La Lorada
Raoul, chti pur malt, était et est encore le plus fervent des aficionados de Johnny ; depuis tout gamin, il suivait son idole à travers les émissions de variétés, les quarante-cinq tours et tous les magazines yéyé de la Presse. Sa chambre était constellée de posters, ses discussions n’étaient que pour lui ; il n’avait de cesse de raconter le premier concert auquel il avait assisté et cette révélation inouïe qui avait ceint son Johnny d’une auréole de Dieu. Un peu rocker, un peu bagarreur, un peu danseur de twist mais, toujours grand inconditionnel, il marchait dans les traces de son idole comme le seul exemple réel et viable pour affronter dignement sa vie et l’avenir.
Raoul, chti pur malt, était et est encore le plus fervent des aficionados de Johnny ; depuis tout gamin, il suivait son idole à travers les émissions de variétés, les quarante-cinq tours et tous les magazines yéyé de la Presse. Sa chambre était constellée de posters, ses discussions n’étaient que pour lui ; il n’avait de cesse de raconter le premier concert auquel il avait assisté et cette révélation inouïe qui avait ceint son Johnny d’une auréole de Dieu. Un peu rocker, un peu bagarreur, un peu danseur de twist mais, toujours grand inconditionnel, il marchait dans les traces de son idole comme le seul exemple réel et viable pour affronter dignement sa vie et l’avenir.
Après l’obtention de son permis moto, pour faire sa place au milieu des bikers de sa ville, il s’était mis dans la tête d’aller trouver Johnny à Ramatuelle pour, ni plus ni moins, lui réclamer son blouson de motard. Connaissant ses largesses, il était sûr de revenir avec quelque chose, ne serait-ce qu’une poignée de mains, un tee-shirt, un simple autographe, n’importe quoi qui puisse officialiser sa rencontre avec son idole, devant les collègues.
Inconscient, comme un défi, il avait lancé à la cantonade : « Moi, je ramènerai le blouson de Johnny sur mes épaules ! Il avait déclenché l’hilarité générale de ses collègues vautrés sur leurs puissantes bécanes. « Hé Raoul, tu peux bien promettre, t’as même pas de moto !... » lui assenèrent-ils en sirotant leurs bières…
Comme l’espoir fait vivre, il a pris la route, Raoul. Au début des vacances de cette année-là, un casque sous le bras, pour si des fois on le prendrait en moto, il est descendu en stop sur la Côte. Journées pluvieuses, nuits dans les talus, routiers sympas, sandwichs rassis, petits matins frisquets, cafés tièdes, c’était les pierres du gué posées sur son parcours initiatique.
Dans le Var, il a découvert le soleil comme il ne brillait jamais dans son Nord ; d’une vitre de portière descendue, il a respiré des parfums capiteux qu’il n’avait jamais sentis. Tout à coup, devant lui, il a vu la mer ! Si bleue, elle dansait avec des reflets scintillants le long des golfes clairs ! Toulon, Hyères, La Londe, Le Lavandou, Le Rayol, Cavalaire, La Croix-Valmer, Ramatuelle, tous ces noms de villes et de villages sonnaient comme les refrains endiablés de « Gabrielle ».
Un complaisant automobiliste le laissa au bord de la route, la fameuse D93, sa Route 66 à lui. Le fabuleux quartier de l’Oumède, avec ses extraordinaires propriétés nichées dans la pinède, sa vue imprenable sur les plages de Pampelonne, l’hacienda mexicaine nommée « La Lorada », c’était sa destination.
Comme un gamin perdu dans la foule, dépaysé, il était sur une autre planète. Ici, rien ne ressemblait à ce que son imagination lui avait préparé pendant sa traversée du pays.
Dans ce présent d’apocalypse, écrasé sous la fournaise, assourdi par les cigales tapageuses, drogué par l’odeur capiteuse du bitume fondant, mélangée à celle des pins parasols, attiré par les mirages des plages de sable blanc alentour, dévisagé par les touristes étrangers rougeoyants, déboussolé, il erra dans les rues et les chemins. Enfin, à force d’obstination, il se retrouva devant l’immense portail de la « Lorada »…
Si loin de son Nord, la tête lui tournait. Il ne savait même pas si son idole était là, dans sa maison ; comme un berger guidé par son étoile, il avait poursuivi son intuition, se disant que la chance pouvait se trouver de son côté. Pourtant, confronté à la réalité brutale, les rondes des flics, les vigiles omniprésents, les gardes du corps baraqués comme des bêtes de foire, les curieux arpentant à longueur de journée le devant de la propriété, il se dit qu’il aurait bien peu de chance de rencontrer son Johnny…
A ce seul moment du périple, il se sentit floué, comme si on lui avait menti, comme si tous ses posters scotchés sur les murs de sa chambre n’étaient en fin de compte que de la poudre aux yeux, comme si le père Noël n’existait pas… Un instant, un instant seulement, sa fidélité sans faille vacilla sur ses bases ; l’envie s’était diluée. En plein doute, il renia son idole, lui trouvant même les défauts de la richesse pompeuse, celle qui éloigne à jamais des adorateurs les plus tenaces…
Il s’était aménagé une petite planque, pas loin de la demeure de l’artiste ; il y passait ses journées et ses nuits, oubliant souvent de se restaurer. De toute façon, les bières et les casse-croûtes étaient hors de prix. Le soir, il allait se laver dans la mer mais il ne s’attardait pas à cause de cette immensité tellement troublante ; assis sur le sable, il préférait admirer les couchers de soleil, les mirages, ces teintes nimbées qui déclinaient la journée avec des assortiments de couleurs qu’il n’avait jamais vus. Dans le noir de la nuit, il dormait la tête sur son casque, remplissant ses rêves avec les étoiles qui couraient au-dessus de sa tête…
Quand, animé par une télécommande lointaine, le portail s’ouvrait, il n’avait d’yeux que pour l’intérieur de cette propriété féerique. Un matin, tôt, l’artiste sortit dans la rue au guidon de sa bécane ; il le reconnut facilement à cause des franges de la veste qui ondulaient le long des manches, de ses lunettes de soleil et de ses cheveux blonds qui dansaient dans le vent. Avant qu’il n’esquisse un seul geste, Johnny était passé près de son antre. Au bord de la route, Raoul avait les mains sur les hanches, tout heureux d’avoir vu son idole de si près ; quel souvenir fabuleux, se dit-il, il en avait des frissons intenables. Cela le récompensait au-delà de tous ses sacrifices…
Là-bas, la moto s’était arrêtée ; elle fit demi-tour et revint lentement sur ses pas… Raoul regarda derrière lui pour voir s’il était vraiment le seul sur cette route ; Johnny s’arrêta à sa hauteur, il voulait du feu pour allumer sa clope ! Il tremblait, notre aficionado nordiste, ses jambes avaient du mal à le tenir ! Il ne fumait même pas pour lui offrir sa flamme !
Dans un souffle, réunissant tout son courage, il lui raconta son extravagante expédition ! Les privations du bord de la route ! Les nuits à la belle étoile ! Les sandwichs un jour sur deux ! La quête de son blouson des Hell’s Angel comme un impossible challenge !...
Johnny mit son engin sur la béquille ; il semblait amusé par l’arrogance sincère de cet improbable fan sorti de nulle part. Tout enivré de l’enchantement dans lequel il planait, Raoul lui parla de la mer fabuleuse, des couchers de soleil mirobolants, des bières hors de prix et de la grande place des motards dans son Nord natal ! Ha, s’il avait pu retenir le petit matin pour allonger son discours ! Interdit, ayant réalisé l’ampleur de ses mots, il se tut, tout à coup gêné par la sollicitation astronomique qui lui avait échappé des lèvres…
L’artiste se taisait, peut-être ému par toute cette authenticité naïve ; il avait ce genre de rictus qui donne d’office le bon dieu sans confession. C’est pour cela qu’on est tous amis avec Johnny, même si on ne le connaît pas ; on a tous un refrain d’une de ses chansons à siffloter au tournant de la journée ; on a tous cette idée du grand frère qu’il est de par sa grande notoriété interposée…
Conquis, il se défit de sa veste à franges et la tendit à Raoul : « Prends-la, je l’ai ramenée des US récemment, ce n’est pas mon blouson des Hell’s mais c’est tout comme… » dit-il en souriant. Comment refuser ?!... Sans bien réaliser l’événement, Raoul l’avait endossée sur les épaules. Le cuir sentait Johnny, il avait les formes de Johnny ; tout fier, il tourna sur lui-même pour affoler les franges, le temps d’un fabuleux manège…
Apercevant le casque de Raoul, l’artiste lui demanda où était sa bécane. « Mais je n’en ai pas, je suis venu en stop… » « Prends mon Harley, tu la mérites… »
Il était comme ça, notre Johnny national, plus généreux que princier, le cœur sur la main, offrant au plus acharné de ses supporters la même chose qu’à lui-même…
Raoul ne pouvait accepter mais Johnny allait se fâcher ; il se retrouva posé sur la selle de la puissante monture tel un chevalier anobli. « T’es sûr que tu n’as pas de feu ?... » insista Johnny en tirant sur sa clope… « Il y a quelques billets dans la poche intérieure de la veste, tu as de quoi rentrer chez toi… » rajouta t-il…
Je crois qu’ils se prirent dans les bras comme deux potes qui ne s’étaient pas vus depuis longtemps, l’un souhaitant à l’autre un bon retour et l’autre remerciant l’un avec des mots forcément pas assez forts pour exprimer sa gratitude. Après, je ne me souviens plus exactement le déroulement de cette aventure parce que j’avais les yeux qui pleuraient…
Tout à coup, j’ai entendu une pétarade de moteur, le claquement rugueux du passage de la vitesse et j’ai entrevu la moto qui s’éloignait dans un fin nuage de fumée bleue, la même couleur que la Méditerranée, tout à côté…
Inconscient, comme un défi, il avait lancé à la cantonade : « Moi, je ramènerai le blouson de Johnny sur mes épaules ! Il avait déclenché l’hilarité générale de ses collègues vautrés sur leurs puissantes bécanes. « Hé Raoul, tu peux bien promettre, t’as même pas de moto !... » lui assenèrent-ils en sirotant leurs bières…
Comme l’espoir fait vivre, il a pris la route, Raoul. Au début des vacances de cette année-là, un casque sous le bras, pour si des fois on le prendrait en moto, il est descendu en stop sur la Côte. Journées pluvieuses, nuits dans les talus, routiers sympas, sandwichs rassis, petits matins frisquets, cafés tièdes, c’était les pierres du gué posées sur son parcours initiatique.
Dans le Var, il a découvert le soleil comme il ne brillait jamais dans son Nord ; d’une vitre de portière descendue, il a respiré des parfums capiteux qu’il n’avait jamais sentis. Tout à coup, devant lui, il a vu la mer ! Si bleue, elle dansait avec des reflets scintillants le long des golfes clairs ! Toulon, Hyères, La Londe, Le Lavandou, Le Rayol, Cavalaire, La Croix-Valmer, Ramatuelle, tous ces noms de villes et de villages sonnaient comme les refrains endiablés de « Gabrielle ».
Un complaisant automobiliste le laissa au bord de la route, la fameuse D93, sa Route 66 à lui. Le fabuleux quartier de l’Oumède, avec ses extraordinaires propriétés nichées dans la pinède, sa vue imprenable sur les plages de Pampelonne, l’hacienda mexicaine nommée « La Lorada », c’était sa destination.
Comme un gamin perdu dans la foule, dépaysé, il était sur une autre planète. Ici, rien ne ressemblait à ce que son imagination lui avait préparé pendant sa traversée du pays.
Dans ce présent d’apocalypse, écrasé sous la fournaise, assourdi par les cigales tapageuses, drogué par l’odeur capiteuse du bitume fondant, mélangée à celle des pins parasols, attiré par les mirages des plages de sable blanc alentour, dévisagé par les touristes étrangers rougeoyants, déboussolé, il erra dans les rues et les chemins. Enfin, à force d’obstination, il se retrouva devant l’immense portail de la « Lorada »…
Si loin de son Nord, la tête lui tournait. Il ne savait même pas si son idole était là, dans sa maison ; comme un berger guidé par son étoile, il avait poursuivi son intuition, se disant que la chance pouvait se trouver de son côté. Pourtant, confronté à la réalité brutale, les rondes des flics, les vigiles omniprésents, les gardes du corps baraqués comme des bêtes de foire, les curieux arpentant à longueur de journée le devant de la propriété, il se dit qu’il aurait bien peu de chance de rencontrer son Johnny…
A ce seul moment du périple, il se sentit floué, comme si on lui avait menti, comme si tous ses posters scotchés sur les murs de sa chambre n’étaient en fin de compte que de la poudre aux yeux, comme si le père Noël n’existait pas… Un instant, un instant seulement, sa fidélité sans faille vacilla sur ses bases ; l’envie s’était diluée. En plein doute, il renia son idole, lui trouvant même les défauts de la richesse pompeuse, celle qui éloigne à jamais des adorateurs les plus tenaces…
Il s’était aménagé une petite planque, pas loin de la demeure de l’artiste ; il y passait ses journées et ses nuits, oubliant souvent de se restaurer. De toute façon, les bières et les casse-croûtes étaient hors de prix. Le soir, il allait se laver dans la mer mais il ne s’attardait pas à cause de cette immensité tellement troublante ; assis sur le sable, il préférait admirer les couchers de soleil, les mirages, ces teintes nimbées qui déclinaient la journée avec des assortiments de couleurs qu’il n’avait jamais vus. Dans le noir de la nuit, il dormait la tête sur son casque, remplissant ses rêves avec les étoiles qui couraient au-dessus de sa tête…
Quand, animé par une télécommande lointaine, le portail s’ouvrait, il n’avait d’yeux que pour l’intérieur de cette propriété féerique. Un matin, tôt, l’artiste sortit dans la rue au guidon de sa bécane ; il le reconnut facilement à cause des franges de la veste qui ondulaient le long des manches, de ses lunettes de soleil et de ses cheveux blonds qui dansaient dans le vent. Avant qu’il n’esquisse un seul geste, Johnny était passé près de son antre. Au bord de la route, Raoul avait les mains sur les hanches, tout heureux d’avoir vu son idole de si près ; quel souvenir fabuleux, se dit-il, il en avait des frissons intenables. Cela le récompensait au-delà de tous ses sacrifices…
Là-bas, la moto s’était arrêtée ; elle fit demi-tour et revint lentement sur ses pas… Raoul regarda derrière lui pour voir s’il était vraiment le seul sur cette route ; Johnny s’arrêta à sa hauteur, il voulait du feu pour allumer sa clope ! Il tremblait, notre aficionado nordiste, ses jambes avaient du mal à le tenir ! Il ne fumait même pas pour lui offrir sa flamme !
Dans un souffle, réunissant tout son courage, il lui raconta son extravagante expédition ! Les privations du bord de la route ! Les nuits à la belle étoile ! Les sandwichs un jour sur deux ! La quête de son blouson des Hell’s Angel comme un impossible challenge !...
Johnny mit son engin sur la béquille ; il semblait amusé par l’arrogance sincère de cet improbable fan sorti de nulle part. Tout enivré de l’enchantement dans lequel il planait, Raoul lui parla de la mer fabuleuse, des couchers de soleil mirobolants, des bières hors de prix et de la grande place des motards dans son Nord natal ! Ha, s’il avait pu retenir le petit matin pour allonger son discours ! Interdit, ayant réalisé l’ampleur de ses mots, il se tut, tout à coup gêné par la sollicitation astronomique qui lui avait échappé des lèvres…
L’artiste se taisait, peut-être ému par toute cette authenticité naïve ; il avait ce genre de rictus qui donne d’office le bon dieu sans confession. C’est pour cela qu’on est tous amis avec Johnny, même si on ne le connaît pas ; on a tous un refrain d’une de ses chansons à siffloter au tournant de la journée ; on a tous cette idée du grand frère qu’il est de par sa grande notoriété interposée…
Conquis, il se défit de sa veste à franges et la tendit à Raoul : « Prends-la, je l’ai ramenée des US récemment, ce n’est pas mon blouson des Hell’s mais c’est tout comme… » dit-il en souriant. Comment refuser ?!... Sans bien réaliser l’événement, Raoul l’avait endossée sur les épaules. Le cuir sentait Johnny, il avait les formes de Johnny ; tout fier, il tourna sur lui-même pour affoler les franges, le temps d’un fabuleux manège…
Apercevant le casque de Raoul, l’artiste lui demanda où était sa bécane. « Mais je n’en ai pas, je suis venu en stop… » « Prends mon Harley, tu la mérites… »
Il était comme ça, notre Johnny national, plus généreux que princier, le cœur sur la main, offrant au plus acharné de ses supporters la même chose qu’à lui-même…
Raoul ne pouvait accepter mais Johnny allait se fâcher ; il se retrouva posé sur la selle de la puissante monture tel un chevalier anobli. « T’es sûr que tu n’as pas de feu ?... » insista Johnny en tirant sur sa clope… « Il y a quelques billets dans la poche intérieure de la veste, tu as de quoi rentrer chez toi… » rajouta t-il…
Je crois qu’ils se prirent dans les bras comme deux potes qui ne s’étaient pas vus depuis longtemps, l’un souhaitant à l’autre un bon retour et l’autre remerciant l’un avec des mots forcément pas assez forts pour exprimer sa gratitude. Après, je ne me souviens plus exactement le déroulement de cette aventure parce que j’avais les yeux qui pleuraient…
Tout à coup, j’ai entendu une pétarade de moteur, le claquement rugueux du passage de la vitesse et j’ai entrevu la moto qui s’éloignait dans un fin nuage de fumée bleue, la même couleur que la Méditerranée, tout à côté…
J'en ai lu des contes de Noël mais comme celui-là... jamais !
RépondreSupprimerJohnny en Santa Claus, on y croit
C'est l'époque... ;)
SupprimerMême si certains font semblant d'y croire
RépondreSupprimerMoi je leur promets des fleurs et des dentelles au dessus de leur couche.
Certaines ne reconnaissent personne en Harley Davidson
Johnny lui a dit : moi je connais Raoul !
c'est génial comme histoire !
RépondreSupprimerj'y ai cru de bout en bout :)
En tout cas moi je ne suis pas peu fier de lire aussi régulièrement l'auteur de "La légende du siècle" ! ;-)
RépondreSupprimerBen, c'est les copains de Raoul qui ont dû rire jaune ! ;-)
RépondreSupprimerBelle histoire Pascal en forme de conte. Mais en ce moment il est permis de croire aux belles histoires. On peut toujours rêver n'est-ce pas ? ;-)
Tu fais fondre mon coeur de midinette
RépondreSupprimerC'est beau comme les veillées des Chaumières, le vieux truc que lisait ma grand-mère avec des larmichettes aux yeux... ;-)
¸¸.•*¨*• 🦋
Heureusement que vegas a fait court, cette semaine... ;)
RépondreSupprimerJ'ai pu goûter ta jolie fable.