samedi 22 juillet 2017

Jacques - Un vrai festival

Un vrai festival…

Du bruit, des odeurs. Un vague fumet de marée dominé par des effluves de beuh.
Il fait chaud, la chaleur d’un bel été.
Une bicyclette slalome, me bouscule presque, je fais crédit à sa conductrice des pavés inégaux du quai, sans doute amadoué par un effet de jupe légère dans le vent.
L’été est bien là, c’est un festival de corps légèrement vêtus, souvent jeunes, bronzés parfois jusqu’à la brûlure, tatoués souvent.

Échos de batterie au loin, musique étouffée, affiches omniprésentes : seuls les oiseaux de mer se font rares. Je suis, slalomant esquivant le contact houblonneux attentif à ne pas perdre de vue ma compagne, stressé au point de suivre son sac à dos vert pomme au lieu de son cul, c’est dire.

Si je m’écoutais, je ne serais pas là, mais je tais le festival de protestations qui se bousculent pour m’en tenir à la navigation inconfortable de monument en monument le long de l’itinéraire touristique conseillé par l’office de tourisme, du moins quand les espaces monopolisés par les spectacles musicaux ne le perturbent pas. Les deux tours, là-bas, me narguent de leur inaccessibilité digne du Mordor.

Je ne passerai pas, j’ai compris. Oui m’sieur l’agent.

Forces de l’ordre omniprésentes, lourdement armées. Daft Punk n’est pas sur scène, mais on a de beaux déguisements dignes de « robocop ».
Quelques rues calmes, enfin parcourues le nez en l’air sans risque de collision, une récompense glacée qui se mérite – l’étalage, un vrai festival de saveurs et de textures, merci Ernest – et repartir, Kebabs, ersatz de marché et enfin, la mer, celle que chérissent les hommes libres.
Une fois de plus, je doute d’appartenir à cette catégorie fantasmée. Et puis, Baudelaire ne marchait pas plus à l’eau claire que le crétin qui vomit sa binouze contre les murs de la Préfecture.

La mer, donc.
Il s’agit plutôt de l’avant port, d’ailleurs, bien limoneux, constellé d’une armada d’Optimist que je prends d’abord pour des jouets.
Le calme, toutefois, enfin.

Les tours inaccessibles, d’où me parviennent des échos de sonorisation puissante me narguent, à main gauche, maintenant. Une foule encore clairsemée s’amuse du festival que s’offrent les dépanneuses de la fourrière aux dépends des distraits qui n’ont pas pris garde aux restrictions de stationnement le long de l’allée du Mail en ce jour de fête nationale.
Posé sur un banc, je scrute l’horizon océan, tout ça manque de relief à mon goût. Et la foule arrive pour assister au festival pyrotechnique laïque et républicain qui embrasera bientôt la digue du Bout Blanc…

Fatigue.
Toujours.
Dans la nuit et la foule qui s’éloigne de la plage de la Concurrence, je suis un peu triste, naviguant au plus court vers notre voiture, déçu de ne pas lâcher prise et me laisser porter par l’air du temps, un peu sonné par l’affluence, les cris, les rires, le bruit lointain des concerts et les reliquats de ripaille dans les rues.

Fatigué et triste comme l’une de ces poubelles qui déborde, je me traîne, un peu résigné.
Entre nous, je n’aime guère les festivals.

Où lire Jacques

5 commentaires:

  1. Un peu agoraphobe ? Moi itou la la la itou ];-D

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  2. Ce côté sombre du festival vaut le détour...

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  3. il est clair que La Rochelle n'est pas la même lors des Francofolies
    et pourtant j'y ai eu de bons moments à ce festival autrefois, avec des grands frissons lors de certains concerts
    et puis je reste une amoureuse inconditionnelle de La Rochelle :)
    mais je comprends ta déception....

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    1. Que Jean-Louis Foulquier me pardonne, mais je manquais d'inspiration cette semaine, j'ai un peu forcé le trait...;)

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  4. Arpenteur d'étoiles23 juillet 2017 à 15:00

    j'adore La Rochelle et le Mordor ... :)

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