Mais désormais le bouillonnement de mes sentiments leur donnait une belle couleur de gifle chaude qui empourprait mes joues. Le jour était venu.
J’ouvris la croisée et me penchai pour saisir une corolle blanche dans l’arbre lacté. Je bus à grands traits le nectar scintillant de la fleur de perle, et ma chair frissonna. Le jus tiède et visqueux était censé embellir et rendre fort quiconque y goûtait. Je m’attendais à un goût fade, un goût de lait. Il me brûla la gorge tel un cortège de ronces griffues et mes yeux se troublèrent de larmes. Mais je voulais être belle, c’était le prix à payer.
Les pétales de nacre de l’arbre magique frémissaient sous le vent de l’aube comme des milliers de clochettes, inconscients de leur pouvoir.
Je choisis avec soin les vêtements de la liberté : un corsage ajusté en satin fugace, d’un beau vert ambré, s’accordant aux flammes de ma chevelure. Une jupe de guimauve aux galons acidulés laissant doucement deviner mes secrets sans les dévoiler… et de minuscules sandales turquoise en poudre d’étoiles… je souris, satisfaite de l’image que me renvoyait le miroir d’eau. Le miroir me sourit en retour.
Les brides en boutons d’or revenaient sur mes pieds dans un mouvement gracieux de gnossiennes qui arpégeaient à chaque pas avec un son ravissant. Dans mon sac assorti, je glissai une aumônière de velours groseille contenant quelques pièces d’argent, toutes mes économies, en fait. Elles rendirent en trébuchant une note juste.
Sur ma coiffeuse, le flacon joufflu d’essence de tubéreuse approcha en se dandinant et me confia quelques gouttes en se penchant avec un soupir rebondi. Je les déposai délicatement derrière le lobe de chacune de mes oreilles, comme on le ferait d’un joyau.
À propos de bijou, que porterais-je ? J’optai pour le bracelet d’écume de rivière satinée que m’avait offert ma grand-mère.
Sa pierre unique, sertie d’éclats de tempête rouge sang, me dispenserait de tout autre bijou.
Je descendis d’un pas aérien la volée de marches, où les abeilles faisaient cliqueter la rampe de vigne vierge. L’air vibrait, bleu cyan.
La grille du portail de bronze couina dans un rayon de soleil. Les verdurins à poils mous entonnèrent leur chant matinal par des triolets subtils, troublés par les colverts qui lâchèrent quelques bémols en ouvrant leurs becs jaunes comme des ostensoirs.
Dans l’avenue bordée de saules tremblants et de trembles insolents, l’aventure s’offrait à moi.
-Ne t’éloigne pas, Diane ! Lança mon père du haut du perron.
Mais sa voix se perdit dans ma chamade, dissoute comme une brume de songe arc-en-ciel.
Rien ne m’empêcherait d’aller retrouver celle que j’aimais.
Où lire Célestine
Il en est des chasseresses comme des étoiles du cinéma : elles ne peuvent s'empêcher d'illuminer la nuit.
RépondreSupprimerToi, avec tes mots, c'est le jour que tu illumines. Et c'est bien plus fortiche !
Ah oui, c'est vrai que ça fait drôle de se faire (lécher les bottes) euh...encenser... ;-)
Supprimermais j'avoue que je préfère ça aux tomates pourries...
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J'aime beaucoup les couleurs; l'arc-en-ciel est entre les lignes. :)
RépondreSupprimerL'arc-en-ciel est un beau symbole, en ces temps d'obscurantisme où la différence est considérée comme un vice par certains...et où certains êtres humains sont enfermés dans des camps en tchétchénie, au prétexte qu'ils sont homosexuels.
SupprimerJe vais te raconter une anecdote :
Quand j'ai saisi mon texte, dans la dernière phrase, une malheureuse faute d'inattention (ou un lapsus) m'a fait taper "celui " à la place de "celle".
Tout le message de mon texte s'effondrait... Heureusement Bricabrac a réagi avec beaucoup de professionnalisme, et avant que ce ne soit trop tard.
Merci pour tes mots, Pascal.
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Il ne manque que le carrosse "citrouille" Bon, j'ai un vélo peint au minium, tu crois que ça fera l'affaire ? ];-D
RépondreSupprimerQuand tu as descendu l'escalier as tu pensé :"lesbien descendu" ?
Ah c'est malin...
SupprimerMoi aussi je peux faire des jeux de mots idiots, hihi !
Par exemple : Ton vélo au minium, là...il faudra bien graisser les freins pour éviter qu'ils gouinent...
Trève de plaisanterie, faut pas se moquer.
Lisons plutôt le livre du professeur Balthazard, qui a peut-être trouvé la cause biologique (et donc innée) de l'homosexualité.
Bisous célestes
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Je vais entonner rien que pour toi le : God save ça gouine ! ];-D
SupprimerMuahaha on aura droit à toute la palette ...
Supprimer¸¸.•*¨*• ⭐️
magnifique hymne aux couleurs d'une belle vie humaine teintée de toutes ses différences !
RépondreSupprimerLe sujet m'a inspirée chère tisseuse
SupprimerLes couleurs de l'amour n'ont pour moi pas de limite...
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Tes couleurs et tes sentiments, Célestine, autant que tes mots et tes images, peignent et peignent (je me comprends) un monde envoûtant et mirifique, après lequel on soupire, qui bat peut-être juste de l’autre côté de la porte, tout simplement à la fenêtre
RépondreSupprimerJ'essaie, oui, de faire jaillir de ma plume des mondes intérieurs foisonnants et délicats qui caressent l'âme
SupprimerPar pur plaisir cher Bricabrac
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