"Elle préfère marcher devant"
Retour de sortie. Il a fait beau aujourd'hui sur la ville. Un magnifique soleil qui a perduré au travers de la fraîcheur hivernale. Ce genre de temps qui nous donne du baume au cœur et du rose aux joues. La petite troupe en a profité pour flâner dans les rues, prendre un café, faire quelques magasins. Pourtant, elle ne se sent pas à la fête. Elle a la tête ailleurs, et pourtant si près.Elle marche presque sur les pieds d'Isild qui mène la danse et les ramène à la colocation. Finalement elle décide de se porter à la même hauteur qu'elle, non pas qu'elle ait des envies de commandement mais c'est comme ça. Au choix, elle préfère marcher devant.
Derrière elle, il y a Thibault et Coralie. Co, c'était celle qui était là depuis le début depuis le collège, tellement d'années déjà … et elles demeuraient toujours les meilleures amies. Elle entendait toujours ses éternels apitoiements depuis qu'elles savaient ce qu'étaient les sentiments. Et du coup, ainsi elle connut Thibault, d'abord par la bouche tour à tour transcendée et agacée de Co. Elle savait les amoureux tranquillement dans son dos, enlacés tels les bonbons par l'amas de sucre.
Il y avait pas mal de marche pour rentrer, c'était dans ces instants qu'ils bénissaient l'invention des transports en commun. Mais il fallait vivre l'instant : les copains, le beau temps, le temps libre. Et pourtant, c'était réellement dur pour elle de s'enlever certaines images de sa tête, insistantes alors que banales. Cent mille fois le même geste avait été reproduit sans que cela porte nuisance. Désormais ce n'était plus pareil, il y avait tellement de facteurs qui jouaient dans la balance.
Vous ne comprenez pas ce qui se passe ? Elle non plus rassurez-vous. Je ne suis que la voix de sa propre conscience et je ne suis même pas d'accord avec moi-même. Les mots, les regards, les gestes se bousculaient dans sa tête comme dans une collision des sens. Elle jeta un rapide coup d’œil vers Isild, qui le lui rendit, si seulement elle était capable de partager ce secret avec elle… Mais elle ne pouvait pas, elle n'y arrivait pas. Et puis, ses secrets, elle avait toujours eu l'habitude de les raconter à Co, pas à Isild. Mais sa copine d'enfance avait les yeux dégoulinants de mièvrerie, de déification idiote pour Thibault. La période préalable de reproches était bien passée, il n'y avait plus que de l'amour entre eux. Les nouveaux adultes que tous étaient ne fonctionnaient décidément plus pareils.
L'appartement fut à nouveau bientôt visible, à l'intérieur le même spectacle recommencerait et cette fois-ci elle ne pourrait pas l'éviter. Isild non plus mais elle s'en ficherait. Mais elle, ça la travaillait déjà. Elle savait déjà qu'il lui serait impossible de fixer ce canapé, là où les sentiments qu'elle refrénait depuis tant de temps avaient explosé tels une bombe sous l'effet de son détonateur de corps. C'était mal et pourtant jamais elle ne s'était autant senti vivre, au-delà du malaise de la situation. Alors voilà, elle avait préféré marcher devant toute cette après-midi, devant pour éviter de voir que ça n'avait été qu'éphémère, devant pour éviter de voir qu'il ne lâcherait jamais pour autant la main de sa chérie.
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