2015

Chri - Moments de bonheur

Mes ptites secondes…

Dans les périodes de disette de Grands Moments, on peut se rattacher à ces petites secondes qui ne changent rien mais qui changent tout sur l’instant, ces petites secondes qui font la vie plus douce et le moment plus intense :

Quand on sort d’un supermarché et que, comme d’habitude, on a oublié de prendre un sac pour y mettre ce qu’on a acheté, que dans le berceau de nos bras tout tient en équilibre précaire, l’instant où tout va s’écrouler sur le parking et qu’on réussit en un geste à tout rattraper… Et même si on sait bien que dans les secondes qui suivent, on va arriver  à la voiture, et qu’alors il faudra bien en trouver les clefs, enfouies au plus profond d’une de nos poches. Laquelle ?…
Quand dans un train de nuit, on se réveille  dans une gare inconnue, qu’on écarte légèrement le rideau du compartiment, juste pour voir où on en est du voyage…
Quand on a acheté au petit bonheur la chance une housse de couette, qu’on l’installe et qu’elle s’adapte pile poil exactement, ce qui est assez rare, à la couette…
Quand, dans le noir, on tente de glisser au jugé, une clé  dans une serrure et qu’elle y rentre, droit, sans se rebeller…
Quand dans une queue de supermarché on croise le regard d’un nourrisson jovial, bouddha définitif et qu’il vous envoie un sourire à décrocher les galaxies…
Quand, dans un matin de brumes on laisse tomber le tube dentifrice au sol ET qu’on ne marche pas dessus…
L’instant où l’on  se glisse dans des draps propres suivi de celui où l’on pose ses lunettes après avoir lu et qu’on éteint la lumière…
Quand sur le quai d’une gare, on vient chercher un être cher, les secondes où le train est annoncé, puis entre en gare, jusqu’au moment où il s’arrête…L’autre est là, quelque part dans la foule qui sort des voitures…
Le premier passage d’une lame de rasoir neuve sur une joue poilue…
Quand après une longue balade en montagne où l’on a pas mal souffert à cause de la raideur de la pente et de toutes ces cigarettes qu’on n’aurait pas dû fumer, l’instant où l’on s’arrête et pose son sac dans l’herbe humide…
Les secondes où l’on se réveille dans la nuit et qu’on regarde l’heure et qu’il en reste cinq à dormir…
Quand on sort d’un restaurant bruyant où l’on a passé trop de temps, les premières secondes de silence sur le trottoir désert avant de se mettre en route vers la voiture pour rentrer chez soi…
Après le dernier bain de l’année, le moment où l’on se sèche, quand on sait que le prochain sera au mieux dans une année presque complète…
À l’ouverture d’une bouteille de vin, le moment où l’on sent que le bouchon va céder voire se briser en deux puis finalement décide de sortir entièrement avec un joli bruit en prime...
Quand dans le noir d’une salle de cinéma on sent les larmes monter et qu’on les laisse filer sur la joue, certain de n’être vu de personne d’autre que de soi…
Quand on vient de courir trois heures dans une banlieue moche à la recherche d’un sac aspirateur introuvable, qu’on en ramène un paquet, l’installe, appuie sur l’interrupteur de l’engin, pose l’embout sur une poussière et qu’elle DISPARAIT, avalée goulûment…
Après une brûlante journée d’été, lorsqu’un orage éclate, les premières bouffées d’odeurs tièdes qui montent du sol…
Ces secondes où l’on consulte son compte bancaire en début de mois et que le solde est ENCORE positif.
Décacheter une lettre reçue le matin en lire les premiers mots quand est écrit : « Mon bel amour ». Ne jamais lire la suite, il arrive que cela se gâte.
Prendre une saison chaude, une fin de belle journée, une plage des Landes, une compagnie souhaitée, une paire de doigts, un poulet grillé, une bouteille de bon vin, deux verres ballons, attendre l’heure du coucher du soleil, se sécher du dernier bain, changer de maillot (pour ne pas garder l’humide sur soi) enfiler un vieux pull de coton, s’installer sur le sable… Manger et boire en regardant le ciel… L’autre à ses côtés.
Se réveiller le matin et s’apercevoir qu’on n’a mal nulle part. Sortir d’un vilain cauchemar et se rendre compte que c’en était un…
Ces moments, lors d’une réunion professionnelle où on croise un regard et on y lit tout ce qui n’est pas dit, tout ce qui ne doit pas se dire et qu’on sait que l’autre a lu la même chose dans vos yeux. Le sourire qui s’ensuit.
Les toutes premières secondes où notre main se pose sur une peau encore inconnue et les vibrations qu’elle y sent, qui nous font chavirer, tout entier…
Ce moment dans le cabinet d'un médecin où l’on entend l’adjectif : banal.
Voir une araignée repoussante dans la maison, passer au-delà de sa peur, l’attraper, la mettre dehors et la regarder s’enfuir. Entendre en mars les dialogues amoureux des crapauds habiter les soirées, enfin entièdies.
Vivre la dernière centaine  de mètres d’une sortie difficile où l’on a maltraité ses mollets, son souffle, son cœur, ses fesses, ses cuisses et savoir que, dans quelques secondes, toute cette souffrance va s’arrêter.
Ces secondes où les pleurs d’un enfant s’apaisent au creux de vos bras, que le sommeil s’en empare et que sa peine s’en enfuit.
L’instant précis où, dans un livre, on tombe sur une phrase qui exprime exactement ce qu’on sent vrai depuis longtemps mais qu’on n'arrivait pas à dire. Absolument.
Quand on vient d’écrire une page à propos des petites secondes, qu’on en arrive à poser le dernier des trois points de suspension…mais qu’on sait qu’il y en a des milliers d’autres… de petites secondes…

13 commentaires:

  1. Vegas sur sarthe26 août 2015 à 08:53

    Tu enchaînes les secondes avec une jovialité déconcertante... (points de suspension)

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  2. et ce moment où on atteint les derniers points de suspension de ton texte et où on aimerait en lire mille autre de tes petites secondes :)

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  3. J'ai eu là beaucoup de belles secondes de lecture. J'ai beaucoup aimé!

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  4. très belles secondes de bonheur...

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  5. Le temps est rempli de p'tits bonheurs; en lisant ton texte, je m'aperçois encore que chaque battement de cœur est un p'tit bonheur d'être présent au Bal de la Vie.

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  6. A part la nuit qui est angoisse pour moi et qUELQUES PETIT





    Je me retrouve dans presque tout

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  7. Toute une vie dans ces secondes ; c'est si vrai !

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  8. @ Tiniak Catalogue? Je ne suis pas certain d'aimer ça mais bon...

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