Les Misérables
Je venais d’arriver dans ce quartier
de Lyon. Après le vieux Lyon, la rue saint Jean animée, les ruelles et petites
place qui convergeaient, je me trouvais dans l’inconnu, un désert. Je ne connaissais
personne et n’osait sortir de peur de me perdre. J’ai huit ou neuf ans.
Un soir avec ma mère et ma grand-mère
nous sortons ; oh pas très loin, à deux pâtés de maison, une porte cochère par
laquelle nous nous engouffrons dans une petite cour pavée. Ma mère s’arrêta
vers un guichet, acheta des tickets et pour la première fois, je pénétrais dans
une salle de cinéma. Des fauteuils nous tendaient les bras. Le premier contact
fut rugueux. La peluche rouge me piquait les cuisses et j’ose le dire les fesses
puis le dos. Fascinée je regardais cet écran lumineux immense ou Jean mineur
avec sa hache nous présentait des réclames ; « la pie qui chante »
et les « Miko ». Des actualités défilaient devant mes yeux. Puis ce
fut le noir dans la salle. Le brouhaha cessa et une musique envahit l’espace,
puis la tête de Jean Gabin. Je parvins à lire « Les Misérables » Jean
ValJean, Cosette, Javert… Les images
défilaient ; le film me parut court et versais des larmes pour Fantine et
Cosette sans bien tout comprendre. Ma mère me raconta un peu l’histoire. Le
film était en deux parties. Nous sommes allées voir la suite la semaine d’après.
L’enchantement fut encore au rendez-vous.
Mais tout à une fin. Quelques
temps après alors que je passais devant la porte cochère, plus une affiche,
plus de guichet. Le cinéma était fermé.
C'est le charme des vieux cinémas. Un cinéma, c'est une porte intemporelle. Il montre des films plus vieux que ses murs et il montre des films d'anticipation; notre imagination fait le reste.
RépondreSupprimerLes écrans - quels qu'ils soient - font tellement partie de la vie d'aujourd'hui que je serais surprise si un jeune se souvenait du premier film visionné au cinéma. Après tout, je me trompe peut être mais en ce qui nous concerne, les plus âgés, le premier film reste marquant surtout si nous ne fréquentions les salles que très peu. Pas étonnant que tu nous parles ici des Misérables Lilou. Ce film laisse une trace indélébile dans nos esprits.
RépondreSupprimerJ'aime ces souvenirs d'une première immersion dans le monde fascinant du cinoche
RépondreSupprimerDevant la porte close tu as pris toute la misère sur le râble !
RépondreSupprimerUn cinoche qui ferme c'est comme un livre qui perd ses pages, toute une histoire qui s'effeuille.
Ce doit faire étrange de poser le pied dans ce monde à part et à peine quelques temps après de ne plus pouvoir y retourner...
RépondreSupprimerAndiamo : très joliment dit.
C'est un beau souvenir... et quel film!
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