Parlez-moi d'amour.
- Aimer l'amour. Tu penses quoi de cette affirmation ?
- Comme ça, impromptu, je dirais qu'il s'agit là d'un pléonasme.
- Je trouve la formule belle quant à moi.
- Peut être. Sauf qu'elle ne veut pas dire grand-chose. Ou alors il faut ajouter le mot charnel à la formulation.
- Tu penses donc que l'amour ne s'applique qu'à la copulation ? Cela reviendrait à mettre les Hommes et les animaux sur le même plan.
- Pas du tout. J'essaie seulement d'étayer ton slogan "aimer l'amour". L'amour, justement, nous différencie des animaux. Pour moi, il a tellement de facettes...
- Et, selon toi, quelle est la plus intéressante ?
- Incontestablement, l'amour de la mère pour son enfant. Parce qu'il est inconditionnel. Une mère n'attend rien de son fils ou de sa fille. Elle lui donne l'amour comme elle lui a donné la vie. Son enfant reste dans ses entrailles, comme quand elle le portait, tout au long de son existence. C'est viscéral. Elle consent à des sacrifices incroyables pour qu'il ou elle vive mieux. Ou vive tout simplement. J'admire au plus haut point le courage et l'abnégation de ces mères, prêtes à abandonner leur enfant pendant les guerres ou dans les pays extrêmement pauvres. Ce doit être un arrachement épouvantable. Tout comme de le voir mourir.
- Je suis tout à fait d'accord avec toi. Il existe, cependant, des cassures moins brutales et moins définitives mais certainement douloureuses. Je parle de l'éloignement. De nos jours, on peut, en quelques heures, aller au bout du monde pour retrouver sa famille. Ce n'était pas le cas lors des siècles passés.
La Marquise de Sévigné, pour ne citer qu'elle, avait crée un lien matériel avec sa fille qu'elle adorait et qui habitait loin d'elle. Elle lui écrivait chaque jour pour lui dire son amour et sa tristesse d'en être séparée. Elle nous a laissé de très belles lettres. La plus émouvante date du 6 février 1671, date du départ de Madame de Grignan, où elle exprime son chagrin en ces termes : " Ma douleur serait bien médiocre si je pouvais vous la dépeindre...Je m'en allai, toujours pleurant et toujours mourant : il me semblait qu'on m'arrachait le cœur et l'âme."
- L'amour engendre aussi la souffrance tu le vois bien. Il n'est pas qu'un état de béatitude.
- Oui, en effet. Je voudrais que tu me dises comment tu analyses l'amour entre un homme et une femme, enfin entre deux êtres. Peu importe leur sexe.
- Je ne parle que de ma propre expérience. L'amour, quand on a la chance de le rencontrer et de le conserver de longues années, évolue. Il comporte, à ses débuts, une forte attirance physique en même temps que les élans du cœur. Puis, il devient douceur, immense tendresse et complicité sans oublier le respect. Et l'amour physique n' est pas exclu naturellement. On dit que les deux moitiés d'un couple qui dure finissent par se ressembler. J'ai pu mesurer cela. C'est vrai. Elles pensent les mêmes choses en même temps aussi, ce qui est parfois très surprenant.
- Et l'union des corps, dans tout cela, ne serait-elle que mécanique et source de jouissance ?
- Pour certains, oui. Je dirais qu'il s'agit là de passion. Mais l'amour n'est pas loin même s'il peut être ravageur. Annie Ernaux, lors d'un entretien avec Frédéric Jeannet, parle de son livre "Passion simple" - qui a fait grand bruit à sa sortie - avec ces mots : "j'ai décrit tranquillement la passion très physique d'une femme mûre sans les marques affectives, la déploration, sans la romance qu'on attend des écrits des femmes. Il s'agit, de plus, d'un récit autobiographique, portant sur un moment très court et rédigé de façon clinique." Elle a osé et d'autres avec elle ou avant elle. Et c'est bien.
- L'amour est un sujet inépuisable et aux multiples visages. Il peut rendre heureux, malheureux, embellir la vie, susciter le doute ou la jalousie. Enrichir ou avilir. Que serions-nous sans amour ?
"Le propre de l'homme est d'aimer, même ceux qui l'offensent." Marc Aurèle.
- Aimer l'amour. Tu penses quoi de cette affirmation ?
- Comme ça, impromptu, je dirais qu'il s'agit là d'un pléonasme.
- Je trouve la formule belle quant à moi.
- Peut être. Sauf qu'elle ne veut pas dire grand-chose. Ou alors il faut ajouter le mot charnel à la formulation.
- Tu penses donc que l'amour ne s'applique qu'à la copulation ? Cela reviendrait à mettre les Hommes et les animaux sur le même plan.
- Pas du tout. J'essaie seulement d'étayer ton slogan "aimer l'amour". L'amour, justement, nous différencie des animaux. Pour moi, il a tellement de facettes...
- Et, selon toi, quelle est la plus intéressante ?
- Incontestablement, l'amour de la mère pour son enfant. Parce qu'il est inconditionnel. Une mère n'attend rien de son fils ou de sa fille. Elle lui donne l'amour comme elle lui a donné la vie. Son enfant reste dans ses entrailles, comme quand elle le portait, tout au long de son existence. C'est viscéral. Elle consent à des sacrifices incroyables pour qu'il ou elle vive mieux. Ou vive tout simplement. J'admire au plus haut point le courage et l'abnégation de ces mères, prêtes à abandonner leur enfant pendant les guerres ou dans les pays extrêmement pauvres. Ce doit être un arrachement épouvantable. Tout comme de le voir mourir.
- Je suis tout à fait d'accord avec toi. Il existe, cependant, des cassures moins brutales et moins définitives mais certainement douloureuses. Je parle de l'éloignement. De nos jours, on peut, en quelques heures, aller au bout du monde pour retrouver sa famille. Ce n'était pas le cas lors des siècles passés.
La Marquise de Sévigné, pour ne citer qu'elle, avait crée un lien matériel avec sa fille qu'elle adorait et qui habitait loin d'elle. Elle lui écrivait chaque jour pour lui dire son amour et sa tristesse d'en être séparée. Elle nous a laissé de très belles lettres. La plus émouvante date du 6 février 1671, date du départ de Madame de Grignan, où elle exprime son chagrin en ces termes : " Ma douleur serait bien médiocre si je pouvais vous la dépeindre...Je m'en allai, toujours pleurant et toujours mourant : il me semblait qu'on m'arrachait le cœur et l'âme."
- L'amour engendre aussi la souffrance tu le vois bien. Il n'est pas qu'un état de béatitude.
- Oui, en effet. Je voudrais que tu me dises comment tu analyses l'amour entre un homme et une femme, enfin entre deux êtres. Peu importe leur sexe.
- Je ne parle que de ma propre expérience. L'amour, quand on a la chance de le rencontrer et de le conserver de longues années, évolue. Il comporte, à ses débuts, une forte attirance physique en même temps que les élans du cœur. Puis, il devient douceur, immense tendresse et complicité sans oublier le respect. Et l'amour physique n' est pas exclu naturellement. On dit que les deux moitiés d'un couple qui dure finissent par se ressembler. J'ai pu mesurer cela. C'est vrai. Elles pensent les mêmes choses en même temps aussi, ce qui est parfois très surprenant.
- Et l'union des corps, dans tout cela, ne serait-elle que mécanique et source de jouissance ?
- Pour certains, oui. Je dirais qu'il s'agit là de passion. Mais l'amour n'est pas loin même s'il peut être ravageur. Annie Ernaux, lors d'un entretien avec Frédéric Jeannet, parle de son livre "Passion simple" - qui a fait grand bruit à sa sortie - avec ces mots : "j'ai décrit tranquillement la passion très physique d'une femme mûre sans les marques affectives, la déploration, sans la romance qu'on attend des écrits des femmes. Il s'agit, de plus, d'un récit autobiographique, portant sur un moment très court et rédigé de façon clinique." Elle a osé et d'autres avec elle ou avant elle. Et c'est bien.
- L'amour est un sujet inépuisable et aux multiples visages. Il peut rendre heureux, malheureux, embellir la vie, susciter le doute ou la jalousie. Enrichir ou avilir. Que serions-nous sans amour ?
"Le propre de l'homme est d'aimer, même ceux qui l'offensent." Marc Aurèle.
J'aime beaucoup l'ambiance "café philo" de ton texte. Ce joli dialogue-variation sur l'amour, c'est profond, et léger à la fois.
RépondreSupprimerMerci Marité
¸¸.•*¨*• ☆
Et pourquoi les animaux n'aimeraient ils pas ? Quand je vois certaines parades amoureuses, je me dis que l'amour est bien là, ou bien à ton sens ça n'est que du fayotage, en vue de l'accouplement ?
RépondreSupprimerChère Marité nous sommes aussi des animaux, en jean et baskets, mais des animaux avant tout. ];-D
L'Amour et ses mille facettes; aimer ou être aimer, voilà la question. Rien n'est rationnel en Amour; quand il s'explique, ce n'est plus de l'Amour. Le sujet est sans fin et ton dialogue n'est qu'une toute petite fenêtre avec un éclairage propre aux idées que tu t'en fais. Lecture intéressante.
RépondreSupprimercher Andiamo : ce n'est pas parce que nous venons du monde animal - si l'on considère le point de vue scientifique et non religieux - que nous sommes des animaux. Quoique, certains... Avec le sourire !
RépondreSupprimerPascal : bien sûr que ces considérations - qui se veulent sans prétention -n'engagent que moi. avec le sourire aussi.
Célestine : ;-)
Marité : tu as raison, ne voulant pas insulter les animaux, je dirai que certains humains sont des bêtes. ];-D
SupprimerVoilà un thème qui fait parler d'innombrables manières. J'aime bien la tienne, Marité
RépondreSupprimerComme une stèle philosophale, tu nous proposes ici un large éventail de lectures du thème. J'aime !
RépondreSupprimerc'est un thème inépuisable qui n'a pas fini de faire discourir les humains, et fera encore couler beaucoup d'encre :)
RépondreSupprimerles commentaires sur ton texte poursuivent d'ailleurs le dialogue de tes personnages....
c'est dont un texte qui nous incite à débattre, en toute bonne forme :)
J'aime tant cette leçon inaugurale que je vais m'inscrire pour le cursus
RépondreSupprimerJe suis "scotché" par ton texte philosophique. Et ta dernière phrase (avant Marc Aurèle) est parfaitement vraie !
RépondreSupprimerles animaux et les humains sont assez proches. L'amour des animaux n'est pas si loin de celui des humains