Sur l’île.
Quand elle a appris la nouvelle (tout fini par se savoir, toujours et partout) elle s’est retournée. Deux fois. C’est que ça lui a fait un choc, elle qui n’avait guère bougé depuis une dizaine d’années. Et puis la colère en elle s’est allumée :
Je m’appelle Marie Héloïse Montabord. J’étais si tranquille. Nous étions tous tellement au calme, à deux pas du bleu étincelant, couchés dans le sable blond, sous nos jolies tombes blanches. Ceux de l’Île venaient nous voir quand ils pouvaient. Il faut dire qu’ils venaient surtout après le passage des cyclones pour voir si rien n’avait bougé. Ils débarrassaient les allées des débris apportés, ils ratissaient le sable blanc, ils retapaient ce qui avait besoin de l’être et tout redevenait comme avant calme, paisible, fleuri des ces grandes fleurs exotiques et pas avec ces chrysanthèmes minables. Pourquoi ont-ils fait ce choix là ? J’ai peur en imaginant tous ces métros qui vont débarquer avec leurs blousons noirs, leurs lunettes noires, leurs fringues noires, leurs souvenirs noirs, leurs âmes noires alors qu’ici la couleur du deuil c’est le blanc… Et puis, la nuit, s’il se met à crier oui parce que pour moi, il crie même si vous vous dites qu’il chante. Enfin qu’il chantait. Désolée, ma musique à moi ce n’est pas la sienne. Sur la mienne, on DANSE, à deux, enlacés avec volupté alors que sur la sienne on se trémousse, on gigote, on s’agite. Seul à plusieurs mais seul. Il va falloir que je me bouche les oreilles. Je viens de voir qu’ils allaient le mettre à deux pas de chez moi, la tombe à côté. Ils ont commencé à creuser depuis deux jours.
Je sens, je sais, je devine que je vais être piétinée par des va-et-vient incessants et je n’ai pas envie de ça, je veux juste continuer à me reposer en paix. À mon âge on aspire plus qu’à ça, le calme et là j’y étais dans ce petit cimetière de Saint Barthélémy.
Quand il sera là il faudra que je lui fasse promettre de ne plus chanter ou alors seulement des
biguines gentilles.
Saura-t-il faire ça ?
Quand elle a appris la nouvelle (tout fini par se savoir, toujours et partout) elle s’est retournée. Deux fois. C’est que ça lui a fait un choc, elle qui n’avait guère bougé depuis une dizaine d’années. Et puis la colère en elle s’est allumée :
Je m’appelle Marie Héloïse Montabord. J’étais si tranquille. Nous étions tous tellement au calme, à deux pas du bleu étincelant, couchés dans le sable blond, sous nos jolies tombes blanches. Ceux de l’Île venaient nous voir quand ils pouvaient. Il faut dire qu’ils venaient surtout après le passage des cyclones pour voir si rien n’avait bougé. Ils débarrassaient les allées des débris apportés, ils ratissaient le sable blanc, ils retapaient ce qui avait besoin de l’être et tout redevenait comme avant calme, paisible, fleuri des ces grandes fleurs exotiques et pas avec ces chrysanthèmes minables. Pourquoi ont-ils fait ce choix là ? J’ai peur en imaginant tous ces métros qui vont débarquer avec leurs blousons noirs, leurs lunettes noires, leurs fringues noires, leurs souvenirs noirs, leurs âmes noires alors qu’ici la couleur du deuil c’est le blanc… Et puis, la nuit, s’il se met à crier oui parce que pour moi, il crie même si vous vous dites qu’il chante. Enfin qu’il chantait. Désolée, ma musique à moi ce n’est pas la sienne. Sur la mienne, on DANSE, à deux, enlacés avec volupté alors que sur la sienne on se trémousse, on gigote, on s’agite. Seul à plusieurs mais seul. Il va falloir que je me bouche les oreilles. Je viens de voir qu’ils allaient le mettre à deux pas de chez moi, la tombe à côté. Ils ont commencé à creuser depuis deux jours.
Je sens, je sais, je devine que je vais être piétinée par des va-et-vient incessants et je n’ai pas envie de ça, je veux juste continuer à me reposer en paix. À mon âge on aspire plus qu’à ça, le calme et là j’y étais dans ce petit cimetière de Saint Barthélémy.
Quand il sera là il faudra que je lui fasse promettre de ne plus chanter ou alors seulement des
biguines gentilles.
Saura-t-il faire ça ?
Où lire Chri
Où voir les photos
Joli, mais tu sais j'ai rarement (même jamais) entendu un mort fredonner, et encore moins hurler, alors requistat in pace. ];-D
RépondreSupprimer@ Andiamo Ben, en vrai, moi non plus, mais quand on écrit tout devient possible.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=WsHeqayfdD4... Huh, huh !
Supprimeril va peut-être falloir lui faire une play-liste juste avec ses chansons les plus douces :)
RépondreSupprimersi,si, il y en a quelques unes, je t'assure
@ Tisseuse Oui, mais pas de biguines...
RépondreSupprimerIl pourra toujours fredonner "Excuse moi partenaire"
RépondreSupprimer@ Vegas Une biguine, une biguine!
RépondreSupprimerLes cimetières, c'est pour les vivants; autrement, ça se saurait...
RépondreSupprimerEn même temps, tu as de la chance, Marie-Héloïse. Si ça avait été Alan Stivell tu aurais eu droit à une biguine... au biniou !
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=b1ggxtXdrbs
@ Joe Mais mais Alan Stivell n'est pas encore mourru, lui, non? Si?
RépondreSupprimerJe me demande si l'ami Johnny ne va pas endiabler le cimetière de St Barth !
RépondreSupprimerEt si les danseurs de biguine se mettaient à danser le rock ? Après tout, qui sait ce qui se passe au royaume des ombres ?
@ Marité: Marie Héloïse n'y est pas favorable, mais sait-on jamais...
RépondreSupprimer« La fille de l'été dernier » versus « le gars de la tombe d'à côté » ...
RépondreSupprimerTrès réussi, Chri !
¸¸.•*¨*• 🦋
@ Célestine Merci, Céleste.
RépondreSupprimer@ Célestine, Moi je pensais plutôt à ça:
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=JDzz2KGuyH0
Une biguine sur la fin... C'est-y pô un oxymore, ça ?
RépondreSupprimer@ Tiniak Oui, bilingue l'Occis more...
RépondreSupprimer