jeudi 25 mai 2017

Gene M - Fumer comme un crapaud

1975

Deux heures que je suis en planque devant un petit pavillon du Kremlin-Bicêtre. Je n'arrête pas de fumer... Le cendrier déborde. J'ouvre la portière et je balance une vingtaine de mégots. Dociles,ils vont rejoindre d'autres cochonneries dans le caniveau. Décidément je n'aime pas cette enquête. J'ai comme un mauvais pressentiment.

Cela fait deux ans maintenant que je travaille pour R. Balin, détective privé. Il m'a retenue car il considérait que j'avais une sorte de don instinctif qui me faisait souvent tomber juste. J'ai adoré ce boulot jusqu'à aujourd'hui.

Soudain elle sort. Elle a l'air bouleversée. Elle saute dans sa voiture et démarre en trombe. Je la suis en prenant soin de laisser passer une voiture. Elle conduit nerveusement, grille un feu rouge et refuse une priorité. Elle doit être en plein désarroi. Je crois qu'elle va retourner chez elle maintenant. Elle prend la direction de Denfert- Rochereau, oui c'est sûr elle rentre au bercail. Je me sens vaguement rassurée..

Je décide d'aller taper mon rapport immédiatement à l'Agence. Je repense à l'entretien que nous avons eu avec son mari, Philippe T. Il venait pour sa femme, Ludivine T. Tout d'abord, Balin crut qu'il s'agissait d'une banale histoire d'adultère. Agacé, Philippe T. le détrompa immédiatement d'un geste las.

- Non, dit-il ma femme a peur, je ne sais de qui ou de quoi, elle refuse de se confier.
Philippe T. répondit de bonne grâce à nos questions. Architecte reconnu et héritier d'une famille d'industriels, Philippe T. était riche, très riche. Quarante trois ans, bel homme, il avait tout pour lui. Il avait épousé Ludivine Voral, vingt huit ans, trois ans auparavant. Elle était orpheline (Tiens, c'est bien pratique ça quand on veut cacher sa famille - je ne pus m'empêcher de penser, toujours mauvais esprit !) et travaillait dans une librairie avant de le rencontrer.

- En somme, vous ne savez rien d'elle dit Valin !
A notre demande, il nous donna une grande photo de Ludivine. 
- Mais c'est le sosie d'Audrey Hepburn ! m'exclamai-je.
Oui, n'est-ce-pas, j'adore cette actrice et c'est d'abord cela qui m'a attiré mais très vite je suis tombé amoureux de Ludivine. 
J'étais mal à l'aise, quelque chose sonnait faux mais quoi, j'étais bien dans l'incapacité de le dire.

Après quelques filatures et des renseignements pris sur les personnes visitées par Ludivine, j'élaborai une théorie. Celle-ci comportait de nombreux trous, mais globalement ça devait tenir la route. Dans le tableau il y avait un petit truand et un chirurgien esthéticien aussi habile que peu scrupuleux.

Philippe T. avait été piégé. Ludivine avait été manipulée par les deux escrocs et elle avait séduit Philippe T, après avoir subi une intervention chirurgicale. Mais elle était tombée sous le charme de son mari et ça, ce n'était pas prévu au programme. J'avais compris mais malheureusement Balin et moi, fûmes pris de court. Philippe T. ne revint pas à l'agence. Il avait succombé à un arrêt cardiaque et Ludivine héritait de tout.

C'était le crime parfait ! Impossible de prouver quoi que ce soit.

4 commentaires:

  1. Libraire ? Les femmes qui lisent sont dangereuses ! Mais j'avoue que même à un crapaud, transformé en Audrey Hepburn, je ne résisterais pas moi non plus ! ;-)

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  2. Ah ben ça c'est Balin... Pardon ballot !
    Raconté façon Leo Mallet, sympa. ];-D

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  3. Zut alors ! Plus personne pour payer les filatures.

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  4. Un chirurgien esthétique qui arrive à te faire la tronche d'Audrey Hepburn...doué le gars !
    ¸¸.•*¨*• ☆

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